« Administrators'pay up 5.3 % in year, outpacing inflation »

par François Lapèlerie

Carolyn J. Mooney

The Chronicle of higher education, 1989, XXV, 23, p. A1, A15.

Dans le rayon « Humour, recueil de blagues » d'une bibliothèque, un lecteur est en train de feuilleter un ouvrage intitulé Le Salaire des bibliothécaires et... s'esclaffe lourdement. Dès le début, ce dessin humoristique donne le ton de l'article de Lynch. Le sous-titre également enfonce le clou : « si le salaire des bibliothécaires est encore risible, au moins le taux d'augmentation 86-88 mérite le respect ». Depuis 1982, l'ALA publie tous les deux ans une étude détaillée des salaires des bibliothécaires américains. Mary-Jo Lynch, directrice du Bureau des recherches de l'ALA, commente le rapport 1988. Presqu'au même moment, la College and university personnel administrators (CUPA), vient publier son rapport annuel sur les salaires des personnels administratifs : 1988/89 Administrative compensation survey, dont Mooney donne un compte rendu précis, ce qui permet de comparer et vérifier au moins certains chiffres, parmi les plus élevés.

Les salaires des bibliothécaires ont augmenté de 11 % sur 2 ans, entre 1986 et 1988. Dans l'enquête de la CUPA : l'augmentation pour les administratifs a été de 5,3 % en 88-89, et de 3,3 % en 87-88, soit au total 8,6 %; effectivement, les bibliothécaires se sont mieux défendus que les autres administratifs, d'autant plus que l'inflation a été largement inférieure (3,9 % en 1988). Mais que vaut une augmentation si le salaire de base est médiocre ? Voici quelques exemples de salaire moyen annuel (national) * de bibliothécaire en 1988: bibliothécaire de section jeunesse : 22 576 dollars ; catalogueur : 25 284; service de référence : 25 830; chef de département : 29318; responsable du développement des collections : 29392; assistant du directeur ou directeur associé : 35 249; directeur : 40 076.

La comparaison avec les chiffres de la CUPA vient aussi confirmer la première affirmation de Lynch : salaires risibles, si on les compare aux salaires des autres catégories de personnel. Selon la CUPA, en 1988-89, le salaire médian d'un directeur de bibliothèque est de 41 561 dollars. On pourrait presque poser la question : qui gagne moins ? Alors que la charge de directeur de bibliothèque est hiérarchiquement aussi importante que la charge de doyen et que les responsabilités sont souvent égales ou supérieures, le salaire médian de doyen va de 47 250 pour un doyen de faculté de lettres et sciences humaines à 143 200 dollars pour un doyen de faculté de médecine, en passant par 83 000 pour la pharmacie, 60050 pour les affaires, 75000 pour l'agriculture; 92340 pour la médecine vétérinaire, 103 629 pour l'odontologie et 60 274 pour la bibliothéconomie et les sciences de l'information.

Voilà qui explique la grogne des bibliothécaires américains.

  1. (retour)↑  Le calcul par moyenne présente de notoires inconvénients : quelques chiffres exceptionnellement hauts ou bas peuvent artificiellement tirer la moyenne vers le haut ou vers le bas. La moyenne ne permet pas d'appréhender le large éventail des salaires des bibliothécaires aux Etats-Unis : tout salaire y est commensurable aux qualifications, aux responsabilités et à la compétence et non pas à l'ancienneté.