« Crime and punishment; a library roundup »

par François Lapèlerie
American libraries, 1988, 19, 8, p. 639.

Contrairement aux bibliothécaires français, les bibliothécaires américains ne passent pas sous silence certains problèmes graves, tel le vol. Voici, par exemple, quatre cas typiques rapportés dans ce bref article. Archibald Laud-Hammond, ancien professeur de philosophie à l'Université du Kentucky, se voit poursuivi pour n'avoir pas rendu trois ouvrages à la bibliothèque publique Paul Sawyier, à Frankfort, Kentucky. A son domicile, la police découvre plusieurs milliers d'ouvrages volés à différentes bibliothèques universitaires et publiques ou à des archives. L'honorable professeur est inculpé de vol, sur plainte de la directrice de la bibliothèque municipale *.

Jerry Gustave Hasford, co-auteur du scénario du film Full metal jacket est inculpé de vol : dans un garde-meuble qu'il avait loué, la police découvre 20 000 livres, dont près de 2 000 volés à 62 bibliothèques de quatre continents. La directrice de la bibliothèque du Cal Poly State University témoignera contre lui. Sous une fausse identité de professeur d'université, Stephen C. Blumberg est arrêté dans la bibliothèque de l'Université de Californie à Riverside, pour bris de clôture et détention d'un arsenal de voleur. Condamné à 1 000 dollars d'amende et à trois ans de prison avec sursis, il est, de plus, inculpé pour avoir volé pour 1,4 million de dollars de livres dans des bibliothèques de trois Etats. Il utilisait sa fausse identité pour se faire admettre dans les réserves et dans les collections spéciales.

Plus modeste, Ronald Redmond, étudiant à l'Université de Caroline du Nord, vient d'être arrêté pour vol de 700 livres estimés à 23 000 dollars.

Ces 4 affaires confirment des études déjà publiées : nul n'est a priori insoupçonnable, pas même un professeur supposé honorable. Enfin, aux Etats-Unis, l'administration universitaire ou municipale soutiendra toujours les bibliothécaires dans leur lutte contre le vol, en déposant plainte chaque fois que celui-ci est constaté.

  1. (retour)↑  On peut comparer cette attitude à l'attitude qui prévaut en France, où le vol des ouvrages par les professeurs est considéré comme une sorte de fatalité ou de catastrophe naturelle, contre lesquelles on ne peut rien faire. Un récent article de L'Express, intitulé « Sorbonne : l'envers du décorum », (n° 1949, p. 75-77, 11 novembre 1988) confirme cette manière de voir les choses, puisque les « respectables professeurs qui oublient de rendre les volumes qu'ils ont empruntés » sont mis sur le même plan qu'un amphithéâtre qui se délabre ou un laboratoire de langues trop petit.