La productivité à l'âge de l'information
Congrès de l'« American society for information science » (octobre 1983)
Jacques Faule
Une bibliothèque devrait être jour et nuit à la disposition des lecteurs.
Jules Valles
« La productivité à l'âge de l'information », tel était le thème du Congrès de l'« American society for information science » (Asis) qui s'est tenu à Washington au début d'octobre 83.
Introduire ce paramètre - la productivité - dans une entreprise publique à caractère culturel comme la BPI relève de la gageure : pour ce faire, il faudrait en effet définir quel est le produit principal d'une bibliothèque. Ce produit principal se détermina au fil des conférences et des entretiens.
On aurait pu croire, associant a priori États-Unis à technologie dernier cri, que ce produit bibliothéconomique était matériel : terminaux à tout va, appareils à disques optiques numériques aux capacités infinies, que sais-je encore, bureaux à claviers intégrés, etc. Or le puissant atout de l'informatisation américaine, c'est qu'elle se développe indépendamment des commandes publiques, principalement dans des foyers américains, où on assiste à la concomitance de deux phénomènes :
- l'utilisation massive du micro-ordinateur individuel à des fins ludiques et pédagogiques (Telearning en Californie : cours par correspondance télématique ; percée d'ATARI avec ses jeux stratégiques à 30 dollars pièce).
- la multiplication des interrogations en-ligne au moyen de ce même ordinateur domestique (home computer) équipé de modem et d'imprimante : multiplication due à un contenu adéquat (par exemple la banque de données grand public Knowledge Index, 12 millions de références tirées des périodiques de grande diffusion), multiplication dûe à une tarification préférentielle accordée à ce grand public le soir et les week-ends (Compuserve coûte alors 5 dollars de l'heure. The Source coûte 7,75 dollars ; ces 2 banques fournissant de l'informationservice, des jeux, des messageries-petites annonces, des tests comparatifs, etc.), multiplication enfin dûe à une effective disponibilité des systèmes et des équipes de maintenance 24 h sur 24 (par comparaison, appelez le GCAM, après 18 h, il n'y a plus personne).
Les bibliothèques américaines ne s'évertuent donc pas à suivre un mouvement incontrôlable, sauf les bibliothèques scolaires qui s'équipent en micro-ordinateurs, et assurent le prêt - gros succès - des disquettes de logiciels (à noter que le CNDP diffuse également des logiciels appropriés à l'intention des écoles secondaires).
Non, la principale mesure de la productivité bibliothéconomique ne réside pas non plus dans les flux de documents... Le produit principal, celui qui ne devrait jamais échapper à notre entendement de bibliothécaire, c'est bien le lecteur lui-'même. Augmenter la productivité de notre bibliothèque reviendra donc à augmenter le nombre de lecteurs. Le moyen pour cela : la gestion de notre temps de travail, le time management. Une meilleure gestion de notre temps de travail doit tendre vers l'objectif depuis longtemps atteint par les chaînes de télé américaines, atteint depuis peu par les réseaux télématiques et bientôt atteint par les bibliothèques elles-mêmes (comme celles de Berkeley, comme celle de Baltimore) : ouverture 24 h sur 24 (24 hours a day available), avec une permanence assurée aux postes clé du service public - bureau de référence, service de périodiques, réponse par téléphone (Hot line), recherches au terminal et entretien.