Éditorial

Enfances

Alors qu'un consensus général a reconnu sa spécificité, que les bibliothèques lui ont dédié des sections entières en prenant soin de l'installer dans des locaux clairs et chauds, pavés de bonnes intentions et d'animations diverses, alors que l'édition elle-même l'a abondamment gâté par de superbes collections, l'enfant continue à bousculer nos certitudes.

Sujet en perpétuel devenir, il fait éclater, de par sa nature même, les schémas et les structures dans lesquels on voudrait l'enfermer.

Après la période « ado » et la vague de romans réalistes qui a suivi, on s'est penché sur les maternelles et la petite enfance, pensant que plus vite l'enfant « serait en livre », meilleure serait la pousse, et l'on a incité parents et animatrices de crèches à installer les bébés dans nos coins-lecture.

Pour les plus grands, les contacts ont été multipliés entre l'institution scolaire et la bibliothèque afin d'établir un vrai dialogue sans discontinuité de lecture; et de tant de chassés croisés, de tant de visites et d'échanges, sont nées, en milieu scolaire, de nouvelles bibliothèques appelées BCD et CDI... Le livre envahit tous les lieux de l'enfance, lieux de passage ou lieux de vie. Après la crèche et l'école, il s'installe au centre de loisirs.

Non seulement il quitte les rayons, mais il sort des références étroites de la « qualité » pour se prêter à toutes les demandes dans le but d'exclure toute exclusion.

La Rédaction