La joie par les livres en 1982
Fondée en 1963, rattachée au ministère de l'Education en 1972, la Joie par les Livres s'oriente désormais vers de nouvelles missions : développer l'idée que la bibliothèque pour enfants devrait être partout le lieu de la réflexion, de l'information sur le livre et la lecture ; étudier la place des techniques nouvelles dans une bibliothèque pour enfants ; développer le secteur de la formation où la demande grandit ; accroître les échanges avec les expériences étrangères.
Created in 1963, and attached to the ministry of Education in 1972, " La Joie par les livres " is now focusing its efforts on : spreading the idea that a children library should be a place of research and information on children books and reading ; studying the use of new technologies in a children library ; widening its educational role in order to answer an increasing demand ; then developing its contacts with foreign experiments.
En 1963, Anne Gruner Schlumberger créait une association, la Joie par les livres, dont le but était de favoriser le développement des bibliothèques pour enfants en France.
En 1964, les deux bibliothécaires de la Joie par les livres créaient le premier groupe de lecture ouvert à tous les bibliothécaires de France désireux d'approfondir leur connaissance des nouveaux livres pour enfants.
En septembre 1965, sortait le premier numéro du Bulletin d'analyses de livres pour enfants, et la Bibliothèque pour enfants de Clamart ouvrait ses portes.
En 1972, la Joie par les livres quittait son statut d'association. Elle est désormais rattachée administrativement à l'École nationale supérieure de bibliothécaires. La même année, une nouvelle association naissait, Les Amis de la Joie par les livres. Elle accueille bibliothécaires, enseignants, libraires et parents.
En 1982, où en est la Joie par les livres ?
La Joie par les livres est une institution complexe : née avec le souci essentiel de créer une bibliothèque pour enfants, elle a tout naturellement développé d'autres secteurs créés au fur et à mesure que les besoins d'information, de travail collectif et de formation apparaissaient. C'est aussi tout naturellement que des ramifications se sont développées en France et à l'étranger.
Actuellement, la Joie par les livres, c'est :
- un terrain d'expérimentation, la bibliothèque pour enfants de Clamart (Cité de la Plaine).
- un lieu de formation.
- un travail d'information (publications, revue).
- un centre de documentation et de recherche : le Centre national du livre pour enfants.
Si, en 1963, la Joie par les livres s'était donné comme objectif de favoriser la création de bibliothèques pour enfants - mission accomplie -, en 1982, elle s'oriente vers de nouvelles missions : développer l'idée que la bibliothèque pour enfants devrait être partout le lieu de la réflexion, de l'information sur le livre et la lecture, y compris audio-visuelle, un lieu ouvert à tous, non plus seulement aux enfants mais aussi aux parents, enseignants, travailleurs sociaux, qui doivent prendre conscience qu'eux aussi ont un rôle à jouer pour que les enfants accèdent à une lecture personnelle ; il faut donc agir sur la formation à tous les niveaux pour permettre aux bibliothécaires de s'affirmer au delà de tout corporatisme comme des spécialistes de la lecture, ayant certes des compétences spécifiques mais aussi un sens de la collaboration et du service public, un goût pour la transmission d'expériences, une capacité de se renouveler puisque le public change, une volonté de sortir des murs et de la routine pour chercher les enfants là où ils sont, là où ils expriment leurs intérêts et rencontrer les adultes qui vivent avec eux.
Conformément à la mission qu'elle s'était donnée, la bibliothèque de Clamart a perdu son caractère exceptionnel. Depuis le début des années 70, les créations de sections pour enfants sont nombreuses. La bibliothèque publique avec sa section pour enfants est désormais comprise dans tout projet d'urbanisme et d'aménagement de quartier.
En 1965, la bibliothèque pour enfants de la Cité de la Plaine à Clamart accueillait des enfants venus parfois de banlieues lointaines. Elle peut maintenant, grâce au développement des bibliothèques clamartoises, limiter son champ d'action à la Cité de la Plaine et à une cité voisine. Le travail y est certes difficile mais particulièrement intéressant parce que la Cité de la Plaine, ainsi que la Cité de Bourgogne, ont leurs équivalents auprès de toutes les villes. L'une est une cité dortoir type, l'autre est une sorte de cité de transit. L'une est habitée par une population ouvrière avec une forte proportion d'enfants maghrébins, l'autre par des familles en grande difficulté. Comment donner de manière efficace et durable le moyen d'accéder à toutes formes de lecture et d'information à des publics qui en sont trop souvent exclus ? C'est là tout un programme de recherche à mener de toute urgence. Des expériences en France et à l'étranger et spécialement dans certains pays en développement, sont à étudier, ainsi que celles de pays voisins, comme la Grande-Bretagne dont les habitudes de lecture séculaires semblent sérieusement bouleversées par l'afflux de populations étrangères venues de pays dans lesquels l'écrit n'a pas le même statut.
Le lien de la Joie par les livres avec l'étranger devrait nourrir de manière essentielle sa réflexion pour un travail local au service d'un public mal connu.
Toute bibliothèque se doit d'être expérimentale. Elle doit non seulement mener des expériences au service de son public, mais aussi évaluer constamment les actions entreprises et les remettre en question. Ce caractère pilote attribué plus particulièrement à la bibliothèque de Clamart l'oblige à la fois à une grande exigence et à beaucoup de prudence. Un exemple : dans le tout début des années 70, un grand nombre de sections enfantines se lançaient à corps perdu dans des activités systématiques d'animation, sans trop savoir pourquoi. Ainsi, il paraissait normal de toujours faire peindre les enfants après l'heure du conte. Pourquoi ? Simplement « parce que ça se fait à Clamart ». On remarquait aussi un certain acharnement pour développer des programmes d'animation si rassurants pour les adultes, mais qui finalement pouvaient faire obstacle à ce qui reste la mission première de la bibliothèque : accueillir les enfants, être à l'écoute de leurs questions, leurs intérêts, leurs curiosités, pour trouver avec eux le type de lectures dont ils ont besoin, favoriser l'échange, l'expression qui permettent à chacun de s'approprier une expérience nouvelle, une découverte, et aller ainsi plus avant dans sa connaissance des autres, du monde et de soi-même. Pour éviter le développement inconsidéré d'animations plaquées, la bibliothèque de Clamart, en 1973, a entrepris une véritable réflexion sur la fonction de l'animation et le rôle de la bibliothèque dans la cité.
Actuellement, la bibliothèque s'est donné pour mission principale d'étudier la place des techniques nouvelles dans une bibliothèque pour enfants, non seulement l'audio-visuel mais aussi l'informatique. Parallèlement, elle met l'accent sur le travail avec les adultes de la Cité et plus particulièrement ceux qui se préoccupent de la petite enfance (jeunes parents, enseignants, assistantes maternelles, nourrices, pédiatres, etc.). L'objectif est d'engager le maximum de la population adulte de Clamart et non plus seulement le monde scolaire dans la découverte de ce que peut être la lecture des enfants. Comment établir une véritable coopération dans une connaissance partagée des ressources de la bibliothèque, une utilisation adaptée à l'attente des enfants, une réflexion collective sur la pédagogie de la lecture ?
La formation
La bibliothèque de la JPL, a eu, dès ses débuts, une mission de formation. Dès 1964, lorsqu'elle organise le premier groupe de lecture critique chargé d'examiner la production pour enfants, elle propose en quelque sorte aux bibliothécaires une formation adaptée à l'évolution des enfants et à celle de l'édition puisque cette formation se pratique entre bibliothécaires en contact quotidien avec des enfants qui choisissent leurs propres lectures ; les membres des groupes de lecture apprennent leur métier en comparant, confrontant, analysant de manière critique. Ce groupe d'une dizaine de personnes s'élargit ensuite pour s'implanter rapidement dans la plupart des grandes bibliothèques publiques, municipales ou centrales de prêt. De cette étude pragmatique naît le besoin d'un soutien technique apporté par la JPL sous forme de listes de travail brièvement annotées. Ces groupes s'ouvrent aussi à des non-bibliothécaires, enseignants, parents, libraires. Tous souhaitent en savoir plus sur la littérature enfantine et c'est ainsi que naît en 1967, dans le bureau exigu de l'avenue du Maine, le premier cours de la Joie par les livres. En 1969, il s'organise, s'ouvre largement. Il s'agit de véritables cycles de formation dont Isabelle Jan et sa collaboratrice Marion Durand, animatrices l'une et l'autre d'une émission hebdomadaire sur France Culture, seront les plus solides soutiens. Elles intéressent à la littérature enfantine de nombreux chercheurs venus d'horizons très divers qui donnent à cette discipline toute nouvelle la possibilité de devenir enfin un domaine digne d'intérêt. Beaucoup de conférences sont ensuite publiées dans la Revue des livres pour enfants. Après douze ans d'existence, et un an de répit, ces conférences reprennent cette année sous une nouvelle forme. Elles se répartissent en deux cycles correspondant à deux niveaux de demandes et à deux modes de travail. L'un, plus élémentaire, reprend les questions de base sous forme d'une suite de conférences ouvertes à ceux qui découvrent les livres et la presse pour enfants. L'autre consiste en des journées de travail avec conférences suivies de travaux dirigés par petits groupes.
La Joie par les livres développe de plus en plus son secteur de formation. Elle est chargée par l'ENSB (École nationale supérieure de bibliothécaires) de l'organisation de l'option jeunesse du CAFB (Certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaire) : élaboration des programmes, des dossiers et autres instruments de travail. Elle forme aussi depuis plusieurs années les formateurs de cette option. De manière générale la JPL cherche à diversifier les formations pour donner une réponse mieux adaptée aux différents contextes. Certains stages comme ceux qui préparent les bibliothécaires à raconter sont ouverts à des non-bibliothécaires, en particulier à des membres de l'association l'Age d'or de France qui désirent apprendre à raconter et mettre ensuite leurs compétences au service des enfants fréquentant les bibliothèques. De même, cette année, un stage accueille à la fois des bibliothécaires formateurs et des professeurs d'Ecole normale ainsi que des Inspecteurs généraux de l'éducation nationale (IDEN). Ces stages mixtes sont certainement plus riches et préparent déjà au travail en commun autour de la bibliothèque et de la lecture.
Comme d'autres bibliothèques, la JPL accueille des stagiaires pour une durée de 6 semaines. Elle répond aussi à de nombreuses demandes de formation adressées par des groupes professionnels variés (bibliothécaires, enseignants, libraires, vendeurs de la FNAC), ainsi que par des associations culturelles. La formation va d'un simple travail de sensibilisation à de véritables stages. Ces demandes émanent de toute la France et de plus en plus souvent de l'étranger. Elles obligent donc le personnel de la JPL à de nombreux déplacements. C'est pour mieux répondre à ces demandes dispersées que la JPL a commencé un travail de régionalisation et tente de rendre plus systématique la formation de relais. C'est dans ce sens que s'oriente le travail de l'Association des amis de la JPL. De même, elle crée avec l'aide du FIC (Fonds d'intervention culturelle) des outils audio-visuels de formation qui donnent aux bibliothécaires locaux le moyen d'animer des stages ou des sessions de réflexion sans nécessairement faire appel aux bibliothécaires de la JPL.
L'information
Les publications sont en constante évolution. La plus ancienne, La Revue des livres pour enfants, au fil des années a modifié sa formule. Initialement, simple juxtaposition d'analyses critiques, elle a tenu compte de la floraison de sélections publiées par les groupes de lecture répartis maintenant dans toute la France 1. Ces groupes publient souvent les résultats de leurs travaux, des listes sélectives et annotées qu'ils distribuent largement auprès de leur public. La Revue des livres pour enfants s'oriente donc davantage vers la publication d'articles de fonds. Elle propose aussi une rubrique sur les livres scientifiques réalisée grâce à un contrat d'étude passé avec l'Etablissement public du Parc de La Villette. Ces livres seront désormais analysés par des spécialistes des différentes disciplines, par des enseignants et des bibliothécaires capables d'évaluer l'accessibilité des documents analysés. La Joie par les livres vient d'organiser pour eux une rencontre de trois jours qui a permis la confrontation des critères de sélection de chacun en prenant comme thème : l'énergie et le corps (voir supplément de La Revue des livres pour enfants n° 87, Sciences techniques jeunesse).
La Joie par les livres publie d'autres types d'instruments bibliographiques, en particulier trois catalogues 2 remis périodiquement à jour. Ces catalogues ont été élaborés pour répondre à la demande d'équipes pédagogiques désireuses d'implanter dans leur école une bibliothèque centre documentaire. Ils offrent donc pour les trois principaux genres d'ouvrages figurant dans les bibliothèques une liste organisée et annotée en termes simples, accessibles aux jeunes lecteurs. Ils proposent cotes, niveaux de lecture et index. Une signalisation met en valeur les livres particulièrement importants.
Ces catalogues permettent aux petites bibliothèques de faire l'économie d'un catalogue sur fiches ; ils sont pour les enfants et les jeunes un véritable outil bibliographique. Parents, enseignants, bibliothécaires les utilisent pour s'orienter dans leurs achats ou leurs lectures.
Il serait trop long d'énumérer les autres sélections. Elles sont parfois publiées sous forme de signets, souvent sous forme de dépliants bibliographiques qui permettent à de petites collectivités d'organiser des expositions, ces listes étant alors largement distribuées en guise de catalogue.
D'autres dépliants s'adressent au monde de la petite enfance, assistantes maternelles, centres de protection maternelle et infantile, etc.
La Joie par les livres essaie de faire connaître les autres instruments d'information et de sensibilisation mis au point par d'autres organismes. Parfois elle réalise elle-même des expositions itinérantes (livres japonais, livres allemands). Ces dernières années, la Joie par les livres a organisé aussi des expositions destinées soit au très grand public comme celle réalisée en 1978 avec le Centre Pompidou (plus de 200 000 entrées) ou encore au public des villes de petite et moyenne importance qui souvent n'ont pas les moyens d'organiser leurs propres expositions. Ainsi, la Joie par les livres a monté en 1980 une exposition intitulée « Mais qu'est-ce qui les fait donc lire comme ça ? ». Avec ce titre facétieux, elle entendait proposer au grand public, inquiet de l'apparent manque d'intérêt des enfants pour la lecture, une sélection de livres très lus dans les bibliothèques. L'exposition réalisée en cinq exemplaires a largement circulé dans toute la France. Elle circule encore.
Ces dernières années, un immense pas a été fait : les bibliothèques pour enfants sont davantage reconnues par le grand public. La presse fait constamment appel à la Joie par les livres et celle-ci se rappelle à sa mémoire aux moments où le grand public s'intéresse aux achats pour enfants. Anne Gaillard, pour ses émissions mémorables, a fait dans ses débuts appel à la Joie par les livres. De même, Anne-Marie Peysson ; un membre de la Joie par les livres a été amené à répondre sur RTL à des parents ne fréquentant pas d'ordinaire les bibliothèques. Tout est occasion pour faire découvrir que les bibliothèques sont là non seulement pour prêter, mais aussi pour conseiller, ce que trop de Français ignorent encore.
Le Centre national du livre pour enfants : documentation et recherche
Le Centre de documentation du livre pour enfants, appelé désormais Centre national du livre pour enfants, s'est beaucoup développé ces dernières années. Il est, depuis février 1982, installé provisoirement au 8, rue Saint-Bon, pour les collections générales, et au 4, rue de Louvois pour les collections techniques et scientifiques. Ouvert à tous les publics, il propose, grâce aux services de presse des éditeurs et à l'aide du service des échanges internationaux de la Bibliothèque nationale, la quasi totalité de la production française depuis 1970. Il réunit également une collection internationale sélective établie avec l'aide d'experts de différents pays. Cette collection, dont certains éléments sont parfois mis à l'épreuve à la bibliothèque de Clamart, sert à l'information des éditeurs (en vue de traductions), des bibliothécaires et enseignants qui demandent des listes de livres correspondant, soit aux langues enseignées, soit aux minorités culturelles représentées dans leur public.
Le Centre propose également une vaste collection d'ouvrages et de périodiques professionnels français et étrangers sur la littérature enfantine, la lecture et les bibliothèques ; il constitue également des dossiers, au fur et à mesure des questions posées.
Le Centre national du livre pour enfants travaille en relations avec d'autres organismes rassemblant des publications pour enfants, en particulier l'Heure joyeuse qui possède une précieuse collection historique, mais aussi le Centre national de documentation pédagogique.
La Joie par les livres s'intéresse à la création de centres spécialisés comme la collection Ungerer en Alsace, Samivel à Nice, Sendak au Plessis-Robinson, Jules Verne à Nantes, etc., ou encore à la Bédéthèque de la rue Letellier dont la vie fut trop brève.
Actuellement, plusieurs régions souhaiteraient développer un centre régional de la Joie par les livres. Un centre se met en place dans la région Nord - Pas-de-Calais. Il propose un lieu de documentation travaillant étroitement avec le Centre national du livre pour enfants, un lieu de formation et de recherche, qui devrait élaborer pour la région divers instruments de travail, bibliographies, expositions itinérantes, bibliothèques témoins.
L'établissement public du Parc de La Villette ayant chargé la Joie par les livres d'étudier les documents scientifiques pour jeunes (imprimés, audio-visuel, banque de données) et leur accès dans la future médiathèque, le Centre national du livre pour enfants approfondit sa recherche dans ces domaines. Elle coordonne des expériences d'accès à la documentation scientifique dans différentes bibliothèques et organise un travail d'analyse critique de ces documents dont les résultats sont publiés au fur et à mesure dans La Revue des livres pour enfants.
Autre terrain d'expérience, la collaboration avec les écoles et plus spécialement la promotion de bibliothèques centres documentaires dans les écoles maternelles et élémentaires.
En 1974, des chercheurs de l'Institut national de recherches pédagogiques demandèrent à la Joie par les livres de s'associer à eux pour amorcer un mouvement en faveur de véritables bibliothèques en milieu scolaire. Ainsi fut créée l'ADACES, Association pour le développement des activités culturelles dans les établissements scolaires, très sollicitée comme la Joie par les livres, pour aider les équipes pédagogiques à constituer leur collection, à l'organiser et à réfléchir aux questions pédagogiques liées à l'apprentissage de la lecture.
D'autres collaborations importantes devraient être mentionnées comme celle qui est menée avec l'Age d'or de France ou le mouvement ATD (Aide à toute détresse) - Quart Monde. L'une et l'autre enrichissent la vie des bibliothèques pour enfants. Avec la première, les bibliothécaires découvrent que souvent dans leur quartier ils peuvent faire appel à des personnes à la fois disponibles pour raconter et désireuses de se perfectionner dans l'art du conte. Avec le deuxième, ils découvrent des méthodes d'approche d'un public difficile, presque toujours négligé, mais qui a certainement besoin plus que d'autres d'être aidé dans la découverte des livres et des autres biens culturels.
Enfin, le Centre national du livre pour enfants est en relation étroite avec les autres centres nationaux du livre pour enfants qui se développent actuellement dans différentes régions du monde. Il aide certains à naître. Il collabore étroitement avec d'autres pour élaborer des instruments de travail (Caracas, Bogota, etc.).
La Joie par les livres est sollicitée par différents organismes désireux de créer des prix. Le plus important est certainement le Grand prix du livre pour enfants organisé par la Fondation de France sous la présidence de Françoise Chandernagor.
De même, la Joie par les livres est partie prenante dans l'organisation de grandes manifestations, comme le Salon du livre. Pour celui de 1983, elle a été chargée par le Syndicat national de l'édition d'organiser la première journée internationale qui aura lieu au Grand Palais sur le thème : apprendre à lire, aimer lire. Des spécialistes venus de tous les coins du monde viendront faire part de leurs recherches et de leurs expériences.
Enfin, la responsable de la Joie par les livres est chargée de présider une nouvelle commission du Centre national des lettres, commission d'aide et de soutien à l'édition pour la jeunesse.
Un travail international
Dès 1964, la Joie par les livres a tenu à inscrire son travail dans un contexte international. Les premières collections étrangères de la bibliothèque ont été établies avec l'aide d'experts de différents pays. Les livres choisis, proposés aux enfants, ont souvent fait l'objet de traductions ou plus simplement ils figurent dans des listes bibliographiques à l'intention des bibliothécaires.
Le travail international de la Joie par les livres s'est beaucoup développé ces dernières années, au sein de l'Union internationale du livre pour la jeunesse (UILJ). Cette association réunit dans chaque pays, dans le cadre de sections nationales, des personnalités très diverses s'intéressant aux livres pour enfants, auteurs, éditeurs, chercheurs, bibliothécaires, etc. Tous les deux ans, l'UILJ décerne ce qu'on appelle désormais le « Nobel de la littérature enfantine », le prix H.C. Andersen. Chaque section nationale essaie de développer la connaissance de la production de son pays et sa promotion au niveau international. Actuellement la section française est présidée par Jean Gattegno, et le secrétariat en est assuré par la Joie par les livres.
Quant à l'IFLA (Fédération internationale des associations de bibliothécaires et des bibliothèques), la responsable de la Joie par les livres participe depuis longtemps à ses travaux. Elle préside la section des bibliothèques pour enfants, et, en tant que telle, a été chargée d'organiser en 1981 le premier séminaire IFLA-UNESCO consacré aux bibliothèques pour enfants dans les pays en développement. C'est cette même section qui, actuellement, anime un groupe de travail sur les centres nationaux de documentation servant la recherche sur la littérature enfantine.
Si dès 1965, les contacts de la Joie par les livres étaient orientés vers une collaboration avec les pays développés 3, maintenant, la Joie par les livres collabore de façon très étroite avec un certain nombre de régions en développement, La Réunion, l'Ile Maurice, certains pays d'Afrique, mais surtout avec l'Amérique latine. Elle conçoit actuellement l'établissement d'un thésaurus avec le Centre de documentation de Caracas. Ce thésaurus devrait servir ensuite d'instrument pour les autres centres de documentation du monde entier.
De même, le CERLAL (Centro regional para el fomento del libro en America latina y el Caribe), organisme latino-américain pour le développement de la littérature enfantine (Bogota) travaillant en étroite relation avec l'UNESCO, demande à la Joie par les livres d'organiser la formation de professionnels du livre pour enfants venant essentiellement d'Amérique Centrale.
Il semble, en effet, que les méthodes de travail de la Joie par les livres intéressent vivement les pays en voie de développement, dans la mesure où les bibliothèques pour enfants en France sont de création relativement récente. Elles ont dû trouver ces dernières années des réponses certainement mieux adaptées aux pays en développement que celles qui sont habituellement proposées par les collègues anglo-saxons vivant dans des pays à tradition de lecture déjà ancienne.
C'est ainsi que la formule de la Joie par les livres, qui concilie pratique sur le terrain, recherche, diffusion des travaux de sélection, information du grand public, semble correspondre à ce que demandent les pays en développement.
En échange, les bibliothécaires de la Joie par les livres apprennent beaucoup de ces contacts avec l'étranger et tout particulièrement avec les pays en développement. Les priorités que la Joie par les livres s'est fixées pour les années à venir correspondent aux thèmes de recherche étudiés par l'IFLA : accès des plus démunis au livre pour enfants, l'enfant face aux techniques nouvelles dans les bibliothèques, l'accès de l'enfant pré-scolaire aux livres et aux bibliothèques. Ces objectifs sont partagés à la fois par les pays en développement qui luttent pour susciter l'intérêt pour la lecture à l'école et hors de l'école et nos pays industrialisés qui ont, eux aussi, tout un public qui n'accède pas normalement au livre. L'acuité des problèmes qui se posent aux bibliothèques des pays en voie de développement les oblige à inventer en permanence des formules qui montrent que le livre et la lecture peuvent avoir un caractère vital qui va bien au-delà de la réussite des projets scolaires. Cela nous concerne tous.