Miniatura fiorentina del rinascimento : 1440-1525

un primo censimento a cura di Annarosa Garzelli. -->

par Christiane Baryla
1 : Le Immagini, gli autori, i destinari/Annarosa Garzelli. New research on humanistic scribes in Florence/Albinia de la Mare.
Firenze : Giunta regionale toscana, la Nuova Italia, 1985; - 600 p; 30 cm. - (Inventari e cataloghi toscani; 18) ISBN 88-221-0162-6
2 : Illustrazioni.
699 p : ill; 30 cm. (Inventari e cataloghi toscani ; 19)

L'ouvrage monumental que nous propose Annarosa Garzelli sur la miniature florentine de la Renaissance est le fruit d'une étude systématique menée sur le sujet pendant près de dix ans. Ce travail fait l'objet de deux volumes et constitue d'abord un recensement.

Le premier volume, qui nous décrit plus de trente artistes choisis parmi les plus significatifs, offre également une analyse iconographique et inclut une vaste bibliographie (pages 351 à 391). L'intérêt en est accru par la publication, en fin de ce tome 1, du texte fondamental de Albinia de la Mare : New research on humanistic scribes in Florence. Cela permet de situer d'autant mieux le travail des miniaturistes par rapport aux différents textes qu'ils eurent à orner. Une abondante bibliographie (pages 575 à 591) ainsi que les catalogues des manuscrits considérés complètent cette étude sur les copistes, leurs clients et l'environnement de cette première « industrie » du livre.

Le second volume contient les illustrations, soit environ 1100 photographies de miniatures extraites des mille deux cents manuscrits recensés par A. Garzelli. D'emblée je souhaiterais saluer ce parti pris d'éditer un tel catalogue d'images. Il est fondamental, au fil de la lecture, de pouvoir se reporter aux documents décrits. Nul doute que de nombreux chercheurs pourront à profit utiliser ce corpus de 1100 images pour leurs propres travaux. Un seul regret, avouons-le, celui de découvrir ces miniatures en noir et blanc; bien évidemment une édition en couleur aurait conduit à des coûts prohibitifs. Un index par localités et par artistes complète le catalogue.

Ce n'est pas seulement une étude de la miniature florentine que nous apporte A. Garzelli. La collaboration fructueuse de Albinia de la Mare, conservateur à la Bodleian Library, fait également de cet ouvrage un outil remarquable en ce qui concerne l'histoire du livre et de la librairie. Tout au long des.dix chapitres qui structurent son ouvrage, et parallèlement à la présentation des miniaturistes, l'auteur s'attache à bien montrer ce qui fait leur originalité par rapport aux peintres et sculpteurs de l'époque : ils sont dans une certaine mesure des précurseurs car les textes avec lesquels ils ont été mis en contact, leur culture littéraire, les rapports qu'ils entretiennent avec leurs riches clients, étrangers souvent, leur procurent une ouverture d'esprit qui leur permet bien souvent d'innover.

Le titre choisi par A. Garzelli est significatif : Les Images, les auteurs, les destinataires. C'est pour une bonne part les circuits entre ces trois pôles qui sont étudiés et, autant que le recensement, c'est ce qui fait la richesse de l'ouvrage. Dès l'introduction, l'auteur nous rappelle qu'il existe deux « sommes » sur le sujet, à savoir l'œuvre de Paolo d'Ancona parue en 1914 : La Miniature florentine du XIIe au XVIe siècle et celle de Mirella Levi d'Ancona en 1962 : Miniatures et miniaturistes à Florence du XIVe au XVIe siècle. Par rapport à Paolo d'Ancona, A. Garzelli travaille sur un échantillonnage incomparablement plus important. Ainsi qu'elle le souligne, depuis 1914, les fiches des catalogues de ventes, de nouveaux recensements et certaines expositions, ont permis d'augmenter remarquablement la bibliographie sur le sujet. Ses propres recherches, également, nous font connaître « un patrimoine en grande partie d'accès difficile, caché dans les riches réserves des bibliothèques publiques et privées ». C'est aussi ce très grand nombre de manuscrits recensés qui lui a permis d'approfondir le travail entrepris par Mirella Levi d'Ancona en faisant correspondre notamment les artistes et certaines de leurs œuvres jusqu'alors dispersées. Enfin le grand volume de documents traités a permis d'affiner les problèmes de datation.

Dans la seconde moitié du Quattrocento, la miniature prend à Florence une importance croissante par rapport à ce qui se passe dans d'autres centres. De nouveaux acquéreurs (souverains humanistes, italiens ou étrangers) constituent des bibliothèques et la production des œuvres augmente, notamment pour l'exportation. On peut ainsi établir, à partir de manuscrits aux textes très divers une sorte de géographie des achats. Cette même variété des textes entraîne la constitution d'un répertoire inédit d'images : les modèles mythologiques se multiplient et les représentations des hommes et des paysages changent. Les échanges sont nombreux entre les miniaturistes et les autres artistes. Ainsi les thèmes nouveaux développés dans les Missels, les livres d'Heures et surtout dans les textes humanistes ornés diffusent largement hors du cadre de la miniature. C'est ce « réseau de thèmes et de moments cruciaux » qui articule la structure de l'ouvrage.