La lecture publique hier et aujourd'hui

Un colloque franco-helvétique à l'École de bibliothécaires de l'Institut d'études sociales de Genève

L'Ecole de bibliothécaires de Genève a organisé les 6 et 7 mai un séminaire consacré aux problèmes de la lecture publique. Placé sous le signe de l'amitié franco-suisse et de la coopération professionnelle, il a rassemblé une quarantaine de bibliothécaires venus des différents cantons romands et les vingt-cinq élèves de la seconde année de l'Ecole. Il a été animé par M. Noë Richter, conservateur en chef, et par Mme Brigitte Richter, directrice de la Bibliothèque centrale de prêt de la Sarthe, avec la participation des enseignants de l'Ecole. Les interventions ont été conçues dans un esprit de dialogue et d'échange afin de laisser une large part aux interventions des bibliothécaires suisses, qui ont complété et enrichi les exposés en analysant les différentes périodes et les différents aspects de l'histoire et des réalités présentes des institutions helvétiques de lecture.

La première journée a été consacrée aux origines, à l'idéologie et au développement des institutions de lecture de masse. Après un rappel de l'origine de la bibliothèque populaire dans le projet philanthropique de régénération du peuple conçu au cours du dix-huitième siècle, l'exposé et le débat ont montré la convergence des efforts des pouvoirs publics, des associations d'instruction populaire et des organisations ouvrières pour créer, en France comme en Suisse et dans tous les pays développés, des institutions de lecture qui tendent aujourd'hui à se normaliser et à s'intégrer dans des ensembles nationaux coordonnés par des administrations ou des services communs. La seconde journée a été consacrée aux problèmes de l'information et de l'animation. Ces deux activités ont été liées par la formulation même du thème proposé qui s'articulait sur deux questions : l'information du public peut-elle être conçue comme une étape vers l'animation ? L'animation est-elle un moyen de faire accéder au livre, à l'équipement-bibliothèque, et de s'approprier le patrimoine culturel ? La première a permis de distinguer des notions souvent confondues dans la réflexion bibliothéconomique (publicité, accueil, information sur la bibliothèque, information sur le contenu des livres) et d'étudier sous une forme concrète les instruments et les méthodes de l'information. La seconde a introduit une distinction essentielle entre l'animation de la bibliothèque, l'animation autour du livre et l'animation du livre. C'est cette dernière qui a polarisé l'attention des participants. Ses différentes modalités (heure de conte, veillée-lecture, montage de lecture) et ses prolongements (rencontre avec les auteurs, exposition, cycle culturel intégré à l'animation générale de la collectivité) ont suscité un intérêt d'autant plus vif que la pratique de la lecture collective semble encore peu répandue dans les bibliothèques suisses.