« Academic and research librarians who are we ? »
Mark E. Cain
En 1986, l'auteur procéda à une enquête aux Etats-Unis et au Canada sur la situation et les antécédents des bibliothécaires du continent nord-americain travaillant uniquement dans des bibliothèques universitaires ou de recherche. 1 771 personnes ont répondu à un questionnaire portant sur les éléments suivants : année de naissance, sexe, année d'obtention du MLS (Master of library science), lieu de travail, diplômes non professionnels, capacités en langues étrangères et compétences professionnelles.
Il est bien entendu que cet échantillonnage n'est pas considéré comme idéalement représentatif des bibliothécaires américains travaillant dans ce type de bibliothèque. La quasi-majorité est née entre 1940 et 1950 : 38,3 % et l'année de naissance médiane est 1942. L'année médiane d'obtention du MLS est 1972. On peut en conclure que la plupart de ces bibliothécaires ne sont pas venus aux bibliothèques très jeunes mais après plusieurs années de travail ailleurs. En d'autres termes, que les bibliothèques ne sont pas une vocation, ou alors seulement une vocation tardive. 48,50% sont des hommes, 51,50% sont des femmes, alors qu'en général, toutes bibliothèques confondues, la profession est dominée par les femmes. La distribution géographique, quant à elle, est sans grand intérêt pour nous.
Près de la moitié (41,30 %) est titulaire d'un autre master professionnel ; 16,60 % ont un doctorat ; 50,50 % ont un ou plusieurs diplômes universitaires autres que le MLS. Ces taux sont, à nos yeux, très élevés. Les disciplines scientifiques sont fort mal représentées dans ces diplômes : 4,50 % des masters non MLS et 1,80% des doctorats, par exemple. L'écrasante majorité est représentée par des diplômes en humanités, lettres, sciences sociales et éducation. 61,30 % ont de bonnes connaissances d'une ou plusieurs langues étrangères : d'abord le français (42,30%) puis l'allemand (28,70%). Les compétences professionnelles sont essentiellement axées sur le service de référence, l'administration et le développement des collections, qui recueillent tous plus de 50 %. Au contraire, certaines activités, comme le catalogage, ne sont pas très populaires (30 %). L'auteur peut tirer de ces données un portrait type du bibliothécaire universitaire américain : 45 ans (en 1986); plus souvent une femme qu'un homme; a obtenu son MLS à 30 ans; a déjà travaillé 15 ans en bibliothèque (en 1986); possède un ou plusieurs autres diplômes supérieurs; connaît très souvent au moins une langue étrangère, probablement le français ou l'allemand ; a une meilleure expérience du service de référence que d'un autre domaine.
L'auteur en tire certaines conclusions désolées sur la trop grande spécialisation extra-bibliothéconomique des bibliothécaires, en lettres et sciences humaines, ce qui n'offre, selon lui, que peu de perspectives intéressantes pour le recrutement futur.