Concours de sous-bibliothécaires d'État. Session 1982.
Rapport présenté par M. Marcel Thomas inspecteur général des bibliothèques, président du jury.
Un concours sur épreuves a été ouvert par arrêté du 29 janvier 1982 (J.O. du 3.11.1982) pour le recrutement de 217 sous-bibliothécaires d'État, 60 postes étant offerts au titre des emplois réservés, 105 au concours externe et 52 au concours interne.
- Sur 856 candidats inscrits au concours externe, 613 (87 H., 526 F.) ont effectivement pris part aux épreuves. Parmi ces derniers, 40 étaient déjà agents titulaires de l'État ; 209, agents non titulaires de l'Etat ; 23, agents des collectivités locales.
- Sur 83 candidats inscrits au concours interne, 78 (19 H., 59 F.) ont effectivement pris part aux épreuves.
- 25 candidats s'étaient inscrits au titre des emplois réservés ; 4 ont effectivement pris part aux épreuves.
Les épreuves écrites ont eu lieu les 16 et 17 mars 1982 ; les épreuves orales du 1er au 5 juin 1982.
A l'issue des épreuves écrites :
- 324 candidats ont été déclarés admissibles au titre du concours externe avec une moyenne de 115 points et plus sur 200 1.
- 45 candidats ont été déclarés admissibles au titre du concours interne, avec une moyenne de 100, 25 points et plus sur 200,
- aucun candidat n'a été déclaré admissible au titre des emplois réservés. Par suite, les 60 postes prévus ont été reportés sur le concours externe.
A l'issue des épreuves orales, 34 candidats seulement ont été déclarés reçus au titre du concours interne. Les 18 postes n'ayant pu être pourvus de ce fait ont été reportés sur le concours externe portant ainsi le nombre total des postes à pourvoir à ce titre à 183.
183 candidats ont été déclarés reçus au titre du concours externe. Ils avaient obtenu un total de points allant de 245,25 à 331,50, sur un total général maximum de 400 points.
Le jury a en outre établi au titre du concours externe une liste complémentaire de 50 candidats ayant obtenu un total de 230 à 244,25 points.
Observations générales
Les sous-jurys d'écrit et d'oral ont tous adressé au président du jury un rapport sur les diverses épreuves du concours. On trouvera ici leurs observations portant à la fois sur la manière dont ils estimaient que devaient être traités les sujets proposés et sur le niveau de préparation des candidats. Elles ont été regroupées et harmonisées dans la forme, mais, bien entendu, les intentions des signataires des rapports ont été rigoureusement respectées.
* Épreuves écrites
1. Composition française
(Durée 3 heures - Coefficient 3)
Les sujets proposés entre lesquels les candidats pouvaient choisir étaient les suivants :
Premier sujet : « On entend de plus en plus souvent parler de l'animation dans les bibliothèques. Essayez de définir ce que recouvre le terme. Comment pensez-vous que la mise en oeuvre de techniques d'animation puisse concourir à une meilleure utilisation de ces établissements et de leurs ressources ? ».
Deuxième sujet : « A l'aide des documents joints, rédigez pour le bulletin d'information d'une bibliothèque un article accessible au grand public, mettant en lumière les améliorations que l'information peut apporter au fonctionnement des bibliothèques ». 2.
En raison de son fort coefficient, l'épreuve de composition française joue toujours un très grand rôle dans l'admissibilité et l'admission.
En dépit du caractère plus technique que présentait cette année le second sujet, les candidats du second concours l'ont en général préféré (36 sur 78), comme, dans l'ensemble, ceux qui ne se sentaient pas assurés de leurs connaissances et de leurs moyens d'expression. On doit d'ailleurs déplorer que, quel qu'ait été le sujet choisi, la plupart des copies aient fait preuve d'une méconnaissance absolue de la terminologie bibliothéconomique.
Le premier sujet convenait particulièrement aux candidats ayant l'expérience des bibliothèques publiques. II était relativement facile, mais a trop souvent donné lieu à des considérations générales ou à la reproduction non sélective de passages d'un manuel d'enseignement. Elargissant le sujet, beaucoup de candidats ont parlé de la publicité de la bibliothèque et de l'accueil aux lecteurs, au risque de traiter trop rapidement des techniques d'animation proprement dites.
A cet égard, il serait bon que les centres d'enseignement ne laissent plus les candidats s'ancrer dans l'idée fausse qu'avant 1945, voire avant 1981, toutes les bibliothèques françaises n'étaient que des conservatoires déserts de livres poussiéreux, jalousement veillés par de vieux bibliothécaires grincheux !
Contrairement à ce que l'on pouvait constater lors de précédents concours, la plupart des candidats ayant choisi le second sujet se sont beaucoup, et même trop, éloignés des textes fournis. Nombre d'entre eux ne paraissant pas savoir clairement ce que le jury attend en pareil cas, il paraît utile de rappeler qu'ils doivent tirer du dossier fourni une note de synthèse circonstanciée tenant compte à la fois de la forme requise (note, rapport, lettre, guide, ou article, etc.) et des destinataires supposés (autorité hiérarchique ou de tutelle, collègues, usagers, grand public, etc.). Ils ne doivent ni se contenter de reproduire sous une forme abrégée les pièces du dossier jointes à l'énoncé du sujet, ni composer à partir de celui-ci une dissertation littéraire. Ils ont à faire un choix dans les éléments mis à leur disposition (données statistiques et techniques, informations concrètes, considérations théoriques) sans être tenus de respecter l'ordre, les proportions et les subdivisions des textes proposés à leur réflexion.
2. Contraction de texte
(Durée 3 heures - Coefficient 2)
Le texte proposé était un article de Jacqueline Grapin intitulé : « En marge de la foire de Francfort. - l'Édition française n'a pas su devenir multinationale ». 3 Il ne présentait pas de difficulté particulière, ses parties étant bien distinguées et assez équilibrées. II a été à peu près compris, mais pas toujours bien assimilé. Les copies ont été dans l'ensemble, assez médiocres ; la plupart des notes se situant entre 10 et 12 sur 20. 14 copies seulement ont obtenu une note égale ou supérieure à 14, et 238 une note inférieure à 10. Les plus graves erreurs ayant entraîné l'attribution de basses notes restent liées à une mauvaise maîtrise de la technique même de l'épreuve : longueur demandée pour l'analyse (400 mots avec une tolérance de ± 40 mots) non respectée ; introduction de commentaires ou appréciations sur le texte ; structure de ce dernier inutilement perturbée.
3. Rédaction de fiches de documents modernes en langue française et en langue étrangère
(Durée 3 heures - Coefficient 3)
Les fac simile proposés aux candidats pour l'épreuve de catalogage reproduisaient les pages de titre de quatre ouvrages en langue française, à savoir :
- un ouvrage écrit en collaboration par quatre auteurs, sous la direction de deux éditeurs ;
- les actes d'un congrès d'association ;
- un ouvrage d'auteur portant un nom double et appartenant à une collection ;
- un volume de mélanges.
et de deux ouvrages en langue étrangère :
- l'un appartenant à une collection ;
- l'autre dont l'auteur portait un nom composé ou à particule.
Pour chaque ouvrage, les candidats devaient :
a) rédiger la fiche de base (avec, s'il y avait lieu, les rappels de vedettes pour le catalogue des auteurs) ;
b) rédiger éventuellement les fiches de renvoi et les fiches de collection ;
c) indiquer la cote qu'ils auraient donnée à l'ouvrage en utilisant les indices de la classification décimale Dewey.
d) pour les ouvrages en langue française comportant la mention « vedette (s)-matière (s) », indiquer la ou les vedettes pour le catalogue alphabétique de matières et les renvois éventuels.
Fiches de base : Dans l'ensemble, les candidats connaissent assez bien la norme de rédaction de la notice bibliographique des monographies. Le choix des vedettes leur pose parfois plus de problèmes. Dans quelques copies, l'ouvrage comportant quatre auteurs a été catalogué au premier auteur et non traité en anonyme. La vedette de congrès n'est pas toujours correctement rédigée. Pour la vedette de forme : « Mélanges » (que l'on trouve parfois au singulier), le nom du dédicataire est souvent écrit en majuscules. Pour les livres dont la langue a été choisie en option par les candidats, les noms d'auteurs étrangers et les règles de leur usage sont mal connus.
Ainsi, il semble que les candidats ne savent pas tous que Mc est l'abréviation de Mac. Pour l'auteur espagnol José Angel Valente, plus de la moitié des candidats a établi la vedette à Angel Valente (José), n'ayant su distinguer le mot : Angel, comme prénom. Cette erreur fait apparaître un défaut de culture plus qu'une méconnaissance des normes.
Fiches de renvoi : Les fiches de renvoi gâchent malheureusement parfois les fiches de base bien rédigées qu'elles accompagnent. Certaines contredisent la vedette choisie. D'autres ne pourraient être classées utilement. Ces constatations font souhaiter que l'enseignement du catalogage se fasse davantage en liaison avec celui de l'intercalation et soit conçu de manière non seulement théorique, mais aussi pratique, afin de permettre aux étudiants de prendre le bon sens pour guide dans le labyrinthe des normes.
Fiches de collection : Peu de copies ont correctement rédigé les fiches de collection (fiche chapeau et fiche de dépouillement).
Cotes Dewey: Les fac simile permettent rarement d'avoir une connaissance très précise du contenu d'un livre. Aussi le jury apprécie-t-il toujours avec beaucoup d'indulgence les points de vue divers qui peuvent se traduire dans des choix de cotes différentes. Toutefois, certains candidats ignorent ce qu'est une cote, et se permettent d'en accorder plusieurs à un même ouvrage en précisant « et ». Certains se contentent même d'un indice systématique, par ignorance des éléments constitutifs d'une cote.
Vedettes-matières : Un gros effort reste à faire, semble-t-il, dans la préparation au catalogage matière. Beaucoup de candidats confondent catalogage analytique et catalogage systématique. L'ouvrage de Jean Calais-Auloy : Essai sur la notion d'apparence en droit commercial a reçu assez souvent pour vedette-matière : « Droit commercial », ou « Commerce-Droit ». Certains candidats ignorent la pratique du singulier pour les vedettes, l'ordre des sous-vedettes, et ne savent pas exprimer la relation entre les notions retenues.
La préparation à cette épreuve a fait de grands progrès en ce qui concerne l'usage des normes, mais le niveau des candidats s'améliorerait encore s'ils comprenaient mieux l'usage des fiches qu'ils rédigent, s'ils avaient une meilleure connaissance des fichiers et plus de pratique de l'intercalation. Un gros effort reste à faire pour la préparation au catalogage-matière.
4. Epreuve de dactylographie
Dans l'ensemble, les copies ont été plutôt meilleures que par le passé. Peut-être les épreuves étaient-elles plus faciles cette année. Les fiches en langues étrangères ont généralement été très bien dactylographiées. En revanche, la mise en forme de la lettre manuscrite proposée a parfois laissé à désirer. Un grand nombre de candidats n'ont pas compris qu'il n'y avait rien à ajouter au texte (en-tête, objet, etc.) et qu'il s'agissait pour eux de procéder à une simple mise en page. La présentation sous forme administrative de la lettre représentait donc une autre faute.
* Épreuves orales
1. Interrogation sur la production, la distribution et la diffusion du livre et des documents de bibliothèques
(Durée 20 minutes - Coefficient 2).
Il convient d'insister sur le programmede cette épreuve dont certains aspects paraissent méconnus d'une partie des candidats et peut être de quelques centres de préparation. En effet, depuis les modifications intervenues en 1979, le programme comprend non seulement l'évolution des formes matérielles du livre et des techniques graphiques en général, mais aussi les circuits de la production, de la diffusion, de la distribution du livre et de la presse, les principaux types de livres édités de nos jours, les principaux types de périodiques, et enfin des notions sur la production et la diffusion des documents audio-visuels. L'ensemble des connaissances à acquérir est donc assez vaste 4. Cependant il faut observer que les sujets proposés aux candidats sont très généraux pour permettre avant tout d'apprécier leurs capacités de synthèse et leur aptitude à maîtriser le vocabulaire élémentaire relatif à l'édition, la fabrication et la diffusion des documents ainsi qu'à leur description. Les candidats tirent au sort une seule question et disposent de 15 minutes pour la préparer et d'une dizaine de minutes pour l'exposer. De fréquents recoupements existent d'une question à l'autre : il est relativement facile de savoir, lorsqu'un candidat paraît ignorer un sujet, s'il s'agit d'un hasard malheureux et si une autre question aurait donné lieu à un meilleur exposé. Le jury propose également à chaque candidat de décrire brièvement un livre ancien ou contemporain : il s'agit là d'une épreuve pratique à laquelle les candidats sont parfois mal préparés faute d'avoir eu un contact direct avec les livres au cours de leur formation. Le jury souhaiterait que la préparation théorique (cours et lectures) soit complétée par des travaux pratiques et si possible par des visites d'atelier, (reliure, imprimerie).
2. Interrogation sur l'organisation et le fonctionnement administratif et financier des bibliothèques
(Durée 20 minutes - Coefficient 2)
Cette épreuve donne lieu à des observations déjà exprimées lors des précédents concours.
Bon nombre de candidats ont des connaissances suffisantes, mais trop souvent imprécises ou mal présentées. Certains, en particulier, se contentent de répéter des fragments d'un cours sans essayer de construire un exposé à partir de la question qu'ils ont tirée au sort. Les petites questions complémentaires que l'on peut être amené à leur poser, soit pour augmenter encore leur note s'ils ont été brillants, soit pour leur en éviter une trop mauvaise s'ils se sont montrés très faibles, paraissent souvent les dérouter.
Certes un sous-bibliothécaire a rarement l'occasion, dans l'exercice de ses fonctions, de mettre en oeuvre ses connaissances administratives ; celles-ci n'en doivent cependant pas pour autant être considérées comme inutiles. II paraît normal que de futurs fonctionnaires de catégorie B connaissent au moins dans leurs grandes lignes la structure des ministères et des services dont ils relèveront, les statuts des corps de fonctionnaires dont ils feront partie ou avec lesquels ils seront appelés à travailler, ainsi que l'organisation des différents types de bibliothèques.
Il apparaît, par ailleurs, que dans certains centres d'enseignement la distinction n'est pas assez clairement faite entre l'administration proprement dite des bibliothèques et la bibliothéconomie. Enfin, et cela est surtout sensible chez ceux qui se présentent pour la seconde ou la troisième fois, le caractère évolutif de l'administration échappe trop souvent aux candidats. Telles de leurs réponses qui étaient exactes il y a deux ou trois ans ne le sont plus en raison des modifications survenues dans la législation et la réglementation qui en découle. On ne saurait donc trop insister sur une actualisation permanente des connaissances dans cette matière.
3. Interrogation sur l'organisation et le fonctionnement technique des bibliothèques
(Durée 20 minutes - Coefficient 3)
Dans l'ensemble, le niveau des candidats a semblé supérieur à celui des années précédentes. Toutefois, pour l'interrogation portant sur le catalogage et l'intercalation, ils sont encore trop nombreux à ignorer les règles élémentaires d'intercalation et n'ont pas toujours été capables de fournir des définitions rapides et claires de certains termes techniques.
Pour l'ensemble des trois interrogations dont se compose cette épreuve, portant respectivement sur la bibliothéconomie, le catalogage et l'intercalation, il faut signaler que les candidats usaient d'un vocabulaire trop souvent imprécis ou inexact. On doit regretter que les candidats à un concours donnant accès à un corps technique ne maîtrisent pas davantage le sens et la valeur des termes et sigles d'un usage courant dans la profession, tels que : « réserve », « reprint », « suites », « CANAC », « ISSN », « ISBN », « AFNOR », etc.
Quant à l'interrogation portant sur le fonctionnement et le rôle comparé des divers types de bibliothèques, trop de candidats avaient tendance à confondre organisation technique et organisation administrative des bibliothèques et ne savaient pas différencier le rôle respectif des bibliothèques entre elles (BM/BU, BCP/BM, etc.) ou préciser le rôle et l'activité d'une catégorie de bibliothèques (BU, BM, BN - cette dernière en général très mal connue).
On a pu constater qu'une proportion non négligeable de candidats au concours interne non seulement ne semblait pas avoir reçu de formation systématique, mais encore connaissait mal le fonctionnement même de leur propre établissement !
4. Interrogation sur l'utilisation des répertoires bibliographiques et des ouvrages de référence
(Durée 20 minutes - Coefficient 3)
Cette année le nombre des admissibles, plus élevé qu'à l'ordinaire, n'a pas sensiblement abaissé le niveau de l'épreuve de bibliographie, du moins pour le concours externe. On a noté toutefois une proportion assez importante de candidats titulaires du CAFB depuis plusieurs années et dont les connaissances n'étaient pas à jour.
En ce qui concerne le concours interne, beaucoup de candidats ne s'étaient manifestement pas préparés à cette épreuve comme il aurait été nécessaire. Parmi les autres, un trop grand nombre avaient bien appris leurs notes de cours mais ont perdu pied en face de questions précises, faute d'avoir vu les répertoires dont ils parlaient et d'en connaître le classement et l'utilisation. Les préparations, tant à Paris qu'en province, semblent bien s'améliorer d'année en année, mais l'attention des enseignants devrait être attirée sur deux points :
- les sujets ou questions sur les divers types de bibliographies désarment trop de candidats qui n'ont qu'une notion très imprécise des termes qu'ils emploient. Certains, même, distinguent mal, à propos des catalogues, les qualificatifs « spécialisé », « sélectif » ou « systématique », et « alphabétique de matières ». L'adjectif « thématique » est générateur d'une certaine confusion.
- si quelques candidats savent dominer leur sujet avec une réelle maîtrise, il en est encore trop qui ne réussissent pas à entreprendre et conduire la démarche exigée par un sujet d'application.