Special Libraries and information centers

an introduction text

par Jean-Claude Gardin

Ellis Mount

New York : Special libraries association, 1983. - VI - 194 p.; 25 cm. Bibliogr. p. 187-189. Index p. 190-194. - ISBN 0-87111-282-5.

Le sous-titre de ce livre n'est sans doute pas assez précis : il s'agit bien d'une introduction aux bibliothèques spécialisées et aux centres d'information, mais d'une introduction bien particulière, puisqu'elle porte essentiellement sur la gestion de tels organismes, et non sur les techniques de bibliothéconomie ou de documentation que l'on y pratique. La première partie est consacrée à une vue d'ensemble du domaine : les caractéristiques particulières des bibliothèques spécialisées et des centres d'information, par rapport à d'autres types de bibliothèques ou de centres de documentation, leur histoire aux Etats-Unis et leur nombre, les différents types et sources d'information manipulés, la nature des services offerts. La définition proposée étonnera bien des lecteurs : « les bibliothèques spécialisées sont celles qui sont patronnées par des entreprises industrielles et commerciales, par des associations sans but lucratif, des agences gouvernementales et des associations professionnelles»; de même, les centres d'information, la distinction entre ceux-ci et les bibliothèques spécialisées « devenant de plus en plus nébuleuse » (p. 3). Ce critère du patronage est à mon sens insuffisant, voire impropre : on trouverait sans peine des exemples de bibliothèques et de centres d'information institués dans les mêmes domaines et investis de fonctions à peu près identiques, mais dont les uns sont de statut public ou académique, et donc non spécialisés selon la définition proposée, par opposition à d'autres patronnés par des associations ou par des entreprises privées, qui seules mériteraient ce qualificatif.

La seconde partie, la plus importante (pp. 22 à 80), s'intitule «.Management », à juste titre : on y passe en revue les fonctions du directeur de tels organismes, les qualifications qui doivent être les siennes, ses relations avec les niveaux plus élevés de la hiérarchie dans l'entreprise, et les différentes tâches de gestion dont il doit s'acquitter (budget, programmes, personnel, diffusion, évaluation). Alors seulement apparaissent, vers la moitié du livre, les chapitres relatifs aux différents services techniques que doivent assurer les bibliothèques spécialisées et les centres d'information, du point de vue des usagers (recherche rétrospective, discrimination sélective, etc.) ou des bibliothécaires et documentalistes eux-mêmes (acquisitions, catalogage, indexation, etc.). Toutefois, ici encore, l'accent est mis sur l'organisation et la gestion de tels services, et non pas sur les aspects techniques de leur fonctionnement.

Ce choix est parfaitement légitime, et nous serions mal venus à le critiquer, dans un pays et dans un milieu professionnel où l'on ne donne sans doute pas à la compétence, voire à l'« esprit » gestionnaires, la place qui leur revient, à côté du savoir spécialisé proprement dit. De ce point de vue, l'ouvrage de E. Mount devrait être une source de réflexion utile sur les programmes de formation comparés, en bibliothéconomie et sciences de l'information, des deux côtés de l'Atlantique (l'auteur enseigne ces sujets à l'Université de Columbia, aux Etats-Unis). Sans doute l'allure souvent sommaire, voire un peu naïve, des prescriptions de ce manuel laissera-t-elle certains sur leur faim : ainsi p. 25, où l'on nous apprend que le personnage idéal pour diriger les organismes considérés doit être « fiable, consciencieux ... avoir du jugement, une capacité à l'apprentissage rapide... en un mot du bon sens »... mais l'on aurait tort d'en conclure à la vanité des questions posées.