Des B.A. en B.U.

Enquête sur les fonctions et les qualifications des bibliothécaires adjoints des bibliothèques universitaires, de grands établissements et de recherche

Danièle Fourdan

Irène Meert

Dans le cadre d'un projet de réforme statutaire, un questionnaire a été envoyé à environ 250 bibliothécaires adjoints de 20 bibliothèques universitaires, de grands établissements et de recherche. Parallèlement, un second questionnaire, libre, était adressé aux directeurs de ces établissements. Les 141 rubriques du questionnaire visaient à recenser les tâches actuelles des bibliothécaires adjoints. L'analyse des réponses montre une évolution des fonctions des BA, due en partie à l'utilisation des nouvelles technologies. S'il est clair, à travers cette enquête, que les BA participent, pour la plupart, à des tâches scientifiques, il reste néanmoins certains secteurs, peu nombreux, de catégorie A que les BA ne couvrent pas ou peu. Cette étude, à compléter par celle faite auprès des bibliothèques dépendant du ministère de la Culture, devrait permettre de redéfinir les fonctions exercées par les BA en prenant en compte leur niveau de qualification.

Within the context of a statutory reform, a questionnaire has been sent to around 250 bibliothécaires adjoints (BA) in 20 university libraries, libraries of the major establishments and research libraries. A second questionnaire has been sent to the directors of these libraries. The 141 columns of the questionnaire describe the different tasks the BA fulfill at the present time. The analysis of the answers shows an evolution in these tasks, due, in part, to the use of new technologies. Through this survey it is clear that most of the BA take part in scientific tasks. However there are some rare areas, they do not feel concerned by. This study as well as the one conducted with public libraries will enable us to define new functions for BA, taking their qualifications into account.

De « sous-bibliothécaires » ils sont devenus « bibliothécaires adjoints », plus rapidement « BA ». Une revalorisation de titre, qui reste aux yeux de beaucoup très insuffisante.

Une qualification non reconnue, des salaires insuffisants, des statuts archaïques, inadaptés aux évolutions de leurs tâches... Depuis quelques années, les BA se mobilisent pour une plus juste reconnaissance de leurs tâches et une amélioration de leurs statuts.

Afin d'évaluer la réelle évolution des tâches effectuées, une enquête sur échantillon a été lancée fin 1988 par les ministères de l'Education nationale et de la Culture auprès des personnes concernées. « Une démarche tout à fait originale, puisque, pour la première fois, l'administration a utilisé, pour les bibliothèques, la méthode d'enquête associant le personnel concerné dans le cadre d'une étude statutaire 1 ». Une démarche très intéressante dans ses résultats, puisqu'elle permet de nuancer et de préciser les tâches effectuées par ce personnel. La deuxième partie de l'enquête, côté lecture publique, pourrait toutefois modifier sensiblement les résultats présentés ici 2.

Le statut actuel des bibliothécaires adjoints est régi par le décret n° 50-428 du 5 avril 1950 modifié et s'apparente à un statut de la catégorie B-type, telle que la définit le statut général de la fonction publique. Il concerne aujourd'hui près de 1 600 personnes.

Dès 1983, un groupe de travail se réunissait, afin d'élaborer un projet qui visait à redéfinir les fonctions exercées par les bibliothécaires adjoints et à prendre en compte leur niveau de qualification.

En 1988, le ministère de l'Education nationale, de la jeunesse et des sports (Direction des bibliothèques, des musées et de l'information scientifique et technique), en accord avec le ministère de la Culture, de la communication, des grands travaux et du Bicentenaire (Direction des affaires générales et de l'environnement culturel et Direction du livre et de la lecture) a mis en place un nouveau groupe de travail composé des représentants de l'administration, des syndicats et de l'Inspection générale des bibliothèques. Il a soumis au ministère de l'Economie, des finances et du budget, ainsi qu'au ministère de la Fonction publique et des réformes administratives, un projet de réforme statutaire.

Afin d'évaluer de manière objective l'évolution des tâches et des qualifications des bibliothécaires adjoints, une enquête sur échantillon était indispensable et souhaitée tant par la profession que par les services des ministères concernés. Elle devait permettre, dans le cadre d'une révision statutaire, de mesurer l'enrichissement des tâches de ces personnels lorsque de nouvelles fonctions leur étaient confiées - ces nouvelles fonctions pouvant résulter de l'utilisation de nouvelles technologies ou d'une réorganisation des services documentaires.

Tandis que la Direction du livre et de la lecture prenait en charge la réalisation de l'enquête auprès des bibliothèques centrales de prêt retenues, de la Bibliothèque nationale et de la Bibliothèque publique d'information du Centre Georges Pompidou, la Direction des bibliothèques, des musées et de l'information scientifique et technique l'assurait également auprès des bibliothèques universitaires, des grands établissements et de recherche (cf. Annexe 1).

Les 141 tâches du bibliothécaire

Afin de constituer l'échantillon représentatif, vingt bibliothèques universitaires, de grand établissement et de recherche ont été choisies en fonction des critères suivants : taille, région (Paris, Province), disciplines. Ce choix conduisait à interroger près de 250 bibliothécaires adjoints sur les 600 environ affectés dans les établissements de même type.

Mis au point fin octobre 1988, le questionnaire a été accepté par le groupe de travail, avant d'être envoyé dans les établissements le 10 décembre 1988. Les délais impartis fixaient le retour des réponses avant le 19 décembre 1988, de manière à permettre le dépouillement dans le courant du mois de janvier 1989 et la présentation des résultats vers la mi-février. Les contraintes de ce calendrier, auxquelles s'ajoutaient grèves postales et congés universitaires, ont été surmontées grâce au vif intérêt des directeurs des bibliothèques et des bibliothécaires adjoints ; ainsi un taux de réponse supérieur à 96 % a été obtenu.

Exploitant la réflexion commencée dès 1983 par la Direction des bibliothèques, des musées et de l'information scientifique et technique, enrichie par la collaboration de la Bibliothèque nationale et de la Direction du livre et de la lecture, le texte du questionnaire a été adressé aux bibliothécaires adjoints.

Composé de 141 rubriques (cf. Annexe 2), il recense de manière très détaillée, quel que soit l'établissement d'affectation, toutes les tâches effectuées occasionnellement ou régulièrement par les bibliothécaires adjoints dans leur poste actuel. La principale qualité de cet inventaire réside dans la capacité qu'il offre de resituer les différentes catégories de personnel dans la chaîne documentaire, et notamment les bibliothécaires adjoints. En outre, le très faible nombre d'ajouts - autres que les quelques précisions concernant les systèmes d'automatisation utilisés, par exemple - illustrent son caractère exhaustif. Chaque bibliothécaire adjoint était en outre invité, s'il le souhaitait, à faire figurer l'ensemble des tâches assurées durant une année dans un schéma complémentaire (cf. Annexe 2). La lecture de ce document fournit des indications précieuses et quantifiées, renforçant la sincérité des réponses données à travers le questionnaire linéaire.

Un second questionnaire libre était proposé aux directeurs et aux responsables afin qu'ils y exposent et commentent l'évolution des fonctions des bibliothécaires adjoints. Ils pouvaient également y développer le rôle respectif des personnels de catégories A, B et C dans l'organisation qu'ils avaient choisie pour leurs établissements.

Cette double contribution et les conditions très favorables de son déroulement ont largement permis de rendre cette enquête fructueuse.

Le dépouillement en trois temps

Le questionnaire distribué se présentait sous la forme d'un tableau à double entrée portant, au croisement des 141 rubriques énumérées, les modalités de réalisation des tâches selon leur fréquence (occasionnellement, régulièrement, jamais). Le dépouillement s'est déroulé en trois principales étapes, donnant lieu, pour chacune d'elles, à l'élaboration de tableaux statistiques propres.

La première étape a consisté à saisir l'ensemble des réponses données au questionnaire sous une forme aussi aisée et lisible que le tableau à double entrée. La saisie s'est effectuée à l'aide d'un logiciel de gestion simple, Multiplan III, qui fournissait une radiographie exacte et par établissement, des fonctions exercées. L'anonymat, indispensable et souhaité lors de la mise en place de cette enquête, a été totalement conservé, puisque le premier tableau comprenait en ordonnées la liste des rubriques, numérotées de 1 à 141, et en abscisses les bibliothécaires adjoints de l'établissement, numérotés de 1 à n. Il faut préciser qu'à cette étape du travail, l'amalgame de la fréquence « jamais » et des non-réponses (ou absences de réponses) a été opéré. Il se justifie par l'objectif même de l'enquête, visant à établir si les bibliothécaires adjoints effectuent ou pas certaines tâches.

On disposait ainsi d'une première série de tableaux, sorte de fiches propres à chaque établissement. Sur la même base, un tableau récapitulatif a été dressé portant, en face des rubriques, les établissements et leur nombre total de réponses aux seules fréquences « occasionnellement » et « régulièrement ».

A partir de ce second tableau, une nouvelle grille de lecture a été appliquée, introduisant l'approche qualitative, essentielle à cette enquête. Elle consistait à sélectionner, parmi les rubriques proposées, celles qui relevaient d'un niveau assimilable à celui de la catégorie A de la fonction publique. L'introduction de ces critères a été cautionnée par l'Inspection générale des bibliothèques et approuvée par les autres responsables de l'enquête. En ne gardant que les seules fonctions issues de cette sélection qualitative, de nouveaux tableaux par établissement ont été établis sur les modèles précédents. Ils ont été regroupés en un tableau final récapitulatif (cf. Annexe 3).

Les deux premières étapes de ce dépouillement apportaient à elles seules des éléments de réponses suffisants pour connaître le niveau exact des tâches exercées par les bibliothécaires adjoints. Afin d'enrichir l'approche statutaire particulière de cette enquête, nous avons construit un tableau pour les vingt et un bibliothécaires adjoints principaux, de manière à comparer le niveau de tâches de ce grade supérieur par rapport au reste de l'échantillon.

Ces approches successives répondaient au double souci de restituer avec sincérité l'ensemble des données de l'enquête et de rendre les statistiques lisibles et exploitables dans le cadre de l'analyse ultérieure.

Physionomie générale du corps

L'objectif principal de l'enquête était l'examen des tâches figurant dans les 141 rubriques mentionnées et la détermination de leur niveau. Cependant, l'analyse des treize premières questions d'ordre général sur les agents interrogés méritait d'être faite. Elle permettait en effet d'étudier le cas des seuls bibliothécaires adjoints principaux et de le comparer aux autres.

L'analyse des réponses concernant l'âge et l'ancienneté des agents interrogés permet de constater que les effectifs affectés dans les bibliothèques de recherche se composent à peu près de 70 % d'agents de plus de 40 ans. L'objectif de cette enquête n'était pas d'établir une pyramide des âges précise du corps actuel des bibliothécaires adjoints, mais les proportions repérées dans les bibliothèques de recherche tendent à confirmer la vision historique de ce corps, dont l'essentiel des recrutements s'est effectué après sa constitution dans les années 60.

On retrouve aujourd'hui un grand nombre des agents recrutés dans les années 60 alors qu'ils étaient âgés d'une vingtaine d'années. On remarque en effet que si 70,61 % de bibliothécaires adjoints sont âgés de plus de 40 ans, 79,89 % de bibliothécaires adjoints comptent plus de 10 ans d'ancienneté. La nuance s'explique notamment par le déroulement de carrière fixé par le statut et par l'âge de recrutement variable d'un agent à l'autre. Plus de 79 % des bibliothécaires adjoints interrogés sont en poste depuis plus de dix ans, et ont de ce fait vécu l'introduction des nouvelles technologies dans les bibliothèques de recherche.

Les réponses relatives à la pratique des langues étrangères, le suivi d'actions de formation continue, ainsi que l'adhésion aux associations professionnelles ne fournissent que des précisions statistiques dont l'intérêt réside essentiellement dans la comparaison. Elles méritent d'être confrontées à celles obtenues auprès des bibliothèques de lecture publique, de la Bibliothèque nationale et de la Bibliothèque publique d'information, et ne révèlent en elles-mêmes rien de directement utilisable, dans l'exploitation de l'enquête au sein des bibliothèques de recherche.

Enfin les indications statistiques fournies par les réponses relatives aux différents grades du corps permettent d'apprécier la représentativité de l'échantillon. Il suffit en effet de comparer la répartition des effectifs entre les trois grades obtenue pour l'échantillon avec celle du corps dans sa situation actuelle pour constater la quasi-concordance des pyramides obtenues.

Au-delà de ces résultats purement statistiques, la comparaison avec la situation des bibliothécaires adjoints principaux dans ces mêmes établissements se révèle parfois surprenante. La lecture comparée du tableau final et de celui consacré aux seuls bibliothécaires principaux fait apparaître que la détention de diplôme d'études supérieures (licence et plus) n'est curieusement pas l'apanage des bibliothécaires adjoints de classe normale, censés être les plus jeunes. Le discours désormais courant sur l'abondance des surdiplômés dans les emplois de catégorie B se trouve ici singulièrement nuancé.

Si 36,84 % des bibliothécaires adjoints interrogés déclarent posséder au moins une licence, cette proportion augmente sensiblement au sein des seuls bibliothécaires adjoints principaux, puisqu'elle s'élève à 42,86 % et tous âgés de plus de 40 ans. Il est dès lors difficile d'affirmer que l'une des causes du « malaise » actuel de ce corps réside dans l'invasion de jeunes surdiplômés dans les premiers grades. Les résultats de l'enquête démontrent qu'en bibliothèques de recherche, les surdiplômés se répartissent dans les trois grades, y compris le dernier.

Les résultats statistiques concernant l'exercice de responsabilité au sein des établissements (responsabilité d'annexe, de bibliothèques d'unité fondamentale de recherche - BUFR - ou de centre régional du Catalogue collectif national) constitue une seconde source d'information. Seule une minorité (8,33 %) se voit confier des missions particulières, attribuées en premier lieu à des conservateurs et qui ne leur reviennent que par défaut.

On peut s'étonner que seuls 23,81 % des bibliothécaires adjoints principaux - moins du quart de leur grade - détiennent des responsabilités particulières, alors que leurs tâches sont statutairement définies en ce sens. Le décret du 5 avril 1950 stipule en effet que les bibliothécaires adjoints « sont chargés, lorsqu ils ont le grade de bibliothécaire adjoint principal, de la coordination des travaux techniques ou de leur direction, lorsque l'importance du service ne justifie pas que ces fonctions soient confiées à un agent d'un grade plus élevé ».

Quel statut ?

L'éclairage apporté par les renseignements liés à la situation individuelle des agents rendait l'analyse des réponses du questionnaire consacrées aux seules tâches exercées encore plus nécessaire. Compte tenu de la méthode de dépouillement choisie, deux types de lectures des tableaux statistiques restaient encore possibles.

Une lecture linéaire des résultats suit la construction du questionnaire par rubriques et s'attache à voir dans chaque secteur d'activités les éléments les plus marquants. En termes statistiques, cette lecture ne retient que les taux records, déterminant des fonctions et le profil du bibliothécaire adjoint de pointe.

Il nous a semblé intéressant de la compléter, en la nuançant par une lecture comparative. Au vu des taux de participation enregistrés, trois grandes catégories de fonctions ont été établies : celles exercées à moins de 10 % par les agents, celles exercées de 10 à 30 % et enfin au-delà. Une fonction exercée au-delà de 10 % est retenue comme significative et considérée comme indicateur d'une évolution fonctionnelle. Mais cette évolution ne s'effectue pas au détriment des tâches liées à l'actuel statut de la catégorie B, puisque les bibliothécaires adjoints continuent de les exercer : une seule rubrique recueille plus de 90 % de participation (n° 71).

Un fort courant de modernisation

L'analyse détaillée fournit de précieuses nuances. Elle permet de distinguer les secteurs où les bibliothécaires adjoints interviennent relativement peu (pour moins d'un tiers des interrogés) et ceux où ils collaborent activement (pour plus du tiers et parfois même de la moitié).

Dans la première catégorie, on trouve les fonctions relevant de la partie administrative dans son aspect « intendance ». On constate en effet que la gestion de personnel, de matériel et plus encore les rubriques consacrées à la planification et à l'organisation des services enregistrent des taux de participation globaux variables, mais toujours situés entre 10 et 30 %. Une concordance peut être établie par comparaison avec le tableau des bibliothécaires adjoints principaux, puisque ceux-ci effectuent ces tâches dans des proportions sensiblement plus élevées.

Les fonctions qui recueillent des taux de réponses supérieurs à 30 % se concentrent pour l'essentiel dans la première partie du questionnaire relative à la gestion générale des collections. On y trouve les secteurs où les bibliothécaires adjoints collaborent activement, et souvent pour plus de la moitié, à des tâches scientifiques. Sans rentrer dans les détails, il convient toutefois de remarquer que ces secteurs recueillent des taux de participation globaux maximum, confortés par des taux de participation régulière tout aussi élevés. On notera à cet égard les cas particuliers des rubriques « recherches et renseignements bibliographiques », « orientation, information et aide à l'utilisateur », ainsi que la « formation des utilisateurs ». Ces fonctions révèlent la montée en première ligne des bibliothécaires adjoints dans les tâches en contact direct avec le public. Là encore, le comportement des bibliothécaires adjoints principaux subit la même évolution.

Au total, il est démontré que les bibliothécaires adjoints effectuent tous, en bibliothèques de recherche, des tâches de catégorie A. Toutefois, ils le font de manière plus ou moins marquée. Il semble en outre que les fonctions les plus recherchées le sont également par les bibliothécaires adjoints principaux. Le dernier grade semble constituer une sorte d'avant-garde dans l'évolution du corps. Cette tendance s'avère d'autant plus marquée, qu'à quelques détails près, les fonctions peu conquises n'intéressent pas plus les bibliothécaires adjoints principaux.

Cette analyse a été confortée par les réponses des directeurs. Ils mettent l'accent sur le très fort courant de modernisation, qui a eu un pouvoir égalisateur, en estompant les nuances hiérarchiques fixées par les statuts respectifs, inadaptés à l'évolution technologique. Les suppressions d'emplois de conservateurs, conjuguées au faible recrutement de ces dernières années, ont permis aux bibliothécaires adjoints de s'investir personnellement dans les tâches scientifiques. Les directeurs reconnaissent leurs capacités à les exercer, et pas uniquement parce qu'ils possèdent des diplômes d'enseignement supérieur. Une lecture sévère de leur constat peut laisser penser que le personnel scientifique a cédé le terrain devant le dynamisme des bibliothécaires adjoints.

Un tableau progressiste à nuancer

Un certain nombre d'éléments tendraient en revanche à prouver que les bibliothécaires adjoints n'ont pas encore conquis un statut de catégorie A. On repère aisément les secteurs de catégorie A peu occupés par les bibliothécaires adjoints. Même si ces derniers sont peu nombreux, ils n'en demeurent pas moins fondamentaux dans l'évolution de la profession.

La formation professionnelle constitue l'un des premiers. Curieusement, elle reste l'apanage du dernier grade, qui dispense pour plus de la moitié de ses effectifs (52,38%) un enseignement de formation professionnelle.

Par ailleurs, on note que la responsabilité financière, déjà difficile à partager entre les conservateurs, reste peu confiée aux bibliothécaires adjoints. Sans faire de ces fonctions des indicateurs de responsabilité, il n'en demeure pas moins que l'absence relative des bibliothécaires adjoints (et même des principaux) sur ce terrain conduit à nuancer le tableau progressiste dressé dans la partie précédente.

Enfin et surtout, les réponses au questionnaire révèlent un manque de participation inquiétant des bibliothécaires adjoints aux tâches d'animation dans les bibliothèques de recherche. Même si les fonctions de relations, de contact et de coopération professionnels recueillent des taux de participation relativement satisfaisants, voisins de 30 %, les tâches d'animation et de mise en valeur des bibliothèques restent singulièrement ignorées. Elles sont sans doute réservées au personnel scientifique, mais l'absence de délégation dans ce domaine met en cause l'évolution même des établissements et leur organisation.

A la conquête de nouvelles responsabilités

Au terme de cette étude, il paraît opportun de s'interroger sur l'interprétation définitive que l'on peut réserver aux seuls résultats concernant les bibliothèques de recherche. L'objectif principal de l'enquête semble réalisé, puisqu'il s'agissait de vérifier que les bibliothécaires adjoints exercent actuellement des fonctions d'un niveau supérieur à celui de leur catégorie de référence. La preuve en est ici donnée et renforcée par le fait même que les membres du grade supérieur déterminent cette tendance.

L'interprétation des résultats relatifs au domaine des relations publiques conduit à penser qu'il s'agit là d'un secteur menacé pour les bibliothèques. L'une des tâches à venir serait de mieux intégrer les bibliothèques au sein des établissements de recherche où elles sont implantées, et notamment sur les campus universitaires.

L'empiétement des bibliothécaires adjoints sur les activités scientifiques, réservées jusque-là aux seuls conservateurs, pose de manière cruciale le problème de l'adaptation des structures, établies par exemple dans un organigramme. Au-delà de l'évolution technologique, et en particulier de l'informatisation des bibliothèques, les modifications intervenues depuis un certain nombre d'années s'affirment plus en termes de responsabilités nouvelles conquises par les bibliothécaires adjoints, qu'en simple adaptation à de nouveaux outils jugés plus valorisant. Cette enquête révèle plus que jamais la nécessité d'ajouter aux actuels réseaux linéaires de la chaîne documentaire des organigrammes véritablement fonctionnels, élaborés en termes de responsabilité. Alors que l'on assiste, par l'évolution même des statuts des établissements, à une modification des structures de travail, il est grand temps de repenser la place de chacune des catégories de personnels au sein des réseaux documentaires, à partir d'un véritable « état des lieux»,

Ces premières pistes de réflexion ne manqueront pas d'être enrichies par l'étude comparée des résultats de cette enquête dans les autres bibliothèques, laquelle devrait, à terme, permettre une évaluation objective et complète de la profession.

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Annexe I - Liste des établissements retenus dans l'échantillon

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Annexe II - Questionnaire adressé à chaque bibliothécaire-adjoint (1/3)

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Annexe II - Questionnaire adressé à chaque bibliothécaire-adjoint (2/3)

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Annexe II - Questionnaire adressé à chaque bibliothécaire-adjoint (3/3)

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Annexe III - Tableau récapitulatif des résultats en bibliothèques spécialisées (1/2)

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Annexe III - Tableau récapitulatif des résultats en bibliothèques spécialisées (2/2)

  1. (retour)↑  D'après l'introduction à l'enquête rédigée par Henri PERETTI, Directeur des bibliothèques, des musées et de l'information scientifique et technique, et Jean GASOL, Directeur des personnels d'enseignement supérieur.
  2. (retour)↑  Une analyse de l'enquête menée par le ministère de la Culture auprès d'un échantillon de bibliothécaires adjoints travaillant en bibliothèque centrale de prêt, à la Bibliothèque nationale et à la Bibliothèque publique d'information du Centre Georges Pompidou sera publiée dans un prochain numéro.