Les réformes de l'écriture chinoise
John T.S. Chen
La réforme de l'écriture chinoise est un sujet qui, faute de trouver une solution satisfaisante, ne cesse d'être d'actualité. Depuis trop longtemps, l'écriture chinoise traditionnelle est placée sur la sellette par les autorités de la Chine communiste pour douter de leur volonté de réforme radicale ; mais depuis trop longtemps aussi pour affirmer qu'une solution vraiment neuve verra jamais le jour.
Toutes trois d'origine chinoise, les écritures coréenne, japonaise et vietnamienne ont rejeté l'une après l'autre le modèle ancien. Elles ont réussi leur adaptation. Pourquoi pas l'écriture chinoise ? Une bonne présentation de la langue parlée permettra de mieux situer le problème.
Toute réforme de l'écriture chinoise, et en particulier l'adoption d'une écriture phonétique bute sur un double obstacle : la pauvreté chronologique, qui entraîne une multiplication des homophones et les grandes variations dialectales interrégionales.
Ce sont ces caractéristiques mêmes qui expliquent le recours à une écriture idéographique, en usage depuis deux mille ans. Les recherches pour triompher de ces difficultés se poursuivent depuis 1949 dans trois directions : la simplification des caractères existants ; la standardisation de la langue parlée, condition sine qua non de la phonétisation de l'écriture ; la mise au point d'un alphabet phonétique.
Le pinyin est actuellement le produit le moins imparfait de ces recherches. Mais en réalité, il n'y a là rien de bien neuf, car le premier point - la simplification des caractères - ne fait que reprendre les recettes des lettrés de tous les âges en quête de rapidité. Quant à la phonétisation de l'écriture, elle a connu son impulsion initiale dès le XVIIIe siècle, grâce aux jésuites. Aussi la conclusion de l'auteur est-elle négative : les linguistes chinois n'ont fait que suivre les voies du passé. Ils n'ont rien créé.