La lettre ornée dans les manuscrits mosans d'origine bénédictine

XIe-XIIe siècles

par Pierre Gasnault

Marie-Rose Lapière

Éd. Les Belles lettres, 1981. - XLVI-432 p. ; 25 cm. - (Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège ; fasc. 229.)
ISBN 2-251-66229-4 : 229 F

Un renouveau de la vie monastique s'est manifesté au début du XIe siècle dans les abbayes bénédictines de l'ancien diocèse de Liège sous l'influence d'hommes tels que Richard de Saint-Vanne, Poppon de Stavelot et Olbert de Gembloux et ce renouveau eut pour conséquence la multiplication de livres, renfermant principalement les œuvres des Pères de l'Église, qui étaient destinés à nourrir la vie spirituelle des moines. Les scriptoria de ces abbayes ont alors produit de nombreux manuscrits qui sont remarquables par la régularité de leur écriture et par la qualité de leur décoration. Celle-ci est essentiellement constituée par les grandes lettres peintes par lesquelles débutent les principaux chapitres de chaque manuscrit. Cette décoration d'inspiration végétale trouve sa source dans l'enluminure ottonienne, née dans les abbayes de Saint-Gall et de Reichenau et propagée dans les vallées du Rhin et de la Moselle. Dans la région mosane, elle se transforme dans un sens plus naturaliste à partir du troisième quart du xie siècle pour aboutir à l'exubérance romane de la fin du XIIe siècle. En analysant de façon très détaillée plus de cent cinquante manuscrits originaires de cette région qu'elle a eu le mérite de retrouver dans de nombreuses bibliothèques, Marie-Rose Lapière s'est attachée à suivre les différentes étapes de cette évolution stylistique dans chacune de ces abbayes et à en déterminer les facteurs, tels que la présence d'artistes plus ou moins doués et l'influence de l'orfèvrerie particulièrement active à la même époque dans cette région. Une abondante illustration permet de vérifier le bien fondé de ses démonstrations.