Larousse agricole
ISBN 2-03-514301-2 : 295 F.
Le Larousse agricole en est à sa troisième édition mais ce, en 60 ans, 1921, 1951, 1981. C'est dire si de l'une à l'autre les connaissances ont changé. L'édition de 1921 était contemporaine d'une agriculture qui découvrait les bases de la chimie et l'utilisation des engrais ; la plus grande partie des agriculteurs était passée uniquement par l'école primaire. En 1951, quand parut la seconde édition, l'agriculture s'ouvrait aux machines et l'enseignement secondaire formait progressivement un nouveau type d'exploitant. Aujourd'hui, la France est devenue l'un des premiers exportateurs de produits agricoles dans le monde et la ferme française, une entreprise.
L'agriculture est une des grandes chances de la France, la presse parle de pétrole vert. Cette édition arrive à son heure. Les auteurs se sont fixé comme objectif de « donner dans un ouvrage maniable, l'essentiel des connaissances - théoriques et pratiques, techniques et économiques - indispensables pour un agriculteur avisé, pour un conseiller agricole, pour un citadin désireux de comprendre la campagne ». Un citadin en mal de campagne feuillettera ce dictionnaire pendant des heures. Il y découvrira de nouvelles plantes, exemple l'actinidia, plante venue de Chine et cultivée depuis quelques années en France, ou qu'un Gallois a tondu 694 moutons en une journée. Il regardera les illustrations, les légendes sont précises et didactiques.
Ce Larousse est aussi un ouvrage d'études. Le géographe puisera quantité d'informations sur les paysages, les sols, les cultures et élevages, de même que l'économiste : un grand soin a été apporté aux statistiques, par chance le recensement général de l'agriculture a permis d'obtenir les chiffres les plus actuels. Cet aspect statistique rendra sûrement les plus grands services à l'agriculteur avisé car il lui permet de savoir si la France est déficitaire ou excédentaire, avant de se lancer dans une culture ou un élevage, mais sur le plan pratique, cet ouvrage rendra peu de service. Pour l'actinidia, déjà cité, il est indiqué que sa culture se pratique sur un fil de fer tendu à 1,80 m du sol, que les pieds sont écartés de 7 à 9 mètres, de telles indications sont exceptionnelles. Ce n'est pas au mot « treille » que vous trouverez la façon d'en faire une, on lit seulement « vigne palissée contre un mur, conduite sur des fils de fer ou grimpant à un arbre ».
Naturellement, un dictionnaire agricole n'est pas un guide de jardinage ou d'élevage, mais fréquemment, le lecteur désire en savoir plus ; par exemple à l'article écrevisse, on lit que l'augmentation de la consommation française d'écrevisses a entraîné le développement de l'astaciculture (élevage des écrevisses). On aimerait savoir si cet élevage est compliqué, s'il entraîne de gros investissements, où se procurer des écrevisses reproductrices... 1. L'absence de bibliographie fait que l'on reste sur sa faim.
Ce dictionnaire qui a fait un malheur en librairie, est absolument indispensable dans toutes les bibliothèques, qu'elles soient de lecture publique ou universitaires. Formons le vœu d'une nouvelle édition dans peu de temps (et non dans 20 ans) dont les articles seraient suivis d'une bibliographie. En attendant, sur la lancée du succès en librairie, pourquoi ne pas imaginer un supplément avec toutes sortes d'informations pratiques, références bibliographiques, certes, mais aussi adresses des fournisseurs...