Jahrbuch der Auktionspreise für Bücher, Handschriften und Autographen

Une bonne connaissance des cours pratiqués dans les ventes publiques de livres n'est pas seulement utile aux collectionneurs, aux bibliophiles et aux libraires, mais elle permet aussi aux bibliothèques d'étude et de conservation de se guider dans leurs acquisitions rétrospectives. Les résultats de ces ventes sont dispersés, mais plusieurs annuaires nationaux les rassemblent. L'un des plus importants est le Jahrbuch der Auktionspreise. Le présent volume regroupe les résultats de 45 ventes qui se sont déroulées en Allemagne, Autriche, Belgique, Pays-Bas et Suisse au cours de l'année 1979 ; il est plus ample que le volume précédent. Il se compose de trois parties, chacune classée alphabétiquement (imprimés, manuscrits, autographes), contenant respectivement 32 000, 400 et 5 000 notices.

Ces notices sont évidemment sommaires, mais un jeu d'abréviations (résolues en début d'ouvrage) permet d'apprécier ce qui influe sur la valeur des volumes vendus : reliure, édition originale, envoi d'auteur, référence bibliographique, etc. Chacune est suivie du montant de l'enchère ; les monnaies autres que le Deutsch Mark sont précisées. Ne sont retenus que les volumes vendus 100 DM ou plus. A titre de comparaison, rappelons que le Mark représentait environ 2,33 francs français en 1979.

Feuilleter un tel volume permet d'apprécier l'évolution (ou la stabilité) du marché en voyant à quels domaines s'appliquent les cours les plus élevés. Pour les livres imprimés, 650 numéros ont atteint ou dépassé 5 000 DM (ou l'équivalent). La remarque que nous avions faite en analysant les annuaires de 1966 et 1973 1 peut être réitérée : la plupart des cotes élevées concernent des ouvrages illustrés, de toutes époques d'ailleurs, depuis les incunables jusqu'aux livres de peintres contemporains : 92 000 DM pour un Ptolémée de Rome (1478), 80 000 pour un missel imprimé et décoré pour François Ier (Paris, 1517), 81 000 pour le Thesaurus philo-poeticus de Meisner (1625/28), 150 000 pour le Hortus Eystetterzsis de Besler (1713), 92 000 pour les Liliacées de Redouté (1802/1816), 84 000 et 66 000 francs suisses respectivement pour les Fables de La Fontaine et Daphnis et Chloé illustrés par Chagall, etc. Dans ce domaine, les atlas et les topographies suscitent aussi des cotes élevées, tels les ouvrages de Blaeu, Bodenehr, Mercator, Merian, Ptolémée, Visscher, etc. Les provenances et les mentions manuscrites ont donné des cotes moins élevées, sauf pour une Bible luthérienne de 1541, avec des inscriptions manuscrites de Luther, Melanchthon et d'autres, qui a atteint 250 000 florins. Les incunables qui ne sont intéressants que par leur texte dépassent rarement les 10 000 DM (12 000 pour une Imitation en français, Paris, 1494), sauf 71 000 DM pour la seconde Bible en allemand (1470). Il en est de même pour les éditions originales ; si celle du Capital atteint 28 500 DM, et celle de l'Institutio de Calvin, 28 000, on n'en trouve guère d'autres au-dessus de 10 000 DM.

Au chapitre des manuscrits, 46 numéros sur 400 ont dépassé les 5 000 DM ; ce sont généralement des manuscrits enluminés du XVe ou du XVIe siècle : 100 000 DM pour un Flavius Josèphe italien, 79 000 pour des Heures du Nord de la France, 70 000 pour un recueil allemand de prières, 67 000 pour un psautier westphalien, 62 000 pour un missel italien, etc. Sur 3 250 numéros d'autographes, 140 ont dépassé 5 000 DM ; ici ce sont les compositeurs qui établissent les meilleurs scores : 110 000 et 70 000 DM pour Mozart, 55 000 pour Schubert, 54 000 pour Beethoven, 30 000 pour Haydn ; une page d'Hôlderlin a atteint aussi 52 000 DM. A la fin, quelques reliures ont été mises à part : 30 reliures de Kurt Londenberg, vendues de 750 à 8 250 DM et, surtout, une reliure romane d'orfèvrerie, vendue à Hambourg en décembre 1979 pour la coquette somme de 570 000 DM, ce qui clôt le volume de façon éclatante.