A Reader in art librarianship

par Catherine Limousin
ed. by Philip Pacey.
Munich : K.G. Saur, 1985. - 199 p.; 22 cm. - (IFLA publications, ISSN 0344-6891; 34).
ISBN 3-598-20398-5.

Cet ouvrage est une anthologie regroupant des textes écrits entre 1908 et 1983 par des bibliothécaires de bibliothèques d'art. Ces textes sont proposés par des membres de l'ARLIS/NA (Art Libraries Society of North America) et l'ARLIS/UK (Art Libraries Society of the United Kingdom) sous l'égide de l'IFLA (International Federation of Library Associations and Institutions). Le plan de l'ouvrage est simple : quels bibliothécaires pour quelles bibliothèques, quels utilisateurs réels et potentiels, quels enjeux et quel rôle pour les associations ?

Le leitmotiv de l'ouvrage est donné d'entrée de jeu par la « complainte » de Jane Wright qui dès 1908 plaida l'importance de l'existence des bibliothèques d'art; point de vue repris tout au long de l'ouvrage et qui amène Philip Pacey à formuler, en conclusion, le slogan suivant : « Vive la différence», en français dans le texte, tout ceci sans corporatisme exacerbé ni rancœur. La jeunesse même de la discipline qu'est l'histoire de l'art, sa pluridisciplinarité, le fait qu'elle doive cerner l'art de tous les temps et de tous les pays font que, bien que cela puisse paraître contradictoire, les bibliothèques d'art sont vite devenues encyclopédiques et très fortement isolées. La variété des documents conservés : livres d'études, livres rares, catalogues de vente, d'exposition, coupures de journaux, affiches, gravures, estampes, périodiques morts et en cours, sans oublier les fonds de photographies, posent d'énormes problèmes de conservation qui font que la frontière entre bibliothèques et musées n'est pas aisément formulée.

La grande diversité des utilisateurs, du « vieux professeur d'université à l'artiste dans le vent», en passant par les étudiants en histoire de l'art, les étudiants des beaux-arts, les conservateurs de musées, les architectes. les antiquaires et marchands d'art, les publicistes, implique que chaque type de lecteurs attend de la bibliothèque des services différents. Et le grand public ? II semble qu'aux Etats-Unis comme en Grande-Bretagne, les bibliothèques d'art lui restent assez inaccessibles. Je préfère citer en anglais les deux petites remarques suivantes : " open to accredited researchers " et " a last resort library" ! !... Quelques idées sont proposées pour attirer de nouveaux lecteurs, telles les expositions sur des artistes locaux ou sur des fonds particuliers. L'exemple des pays scandinaves est mis en avant. Le développement des nouvelles technologies devrait aussi apporter des solutions à ce malaise. L'apparition des vidéodisques, des banques de données informatisées, des banques d'images holographiques, la télétransmission des textes et des images, les périodiques électroniques sont autant d'outils qui pourraient révolutionner l'histoire de l'art comme a pu le faire en son temps l'apparition de la photographie. Ces techniques modernes nourriraient un monde gourmand d'images.

L'accent est mis largement sur la formation des bibliothécaires des bibliothèques d'art : ceux-ci doivent avoir une bonne formation professionnelle initiale mais aussi continuée, doivent posséder un bon niveau de spécialisation en histoire de l'art et doivent enfin connaître le français, l'anglais, l'allemand et autant que possible l'italien. (En annexe de l'ouvrage, le profil requis pour ces bibliothécaires aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne). La nécessité de travailler ensemble est née et un historique des associations est donné. Notons au passage qu'un hommage est rendu à Madame Jacqueline Viaux, conservateur honoraire de la Bibliothèque Forney.

Des travaux de ces associations ressortent :
Le besoin d'un thésaurus commun, celui de la Bibliothèque du Congrès étant jugé insuffisant. La création de l'AAT (Art and Architecture Thesaurus) est saluée. Sa traduction en français et en allemand est à l'étude.
Le désir de créer des classifications adaptées et non bloquées pour les divers documents conservés, y compris les photographies qui sont si souvent laissées pour compte.
. L'importance du développement des banques de données comme le RAA (Répertoire d'art et d'archéologie) et le RILA (Répertoire international de la littérature de l'art).
La volonté de faire front devant l'édition d'art, toujours prête à publier et à republier les mêmes monographies et à inonder un marché bien délimité, au lieu de faire l'effort de découvrir de nouveaux artistes.
. L'importance, enfin, d'une ouverture sur le Tiers monde et le Quart monde en reconsidérant, en particulier en Europe de l'Ouest, ce qu'on appelle les Beaux-arts, Beaux-arts qui occultent délibérément les arts dits « primitifs ».

Cet ouvrage n'apporte pas beaucoup d'éléments sur la sélection des documents dans les bibliothèques d'art, il n'aborde pas non plus le problème spécifique de l'archéologie. Cependant, beaucoup d'autres points sont développés et ce livre est sans aucun doute à lire par tous ceux qui travaillent en bibliothèques d'art avant le prochain congrès de la section art de l'IFLA.