L'union fait la force
Martine Darrobers
« Voilà quelques mois encore, nous pouvions envisager que bibliothécaires et documentalistes de ce pays se reconnaissent à l'avenir dans des revues professionnelles distinctes. Aujourd'hui vous parvient la première livraison d'une revue professionnelle commune non seulement aux documentalistes et bibliothécaires, mais également aux archivistes ». Cette histoire qui se passe en Suisse est réelle, toute récente, et est tirée de l'éditorial de Jacques Cordonier présentant le premier numéro d'ARBIDO-R. Sous ces consonances quelque peu rugueuses se dissimule un acronyme parlant, regroupant les abréviations d'archivistes, bibliothécaires et documentalistes. Trois professions distinctes qui se regroupent autour « du document, de l'information qu'il contient et de ses usagers ».
« Communauté d'intérêts » qui n'implique en aucune manière l'uniformité car chacune des professions conserve sa spécificité propre; simplement la création d'organes de presse communs ( ARBIDO-R, revue paraissant quatre fois par an, et ARBIDO-B dont l'orientation est celle d'un bulletin de liaison publié huit fois par an) permettra échanges, contacts et coopérations au travers d'activités parallèles. Communauté d'intérêts au double sens du titre car ce regroupement rapproche des professions qui courent en commun le risque « d'être dévorées par la machine ou par d'autres spécialistes (...) Seuls, nous serons peut-être des victimes. Affirmant une identité commune, échangeant nos expériences, agissant de concert lorsque la situation le demande, sortant de nos murs au sens propre et au figuré, nous pourrons jouer un rôle actif dans une société dite de l'information ».
Il est difficile d'énoncer plus clairement les enjeux qui sont à la base de ce rapprochement entre les trois associations professionnelles d'archivistes, de documentalistes et de bibliothécaires. On n'épiloguera pas sur la situation française... Il est vrai que les Suisses ont, en matière de coopération, quelques longueurs d'avance puisqu'ils la pratiquent depuis 1291 !
Autre sujet d'émerveillement pour les franco-français, ARBIDO transcende non seulement les clivages professionnels mais aussi les clivages linguistiques, associant Suisse romande et Suisse alémanique. Si, comme il se doit, l'ours (et le reste de la revue) est imprimé à Berne, la rédaction est localisée à Genève, et les deux premiers numéros d'ARBIDO-R font une très large part à la littérature « arbidocienne » d'expression française, présentant l'activité des bibliothèques dans la rue, les coûts de production dans une bibliothèque universitaire, ou des propositions pour un réseau national des bibliothèques et de l'information. Point n'est besoin d'aller plus loin pour voir que les intérêts et préoccupations des bibliothécaires suisses recoupent largement ceux des français -Genève n'est tout de même pas si éloignée de Lyon ! S'il y a donc, là aussi, « communauté d'intérêts » pourquoi ne pas envisager une communauté d'action ?