Bibliographie des oeuvres de Marina Cvetaeva

par Françoise de Bonnières
établie par Tatiana Gladkova et Lev Mnukhin. - Institut d'études slaves, 1982. -360 p. ; 25 cm. - (Bibliothèque russe de l'IES : série Écrivains russes en France ; 61.)
ISBN 2-7204-0177-3.

établie par L. Dienes. - IES, 1982. - 64 p. ; 25 cm. - (Bibliothèque russe de l'IES : série Écrivains russes en France ; 62.)
ISBN 2-7204-0182-X.

établie par René Guerra. - IES, 1982. - 168 p. - (Bibliothèque russe de l'IES : série Écrivains russes en France ; 63.)
ISBN 2-7204-0183-8.

Il n'est plus nécessaire de présenter aux lecteurs du Bulletin des bibliothèques de France la série « Écrivains russes en France », publiée par l'Institut d'études slaves ; j'ai déjà eu l'occasion, sur les colonnes de ce Bulletin 1, d'en souligner l'intérêt. Cette année 1982 voit la collection s'augmenter de trois précieux volumes, respectivement consacrés à M. Cvetaeva, G. Gazdanov et B. Zajcev, écrivains qui semblent n'avoir guère en commun que le fait d'avoir vécu un certain temps dans notre pays.

La poétesse M. Cvetaeva, présentée par T. Gladkova et L. Mnukhin dans un important volume, a sans doute eu la destinée la plus tragique. Après la Révolution et les premiers temps du pouvoir soviétique, ce sont les années passées en France (1926-1939) très dures matériellement et psychologiquement, car elle n'est pas appréciée du public russe de Paris, puis le retour en URSS où elle se suicide en 1941, et où maintenant elle fait presque l'objet d'un culte dans certains milieux. L'étude que nous avons ici se distingue un peu des bibliographies de la même série. Tout d'abord, aux trois parties traditionnelles, œuvres parues dans des livres, dans des recueils, et dans des périodiques, vient s'ajouter une quatrième subdivision qui regroupe les lettres, partie importante de l'œuvre de Cvetaeva. D'autre part, on ne peut s'empêcher d'être frappé par le nombre de traductions qui ont été faites de ses poésies, témoignant d'un incontestable rayonnement aussi bien en Europe occidentale que dans les pays slaves.

Très différent fut le sort de G. Gazdanov. Issu d'une famille russe d'origine ossète, engagé à 16 ans dans l'Armée blanche, évacué, il aboutit en 1923 à Paris où il vivra presque jusqu'à la fin de ses jours (1971). D'abord manœuvre, clochard même un hiver, puis chauffeur de taxi de nuit, il fait connaissance des bas-fonds de Paris, qu'il évoquera dans ses œuvres. A partir de 1953, l'acceptation d'un poste de rédacteur à Radio-Liberté améliore sa situation matérielle, mais entraîne la réduction de son activité littéraire. Il est intéressant de savoir que L. Dienes, en même temps que la bibliographie qu'il publie à l'Institut d'études slaves, consacre à ce même auteur une étude plus littéraire : Russian literature in exile, the life and works of G. Gazdanov. - München, Sagner, 1982 (Slavistische Beitrage ; 154).

B. Zajcev, dont les débuts littéraires remontent à 1901, est d'abord l'un des écrivains du « Siècle d'argent » de la littérature russe. La Révolution est déterminante pour son évolution spirituelle, faisant naître en lui l'idée fondamentale que tout ce qui se passe est l'expiation des fautes accumulées par plusieurs générations. Il émigre, et arrive en 1924 à Paris, où il continuera son œuvre dont l'orientation religieuse et chrétienne est de plus en plus marquée. R. Guerra, auteur de cette bibliographie des œuvres de Zajcev, a eu le privilège de connaître personnellement « son » écrivain pendant de longues années : c'est dire qu'il était le mieux placé pour le travail de recensement qu'il a effectué. Son introduction témoigne d'une profonde compréhension de l'écrivain Zajcev, et, jointe à la chronologie de la vie de Zajcev, a aussi le mérite de nous apprendre de nombreux détails peu connus sur les milieux de l'émigration russe en France.