Évolution du catalogage aux États-Unis

Évaluation des coûts

Georges Harris

Entre 1956 et 1981, la longueur des fiches de catalogage de la LC a augmenté de 24,5 % en nombre de caractères ; le nombre des entrées a augmenté de 130,2 %, celui des champs de 96,9 % et celui des subdivisions vedettes matière de 156,2 %. La notice de catalogage tend à devenir plus longue et plus complexe, mais l'on observe une légère évolution en sens inverse avec un catalogage incomplet (inférieur au catalogage AACR 2). La plupart des bibliothèques universitaires (69,2 %) sont incapables d'indiquer leurs coûts de catalogage. Depuis 1876, l'indice des prix de gros a augmenté de 729 %, le prix de l'or (autre paramètre permettant d'évaluer l'inflation) de 1 590 % et, pour les grandes bibliothèques, le coût du catalogage est passé de 0,40 à 17,17 dollars par volume, soit une augmentation de 4 292 %. Depuis 1896, les salaires annuels des bibliothécaires sont passés de 607 à 28 533 dollars soit une augmentation de 4 700 %. Les coûts de catalogage ont augmenté plus vite que l'inflation, mais plus lentement que les salaires.

The length of LC cataloging cards in number of characters increased 24,5 % between 1956 and 1981, the number of entries 130,2 %, the number of fields 96,9 %, and the number of subject heading subdivisions 156,2 %. There is a trend toward longer and more complex cataloging copy and a small countertrend toward less than AACR2 cataloging. Most academic libraries, 69,2 %, are unable to state what their cataloging costs are. Since 1876 the wholesale commodity price index has increased 729 %, the price of gold (another measure of inflation) 1 590 %, and the cost of cataloging for large libraries from $0,40 per volume to$17,17 per volume, or 4 292 %. Since 1896 librarians' annual salaries have increased from$607 to$28 533 or 4 700 %. Cataloging costs have increased faster than the rate of inflation, but more slowly than the rate of salary increases.

Keyes Metcalf raconte comment, après l'incendie en 1812 du Capitole et de la Bibliothèque du Congrès, Thomas Jefferson vendit au Congrès sa bibliothèque de 6 000 volumes pour la somme de 23 000 dollars. Une fois ces livres catalogués, une plainte fut déposée par le Congrès au sujet du prix élevé de ce catalogage qui se montait à 1 369,50 dollars, soit 0,22 dollar par volume (1). Cet incident a permis de connaître un des plus anciens coûts de catalogage aux Etats-Unis et, probablement, la première protestation enregistrée sur son prix élevé. Cette réclamation était-elle justifiée ? Les coûts de catalogage sont-ils devenus un peu moins élevés ? Cet article tente de répondre à ces questions.

Avant de me lancer dans cette étude, je nourrissais un certain nombre d'idées préconçues. Il me semblait plausible, par exemple, que le catalogage devienne plus long et plus compliqué que par le passé, et donc plus coûteux, car la création de notices peut prendre plus de temps. Je soupçonnais également une évolution inverse vers un catalogage sommaire, la base de données OCLC en donnant la preuve. Je pensais aussi à une influence possible de la crise de 1981-1982, crise dont les effets se font encore sentir dans les états producteurs de pétrole et dans certains états agricoles de la Prairie. Cette crise pouvait avoir amené les bibliothèques à faire des économies en remplaçant le personnel qualifié par une main-d'oeuvre moins coûteuse et en utilisant un catalogage incomplet. Je pensais aussi que la création de l'OCLC et l'utilisation des notices catalographiques de la. Bibliothèque du Congrès (LC) pouvaient avoir réduit le coût du catalogage.

Pour connaître le bien-fondé de toutes ces hypothèses, j'ai choisi trois axes d'études : en premier lieu, j'ai effectué un échantillonnage comparatif de notices de la LC dans le National Union Catalog Pre-56 Imprints et dans le National Union Catalog, 1982, puis j'ai comparé la longueur et la complexité de ces notices dans les deux échantillonnages; ensuite j'ai réalisé une enquête sous forme d'un questionnaire envoyé aux 179 bibliothèques universitaires les plus importantes du pays et j'ai rassemblé les résultats dans des tableaux; enfin j'ai effectué une recherche sur l'évolution des coûts de catalogage au cours des années et sur les montants des salaires dont on trouve la trace dans la littérature professionnelle depuis 1876. Je les ai ensuite comparés au taux d'inflation depuis cette époque jusqu'à 1986. Certaines de ces hypothèses se sont révélées fondées, d'autres non.

Longueur et complexité

Pour établir si la longueur et la complexité de la notice catalographique augmentent progressivement, on a choisi deux échantillonnages prélevés, l'un dans le National Union Catalog Pre-56 Imprints, l'autre dans le National Union Catalog, 1982 qui contient des notices de catalogage réalisées en 1981. Il s'agit de la dernière collection annuelle imprimée du NUC. Les volumes suivants se présentent sous forme de microfiches mal adaptées à un travail d'échantillonnage.

Echantillons

Pour l'échantillonnage de 1982, on a sélectionné le dernier volume d'une séquence de lettres et on a dénombré les notices en commençant par la fin de chaque séquence de lettres, de façon à éviter les sigles figurant en tête de chaque séquence, là où les fiches ne sont pas vraiment représentatives de l'ensemble du catalogage. On a compté et photocopié les centième, deux centième, trois centième et quatre centième notices de monographies de la LC. On n'a retenu que les notices des monographies de la Bibliothèque du Congrès et aucune des notices de périodiques du NUC ni de la Bibliothèque du Congrès.

Il y avait moins de cent notices LC dans le volume consacré à la lettre X pour 1982 et aucun échantillon n'a été pris. Pour la lettre Q, on n'a pu aller que jusqu'à la trois centième notice. On a donc pris quatre échantillons par lettre de l'alphabet, sauf pour la lettre Q (trois échantillons) et pour la lettre X (aucun échantillon), soit au total quatre-vingt-dix-neuf échantillons.

Pour réaliser des échantillonnages équivalents, on n'a prélevé que quatre-vingt-dix-neuf échantillons de fiches dans le National Union Catalog Pre-56 Imprints et on a effectué le décompte à rebours, à partir de l'antépénultième volume au lieu du dernier, comme c'était le cas pour le NUC 1982. A nouveau, on n'a sélectionné que les notices de catalogage LC. Chaque fiche portait soit mention d'un numéro de fiche de la LC dans l'angle inférieur droit, soit la mention « Bibliothèque du Congrès » imprimée dans le coin inférieur gauche. On n'a utilisé aucune fiche dont le bas était abîmé. A nouveau, nous avons photocopié toutes les fiches. Après prélèvement des échantillons dans le NUC 1982, nous les avons recherchés dans la base de données OCLC. Sur les quatre-vingt-dix-neuf échantillons provenant du NUC1982, treize ne figuraient pas dans la base de données. Il s'agissait d'échantillons rédigés en japonais, chinois, coréen, hébreux et grec, qui n'avaient pas été translittérés en alphabet latin. La Bibliothèque du Congrès le fait en général maintenant pour le catalogage en caractère cyrillique.

Dans le cas des échantillons provenant du NUC 1982 et dont on a recherché les notices lisibles par ordinateur dans la base de données OCLC, on a compté des caractères (lettres et chiffres) - qui n'avaient pas été comptabilisés pour les échantillons du Pre-56 Imprints - en mesurant la longueur de l'enregistrement. Ces caractères sont les données introductives des fiches lisibles par ordinateur, par exemple, « eng » dans le champ formaté « langue ». Il paraît logique de comptabiliser cette information et de comparer le catalogage LC lisible en machine avec le catalogage effectué par le passé sous une autre forme. Cette nouvelle formule, en effet, représente une charge supplémentaire pour les catalogueurs d'aujourd'hui, charge qu'ils n'avaient pas à supporter il y a vingt-cinq ans.

Nombre de caractères

Cependant, on n'a pas compté les caractères qui, dans les champs formatés ou dans les champs variables, sont imprimés sur toutes les fiches standard et n'exigent aucune saisie par le catalogueur. Il s'agit par exemple de caractères tels que « Type », « Repr », « Indx » pour les champs formatés et « 020 » pour les champs variables. Pour mesurer la longueur de la notice, on a compté, sur chaque fiche, l'ensemble des caractères ainsi que la ponctuation, excepté les signes diacritiques. On a ensuite calculé le nombre moyen de caractères pour l'ensemble des quatre-vingt-dix-neuf fiches. Ces résultats figurent dans le tableau 1.

La complexité du catalogage peut se définir par le nombre d'entrées et de champs figurant sur une fiche catalographique à côté d'informations destinées à justifier ces entrées et placées, soit dans le corps de la fiche, soit dans la zone de notes. On a mesuré la complexité de la notice de catalogage en comptant sur chaque fiche les caractéristiques suivantes : le nombre d'entrées aux fiches LC dans le Pre-56 Imprints et le NUC 1982, le nombre d'entrées par auteur (auteur seul), collectivité-auteurs, éditeur, traducteur, illustrateur, le nombre d'entrées par titre (titre parallèle, titre uniforme, titre indiqué différemment), le nombre d'entrées par collection, le nombre d'entrées par matière, le nombre de subdivisions vedette matières et le nombre de champs par fiche. On a calculé le total puis la moyenne de chacune de ces caractéristiques pour le Pre-56 Imprints et pour le NUC 1982. Ces deux séries de moyennes sont données dans le tableau 1.

Les résultats de cette comparaison montrent que la longueur de la notice LC a augmenté d'un quart entre 1956 et 1982. La complexité du catalogage, mesurée d'après le nombre d'entrées, a augmenté de 130 %, et d'après le nombre de champs, de 96,6 %. L'augmentation la plus faible - 19,6 % seulement - concerne les entrées par auteur et l'augmentation la plus forte - 466,6 % -, les entrées par collections. Pour illustrer la signification de « subdivision par vedette matières », prenons les deux exemples ci-dessous, le premier ne comportant pas de subdivisions, le second en ayant deux. Aucun de ces deux exemples ne figurait dans nos échantillons, mais ils montrent combien il est nécessaire d'ajouter des rubriques secondaires à une rubrique principale pour différencier les nombreux livres traitant d'un même sujet.

Austen, Jane, 1775-1817.

Austen, Jane, 1775-1817 - Critique et interprétation-Discours, essais, conférences.

La notice de catalogage est définitivement devenue beaucoup plus longue et beaucoup plus compliquée. Deux raisons à ce changement : d'abord les bibliothèques ont beaucoup plus de livres à différencier. Ensuite la documentation bibliographique devient elle-même plus volumineuse et plus compliquée. Les publications du Bureau américain du recensement illustrent bien cette augmentation en volume et en complexité. Le premier recensement en 1790 ne comprenait qu'une seule partie, la population, et il ne comportait que douze volumes, un pour l'ensemble du pays et les autres pour les états. Par contre, le recensement de 1900 était en quatre parties : population, agriculture, usines, mines et carrières. En 1970, le recensement de la population était passé à cent cinq volumes (2). Les bibliothèques ont tendance à acquérir une documentation plus volumineuse et plus compliquée et le catalogage de la documentation reflète cette tendance : il devient lui aussi plus long et plus compliqué.

Un intérêt modéré

Pour tenter d'établir quels sont les coûts actuels du catalogage, si la crise de 1981-1982 a poussé les bibliothèques à diminuer les coûts et quelle importance les bibliothèques accordent aux coûts de catalogage, un questionnaire a été mis au point et envoyé aux 179 bibliothèques universitaires les plus importantes des Etats-Unis. Sur ces 179 bibliothèques, 117 ont répondu, soit un taux de réponse de 65 %. On trouvera un exemplaire de ce questionnaire en annexe. Les questions et leurs réponses figurent dans le tableau 2.

Incapacité ou refus

En ce qui concerne la question 2, la surprise vient du grand nombre de bibliothèques qui n'utilisent encore qu'un catalogue sur fiches. Les réponses à la question 3 montrent que l'hypothèse selon laquelle la crise de 1981-1982 aurait poussé les bibliothèques à se préoccuper des coûts de catalogage ne repose sur aucun fondement. Mais la découverte la plus importante, au travers des réponses à la question 4, est l'incapacité ou le refus de la plupart des bibliothèques universitaires d'indiquer leurs coûts de catalogage. Seule une minorité possède une idée, soit exacte soit approximative, de ces coûts. Trois bibliothèques ont envoyé des renseignements inexploitables. Deux nous ont communiqué leurs coûts de catalogage sans tenir compte de la rémunération du personnel et la troisième a envoyé le total des coûts de catalogage des monographies et des publications en séries sans les rapporter au nombre de volumes ou au nombre de titres. Ces trois réponses n'ont pu être retenues.

Trente-quatre bibliothèques ont répondu à cette question de différentes manières. Certaines ont fourni un coût par volume et d'autres un coût par titre. Certaines ont indiqué un chiffre pour le catalogage par récupération de notices et d'autres pour le catalogage par création de notices. Pour ces bibliothèques, le coût du catalogage par récupération a été utilisé dans le calcul du coût moyen pour les trente-quatre bibliothèques. D'autres bibliothèques ont donné une fourchette de prix, par exemple, de 15 à 20 dollars par volume. Dans ce cas, on a choisi le chiffre le plus bas. Certaines bibliothèques ont fourni un chiffre global pour les monographies et les publications en série, ce coût variant entre 14,67 et 53 dollars.

Pour les bibliothèques qui ont donné des chiffres séparés pour les monographies, le coût variait de 32 dollars dans une université pour la création de notices à 6,43 dollars pour un catalogage par récupération dans une autre université. Le coût moyen du catalogage est calculé sur 34 cas. Quant au coût de catalogage des publications en série, seules 7 bibliothèques ont indiqué des chiffres séparés ; en raison de cette insuffisance d'éléments, on ne donnera aucune moyenne (cf. tableau 1).

Estimation approximative

On doit prévenir le lecteur que l'expression « coût de catalogage » ne représente pas la même chose dans toutes les bibliothèques : traitement, activités et coûts des documents sont différents. Pour cette raison, les chiffres indiqués ci-dessus pour le catalogage des monographies, même s'ils paraissent précis, ne représentent qu'une estimation approximative prudente des coûts de catalogage actuels dans une bibliothèque universitaire.

Si le total des réponses, dans la question 5, est supérieur au nombre des bibliothèques qui ont répondu, c'est que certaines bibliothèques ont coché plusieurs méthodes de réduction des coûts. Cette question était formulée de telle sorte que les réponses soulignent l'influence de la crise de 1981-1982 sur la diminution des coûts. Mais il est possible que certaines bibliothèques aient pris des mesures avant la crise. Une bibliothèque nous a répondu qu'elle avait expérimenté ces différentes méthodes pour réduire les coûts depuis une dizaine d'années et que la crise n'y était pour rien. Il peut en être de même pour d'autres bibliothèques qui ont répondu. Bien que la Bibliothèque du Congrès ne fasse pas partie du sondage, elle a fait connaître, par l'intermédiaire de l'OCLC, qu'elle aussi faisait un catalogage minimal pour les ouvrages dont le niveau scientifique était peu élevé (3). On voit apparaître ici une légère tendance à faire du catalogage incomplet.

Pour ce qui est de la question 7, le nombre total des réponses n'est pas le même dans les trois colonnes, car certaines bibliothèques n'ont indiqué que le premier choix sans donner d'indication pour les deuxième et troisième choix. La plupart des bibliothèques affirment que la qualité est leur première préoccupation, mais peut-être ont-elles fait cette réponse car elles ont senti que c'était la « bonne » réponse. En tout cas, un nombre surprenant d'entre elles privilégie le rendement.

Sur certains points, les résultats ont été conformes à ce que l'on attendait, mais on a aussi eu des surprises. La plupart des bibliothèques de recherche utilisent le système OCLC, mais certaines utilisent plus d'un réseau bibliographique. Un nombre étonnamment important de collèges et d'universités (37,7%) n'utilise qu'un catalogue sur fiches comme catalogue accessible au public et un grand nombre utilise à la fois le catalogue sur fiches et le catalogue en ligne (36,8 %). La plupart des bibliothèques universitaires (59,8 %) n'accordent au coût du catalogage qu'un intérêt modéré, ce qui nous a surpris.

De nombreuses bibliothèques universitaires (69,2 %) n'ont pas été capables ou n'ont pas voulu communiquer leur coût de catalogage. Pour celles qui les connaissent, le coût moyen en 1985-1986 pour les monographies était de l'ordre de 17,17 dollars (par volume, dans la plupart des cas), mais ce chiffre ne représente qu'une évaluation approximative prudente. Très peu de bibliothèques mènent une action en faveur du contrôle des coûts. Seules 7,7 % d'entre elles pratiquent un catalogage partagé. La méthode la plus utilisée - mais par seulement 35 % des bibliothèques - demeure encore l'utilisation d'une main-d'oeuvre moins coûteuse. De très nombreuses bibliothèques refusent d'admettre qu'elles essayent de supprimer progressivement le personnel qualifié.

On observe une tendance, faible certes(13,7 %), à faire un catalogage de niveau inférieur à celui des AACR2, mais la Bibliothèque du Congrès admet qu'elle va le faire aussi pour certains livres. La plupart des bibliothèques sondées privilégient la qualité du catalogage, mais elles sont 63 % à placer le rendement en première ou deuxième position.

Coûts de catalogage

La profession s'est organisée en 1876 avec la création de l'Association américaine des bibliothèques (ALA) et celle du Library journal, premier journal professionnel. Le tout premier exemplaire du Library journal comporte un article de Charles A. Cutter qui défend l'intérêt du catalogue de bibliothèque par rapport à des listes bibliographiques de livres qu'une bibliothèque peut ne pas avoir. Cutter indique un coût de catalogage de 0,40 dollar par volume pour une grande bibliothèque non citée et 0,16 dollar par volume pour une petite bibliothèque municipale, pas citée non plus.

Selon lui, le coût maximum d'un catalogage serait de 0,50 dollar pour la création d'une notice, avec un supplément de 0,30 dollar pour l'impression (4). A cette époque, les catalogues étaient imprimés sous forme de livres, ce n'était pas encore des catalogues sur fiches. Cet article est important car, non seulement il est le premier article américain sur le sujet, mais encore il est le premier à remarquer que les coûts de catalogage sont plus élevés dans les grandes bibliothèques que dans les petites, avec des différences très importantes d'une bibliothèque à l'autre (dans ce cas précis, 150%).

Coût empirique

Neuf ans plus tard, en 1885, un autre article sur les coûts de catalogage fait son apparition dans le Library journal. Son auteur, James L. Whitney, conservateur de la Bibliothèque municipale de Boston, indique pour sa bibliothèque un coût de catalogage et de classement de 0,3575 dollar par volume. C'était l'époque où les catalogues sur fiches se substituaient aux catalogues imprimés. En outre, Whitney mentionne également les coûts de catalogage de trois bibliothèques dont il ne cite pas les noms. Ces coûts sont respectivement de 0,16; 0,12; 0,13 dollar par volume. Le premier de ces chiffres correspond à un catalogue imprimé et les deux derniers à des catalogues sur fiches manuscrites. La Bibliothèque municipale de Boston utilisait elle-même ces deux types de catalogues : un catalogue imprimé pour les romans anglais, qui en était déjà à sa septième édition et un catalogue sur fiches pour les livres de la collection Bates Hall (5).

En 1905, William Warner Bishop, de la Bibliothèque de l'Université de Princeton, ne cite pas de chiffre pour sa bibliothèque, mais il indique ceux de la Bibliothèque John Crerar donnés par son bibliothécaire : 0,45 dollar pour les coûts de main-d'oeuvre avec un supplément de 0,15 dollar pour l'impression des catalogues, soit un coût total de 0,60 dollar. Par contre, il ne précise pas s'il s'agit d'un coût par titre ou par volume. Bishop est aussi le premier bibliothécaire à déclarer que les études comparatives de coût sont peu satisfaisantes. Il ajoute que les études de coût n'ont que peu de valeur en raison du nombre beaucoup trop élevé et de la trop grande variété des usages et des méthodes utilisées par les différentes bibliothèques pour mesurer une même chose (6).

Malgré ces remarques sur le bien-fondé de telles études, la Commission de l'Association américaine de bibliothèques chargée du coût de catalogage, finançait une étude en 1913 et 1914. Elle envoya des questionnaires à trente-huit bibliothèques, mais seules dix-huit d'entre elles y participèrent. Les bibliothèques devaient choisir cent titres, de difficultés moyennes et calculer leur coût de catalogage, de classement, de catalogage topographique et de préparation des fiches, sur la base des salaires des personnes chargées de ce travail. Le but de l'étude était de définir pour quatre types différents de bibliothèques un coût empirique qui puisse servir de norme à d'autres bibliothèques.

Les résultats du test furent les suivants: trois grandes bibliothèques indiquèrent des coûts moyens de catalogage de 0,642 dollar ; quatre bibliothèques universitaires 0,16 dollar; sept grandes bibliothèques municipales 0,252 dollar et quatre petites bibliothèques 0,101 dollar. Les chiffres indiqués par les bibliothèques universitaires étaient trop bas, même à l'époque, pour être crédibles. Ce chiffre peu vraisemblable était dû aux coûts indiqués par Columbia (0,095 dollar par titre) et Yale (0,1733 dollar par titre) (7). Ces deux universités furent invitées à expliquer des coûts aussi incroyables.

Harriet B. Prescott, parlant au nom de Columbia, a admis que le coût. moyen de catalogage s'y élevait à 0,90 dollar par titre et non 0,095 dollar, mais elle n'a pas expliqué comment elle était arrivée aux 9,5 cents qu'elle avait indiqués dans le test. Sara G. Hyde, pour Yale, a déclaré qu'ils avaient fait de ce test une compétition, qu'ils n'avaient compté que le temps passé à la rédaction et devant la machine à écrire, et non le temps passé en recherche, que les livres étaient plus faciles que d'habitude, que 24 % des livres utilisés pour ce test n'étaient pas classés et que les autres n'exigeaient qu'une lettre pour leur classement. Elle a admis que, pour Yale, le coût par titre en 1915-1916, était en réalité de 0,5012 dollar et non de 0,1733 dollar comme indiqué dans le test. Ce dernier, du reste, ne fut pas une réussite, parce qu'un certain nombre de participants en avaient mal compris le but et parce qu'il avait été réalisé sans aucun accord sur la terminologie ni sur les normes (8).

L'Illinois a réuni des données statistiques sur le catalogage pour la période allant de 1922 à 1925 et les calculs ont donné des coûts de catalogage de 0,776 dollar par volume (9). Viennent ensuite des statistiques pour les bibliothèques universitaires, fournies par McCrum qui indique, pour 1929, des coûts de 0,675 dollar pour Grinnell (Iowa), 0,677 dollar pour l'Université d'Etat de l'Iowa et 0,726 dollar pour l'Université de Californie (10).

Pendant les années 20 et 30, on a compris que les coûts de catalogage pouvaient inclure autre chose que les salaires des personnes chargées de ce travail. Reichmann rend hommage à Jennie T. Jennings et à sa commission de l'ALA en 1925 pour avoir déterminé six facteurs à prendre en compte dans les calculs des coûts réels de catalogage : administration, matériel, conditions et heures de travail, méthodes, statistiques et catalogage partagé avec d'autres bibliothèques (11). En 1936, Fremont Rider développait cette idée, déclarant que l'administration et les frais généraux devaient entrer dans le calcul. Il entendait par là : la location d'un local abritant le service, le chauffage, l'éclairage, l'eau, le téléphone, l'impression, les fournitures de bureau, les frais d'affranchissement, l'amortissement, les assurances, les services de gardiennage et l'entretien de l'immeuble.

Rider, en 1936, donne deux chiffres pour les coûts de catalogage dans sa bibliothèque de Wesleyan : l'un de 0,70 dollar par volume pour la main-d'oeuvre, l'autre de 0,92 dollar par volume pour la main-d'oeuvre et les charges où sont inclus tous les postes mentionnés ci-dessus (12). En 1937, R.A. Miller a effectué une analyse de temps et de coût d'après des données de l'Université de l'Iowa et il parvint à un coût de catalogage de 0,38 dollar par volume, ce qui est un chiffre anormalement bas pour l'époque (11). Jerrold Orne a recueilli des données statistiques à l'Université Washington à Saint-Louis sur une période de trois ans, de 1945-1946 à 1947-1948 et il a déclaré avoir fait baisser ces coûts de 1,01 dollar à 0,71 dollar en 1947-1948 (13).

Catalogage centralisé

John Minto Dawson a rédigé un mémoire à la Graduate library school de l'Université de Chicago qu'il a publié sous forme d'article en 1957. Il a établi qu'en 1948, pour 11 bibliothèques universitaires, les coûts de catalogage variaient de 2,26 dollars à 5,90 dollars par titre. Il a aussi examiné pour les bibliothèques de recherche la possibilité d'un catalogage centralisé s'ajoutant à celui de la LC. D'après son étude, les commandes effectuées dans neuf bibliothèques de recherche comportent assez de doublons pour justifier un catalogue centralisé et commun. Ayant aussi étudié la façon dont ces bibliothèques se servaient des notices de la LC, il s'est aperçu qu'elles y apportaient plus de corrections que nécessaire, que ce soit pour le catalogage descriptif, les vedettes matières ou les cotes. Il a estimé qu'une diminution du nombre de ces modifications permettrait d'obtenir une notice moins coûteuse, mais néanmoins utilisable. Dawson a aussi recommandé que la LC, à l'époque le seul centre de catalogage en service aux Etats-Unis, catalogue plus de documents en langue étrangère au profit des bibliothèques de recherche.

Dawson avait pressenti l'utilité d'un catalogage centralisé commun à plusieurs bibliothèques, mais il ne pouvait prévoir les inventions qui, quelques années plus tard, le rendrait possible sous sa forme actuelle (OCLC, RLIN, etc.) (14). Comme Fussler l'a noté plus récemment, la Bibliothèque du Congrès a en effet réalisé ce que Dawson conseillait. Elle est même allée au-delà de ces recommandations avec son Programme national d'acquisition et de catalogage (15).

Félix Reichmann cite deux statistiques ultérieures de coûts, l'une de 3,34 dollars par volume pour Berkeley en Californie en 1949 et l'autre de 3,66 dollars par titre pour Columbia en 1950-1951 (11). Catherine MacQuarrie a mené une étude sur les coûts de catalogage dans les bibliothèques scolaires, universitaires et municipales du Sud de la Californie en 1962 et elle a rassemblé une importante documentation statistique. Ses chiffres, relatifs à six bibliothèques de collège, sont indiqués en coût par volume et en coût par titre. Les coûts par volume variaient de 3,14 dollars à 4,88 dollars, avec un coût moyen de 4,13 dollars par volume. Les coûts par titre allaient de 3,42 dollars à 8,26 dollars, avec une moyenne de 6,27 dollars par titre. MacQuarrie est la seule bibliothécaire à avoir déclaré que les coûts moyens devraient être normatifs. Elle a ajouté qu'ils devraient servir à la fois de contrôle et d'objectif (16). Ceci n'est vrai cependant que pour des bibliothèques très semblables en taille, budget, clientèle et emplacement.

Ichiko T. Morita et D. Kaye Gapen ont réalisé une étude sur les coûts de catalogage avant et après l'utilisation du système OCLC à l'Université d'Etat de l'Ohio de 1970 à 1975. Ils ont comparé le catalogage avant l'OCLC et le catalogage OCLC. Ils ont trouvé qu'en 1970, 28 % de leur catalogage était du type quick editing (« catalogage rapide »), avec un coût moyen de 5,02 dollars par titre, et 71 % du catalogage correspondait à une création de notices avec une moyenne de 12,70 dollars par titre. En 1975, avec l'OCLC, le quick editing constituait 62 % du catalogage, avec un coût moyen de 7,75 dollars par titre et la création de notices ne représentait plus que 38% du travail, avec un coût moyen de 16,90 dollars par titre. Si on tient compte des différences de pourcentage, les coûts moyens étaient de 10,42 dollars par titre en 1970 et 11,22 dollars par titre en 1975, soit une augmentation de 7,6 %. Ces auteurs ont conclu que s'il n'y avait pas eu un taux d'inflation aussi élevé pendant cette période, les coûts de catalogage auraient baissé (17). Leur analyse est tout à fait justifiée car l'indice des prix est passé pendant cette même période de 247,5 en 1970 (année de base 1930) à 392,2 en 1975, soit une augmentation de 58.4% (18).

Les coûts calculés par Morita et Gapen en 1970 et 1975 sont les dernières données qui ont été publiées et l'absence de statistiques plus récentes nous a conduit à entreprendre l'étude dont les résultats figurent dans la deuxième partie de cet article. Le dernier coût de catalogage s'élève à 17,17 dollars pour l'année 1985-1986. Si le chiffre de 1876 (0,40 dollar) est représentatif et si celui de 17,17 dollars pour 1985-1986 est correct, les coûts de catalogage ont augmenté de 4 292 % au cours de ces 110 dernières années. Les chiffres indiqués ci-dessus figurent dans le tableau 3.

Salaires moyens

Le tableau 3 compare quatre séries de chiffres. L'ensemble des coûts de catalogage qui ont été publiés ont été inscrits dans l'ordre chronologique. Ces coûts concernent, pour la plupart, de grandes bibliothèques ou des bibliothèques universitaires. On a essayé de retrouver les salaires correspondant aux années de catalogage, en donnant la préférence aux salaires dans les grandes bibliothèques universitaires. On dispose de peu d'information sur les salaires des bibliothécaires aux premiers temps de la profession. Les premiers chiffres disponibles proviennent de l'Institut Pratt qui, en 1896, avait mené une enquête sur les salaires de ses anciens élèves et qui avait trouvé à l'époque un salaire moyen de 607 dollars en 1896 et de 686 dollars en 1898 (19).

Aujourd'hui, ces salaires nous paraissent anormalement faibles mais ils étaient plutôt élevés pour l'époque. En 1896, le pays subissait une crise grave et les salaires des autres professions étaient beaucoup plus bas. Par exemple, le salaire moyen d'un ouvrier était de 427 dollars en 1890 et de 540 dollars en 1914. En 1900, les instituteurs ne gagnaient en moyenne que 328 dollars par an alors que, pour cette même année, les employés des postes fédérales touchaient un bon salaire (925 dollars en moyenne) (20).

Les chiffres avancés par l'Institut Pratt ne sont probablement pas représentatifs du traitement de tous les bibliothécaires, car les diplômés de cet institut trouvaient des emplois principalement à New York où les salaires ont toujours été supérieurs à ceux du reste du pays. Par exemple, les statistiques recueillies par l'ALA en 1923 indiquent que, pour les bibliothèques scolaires, New York et Brooklyn payaient des salaires supérieurs à ceux d'Akron, Denver, Indianapolis, Louisville, Oakland, ou Washington (21). Les statistiques de l'ALA en 1933 sur les salaires des bibliothécaires municipaux indiquent que New York et Brooklyn offraient des salaires plus élevés que Baltimore, Dallas, Houston, Indianapolis, La Nouvelle Orléans et Tolédo (22).

Les chiffres suivants concernent cinq bibliothèques universitaires ayant participé à l'étude de l'ALA sur le catalogage. Seule l'identité de deux d'entre elles est connue et les salaires pour 1913-1914 sont les suivants :

n° 10:$906; n° 11 : $ 581 ; n° 12 (Columbia) : $ 985 ; n° 14 : $ 505 ; n° 15 (Yale) :$ 502.

Pour ces cinq bibliothèques, le salaire moyen était, en 1913-1914, de 695 dollars (7). Les salaires ont augmenté considérablement pendant les années 20 et il en est de même dans les statistiques publiées, mais pendant la crise de 1929, les salaires ont connu leur première diminution. Ainsi, 63 % des anciens élèves de l'Institut Pratt ont subi des réductions de salaires entre 1931 et 1934 (23) (cf. tableau 3).

Pendant les années 20 et 30, l'ALA a rassemblé des statistiques provenant de plusieurs collèges prestigieux et de plusieurs grandes universités d'état. Elle les a publiées dans le Bulletin de l'ALA, en général sous forme de tableaux occupant une ou plusieurs pages. Elles concernent différentes catégories professionnelles telles que chefs de services, assistants-bibliothécaires et, occasionnellement, d'autres catégories comme les catalogueurs. L'ALA n'a pas établi de moyenne globale pour toutes les catégories de bibliothécaires diplômés. J'ai effectué ce calcul pour la période allant de 1922 à 1937 inclus (cf. tableau 3). Cette moyenne globale ne comprend ni les assistants non bibliothécaires ni les responsables de bibliothèques, ces derniers n'ayant pas été mentionnés dans les tableaux de l'ALA. Les résultats sont les suivants : en 1925, le salaire moyen dans une bibliothèque universitaire était de 1 683 dollars (24), il était de 1 901 dollars en 1929 (25), de 1866 dollars en 1930 (26), de 1888 dollars en 1936 (27) et de 2 334 dollars en 1937 (28).

Maurice Seay a regroupé des statistiques de salaires de soixante-trois membres de l'Association des Land-Grant Collèges et Universités de l'Association nationale des Universités d'Etat ; et il en a tiré un tableau : la moyenne pour l'année universitaire de 1948 était de 3 112 dollars (29).

Pour l'année 1947 et les années 1949 à 1951, on a utilisé les tableaux de calcul de l'échelle des salaires de l'Université Berkeley en Californie, que l'auteur a ramenés, comme dans le cas précédent, à une moyenne globale. Le choix s'est porté sur la Californie, parce qu'on pouvait disposer de son échelle des salaires qui avait été publiée et non pour sa représentativité. A l'Université de Berkeley, le salaire moyen était de 3 616 dollars en 1947 (30), de 4 526 dollars en 1949 (31) et de 5 115 dollars en 1951 (31).

Une enquête sur les salaires des bibliothécaires d'université a été entreprise par Théodore Samore pour 1961-1962 et, à nouveau, on a ramené les statistiques de salaires à un chiffre global. Pour cette période, le salaire moyen de ces bibliothécaires était de 6 857 dollars (33). Pour l'année 1970, l'ALA a effectué une autre étude. Cette fois, elle n'a pas publié les statistiques par université, mais les salaires moyens de différentes catégories de bibliothécaires, calculés à partir des salaires du personnel. Dans les bibliothèques universitaires, le salaire moyen des bibliothécaires était, en 1970, de 12 587 dollars (34). L'ALA a mené une autre enquête sur ces mêmes bibliothécaires en 1975-1976, le salaire moyen était alors de 14 207 dollars (35). L'Association des bibliothèques de recherche (ARL) a commencé à publier les salaires dans les années 80 et a classé les 105 premiers de ses membres d'après leurs salaires médians. Pour l'année 1984-1985, l'Université de Houston s'est classée en position médiane, 52e sur 105. Le salaire était de 24 917 dollars. L'ARL a également trouvé un salaire moyen de 27 935 dollars qui tient compte des salaires des responsables des bibliothèques. Historiquement, le salaire du directeur est égal ou supérieur à trois fois celui du personnel qualifié le plus bas et le fait d'ajouter les salaires des directeurs augmente considérablement la moyenne (36).

La publication la plus récente est celle de l'ALA pour l'année 1986 (37). Elle indique le salaire moyen pour onze niveaux de qualification différents et pour cinq régions. J'ai choisi onze salaires moyens de bibliothécaires d'université et, en faisant leur moyenne, j'ai obtenu un salaire moyen de 28 533 dollars. Si les chiffres relatifs aux salaires de 1896 et de 1986 sont représentatifs des salaires des bibliothécaires, les salaires ont alors augmenté de 4 700 % au cours de ces quatre-vingt-dix dernières années.

Taux d'inflation

Outre les coûts de catalogage et les salaires, le tableau 3 présente aussi deux séries de chiffres permettant de mesurer le taux d'inflation au cours du temps : l'indice des prix de gros et le prix de l'or. La base 100 pour l'indice des prix de gros est 1930. L'ensemble des prix variables est en relation avec ceux de cette année-là. Les indices de prix de gros de 1876 à 1975 sont tirés du Golden constant de Roy W. Jastram (18). L'indice de 1985 provient du Statistical abstract of the United States, 1986 (38) et celui de 1986 du World almanac and book of facts, 1987 (39).

Le prix de l'or a été fixé par le gouvernement américain à 20,67 dollars l'once de 1835 à 1933 et à 35 dollars l'once après (18). Entre 1934 (40) et 1974 (41), la détention d'or par un citoyen américain était illégale. Le prix de l'or à la Bourse de Londres a commencé à monter en 1970 (42) et, en 1974, quand les Américains ont été à nouveau autorisés à posséder de l'or, son prix a atteint 141 dollars l'once (43). Il a culminé peu de temps à 590 dollars l'once en 1981, au plus fort de l'inflation (44), et il a baissé par la suite jusqu'à son prix de 1986 qui est de 328,80 dollars (45).

Les données permettant d'évaluer l'inflation (indice des prix de gros et prix de l'or) sont les chiffres les plus fiables du tableau 3. L'indice des prix de gros a augmenté de 729 % entre 1876 et 1986 et le prix de l'or de 1590 % dans cette même période. On peut donc conclure que le coût du catalogage a augmenté beaucoup plus que l'inflation, mais pas tout à fait autant que les salaires pendant la même période.

Pour récapituler, la première partie de cet article montre que le nombre de caractères des notices de LC a augmenté de 24 % entre les échantillons tirés du Pre-56 Imprints et ceux du NUC 1982 qui comprennent les ouvrages catalogués en 1981. Le catalogage de la Bibliothèque du Congrès, mesuré par le nombre de champs, le nombre d'entrées, le nombre de subdivisions des vedettes matières par notices, est devenu plus compliqué, la progression s'étageant entre 19 % et 156 %. Cet accroissement en volume et en complexité tient à deux raisons. En premier lieu, il y a aujourd'hui davantage de livres à différencier les uns des autres, ensuite, les documents traités par les bibliothèques se font eux-mêmes plus volumineux et plus compliqués.

La deuxième partie indique que la plupart des bibliothèques de recherche (82,9 %) utilisent OCLC avant tout autre réseau bibliographique. De nombreuses bibliothèques, 37,7 %, n'offrent encore que des fichiers manuels au public. La plupart des bibliothèques de recherche ne s'intéressent qu'assez peu au coût du catalogage. La majorité d'entre elles (69,2%) est incapable de les évaluer. Le chiffre de 17,7$par volume représente une estimation grossière, approximative du coût de catalogage des monographies dans de grandes bibliothèques de recherche en 1985-1986. La plupart des grandes bibliothèques de recherche n'ont guère été affectées par la crise de 1981-1982. La manière la plus populaire de réduire les coûts de catalogage consiste à utiliser une main-d'œuvre meilleur marché. Une évolution minoritaire (13,7 %) s'esquisse en direction d'un catalogage sommaire, plus léger que celui des AACR2 et la Bibliothèque du Congrès participe à ce mouvement. 24,8 % seulement des bibliothèques de recherche utilisent des « listes a priori ». La qualité est la préoccupation dominante des bibliothèques de recherche en matière de catalogage ; le rendement vient en seconde position et le coût en troisième.

La troisième partie indique que le taux d'inflation, comparé à l'indice des prix de gros, est de 729 % pour les 110 dernières années ; en se référant au prix de l'once d'or, il s'établirait à 1 590 %. L'usage généralisé des notices de la Bibliothèque du Congrès, l'utilisation de main-d'œuvre bon marché, la mise en place d'OCLC et d'autres systèmes de catalogage partagé, tout cela n'a pas empêché le coût du catalogage de grimper de 4 292 % pendant la même période. Mais cette courbe de progression reste inférieure à celle des salaires qui ont progressé de 4 700 % depuis 90 ans.

Illustration
Tableau 1 - Longueur et complexité des notices

Illustration
Tableau 2 - Réponses au questionnaire

Illustration
Tableau 3 - Comparaison des coûts, des salaires et de l'inflation

Illustration
Annexe - Questionnaire sur les coûts de catalogage

  1. (retour)↑  Cet article a été publié dans Library Quarterly, vol. 59, janvier 1989, sous le titre Historic cataloging costs, issues and trends.
  2. (retour)↑  Cet article a été publié dans Library Quarterly, vol. 59, janvier 1989, sous le titre Historic cataloging costs, issues and trends.