Warum noch lesen

von notwendigen Überfluss der Bücher

par Jacques Betz
hrsg. von Gerd-Klaus Kaltenbrunner.
Freiburg; Basel : Herder, 1983. -187 p.; 19 cm. - (Herderbücherei Initiative; Bd. 53.)
ISBN 3-451-09553-X : DM12.90.

Le livre va-t-il disparaître ? Posée en d'autres termes. la question sert de titre à ce volume de mélanges : « Pourquoi encore lire ? » L'éditeur scientifique, Gerd-Klaus Kaltenbrunner, s'en inquiète dans sa préface, car la concurrence de l'audio-visuel entraîne un excédent d'ouvrages. Les livres, pourtant, restent encore des moyens d'information, des outils de travail, des occasions de délas-. sement, à moins de représenter, comme le rappelle l'éditeur, des remèdes, des amis, dès lors qu'un Etat exerce une oppression engendrant clandestinité ou exil. Mais, même si l'on s'adonne plus que jamais au plaisir de lire, surtout avec le livre de poche, ce moyen d'expression nouveau et majeur ouvrant sur la culture des media on constate, en retour, un dégoût grandissant pour tout ce qui est écrit et imprimé; on va jusqu'à craindre la menace d'un nouvel analphabétisme, cette forme archaïque de transmission de bouche à oreille, favorisée par l'audiovisuel.

Les premiers mots de Kaltenbrunner précisent que cet ensemble d'études sur le livre s'adresse uniquement à des lecteurs, et surtout à ceux qui souhaitent en savoir davantage sur ce qu'ils font, cherchent ou espèrent en faisant une chose d'apparence si simple, prendre un livre en mains et lire silencieusement avec les yeux. Il souligne également que ces pages ne contiennent pas une justification sans réserve de la lecture, jugée parfois dangereuse par certains, même si d'autres essais soulignent l'agrément ou l'intérêt tirés des livres. Il cite l'exemple de Schopenhauer, grand lecteur et auteur prolifique, prônant pourtant un art de ne pas lire. Ce paradoxe, selon Kaltenbrunner, rappelle le deuxième sens du mot « lire », à vrai dire son sens premier : réunir et choisir. Cette méfiance à l'égard des livres tend vers un art de lire qui ressemble à un art de vivre, où l'« esprit » diffère de la « lettre ». Il y a, et le préfacier de s'en expliquer, différentes manières de lire, car les lectures d'un psychologue ou d'un biographe, d'un journaliste ou d'un romancier, ont des cheminements propres, qui trouvent leurs prolongements dans ce volume de mélanges. Ceux-ci représentent autant de témoignages pour une éthique de la lecture, jugée nuisible par Georg Christoph Lichtenberg, mais réhabilitée dans l'esprit de l'un de ses illustres contemporains, le roi Frédéric Il de Prusse, qui trouvait une grande partie de son bonheur au contact des livres. On en arrive à ce dilemme : lire ou ne pas lire. Mais l'homme de lecture, livré à son esprit critique, met à profit sa liberté intellectuelle pour se comporter en être humain.

Ainsi, une quinzaine de professeurs ou théologiens, allemands pour la plupart, apportent dans ces pages leurs substantielles contributions sur la lecture, si chère aux bibliothèques. Dominique Jost trouve dans les lectures la source d'une autre vie, tandis que le prélat Bernhard Bernhard Haussler souligne la différence entre culture et absence de culture. Fort de l'élogieuse appréciation royale rappelée plus haut et utilisée comme titre de sa prestation, Ludwig Muth disserte sur la lecture dans le monde d'aujourd'hui. Pour sa part, Walter Hildebrandt propose un art de lire en distinguant quatre sortes de lectures : elles vont des utilitaires à la culture générale en passant par les écrits spécialisés et en en détachant les fruits de la fibre poétique. En donnant une autre forme interrogative au titre de l'ouvrage, Hans Jürgen Schmolzer développe à travers celle de son pays le pourquoi d'une jeunesse allergique à la lecture, tandis que Hans Jürgen Baden aborde le problème de l'inspiration à travers ces deux éléments que sont l'esprit et la lettre. Se situant au-dessus de tous les livres, Ulrich Johannes Beil s'emploie à souligner l'attrait et la sagesse de la lecture. Une incursion en République Démocratique Allemande (la DDR), sous la plume de Widmar Puhl, permet de savoir à quoi répond dans ce pays le fait de lire, d'écrire et de publier. Le monde des bibliothèques s'ouvre également à l'actualité du livre, car Albert Raffelt se demande si les fonds d'ouvrages, mis à la disposition des lecteurs dans des établissements publics représentent les imposants vestiges d'un temps révolu, amorcé il y a de cela un peu plus de cinq siècles par Gutenberg. Enfin l'éditeur a regroupé sous le titre général « Dokumentation » les contributions de cinq auteurs axées sur le fil conducteur que représente, tout au long de ces pages, la lecture. Il ne manque pas de donner les notices bio-bibliographiques des quatorze auteurs et laisse le mot de la fin à Michaem Landmann, lecteur israëlien de la collection « Initiative »; il en vante les mérites et en souhaite la réussite, surtout lecture faite de ce 53e volume de la série, ouverte à de nombreux domaines de l'actualité dans le monde.