Le français Outre-Rhin

La production française dans les bibliothèques de recherche d'Allemagne fédérale

Walter Engel

Evaluation des fonds français de niveau recherche en sciences humaines et sociales en RFA. Une enquête lancée à l'initiative de la DBMIST a été menée dans plusieurs bibliothèques universitaires : l'importance des collections en français (livres, périodiques) dans chaque discipline est analysée. La lecture des ouvrages en français apparaît limitée et en régression par rapport aux ouvrages en anglais et aux traductions. Le français conserve cependant une place privilégiée en linguistique et en littérature. Les raisons de ce retrait tiennent surtout à la méconnaissance du français parmi les étudiants et les enseignants allemands; à l'insuffisance des relations entre éditeurs et libraires des deux pays.

Evaluation of human and social sciences collections in French - research level - in the Federal Republic of Germany. An enquiry, suggested by the DBMIST, was held in several university libraries : the importance of collections in French (books and journals) can be assessed for each subject. Although the French language remains in a higher position as for literature and linguistics, French books seem to be less and less read than English books and translations. Two main reasons are at the origin of this situation : first, a lack of knowledge about the French language among German students and teachers; and also insufficient relations between publishers and book-sellers of both countries.

La présente étude se propose de déterminer l'importance de la production française actuelle (livres et périodiques) dans les bibliothèques scientifiques d'Allemagne fédérale. La Maison des sciences de l'homme (MSH), pour qui elle a été réalisée, en a formulé l'idée de base et le cadre général: l'intensification de l'échange franco-allemand dans les domaines de la science et de la recherche, échange qui dépend essentiellement et de façon déterminante, des bibliothèques, de leurs collections et de leurs activités scientifiques et culturelles.

Le cadre

Lors de discussions préliminaires tenues à Cologne en septembre 1985 et auxquelles' participèrent bibliothécaires et scientifiques, des projets d'extension des contacts entre scientifiques français et allemands furent présentés, projets qui devraient s'inscrire ultérieurement dans une action plus vaste de développement de plans communs de recherche. Ces discussions ont permis de mieux définir les objectifs de notre étude.

Pour mener l'enquête, nous avons choisi des bibliothèques universitaires, dans lesquelles sont en général représentées, quoique inégalement, toutes les disciplines scientifiques et nous y avons ajouté la Bibliothèque d'Etat de Bavière, à Munich, dont l'importance dépasse le cadre de la région, la bibliothèque du land de Bade-Wurtemberg, à Stuttgart, et la Bibliothèque de l'Institut d'études de langues romanes de Heidelberg.

Cette sélection, malgré tout subjective, a été dictée par les critères suivants : collections spécialisées (Sondersammelgebiete ou SSG ) de la Communauté de recherche allemande (Deutsche Forschungsgemeinschaft ou DFG) dans les sciences humaines et sociales; bibliothèques de longue tradition et créations récentes ; dispersion géographique, le Sud-Ouest de l'Allemagne étant le mieux représenté; prise en compte de différents types de bibliothèques : bibliothèques universitaires centrales et bibliothèques d'instituts, bibliothèques dont l'importance dépasse le cadre régional, bibliothèques des länder.

Par manque de temps et pour des raisons de coût, on a dû renoncer à des bibliothèques exceptionnelles comme la Bibliothèque d'Etat du patrimoine culturel de Prusse de Berlin (Staatsbibliothek Preussischer Kulturbesitz), ou la bibliothèque universitaire de Göttingen, aux quatre bibliothèques centrales en sciences exactes et à d'autres bibliothèques spécialisées.

Cependant, en raison des entretiens que nous avons eus avec certains directeurs, ainsi qu'avec les responsables des acquisitions des bibliothèques visitées, et surtout avec plus de cinquante conseillers techniques en sciences humaines, nous croyons pouvoir présenter des conclusions valables sur la situation du livre et des périodiques de langue française dans les bibliothèques allemandes scientifiques. Précisons qu'il ne s'agit pas d'un inventaire historique, mais de l'accès que l'on a aujourd'hui à la littérature française.

Nos estimations reposent, d'une part sur les indications que nous ont fournies les conseillers techniques au cours des entretiens, d'autre part sur les données statistiques de quelques rares publications, auxquelles nous avons ajouté les résultats de recherches faites à partir d'une liste-test 1, sur les catalogues des bibliothèques visitées et, à partir d'une liste de la MSH, sur la banque de données et de revues (Zeitschriften-Daten-Bank ou ZDB). Les recherches ont été menées du 1er octobre au 30 novembre 1985 dans les établissements figurant dans l'encadré.

Outre les aspects liés au contenu, ont été analysés les modes d'acquisition (achats, échanges, dons), les problèmes qui en résultent, et certains aménagements ont été proposés. On s'est particulièrement intéressé aux documents d'acquisition, aux critères de décision des conseillers techniques, aux questions de budget, ainsi qu'au rôle joué par la librairie et les autres fournisseurs.

Les bibliothèques d'Allemagne fédérale

L'organisation des bibliothèques en RFA se caractérise par une structure décentralisée et une grande diversité. Il n'existe pas de bibliothèque nationale traditionnelle dominant toutes les autres qui, comme dans d'autres pays, centraliserait et fixerait les orientations. La Bibliothèque allemande de Francfort/Main (Deutsche Bibliothek) est une institution de l'après-guerre, et l'on ne peut, pour cette raison, la comparer à une bibliothèque nationale classique, tant du point de vue de ses fonds que de l'influence qu'elle exerce sur l'ensemble des bibliothèques allemandes. Les conseils culturels et scientifiques nationaux n'ont généralement, de leur côté, qu'un rôle consultatif, les affaires culturelles étant du ressort des länder.

Autonomie et coopération

On enregistre toutefois des tentatives centralisatrices au niveau régional (länder, ou « régions de prêt » pour les bibliothèques), mais qui ne touchent pas à la spécificité des bibliothèques. La centralisation au niveau régional ne concerne en effet ni la politique d'acquisition ni les diverses autres mesures touchant à l'organisation des bibliothèques qui mettraient ces dernières sous la dépendance de la région. Autonomie donc des domaines culturel et scientifique, et autonomie dans la conception qu'ont les bibliothèques de leur fonctionnement, qui se considèrent en effet comme des institutions, certes rattachées administrativement à un organisme (université, institut de recherche, Etat fédéral, commune, etc.), mais organisant et accomplissant elles-mêmes leurs tâches administratives et scientifiques internes dans la limite du budget qui leur est fixé.

En ce qui concerne la politique d'acquisition des livres, par exemple, elles sont tout à fait compétentes et responsables. Pour chaque discipline scientifique, et dans la limite de la politique générale fixée par la direction de la bibliothèque, le conseiller technique a la responsabilité de ses choix. Aussi avons-nous eu, pour cette étude, et dans chaque établissement, un entretien non seulement avec le directeur et le responsable des acquisitions mais aussi avec le conseiller technique.

Aucune bibliothèque ni « région de prêt » ne pouvant fonctionner en autarcie, une partie des besoins spécifiques des chercheurs, des professeurs et des étudiants est couverte par le prêt interbibliothèques. Les bibliothèques aux fonds spécifiques y jouent, bien sûr, un rôle important : pour compenser l'absence de bibliothèque nationale et mettre à la disposition de l'utilisateur l'ensemble des livres et périodiques importants tant allemands qu'étrangers, on a institué, avec l'appui de la DFG, des collections spécialisées dans certaines bonnes bibliothèques dont le rôle est de recueillir tout ce qui paraît dans les disciplines concernées et de le mettre à disposition, au service du prêt. Il va sans dire que les conseillers techniques de ces collections spéciales ont une grande expérience en matière de jugement et d'acquisition de livres étrangers au sein de leur discipline.

Diversité

A côté de la Bibliothèque allemande de Francfort/Main, à qui incombe un rôle de conservation nationale du livre, la Bibliothèque d'Etat du patrimoine culturel de Prusse de Berlin et la Bibliothèque d'Etat de Bavière de Munich (Bayerische Staatsbibliothek München) sont des bibliothèques riches et efficaces qui rayonnent sur plusieurs régions. C'est également le cas des bibliothèques centrales spécialisées en sciences exactes.

Les bibliothèques des länder et les bibliothèques municipales scientifiques prennent en compte les tâches régionales et locales, alors que les bibliothèques spécialisées traitent plus spécifiquement de littérature de recherche. Les bibliothèques universitaires quant à elles occupent une place particulière. Dans les vieilles universités, on parle de « système de bibliothèque », au sein duquel coopèrent la bibliothèque centrale et les bibliothèques d'instituts. Pour les questions d'acquisition cette coopération entre bibliothèques indépendantes concerne avant tout la collaboration des conseillers techniques et des bibliothécaires d'instituts: accord, par exemple, sur l'achat d'ouvrages coûteux ou de périodiques.

La bibliothèque de Constance, qui fait partie des nouvelles bibliothèques universitaires où n'entrent plus de bibliothèques d'instituts, est un exemple d'intégration totale des différentes spécialités. La coopération entre bibliothèque et enseignants ou chercheurs y est en général plus étroite que dans les bibliothèques centrales des vieilles universités.

Le conseiller technique

Dans l'organisation de la bibliothèque universitaire, le conseiller technique occupe une position centrale dans les domaines scientifique et administratif. Sa formation et sa fonction en font un bibliothécaire compétent sur le plan scientifique et un scientifique chargé de tâches bibliothéconomiques. Il s'occupe de deux ou de plusieurs disciplines scientifiques qui ont le plus souvent fait l'objet de ses études personnelles ; en sciences humaines, il est généralement titulaire d'un doctorat. L'une de ses activités principales est nous l'avons vu, l'acquisition d'ouvrages, pour laquelle il doit tenir compte de plusieurs facteurs objectifs tels que la scientificité, les priorités d'enseignement et de recherche de l'université, ainsi que de la politique générale de l'établissement qui l'emploie; mais il ne fera pas pour autant abstraction de ses études ni de ses expériences professionnelles, pas plus que de ses intérêts scientifiques ou de critères encore plus subjectifs comme ses connaissances linguistiques ou les relations personnelles qu'il entretient avec la culture et la science françaises.

Parmi les soixante conseillers interrogés, presque tous avaient une expérience de plusieurs années, et la majorité une expérience de plusieurs dizaines d'années. Tous peuvent donc être considérés comme des spécialistes de leur domaine, mais aussi de la production littéraire internationale et de l'évolution actuelle des bibliothèques.

La place des ouvrages de langue française

De façon générale, les bibliothèques scientifiques allemandes consacrent en moyenne environ la moitié de leur budget livres et périodiques à l'achat de littératures étrangères. Certaines, comme Heidelberg et Tübingen, dépassent même la barre des 50 %.

Dans la constitution des fonds

Pour déterminer la place d'une littérature dans la constitution actuelle des fonds de bibliothèques en Allemagne, il faut rechercher les critères qui déterminent l'importance des acquisitions dans la langue concernée; ici le français.

Critères décisifs d'acquisition

En dehors de l'enveloppe budgétaire qui oblige à limiter les acquisitions par une sélection préalable, notre analyse a dégagé les facteurs d'influence suivants : la scientificité des ouvrages français dans chaque discipline, les besoins liés aux cursus universitaires de l'université et aux projets de recherche, la politique de la bibliothèque par rapport à la production française, les connaissances linguistiques des utilisateurs allemands ainsi que les rapports avec la culture et la littérature françaises entretenus dans le contexte régional, la conception qu'a la bibliothèque de son rôle, privilégiant la conservation ou la communication, enfin les goûts personnels du conseiller technique.

En général, les bibliothécaires interrogés ont témoigné de leur vif intérêt pour la production de livres et de périodiques de langue française. Toutefois, la place accordée aux oeuvres contemporaines varie selon les bibliothèques et les conseillers techniques. Il est hors de doute que les écrits de rang mondial qui jouent un rôle dans le débat public et dans l'activité scientifique, sont reconnus et régulièrement suivis, mais on constate malgré tout une baisse actuelle des acquisitions par rapport aux livres anglais. Ce phénomène est d'ailleurs particulièrement évident dans le domaine des sciences exactes (qui n'entrent pas dans notre propos). A cela plusieurs raisons :

Le français en perte de vitesse

On a souvent mis en avant l'insuffisance des connaissances en français chez le lecteur allemand et, pour ce qui nous occupe, chez l'étudiant allemand. Aussi, pour les collections de manuels très utilisées par les étudiants, n'acquiert-on pas (en dehors du département d'études romanes) d'ouvrages en langue française. Sur environ 500 étudiants en psychologie de l'université de Fribourg, 1 % peut-être lit des livres français. La raison essentielle est, bien sûr, l'obstacle linguistique. D'où la contradiction entre la longue tradition de cette bibliothèque d'acheter des livres français dans tous les domaines et l'espérance d'utilisation de ces ouvrages. La bibliothèque a trouvé un compromis en continuant à enrichir son fonds de langue française au-delà des besoins actuels.

Par ailleurs, le français, en tant que langue scientifique, perd du terrain. « Les Français devraient publier en anglais, comme le font les Allemands », nous a dit M. Mittler à Heidelberg. Des maisons d'édition comptant parmi les plus importantes d'Allemagne, Springer par exemple, publient 50 % de leurs ouvrages en anglais. Il y aurait d'ailleurs une solution de compromis pour rendre plus accessibles les publications françaises telles les revues spécialisées, qui consisterait à présenter des analyses rédigées en anglais, comme on le fait dans d'autres périodiques étrangers.

Prise de position analogue à la bibliothèque de Munich, où M. Sonntag, responsable des acquisitions, intervient : « Dans des domaines où la France reçoit plus qu'elle n'exerce sa suprématie, on n'achète pas de livres français, excepté dans quelques secteurs en sciences humaines et en médecine. Le fait que les maisons d'édition scientifique et les chercheurs français se bornent à publier en français agit négativement sur la dynamique des achats. Cette politique linguistique officielle de la France peut aboutir à une perte de vitesse en sciences et dans la diffusion des publications. La bibliothèque de Munich entretient, de son côté, traditionnellement de bonnes relations avec la France et y consacre des moyens importants », mais elle se limite à la littérature de recherche. Et lorsqu'on trouve, dans une publication française, un sujet traité ailleurs en allemand ou en anglais, on achète toujours le livre allemand et, à la rigueur, le livre anglais. Une exception : la littérature française arrive en tête dans les sciences humaines et la France se manifeste tout particulièrement en philologie et en philosophie.

Niveau scientifique et accessibilité

En fait, dans ses grandes lignes, la politique d'acquisition est la suivante : la langue n'entre absolument pas en ligne de compte quand la valeur scientifique d'un ouvrage ne fait aucun doute. On achète alors les publications importantes sans se soucier du problème linguistique. En ce qui concerne les sciences humaines, les publications françaises ont autant de poids que les ouvrages anglais. Toutefois, plusieurs conseillers techniques nous ont déclaré que bien des publications françaises ne présentaient pour eux aucun intérêt, car elles donnaient l'impression d'avoir été écrites uniquement pour des Français. On estime par ailleurs qu'une grande partie de ces publications actuelles sont des ouvrages de vulgarisation cherchant à toucher un large public et qu'elles ne présentent donc guère d'intérêt pour des raisons de qualité. En revanche, on s'intéresse toujours aux recherches approfondies qui utilisent des paradigmes, et on cherche à les acquérir; mais une partie de la recherche française est à la traîne et n'est, bien souvent, qu'une reprise des ouvrages anglo-saxons (exception faite toujours des sciences humaines).

Ceci dit, la place accordée à une littérature au sein d'une bibliothèque et de l'activité scientifique ne dépend pas uniquement de son niveau scientifique, mais aussi des possibilités d'accès et de compréhension qu'en a l'usager. M. Mittler, directeur de la bibliothèque d'Heidelberg, propose de développer au niveau européen des banques de données en plusieurs langues, et ce, même en sciences humaines, afin de faciliter et d'accélérer l'accès des chercheurs aux contributions qui les intéressent grâce par exemple à des analyses rédigées en anglais, en français et en allemand.

Tradition et contexte régional

Les bibliothèques de Sarrebruck, Tübingen, Karlsruhe et Munich sont traditionnellement très attachées aux pays de culture française pour des raisons de géographie et d'histoire. Situation toute différente à Hambourg, où la bibliothèque n'a pas de priorité liée à la France. Dans ses acquisitions étrangères, elle est davantage tournée vers le Nord, et entretient en outre des relations anciennes avec les pays de langue espagnole, l'Amérique latine notamment. On y acquiert toutefois des ouvrages français importants, l'ensemble des revues et des collections.

A Sarrebruck, on parle de « bibliothèque-frontière » : lors de sa création, en 1950, elle était nettement francophile, et son fonds marqué par la production littéraire française; au cours des six ou sept premières années, la moitié était constituée d'ouvrages français au sens large. Aujourd'hui, on y achète davantage de livres anglais que de livres français. Seul reste encore possible le maintien de deux priorités : belles-lettres et lettres françaises. Dans les autres disciplines, la place de la production française a baissé pour des raisons de coût. Pourtant le fort pourcentage d'étudiants français et de priorités françaises dans les cursus universitaires et dans la recherche amènent la bibliothèque à constituer des fonds exceptionnels de littérature française contemporaine: dans ce contexte, et pour cette raison, a pu être mise en place et tenue à jour la bibliographie de Klapp, bien connue en France.

La politique traditionnelle suivie par la bibliothèque universitaire et municipale de Francfort, ainsi que d'actuels projets ou priorités de recherche sont à l'origine de certaines tendances dans la constitution du fonds.

Francfort/Main a un fonds bien pourvu en histoire sociale du XIXe siècle (socialisme des débuts et mouvement féministe), où la littérature française joue un rôle important : en effet, le département de langues romanes ne se préoccupe pas seulement de linguistique et de littérature, mais aussi d'histoire sociale et politique dans les pays de culture française; notons par exemple un grand projet sur le Maghreb. Le principe suivi est qu'une grande bibliothèque de sciences humaines doit avoir des ouvrages français en langue originale pour les disciplines où leur apport est incontestable, la philosophie notamment, principe que nous avons pu, en général, vérifier dans toutes les bibliothèques visitées.

La plupart des bibliothèques s'efforcent par ailleurs de se documenter sur la France intellectuelle contemporaine. A la bibliothèque universitaire de Tübingen, on offre un grand choix d'ouvrages sur la France, ce qui permet à son directeur M. Landwehrmeyer de déclarer: « Quiconque arrive de Chine et désire se renseigner sur la France peut sans doute mieux s'informer à Tübingen que dans une bibliothèque française de taille moyenne ».

La réalisation du projet coûteux de Mme Bihl, mené à Tübingen sur plusieurs années, et maintenant terminé, la Bibliographie der Übersetzungen deutscher Literatur ins Französische von den Anfängen bis 1945 (Bibliographie des traductions d'ouvrages allemands en français des débuts jusqu'en 1945), est certainement une conséquence de la tradition d'échanges culturels franco-allemands soigneusement entretenue par cette ville.

Le conseiller technique, nous l'avons dit, est libre de ses choix dans la limite du budget qui lui est imparti; sa politique d'acquisition oscille en fait entre deux orientations extrêmes : le droit légitime d'acheter des ouvrages scientifiques de grande valeur, même sans besoin immédiat, et le critère malgré tout déterminant de l'utilisation escomptée de l'ouvrage. A la bibliothèque universitaire de Constance, on insiste très nettement sur l'espérance d'utilisation et l'on tient surtout compte des cursus universitaires existants, comme d'ailleurs dans les bibliothèques d'instituts des anciennes universités qui coopèrent avec la bibliothèque centrale.

Dans les différentes disciplines

Langues romanes

La langue française occupe parmi les langues romanes une place incontestée. L'accent est mis sur la linguistique et les lettres, mais à côté de cela, on acquiert aussi des essais sur des questions d'actualité ou de grands auteurs. « Et, dit M. Knufmann, à Fribourg, il est important d'acheter également des livres d'auteurs de second rang que l'on trouvera difficilement quelques décennies plus tard, les auteurs de premier rang étant, quant à eux, présents dans toutes les bibliothèques. Nous nous efforçons d'acheter de la littérature vivante, de la littérature qui fait parler d'elle aujourd'hui ». Cette bibliothèque universitaire s'intéresse en particulier aux auteurs modernes, alors que l'Institut d'études romanes achète plutôt, comme support d'études, des ouvrages classiques accompagnés de leurs commentaires.

Sa richesse en livres français constitue une condition favorable à la réalisation de projets menés sur des thèmes franco-allemands. Il en va de même à Francfort, Constance, Tübingen et Sarrebruck.

A Fribourg, mentionnons le projet du professeur Joseph Jurt et de Martin Ebel sur la Médiation du français et réception de la littérature française après 1945 en République fédérale d'Allemagne, (Vermittlung und Aufnahme der französischen Literatur nach 1945 in der Bundesrepublik), qui pose essentiellement la problématique de l'échange littéraire. Problématique qui s'applique, bien sûr, à d'autres disciplines : «La baisse de circulation des échanges entre les deux cultures, l'attachement à la nationalité, comme Hanns Grossel en faisait la critique il y a quelques années, a de graves conséquences, qui dépassent le cadre de la littérature; on sait bien en effet que l'image d'un peuple sur un autre est largement influencée par ses écrits, aussi est-il raisonnable, et même tout à fait indiqué, de consacrer une étude approfondie à la circulation des ouvrages de la France vers l'Allemagne 2 ».

M. Hoesch, conseiller technique du département des langues romanes de Francfort, conçoit de façon identique le rôle de sa bibliothèque: «La bibliothèque municipale et universitaire se présente comme un centre de coopération interculturel entre l'Allemagne et la France dans la région du Rhin et du Main ». On avance comme premier argument les fonds bien pourvus en livres et en périodiques français, respectivement 480 000 et 2 900 environ; mais le renom de certains scientifiques préoccupés de littérature et de culture françaises, tels le professeur Jauss à Constance, entre évidemment aussi pour beaucoup dans la politique d'acquisition de la bibliothèque.

De toute la production littéraire française, ce sont la philologie, les lettres et les belles-lettres qui sont les mieux représentées: cette production importante tient compte des besoins et permet d'avoir une vue d'ensemble, estime M. Mai, conseiller technique à Munich : opinion d'ailleurs partagée par les autres conseillers techniques du département d'études romanes.

La bibliothèque universitaire de Bonn, responsable du fonds spécialisé en langues romanes (France, Italie notamment), rassemble un maximum d'ouvrages français en philologie, belles-lettres et civilisation, qu'elle est tenue de mettre à disposition du public au service du prêt. Les pourcentages obtenus entre les différentes langues romanes dans la répartition budgétaire mettent en évidence l'importance du français par rapport aux autres langues : 60 % français, 30 % italien, 10 % autres langues. Toutefois, ce n'est pas une règle générale, et, dans d'autres bibliothèques, le pourcentage consacré aux autres langues est plus important.: à Constance par exemple, on s'intéresse de plus en plus à l'italien; à Cologne, Francfort et Hambourg, l'espagnol prend de l'importance (nouvelles chaires, intérêt pour l'Amérique Latine, etc.).

Histoire et science politique

Les bibliothécaires partent du principe que les historiens et les étudiants en histoire connaissent le français. Dans cette discipline, en effet, on a une idée particulièrement haute du français : « Les Français ont une longue et grande tradition en matière d'écriture de l'histoire, tradition que l'on ne peut négliger, et, en ce domaine, la France passe avant la Grande-Bretagne ».

On achète donc en français, et on les apprécie, des recueils de sources historiques, des contributions au médiévisme, à l'histoire sociale et à l'histoire contemporaine. A Tübingen, dans la section d'histoire sociale, on a entrepris, outre l'achat des acquisitions courantes, de compléter le fonds, et l'on préfère se procurer le texte original d'études en français. Pour M. Kriger, conseiller technique, la littérature française en histoire est aussi importante que l'anglaise, bien que, dans le cas d'éditions parallèles, c'est-à-dire quand le texte anglais et le texte français sont tous deux considérés comme textes originaux, on préfère acheter le texte anglais, sauf s'il a un rapport direct avec la France.

Dans ce domaine d'ailleurs, les attitudes peuvent différer: M. Hahn, conseiller technique à Hambourg, rappelle, avec d'autres, le problème linguistique: dans son établissement, l'anglais devance nettement le français, car cette langue apparaît comme la langue scientifique par excellence. Certains grands chercheurs allemands publient d'ailleurs en anglais, mais les Français refusent encore cette situation. Avec M. Mai, conseiller technique de la collection française à Munich, on peut par contre noter qu'« en histoire, presque toute la production est achetée en langue française, excepté peut-être quelques rares feuillets traitant d'une histoire familiale dans un quelconque village ».

A Constance, ces disciplines font apparaître l'importance qu'ont les nominations et les priorités de recherche sur la politique d'acquisition. La science politique a d'abord été très anglophile dans cette université, mais la nomination du professeur Zibora en histoire de France a amené la bibliothèque à faire l'acquisition d'un vaste ensemble d'ouvrages spécialisés de langue française. Toujours à Constance, le professeur Elsenhans encourage comme orientation de recherche la problématique des pays en voie de développement, ce qui nécessite beaucoup d'ouvrages français car, en matière de pays sous-développés, les travaux scientifiques français jouissent d'un crédit particulier, tant en histoire, en politique, en géographie qu'en civilisation...

On a maintes fois souligné l'originalité des Français à écrire l'histoire et on l'a aussi présentée comme critère d'acquisition d'ouvrages dans cette langue. Selon M. Mai : « La force des sciences humaines en France réside dans la façon interdisciplinaire de traiter les sujets, l'essai en étant le mode d'expression spécifique ». Et M. Kriger, de Fribourg, ajoute : « La frontière séparant le littéraire de l'historien, l'écrivain du scientifique, n'est pas aussi nette qu'en Allemagne. Par rapport aux publications allemandes ou anglaises, il est moins facile pour un bibliothécaire de déterminer à première vue le niveau scientifique de ces ouvrages ». A ce propos, les bibliothécaires allemands pensent qu'on pourrait faciliter la classification thématique des titres pleins de métaphores en utilisant des sous-titres précis et concrets.

Philosophie

Les oeuvres des grands philosophes français, des encyclopédistes à l'époque actuelle, sont en général présentées dans leur texte original dans les bibliothèques universitaires allemandes, qui se procurent également les commentaires des auteurs classiques ; mais on leur préfère de plus en plus les traductions. L'intérêt pour le structuralisme (et le post-structuralisme) est plus grand chez les sociologues et les littéraires que chez les philosophes. A Fribourg, on privilégie surtout les textes philosophiques français traitant des courants où Fribourg a elle-même joué un rôle; la phénoménologie, par exemple, avec Husserl et Heidegger.

Théologie

La grande époque de la théologie française semble être actuellement passée. Les grands noms des précurseurs sont assez bien représentés, mais l'offre d'ouvrages est aujourd'hui très réduite par rapport à ce qu'elle était il y a vingt ans. La valeur des recueils de sources historiques est toutefois incontestée: on reconnaît l'importance scientifique des contributions françaises à la recherche menée sur le Moyen âge, l'histoire des ordres religieux et le christianisme primitif. Comme dans d'autres disciplines, on peut constater, d'une part, la scientificité au niveau historique, et, d'autre part, la particularité de l'expression: un mélange de dogmatisme et de moralisme, de piété et de savoir, selon M. Burger de Tübingen. La bibliothèque de Fribourg souligne par ailleurs les bons contacts qu'elle a avec la Faculté de théologie de Strasbourg.

Économie et sociologie

On considère que les textes français contemporains sont valables et qu'ils innovent en matière de méthodologie, mais on préfère pourtant se les procurer en allemand. La littérature anglaise domine encore nettement. D'après M. Meister, de Cologne, il n'est pas rare que des scientifiques de rang mondial en économie et en sciences sociales soient connus par le biais de la littérature spécialisée américaine, et non directement par les livres français.

Outre le problème linguistique, certains conseillers techniques ont également fait état d'un certain relâchement dans la forme des publications (reliure, maquette), qui semblerait faire croire qu'il s'agit de livres de consommation courante. On considère par ailleurs qu'une grande partie de ces ouvrages français dépasse les buts fixés, autant en ce qui concerne les groupes-cibles que les idées scientifiques, et qu'ils ne présentent d'intérêt scientifique que dans certains domaines, et ce, essentiellement sur le plan historique. Il faut d'ailleurs que les revues de critique internationales en parlent pour qu'on les introduise dans les bibliothèques.

Pédagogie et psychologie

Comme en d'autres domaines, les ouvrages français historico-scientifiques sont intéressants, mais ne présentent d'intérêt scientifique qu'en liaison avec des projets de recherche. Aussi la chaire de sciences de l'éducation comparées à Francfort/Main est-elle prioritairement orientée vers la France. Etroite collaboration du professeur Schriewer et du conseiller technique, M. Strelczyk, pour le projet de recherche comparée sur l'évolution des sciences de l'éducation et l'administration des maisons d'éducation du XIXe siècle, en France et en Allemagne.

Pourtant c'est la littérature américaine qui a la première place en psychologie, à une exception près : l'avance de la psychanalyse française qui a développé les aspects sociologiques de la théorie freudienne. A ceci s'ajoute l'utilisation de la psychanalyse dans le commentaire de texte littéraire et d'oeuvre d'art où les Français font preuve d'originalité et pour lesquels on achète leurs publications.

Le français et les autres langues : étude comparative

En sciences humaines, la littérature française vient en troisième place après les littératures de langues allemande et anglaise (Etats-Unis et Angleterre). Les statistiques d'acquisition ne sont en général pas établies en fonction des langues, mais des matières, et très rarement du pays d'origine. Aussi avons-nous eu recours aux conseillers techniques dont les estimations sont sans doute les plus proches de la réalité (cf. tableau 1).

Selon les villes, on estime le pourcentage pour Francfort à 5 %, Constance à 5 %, Fribourg à 8 % et Hambourg de 4 à 5 %.

Les statistiques des bibliothèques établies par discipline ne renseignent pas sur l'importance des ouvrages français. Seule, la bibliothèque universitaire de Tübingen a pu proposer des statistiques d'acquisition établies à partir du pays d'origine, en 1984, alors que l'exercice 1985 n'était pas encore terminé (cf tableau 2)

Dans le cas de la France, le pourcentage budgétaire se situe 1,5% au dessous du pourcentage en livres, car les publications françaises sont bien meilleur marché que les livres anglo-américains ou allemands.

On s'est servi à plusieurs reprises de données fournies par une étude de Stefan Ertz à Cologne 3 analysant les 8 000 acquisitions de la bibliothèque universitaire d'Etat de Cologne en 1978.

Ces deux analyses statistiques (Tübingen et Cologne) comprennent les livres français de sciences exactes, moins représentés que les autres, ce qui justifie par ailleurs tout à fait les estimations plus élevées des conseillers techniques en ce qui concerne les sciences humaines.

Malgré le fort recul des importations de livres de France (particulièrement en 1982 et 1983), il semble que le taux d'acquisition soit resté relativement stable dans les bibliothèques scientifiques 4.

« Ouvrages chers ou spécialisés »

Deux exemples, Tübingen et Fribourg 5, qui comptent parmi les bibliothèques universitaires les mieux pourvues d'Allemagne en livres et revues français : l'exposition La Pensée française de 1945 à nos jours, qui a été présentée dans plusieurs bibliothèques allemandes, a donné l'occasion aux bibliothécaires de ces établissements de vérifier la qualité de leurs fonds de littérature française contemporaine, le catalogue de l'exposition étant considéré comme une sélection représentative des auteurs français les plus importants et de leurs œuvres essentielles (cf. tableau 3). L'étude a très nettement montré que le pourcentage d'ouvrages disponibles en sciences humaines et sociales est beaucoup plus élevé que celui des ouvrages en sciences exactes : 91 % en « Historiographie moderne », 89 % en « Critique littéraire »; mais 50 % pour la « Pensée scientifique », et seulement 45 % pour la « Psychologie contemporaine ».

D'après ces chiffres, on peut estimer le rapport livres de sciences humaines/livres de sciences exactes à 2 contre 1.

En ce qui concerne les éditions et les auteurs moins connus, on a examiné, dans un sondage effectué auprès des bibliothèques visitées au moyen d'une liste-test établie d'après le catalogue 85 du CID (centre interinstitutionnel de diffusion) et le catalogue de la Maison des Sciences de l'homme, la présence de la littérature française spécialisée (cf. tableau 4). Malgré le peu de titres choisis (45) et la relativité de nos choix, les résultats ne devraient pas manquer d'être intéressants et assez proches de la réalité. Comme il était en partie question de publications très actuelles (1984 et 1985), on peut penser qu'en octobre et novembre 1985, certains titres, bien qu'éventuellement commandés, n'étaient pas encore livrés, ou qu'ils étaient en cours de traitement (les fiches de commande n'ont pas été vérifiées). La liste comprend des titres concernant les sciences sociales et humaines, des monographies, des actes de congrès, des thèses, et inclut également certains titres anglais (nous avons voulu par là respecter le sens de la demande qu'on nous avait faite).

Si l'on considère les éditions antérieures ou étrangères des titres consultés, le test donne un taux moyen de 33 % de livres disponibles sur cette même liste.

Francfort : une collection spécialisée en linguistique

Francfort a établi une Bibliographie des ouvrages de linguistique (Bibliographie Linguistischer Literatur ou BLL ), qui a plus de titres en linguistique générale, anglaise, germanique et romane que la Bibliographie linguistique mondiale (Linguistic bibliography) établie avec le concours de l'Unesco. Cette collection particulière de Francfort est d'ailleurs la seule qui permette d'obtenir des chiffres exacts sur la représentation des différentes langues dans chaque discipline.

Sur les quelque 80 000 unités documentaires répertoriées (livres et articles de revues), on a obtenu les pourcentages suivants : Si l'on compare le pourcentage des travaux écrits en français au pourcentage des travaux dont l'objet d'étude est cette langue, on constate une opposition entre les 12 % des uns et les 19,5 % des autres, significative, dans le second cas, de l'intérêt international porté à la langue et des études scientifiques qu'on en fait.

La bibliothèque de Francfort cherche à acquérir l'intégralité des ouvrages de linguistique : elle se procure de la littérature spécialisée indépendamment des cours donnés à l'université et des recherches qu'on y mène, indépendamment aussi de l'usage futur qui en sera fait et des connaissances linguistiques des lecteurs. Les chiffres présentés ci-dessus reflètent donc bien la part respective de chaque langue dans la production linguistique internationale de haut rang.

Revues françaises spécialisées

Pour classer les revues spécialisées en sciences de l'Antiquité classique, un bibliothécaire allemand 6 a sélectionné 26 revues de sources historiques dans lesquelles il a relevé environ 4 500 références. Le fait d'avoir choisi ces revues donne une idée de l'importance et de la qualité internationale qu'on leur reconnait du côté allemand. Parmi elles, quatre étaient françaises, soit environ 15%.

Déterminer le nombre de revues françaises courantes disponibles actuellement dans chaque bibliothèque prendrait trop de temps et demanderait trop de travail. Il est difficile en effet de l'estimer car, une fois qu'elles sont intégrées dans le circuit du prêt, le conseiller technique les consulte rarement, excepté peut-être les plus importantes, puisque ce sont des revues qu'il a lui-même choisies.

Dans sa collection spécialisée d'histoire de l'art, la bibliothèque universitaire de Heidelberg a un fonds de 824 revues usuelles, dont 48 françaises, soit environ 6 % de la totalité. Elle possède également un grand nombre de revues de sciences humaines, pas uniquement en langues romanes d'ailleurs, alors que des réductions budgétaires, notamment celles de 1981/1982, ont fortement touché les revues des sciences exactes qu'on estimait peu consultées. La quasi-totalité sont des revues anglaises ou américaines.

L'opération d'annulation de commandes lancée à la suite de réductions budgétaires dans les bibliothèques de fonds roman a visé essentiellement les revues françaises, qui sont d'ailleurs les plus nombreuses et qui abordent, dans chaque discipline, un choix plus vaste de sujets que les autres, fait remarquer M. Lung à l'Institut de Heidelberg. Là intervient le fait que les bibliothécaires n'aiment pas particulièrement les revues dites « de synthèse », dont le classement par discipline scientifique n'est guère possible.

Selon Otto Klapp, auteur et éditeur bien connu de la Bibliographie de la littérature française (Bibliographie der französischen Literaturwissenschaft), on ne peut pas se procurer n'importe quelle revue française en RFA. L'examen de 58 revues françaises, mené à la Banque de données et de revues sur la base d'une liste-test établie par la MSH, a donné les résultats suivants :

Notons que l'ensemble du fonds de revues de Hambourg et de Munich n'était pas encore enregistré dans la banque de données. Le nombre de revues qu'elles possèdent est en réalité nettement supérieur à celui que nous mentionnons.

Chacune des bibliothèques associées à cette recherche achète en moyenne 46 % des revues considérées comme importantes en France. Sur le marché du livre comme sur celui des revues, il y a possibilité d'augmenter le chiffre de la production française. La méthode du Centre national des lettres, consistant à lancer une opération de distribution gratuite, pendant un an, d'une centaine de revues à des bibliothèques comme Heidelberg ou Tübingen, ne semble pourtant pas la meilleure, car, d'une part, ces bibliothèques possèdent déjà certains titres et, d'autre part, il n'est pas question pour elles de prendre des abonnements supplémentaires par manque de crédits, et ce, même pour de bonnes revues. Aussi serait-il souhaitable de procéder à des actions ciblées après entretien avec des responsables d'acquisitions et des conseillers techniques.

Utilisation des ouvrages français

Il est difficile de vérifier le degré d'utilisation des ouvrages français, voire presque impossible pour les livres récents. Aussi a-t-on dû recourir à des échantillons.

Des lieux, des opinions

A Munich, M. Montag, responsable des acquisitions, estime que seul un petit cercle de lecteurs s'y intéresse. La connaissance de la langue est insuffisante. A Cologne et à Francfort, le degré d'utilisation va de « faible » à « insignifiant ». A Cologne, toujours par manque de connaissances linguistiques, les enseignants eux-mêmes ne suivent pas régulièrement les publications françaises et ne peuvent donc en conseiller la lecture aux étudiants. A Francfort, les étudiants en langues romanes préféreraient lire la littérature française ou des études littéraires dans leur traduction allemande. Toujours pour les mêmes raisons, ils n'utilisent l'original que pour étayer leurs exposés de citations exactes. Le nombre décevant de participants aux manifestations de l'Institut français de Francfort était à ce titre révélateur : seules les contributions en philosophie ont eu un retentissement satisfaisant, précise le directeur, M. Lehmann.

En ce qui concerne l'utilisation, on doit par ailleurs considérer la situation sous un angle différent selon les disciplines et les bibliothèques. Une chose est certaine : on n'achète de manuels en français qu'au département des langues romanes. Dans ce domaine, le degré d'utilisation est le critère décisif d'achat. A Hambourg, M. Stelzer, responsable des acquisitions, voit la situation ainsi : les livres allemands sont abîmés à force d'être lus; les livres anglais sont touchés de temps en temps; les pages des livres français ne sont pas coupées !

Des demandes et des prêts

Pourtant, même si la littérature française n'a pas actuellement un grand impact en Allemagne, elle y est cependant très bien représentée dans la recherche en sciences humaines : à Munich, les lecteurs réclament des ouvrages français en philosophie, histoire, théologie, linguistique, lettres et sciences de l'Antiquité. Fréquents emprunts à distance aussi d'ouvrages en histoire. A Sarrebrück, 300 lecteurs environ venant de France (Metz), ainsi qu'un grand nombre d'étudiants français demandent des livres français. Forte demande aussi de la part des professeurs et des chercheurs. Pourtant, si, en 1970, un tiers des demandes de prêt interbibliothèques concernait cette langue (39,3 % en allemand; 31,2 % en français et 25,2 % en anglais). Ces mêmes demandes ne représentent plus aujourd'hui que 13 à 15 % du total.

Il ressort d'une étude très complète menée sur les prêts interbibliothèques en Allemagne 7 que sur 14 697 demandes de prêt en sciences humaines faites sur une semaine dans des bibliothèques allemandes, 1293, soit 8,8 %, concernaient des ouvrages de langue française, ce qui signifie qu'environ 67 000 ouvrages français sont demandés chaque année en sciences humaines par le prêt interbibliothèques.

A Sarrebrück, le directeur de la bibliothèque, M. Vinzent, a constaté, dans une étude consacrée aux demandes de prêt interbibliothèques restées insatisfaites, que sur un total de 486 demandes, 88, soit 18,1 %, concernaient des titres français. Par ailleurs, 119 demandes, soit 24,5 %, concernaient des ouvrages de langue anglaise, alors que le pourcentage d'ouvrages de langue anglaise disponibles dans le prêt interbibliothèques est trois fois plus élevé (27,2 %) que celui des ouvrages français.

Même phénomène pour les revues : sur les 325 demandes en sciences humaines restées insatisfaites, 73 demandes (21,9 %) concernaient des ouvrages français, contre 78 (23,4 %) pour les ouvrages anglais. Au total, sur 311 commandes non honorées, il y a 161 demandes d'ouvrages en français (soit 19,9 %) et 197 en anglais (soit 24,3 %).

M. Vinzent conclut : « Un aussi petit nombre de données n'autorise pas à tirer de conclusions généràles, mais permet toutefois de penser qu'il faudrait faire plus pour les ouvrages de langue française disponibles dans les bibliothèques allemandes et en prêt interbibliothèques ».

En ce qui concerne l'emprunt sur place d'ouvrages français, citons l'exemple de Fribourg où l'on a cherché à déterminer, entre août 1980 et avril 1985, la fréquence d'emprunt de 22 livres disponibles figurant sur la liste-test. En septembre, 10 titres n'avaient pas encore été empruntés; pour les 12 emprunts, on obtenait les statistiques décrites dans le tableau 5.

Au total, sur 22 titres, il y a eu 40 emprunts, 17 prolongations et 5 réservations.

Les acquisitions françaises

Le conseiller technique, nous l'avons vu, choisit les acquisitions en fonction de la politique générale de la bibliothèque. Il y a une certaine pondération entre les différentes disciplines, qui se concrétise en des pourcentages budgétaires relativement constants : dans la plupart des établissements, ces fonds sont versés annuellement au conseiller technique, chargé de faire les acquisitions dans son domaine, l'ultime décision d'achat revenant au directeur de la bibliothèque ou au responsable des acquisitions.

Les achats

Le service des acquisitions (ou entrées des livres), assure la partie technique des acquisitions et s'efforce d'en faciliter le processus auprès des libraires, éditeurs et fournisseurs. Selon des estimations fondées, tirées des statistiques des bibliothèques allemandes - Deutsche Bibliotheks Statistik - (la participation des instituts ne pouvant s'évaluer que très approximativement), les 56 bibliothèques universitaires dépensent plus de 210 millions de DM au total pour l'acquisition d'ouvrages, dont 4% seraient consacrés aux ouvrages français.

La bibliothèque de Munich a ainsi dépensé chez son principal fournisseur français le montant de 215 000 DM pour un budget d'acquisitions total d'environ 9 millions DM.

Autre pays, autres mœurs

En général, l'achat des titres parus en librairie se passe bien; toutefois, il y a problème quand il s'agit d'ouvrages français : en France, en effet, peu de maisons d'édition connaissent le fonctionnement des bibliothèques allemandes, leurs exigences et leurs méthodes de travail. Aussi, dans bien des cas, le parfait respect de la diversité des demandes est-il encore un voeu pieu.

L'acquisition d'ouvrages anglo-américains se fait presque sans problèmes, dit M. Werner de Francfort, mais les éditeurs français ont une mentalité et une façon de travailler différentes de celles des éditeurs allemands. Il est donc nécessaire de faire personnellement connaissance avec le partenaire français, pour se procurer avec succès, c'est-a-dire avec précision, rapidité, et à bon marché, les ouvrages de langue française, ajoute M. Wiesner.

Le prix joue un rôle décisif : les responsables des acquisitions ne manquent jamais de les examiner très attentivement et de les comparer. En ce qui concerne le livre lui-même, hormis les critères généraux de scientificité, de langue, et les facteurs extérieurs au livre, le sujet de l'ouvrage, la renommée ou non de son auteur et le prestige de la maison d'édition infléchissent également les choix du conseiller technique. Subsiste pourtant souvent une question pour les ouvrages étrangers :

Texte original ou traduction ?

En dehors de la solution coûteuse consistant a acquérir le texte original et sa traduction, s'offre toute une série de possibilités : choix du texte français quand il s'agit d'une thématique en rapport avec la France; préférence d'un texte original à des traductions sabotées; achat des traductions pour les publications de base d'intérêt général, mais du texte original pour la littérature spécialisée; enfin choix de l'original quand il s'agit d'auteurs connus, même si une traduction est annoncée ou prévisible.

Le conseiller technique décide en principe de la façon suivante : en sciences humaines, il favorise le texte original et considère la traduction comme un complément, même si les utilisateurs lui donnent la préférence. On constate ainsi une divergence entre les exigences d'ordre scientifique, culturel et pédagogique des bibliothécaires d'une part, et la conception des utilisateurs d'autre part.

Selon M. Lagler, de Tübingen, rejeter les traductions donnerait aux usagers une vue très partielle de la production scientifique des maisons d'éditions françaises. On se demande même s'il ne serait pas mieux, pour la connaissance du patrimoine culturel français, de diffuser de bonnes traductions des ouvrages spécialisés que de vouloir absolument s'en tenir au texte original.

Documents et moyens d'information

Pour procéder aux acquisitions, les conseillers utilisent les bibliographies nationales, les bibliographies spécialisées, les catalogues d'éditeurs et les offres des libraires (cf. encadré).

Pour gagner du temps, le conseiller technique consulte presque toujours les bibliographies courantes, dont la structure lui permet d'accéder rapidement à sa discipline.

La contribution globale des bibliothèques aux achats dans une langue donnée dépend, il est vrai aussi, selon M. Leisten de Tübingen, des sources de références : si elles sont confuses, imprécises, dépassées, elles font chuter les acquisitions ! Très peu de conseillers techniques pensent en fait que les moyens d'information français sont comparables à ceux des Anglo-Américains, et l'on entend beaucoup de critiques.

Critiques. Pour les bibliothécaires allemands, les catalogues des maisons d'édition sont de loin les plus mauvais documents fournis. On ne les trouve pas assez clairs, et leur envoi est trop sporadique. Du positif toutefois : ils donnent des indications quant au contenu et à la valeur des publications.

En revanche, on cite presque toujours la Bibliographie de la France et le Bulletin critique et ce dernier, toujours sur un ton élogieux, pour la pertinence de ses analyses. La Bibliographie de la France (BF), très utilisée à la bibliothèque de Munich, l'est aussi à Bonn, Cologne, Sarrebruck, Tübingen et Fribourg, mais moins à Heidelberg et presque pas à Hambourg, Constance et Karlsruhe. A Munich, on achète jusqu'à 17 % des titres qui y sont présentés.

Toutefois, on la critique aussi; le caractère incomplet de ses références par exemple : les éditeurs actuels rééditent en effet un nombre important de titres des décennies passées, sans que la BF fasse mention de la première publication, même si elle figure dans le livre en question. On y fait seulement allusion pour les réimpressions. Le retard de ses annonces : à la Foire du livre de Francfort, en octobre 1985, on a présenté des séries que la BF n'avait pas encore répertoriées ! Par ailleurs, elle contient, aujourd'hui encore, des titres datant de 1983 et 1984; aussi l'introduction du CID est-elle attendue chez les bibliothécaires allemands dans leur ensemble. Et pour M. Weber, de Munich, contrairement à M. Mai, malgré l'exactitude de ses données bibliographiques, la BF est devancée, sur le plan de la qualité, par les bibliographies nationales de langue anglaise.

Parallèlement à la BF, ou indépendamment d'elle, on utilise également volontiers les Livres hebdo et les Livres du mois. Quant aux revues françaises spécialisées, elles arrivent avec malheureusement un à quatre ans de retard. Leurs analyses sont malgré tout utiles, car les titres français étant rarement informatifs, il est nécessaire d'avoir de réelles indications sur le contenu. Malheureusement, la critique est peu développée en France.

Les publications françaises dont on rend compte dans les revues spécialisées internationales de renom, le plus souvent anglaises, ont de fortes chances d'être acquises par des bibliothèques allemandes.

Les catalogues des maisons d'édition universitaires, les prospectus sont la plupart du temps plus actuels que la BF et sont d'autant plus importants qu'elle ne mentionne pas la totalité de la production de leurs maisons. On aimerait que la France imite les maisons d'édition universitaires anglo-américaines qui envoient deux fois par an prospectus et informations publicitaires. Quant à la presse d'actualité, enfin, c'est à peine si les conseillers techniques la lisent, exception faite des spécialistes en langues romanes.

Modes d'acquisition

Comme pour l'ensemble des bibliothèques universitaires allemandes, il resssort des estimations données par les bibliothèques visitées qu'elles consacrent environ 4 % de leur budget aux ouvrages de langue française, soit 1,2 à 1,3 million DM pour un budget total de 33 millions DM.

Les grands établissements achètent en principe la littérature étrangère dans le pays d'origine, et donc les publications françaises, essentiellement en France.

Le libraire local a plus de chance auprès des bibliothèques d'instituts comme Heidelberg, Hambourg ou Tübingen. Les conditions de prix et de livraison sont en général plus avantageuses chez les libraires français qu'en Allemagne : dans notre pays, en effet, la taxe d'importation, le port, l'emballage, etc. augmentent le prix des ouvrages. Par ailleurs, les libraires allemands ont du mal à suivre l'actualité de la Bibliographie de la France.

En République fédérale allemande, le marché du livre et des revues de langue française est nettement dominé par Boussac, fournisseur parisien, et par la maison d'édition Dokumente-Verlag (Ruppert Schmidt) à Offenburg. Munich achète environ 90 % de ses acquisitions françaises, y compris toutes ses revues, chez Boussac. On le préfère aux représentants allemands parce qu'il aligne ses prix sur ceux des éditeurs français. La maison Dokumente-Verlag pratique des conditions analogues. Elle est également réputée fiable et rapide en ce qui concerne la livraison de la littérature grise, si difficilement accessible.

Subsiste toute une série de problèmes avec les maisons d'édition, les libraires et les fournisseurs, qui nuisent aux importations d'ouvrages français: des problèmes de communication entre les deux pays d'abord. Les réponses aux commandes et aux réclamations n'arrivent pas, ou très tard, et les directeurs des bibliothèques que nous avons rencontrés s'accordent à dire que les Français ne semblent pas très intéressés par l'exportation.

Ajoutée à cela l'insuffisance du service. On attend généralement de la librairie française qu'elle fournisse des fiches de titres que l'on pourra ensuite utiliser comme bons de commande, et qui rationaliseront le processus de commande. Le conseiller technique achète en effet plus volontiers avec des documents préparés par les libraires : des fiches d'achat en plusieurs exemplaires (d'où augmentation du chiffre d'affaires), pratique déjà courante en Angleterre, aux USA, en Italie et en Espagne. Boussac a bien expérimenté ces fiches, mais en a exempté la République fédérale. Pour quelle raison ? demande M. Dorpinghaus.

Difficultés d'approvisionnement :

A ces problèmes, s'ajoutent des problèmes d'acquisition d'un certain type d'ouvrages, en raison de l'ignorance dans laquelle on se trouve des nouvelles parutions. La soi-disant « littérature grise » inédite, et donc absente des librairies, est achetée avec un intérêt croissant par les bibliothèques qui veulent posséder un maximum d'ouvrages dans leurs domaines respectifs de spécialisation. Mais on a beaucoup de peine à obtenir des publications officielles, des catalogues d'expositions, des traités universitaires, des publications d'associations ou de sociétés, et il faut souvent faire partie soi-même d'organismes ou d'associations pour se les procurer, remarque M. Klapp de Sarrebrück. Par ailleurs, on est aussi, bien souvent, obligé d'écrire pour passer commande aux petites maisons d'édition et aux instituts, et l'on obtient rarement de réponse si l'on n'utilise pas le français. Seuls des contacts personnels pourraient résoudre ces problèmes.

On a proposé de part et d'autre la création, en France, d'un bureau central d'accueil et de distribution pour la production littéraire inédite, parmi laquelle figurent les thèses de doctorat; ce centre traiterait les commandes rapidement et de façon fiable.

Les échanges

La DFG déjà nommée fait surtout des efforts en faveur des échanges. Pour elle, les échanges avec la France se présentent dans l'ensemble sans problème, mais sont peu intensifs. Il s'agit surtout de revues de sciences humaines, de catalogues de musées et d'expositions. Les livres n'ont jusque là été mentionnés qu'à titre exceptionnel : signalons la bibliothèque interuniversitaire d'Aix-Marseille qui a récemment proposé un échange de livres auquel se sont vivement intéressées les bibliothèques de Bonn, de Göttingen et de Munich.

Si toutefois le volume des échanges nous semble relativement faible comparativement à d'autres pays ou régions du monde comme le Tiers Monde, c'est dû en fait surtout aux multiples contacts bilatéraux entre les bibliothèques allemandes et les bibliothèques françaises, fait remarquer M. Leonhard, de la DFG. A quelques exceptions près, les bibliothèques allemandes préfèrent, en effet, des échanges directs avec les bibliothèques françaises.

Les thèses de doctorat

C'est le problème majeur rencontré au niveau des acquisitions françaises. Il s'agit bien sûr d'échanges interuniversitaires.

On considère en général ces échanges de façon très positive car ils permettent aux bibliothèques d'obtenir un grand nombre d'écrits scientifiques français; les bibliothécaires souhaitent d'ailleurs les intensifier et en améliorer l'organisation. Mais on constate une nette tendance à la chute et de plus en plus à la stagnation. A la bibliothèque universitaire de Heidelberg, on a échangé 130 thèses de doctorat en 1978; 120 en 1980, 80 en 1981 et 45 seulement en 1984 !

A Francfort/Main, l'envoi annuel de la Sorbonne ne comporte qu'un tiers de thèses, le reste étant constitué de livres anciens, provenant apparemment de stocks excédentaires. Ces envois d'ouvrages anciens, que la bibliothèque a parfois achetés elle-même quand ils étaient d'actualité, représentent des doublons, du travail supplémentaire et des frais inutiles. Par contre, les thèses qui ne sont pas envoyées et ne figurent pas non plus dans les bibliographies courantes demeurent inaccessibles pour les bibliothèques allemandes. Ce problème a été soulevé par la plupart de nos interlocuteurs, qui ont fait différentes propositions pour essayer de le résoudre: l'annonce et l'identification de toutes les thèses de doctorat en tant que telles dans les bibliographies courantes, ou bien l'établissement d'un index centralisé des ouvrages universitaires ; la mise à disposition de toutes les thèses par un bureau d'accueil central ou bureau de liaison, qui opèrerait rapidement et de manière fiable; le remplacement des envois annuels auxquels la Sorbonne procède actuellement par quatre envois trimestriels, comme le fait la Suisse; et si les envois de thèses ne sont pas plus actuels, la communication des titres aux bibliothèques, afin qu'elles sachent ceux sur lesquels pouvoir compter, et ceux qu'elles devront acheter. La bibliothèque de Munich, quant à elle, serait intéressée par des envois de thèses, mais en tant que bibliothèque de land, il semble qu'on ne l'intègre pas dans le circuit.

Les dons

Livres ou revues, il ne remplissent leur fonction que lorsqu'ils correspondent au profil des bibliothèques. On refuse en général les dons spontanés : les publications importantes ayant déjà fait l'objet d'un achat, leur arrivée représente une somme de travail inutile. Aussi, si les services compétents français tiennent à agir pour pallier l'insuffisance budgétaire des bibliothèques allemandes, les suggestions de nos bibliothécaires pourront leur être précieuses : ils estiment qu'un index général des dons proposés, en nombre limité, pourrait leur servir de document de base afin d'effectuer leurs choix. Pour les bibliothèques intéressées par le français, un choix non limité de titres serait une bonne solution : on pourrait également prévoir l'envoi de certaines collections, comme celles du CID par exemple.

Après discussion d'experts afin d'éclaircir ces processus d'acquisition, une rencontre entre directeurs de bibliothèques allemands et responsables français des questions d'échanges et de dons apporterait sans doute des solutions concrètes.

Pour terminer, nous présentons ci-après quelques propositions ponctuelles en vue de faire évoluer le système :
- une information régulièrement mise à jour dans les bibliographies courantes et les catalogues d'éditeurs sur les nouveautés de toutes les maisons d'édition (grandes ou petites);
- des efforts plus accrus pour rendre compte de la littérature scientifique dans des revues spécialisées de renommée internationale ;
- des critiques plus rapides et plus complètes dans les revues spécialisées françaises;
- un meilleur accès aux publications par des analyses en anglais et en allemand;
- la coopération avec des banques de données internationales et allemandes;
- un échange suivi d'expériences entre bibliothécaires et personnalités scientifiques allemands et français, pour faire connaissance avec les méthodes et les conceptions de travail du partenaire ;
- un service optimal de la librairie française d'exportation pour les utilisateurs allemands;
- la suppression du « décalage des prix » sur le marché des revues et du livre;
- la prospection des priorités d'études et de recherches dans les instituts universitaires allemands ayant des besoins potentiels en littérature française, à partir des programmes universitaires, des données informatiques, etc.
- la création et le développement d'un bureau central rassemblant toute la production écrite inédite qui traiterait les commandes étrangères rapidement et sans lourdeurs administratives;
- l'installation d'un bureau central, qui mettrait à disposition toutes les thèses d'état françaises (avec prise en compte du problème) et pourrait les livrer à partir de commandes classiques ou sur microfiches, avec l'édition d'un index annuel des thèses (ce qui serait très utile);
- le développement des échanges bilatéraux entre bibliothèques d'universités et d'instituts français et allemands;
- une préparation plus soignée des envois de dons et une meilleure adaptation aux besoins des bibliothèques, après concertation avec elles, tout envoi ad hoc n'étant pas nécessairement souhaité ;
- une organisation régulière de grandes expositions françaises de livres dans les plus grandes bibliothèques allemandes: éventuellement même, une Semaine de la littérature française tous les deux ans;
- une coopération continue entre les instituts culturels français et les bibliothèques des villes universitaires allemandes, comme celles de Francfort, Tübingen, ou l'Institut de langues romanes de Heidelberg;
- enfin, l'établissement et l'amélioration des canaux de communication entre la France et l'Allemagne dans le secteur des bibliothèques.

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Établissements et collections considérés

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Tableau 1 - Répartition selon les disciplines

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Cologne

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Tableau 2 - Tubingen

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Tableau 3

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Tableau 4 - Littérature spécialisée

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Publication ayant trait à la langue

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Bibliothèques / Titres disponibles

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Tableau 5 - Fribourg

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Sources bibliographiques

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Les prix

  1. (retour)↑  Cet article reprend de larges passages d'une étude qui a fait l'objet d'un financement de la DBMIST et qui a été menée dans le cadre de la Maison des sciences de l'homme. Ysont analysés l'ensemble des aspects documentaires et bibliothéconomiques de la présence en RFA de la littérature scientifique française. D'autres contributions analysent l'image de la recherche française au sein de la communauté scientifique germanique, dans des secteurs déterminés : ethnologie, archéologie. Elles seront publiées dans le Bulletin de la MSH. Les conclusions de cette étude n'engagent pas la DBMIST.
  2. (retour)↑  Cet article reprend de larges passages d'une étude qui a fait l'objet d'un financement de la DBMIST et qui a été menée dans le cadre de la Maison des sciences de l'homme. Ysont analysés l'ensemble des aspects documentaires et bibliothéconomiques de la présence en RFA de la littérature scientifique française. D'autres contributions analysent l'image de la recherche française au sein de la communauté scientifique germanique, dans des secteurs déterminés : ethnologie, archéologie. Elles seront publiées dans le Bulletin de la MSH. Les conclusions de cette étude n'engagent pas la DBMIST.
  3. (retour)↑  On ne visait pas la littérature française de premier rang, collections et auteurs de renommée mondiale, mais la littérature scientifique spécifique, amenée sur le marché par les maisons d'édition universitaires.
  4. (retour)↑  Joseph JURT, Martin EBEL, Wer zählt Französischen Gegenwartsliteratur ? (Qui compter dans la littérature française contemporaine ?) : document dactylographié.
  5. (retour)↑  Mitteilungsblatt : Verband der Bibliothek des Landes Nordrhein. Westfalen, t. 30, n° 3, sept. 1980, p. 343-376.
  6. (retour)↑  Cf. les statistiques du « Börsenverein » dans Buch und Buchhandel, 1985.
  7. (retour)↑  Chiffres de M.R. Landwehrmeyer, directeur à Tübingen, qui a mis les résultats d'une enquête à ma disposition.
  8. (retour)↑  Bernd RADER, Die klassisch-altertumswissenschaftliche Zeitschriftenliteratur. Eine Zitatenanalyse, Giessen, Universitätsbibliothek, 1981, 57 p.
  9. (retour)↑  Werner KRATSCH, Untersuchung zur Struktur des Leihverkehrs der Deutschen Bibliotheken, Berlin, 1983, 81 p.