Ausländer in Öffentlichen Bibliotheken

par Jean-Pierre Meyniel
Berlin : Deutsches Bibliotheksinstitut, 1984. - 176 p.; 30 cm. - (OBI Materialien; 34).
ISBN 3-87068-834-3 : DM 30.

Comment aborder le lecteur étranger en bibliothèque publique ? Quels sont ses besoins ? De quelle façon peut intervenir le bibliothécaire ? Autant de questions pratiques que ce document de travail édité par le DBI (Deutsches Bibliotheksinstitut) de Berlin-Ouest essaie d'élucider. Informations générales sur les pays d'émigration vers la RFA et relations d'expériences des bibliothécaires constituent les deux pôles de cet ouvrage basé sur une réflexion approfondie sur les modalités d'intégration de l'étranger dans sa nouvelle société et sur le rôle que peut y jouer le bibliothécaire.

Ecartant les extrêmes de la ségrégation et de l'assimilation, celui-ci préconise l'échange interculturel, c'est-à-dire l'équilibre entre l'appropriation des comportements du pays d'accueil et le culte de l'héritage du pays d'origine. La stratégie d'accueil de l'étranger dans une bibliothèque publique dépasse alors le simple choix de livres et le coin-lecture réservé et aboutit à sa prise en charge intensive afin de l'amener à une participation active à la vie publique de son pays d'accueil. Pour aider le bibliothécaire dans cette entreprise ambitieuse, l'ouvrage propose tout d'abord un ensemble d'informations générales sur les trois principaux pays d'émigration vers la RFA (Turquie, Yougoslavie, Grèce) suivi, pour chacun d'entre eux, d'une courte bibliographie en allemand. En complément, les parties annexes fournissent des matériaux plus directement utilisables lors du travail quotidien : court vocabulaire quadrilingue de traitement des documents, choix de formulaires bilingues (règlement, avertissement), liste d'adresses utiles pour la RFA et les sept plus importants pays d'émigration. Cet ensemble compose une mine de renseignements très précieuse, de valeur parfois inégale et on regrettera seulement l'absence de statistiques sur la répartition géographique des immigrés en RFA : elles auraient été d'un grand profit pour une éventuelle coopération entre bibliothèques publiques.

Par-delà cet aspect informatif, la deuxième partie de l'ouvrage traite dans une suite de normes, recommandations et pistes de travail, des problèmes pratiques posés au bibliothécaire par le lecteur étranger. L'« interculturation » théorisée auparavant se réalise par la mise à égalité du travail en faveur du lecteur allemand et celui en direction du lecteur étranger. Ce dernier travail, considéré comme normal et naturel dans toute bibliothèque publique, commence par l'intégration des documents de toutes langues sur les rayonnages et dans les différents catalogues, avec une signalisation particulière au dos de l'ouvrage pour chaque langue étrangère. Les bibliothécaires réclament pour ce faire, la création d'une Centrale fédérale de lecture, dont les premiers objectifs seraient de critiquer les ouvrages en langue étrangère et guider la politique d'achat des bibliothèques,

La nécessité de faire connaître et vivre les fonds étrangers, de développer un service d'accueil et de renseignement pour les lecteurs étrangers montre la volonté des bibliothécaires allemands d'aller encore plus loin dans l'égalité entre les lecteurs, sans pour autant donner l'impression aux lecteurs allemands d'en faire trop pour les étrangers. La maîtrise des différentes langues par un personnel permanent (cours de formation continue) ou occasionnel (collaborateurs bilingues) est jugée indispensable pour un service de qualité mais le coût et l'intensité du travail à fournir donnent à réfléchir.

Malgré les indications pratiques très précieuses sur les modalités d'accueil des étrangers et la constitution de fonds particuliers, les limites de l'ouvrage tiennent paradoxalement dans l'ampleur de la politique poursuivie par rapport aux moyens disponibles. Beaucoup plus complet que Bibliothèques publiques et communautés de l'immigration publié par le ministère de la Culture et l'ADRI, ce travail du DBI s'avère un peu utopique sur la création d'une centrale de lecture et le développement de personnel polyglotte dans les bibliothèques publiques. Seules quelques grosses bibliothèques (Duisbourg, Munich) peuvent accomplir de tels programmes; les petites et moyennes constitutions ne se voient offrir ni propositions de politique plus modeste ni projet de coopération et restent les parents pauvres de cette étude. La prise en compte intensive des lecteurs étrangers serait-elle réservée aux seules très grosses bibliothèques publiques ?