Faire lire
Alain Viala
Michel P. Schmitt
Ed. Didier, 1983. - 110 p.; 22 cm. -(Faire-lire, ISSN 0290-294).
Bibliogr. p. 109-110. - ISBN 2-278-03268-2.
Alain Viala et Michel P. Schmitt ont refondu leur ouvrage intitulé Faire lire, paru en 1979 . Leurs recherches et propositions se regroupent en trois ouvrages : de celui-ci, ils ont fait deux intitulés Faire-lire et Savoir-lire, complétés par un Précis d'histoire de la littérature française de M.M. Fragonard.
Comme dans la précédente édition, il faut faire un effort pour s'accoutumer au style des auteurs qui manque souvent de clarté, ne recule pas devant un jargon qui peut décourager un non spécialiste, qui n'hésite pas à recourir à des néologismes audacieux et inutiles. Ce livre s'adresse à des enseignants, même si, en fait, il aborde un très vaste problème : celui des rapports des adolescents et jeunes adultes (classes des collèges, lycées et premières années de l'enseignement supérieur) avec l'institution scolaire, avec les adultes qui sont chargés de leur transmettre un savoir et un savoir-faire.
On saura gré aux auteurs d'avoir expérimenté et de proposer en connaissance de cause une méthode d'approche de l'« enseignement » des faits littéraires; en refusant d'isoler la littérature qui garde pour support le livre de toutes les autres manifestations et créations qui s'y rattachent, soit qu'elles en dérivent, soit qu'elles y reviennent, sans oublier d'indiquer qu'on ne dit pas exactement la même chose que l'œuvre « originale » quand on passe, par exemple, du livre imprimé à la dramatique télévisée ou à la BD. Les auteurs refusent le « flou artistique » auquel pourraient facilement se laisser aller l'enseignant, sous prétexte que la beauté d'une œuvre d'art ne s'explique pas, mais aussi les élèves Il s'agit de leur faire expérimenter par eux-mêmes que l'œuvre littéraire n'a pas surgi par hasard, que l'auteur n'est pas un créateur génial et désincarné sans lien avec le monde qui l'entoure, que le texte n'a pas été, ne peut pas être reçu et compris de la même façon suivant les époques, les milieux et les groupes sociaux où il a circulé.
Les auteurs montrent bien que leur approche de la lecture concerne en fait toutes les démarches intellectuelles qui sont comme des instruments dont leurs élèves et étudiants auront à se servir leur vie durant, sous peine d'être des proies faciles pour tous les conformismes, toutes les propagandes, toutes les idées reçues.
C'est une ambition considérable et, semble-t-il, quelque peu à contre-courant. Les difficultés lucidement exposées aux pages 71 à 78 sont bien réelles. Il ne s'agit pas de chercher un responsable (l'élève ?, la société ?) qui pourrait devenir un bouc-émissaire. Trop facile : les auteurs ne font pas ce que fait Maurice-T. Maschino dans deux livres récents au succès ambigu.
Pour terminer (p. 98 à 108), les auteurs analysent les pratiques attendues des candidats lors des épreuves écrites et orales du baccalauréat ; derrière un vocabulaire renouvelé, se dissimulent souvent des pratiques assez traditionnelles et les pratiques apparemment les plus faciles ne sont pas sans chausse-trapes.
Tel quel, ce livre devrait aider les enseignants dans leur réflexion et leur pratique quotidienne.