Éditorial
Révolutions
Bicentenaire : comme partout ailleurs, la Révolution est à l'honneur dans les bibliothèques de France et de Navarre. Une exposition circule dans toutes les bibliothèques ; un vidéodisque retrace la Révolution à la Bibliothèque nationale ; la Cité des sciences et de l'industrie multiplie les reprints. De tous côtés se multiplient expositions et commémorations. L'événement mérite au reste une telle effervescence puisque c'est la Révolution qui a créé les structures actuelles des bibliothèques *.
Rupture, la Révolution l'a été d'abord dans le monde du livre et de l'imprimé qui a littéralement explosé dans ses modes de fonctionnement et d'expression. Rupture, la Révolution l'a été, qui a fait passer les bibliothèques de la sphère privée à la sphère publique ; qui a affirmé avec force la responsabilité de la République en matière de diffusion du savoir, qui a voulu la dissémination de bibliothèques ; qui a lancé des actions pour regrouper la totalité des informations bibliographiques ; qui a conçu de vastes projets pour la toute jeune Bibliothèque nationale ; qui, aussi, a pensé le livre et les bibliothèques en termes de terrorisme intellectuel. Les lumières auxquelles se réfère sans cesse la pensée révolutionnaire ont parfois été celles d'un incendie... La définition politique du livre et des bibliothèques a-t-elle, sur le fond, tellement évolué ?
Pourtant, aujourd'hui, les bibliothèques semblent appelées à connaître une nouvelle révolution. Tout d'abord elles sont à la mode : elles font l'objet de maints rapports et de maintes propositions de réforme; elles font aussi l'objet dé réorganisations dans tous les sens. Mais, surtout, elles sont confrontées aux défis de la société de l'information qui émerge aux horizons de l'an 2 000 : société sans papier ou société de l'imprimé ; société sursaturée d'information ou société de l'illettrisme ; civilisation de l'image ou civilisation de l'écrit.