La société malade de ses communications ?
Gérard Métayer
L'auteur, ingénieur de formation, soutient que le développement illimité de l'informatique et des communications risque de transformer l'homme en « robot pensant » (l'expression est du préfacier), et bien audacieusement aujourd'hui où, pour citer encore François Billetdoux, « le dictionnaire des idées reçues sème à tout vent », que « l'homme ne cesse d'inventer des prothèses en substitut à ses relations perdues avec l'invisible ».
A la « communication solidaire » qui correspondrait à la satisfaction des besoins et des données (« Eros »), l'auteur oppose la « consommation solitaire » dans la société dévorée par « Chronos », où les fonctions essentielles des sociétés pré-industrielles : habiter, travailler et parler, ont perdu leur signification culturelle immédiate, et où l'auteur dénonce le développement d'une pathologie relationnelle, expression d'une « pulsion de mort » (« Thanatos ») de nature sociale. La prolifération de la « communicatique » ne tendrait qu'à accélérer la dégradation des réseaux de communication humains. C'est que les « merveilleux instruments » de l'innovation technologique auraient pour rôle majeur de « supporter des stratégies de pouvoir politique» : le pouvoir de communiquer serait « confisqué » par une minuscule fraction du corps social. C'est la raison du ton polémique, souvent violent, de ce livre où l'auteur a tenté, dit-il, de « concilier mouvement du cœur et démarche de la raison ».