Classer et indexer
introduction à l'indexation documentaire
Richard Roy
Le Mans : Bibliothèque de l'Université du Maine, 1987. - 168 p.; 30 cm.
Dans cet ouvrage, R. Roy présente les différentes techniques d'indexation et de classement des documents dans une bibliothèque. Dans son introduction, il définit ces deux termes et pose quelques-uns des problèmes que rencontrent les bibliothécaires dans ces fonctions, à savoir : un document n'a qu'un emplacement dans la bibliothèque, mais sa description doit en avoir plusieurs ; des préoccupations diverses peuvent guider plusieurs lecteurs vers un même document, mais un seul lecteur peut avoir besoin de plusieurs documents.
Il faut donc bien établir la différence entre les classifications bibliographiques ou documentaires, d'une part, et le classement bibliothéconomique, qui est l'accès physique au document, d'autre part. Selon la bibliothèque, il faudra donc mettre l'accent sur le classement des documents (bibliothèque publique), ou plus exactement sur la complexité des fichiers. Dans les deux cas, pour une bonne cohérence entre l'indexation et le classement, une même personne doit faire à la fois l'achat, l'analyse, l'indexation d'un document, et participer au service de renseignements.
Sont ensuite présentées et expliquées longuement les trois classifications les plus connues, avec leur logique interne à la fois pour le bibliothécaire et le lecteur (Dewey, CDU, classification soviétique BBK). Dans son histoire rapide des classifications, l'auteur précise la différence qu'il peut y avoir entre classification des connaissances et classifications documentaires, tout en reconnaissant que ces dernières suivent d'assez près les disciplines d'enseignement des universités. Elles sont aussi « un reflet actif des dominantes idéologiques d'une époque et d'une société données ».
Les langages à structures analytiques font l'objet d'une étude plus rapide. Il s'agit des lexiques documentaires, des thesaurus et des listes d'autorité de matières. Ces systèmes sont gérés pour la plupart automatiquement ; ils sont donc évolutifs. La mise au point d'une liste d'autorité de matières nationale, évoquée dans ce chapitre, devrait permettre une meilleure collaboration entre les bibliothèques françaises; l'auteur craint cependant la création de structures ou d'expressions trop rigides dans le cadre d'une utilisation internationale de cette liste.
Si la première moitié de l'ouvrage est importante pour les bibliothécaires qui commencent leur carrière, la deuxième par contre s'adresse à l'ensemble de la profession : elle est consacrée au lecteur. L'auteur n'hésite pas à critiquer les systèmes de classement qu'il vient d'expliquer largement : « les classifications bibliothéconomiques ont été conçues jusqu'à présent pour le livre et ont ignoré le lecteur ». Les bibliothécaires doivent trouver des systèmes d'accès qui ne pénalisent aucun lecteur, et doivent même aller au devant des non-lecteurs. De nombreuses bibliothèques anglo-saxonnes, pour répondre à ce besoin. pratiquent le classement par centres d'intérêt. Les centres d'intérêt peuvent être permanents ou temporaires. Ce classement, s'il a lui aussi des défauts, a cependant le mérite de tenir compte des motivations et du comportement des lecteurs. L'exemple de la bibliothèque du Mans, largement développé par Brigitte Richter à la fin de l'ouvrage, est là pour le prouver. Les bibliothécaires de lecture publique pourront y trouver des renseignements très précieux pour tenter une expérience similaire.
Cet ouvrage, un peu technique dans sa première partie, a le mérite de faire le tour de la question (classement et indexation), en tenant compte d'une des données les plus importantes : le lecteur.