Les guerres grises

résistance et révoltes en Angola : 1845-1941

par Paule Brasseur

René Pélissier

René Pélissier

René Pélissier

Orgeval : Éd. Pélissier, 1977. - 630 p. : ill. ; 24. cm.

Orgeval : Éd. Pélissier, 1977. - 727 p. : ill. ; 24 cm.

Orgeval : Éd. Pélissier, 1979. - 297 p. ; 24 cm.

Les deux premiers volumes représentent la thèse de doctorat d'État de l'auteur. Il s'agit d'un travail tout à fait nouveau et original, qui n'a son équivalent nulle part et est particulièrement précieux pour la France, où l'histoire de l'Angola est incroyablement mal connue. Il repose sur les seules sources écrites accessibles, c'est-à-dire portugaises, opportunément complétées par des informateurs locaux ; surtout la lecture des archives portugaises a été faite d'un œil critique, tandis que la plume de l'historien ordonnait, classait et mettait admirablement en valeur cette documentation exceptionnelle, grâce à une érudition sans faille et une grande rigueur scientifique.

Les Guerres grises est le long récit de la difficile conquête de l'Angola par le Portugal. De Luanda et du Benguela, petits territoires côtiers, utilisés surtout pour la traite des esclaves, le Portugal décida à partir de 1850 de s'emparer de l'arrière-pays. Mais cet hinterland résista pied à pied et l'armée portugaise, attaquée de-ci, de-là, resta plus ou moins sur le pied de guerre jusqu'au début de la deuxième guerre mondiale. La Lunda fut soumise entre 1894 et 1926 ; le royaume Umbundu entre 1890 et 1904 ; la conquête du sud du pays contre les Ovumbo et les Humbe se déroula de 1885 à 1915 ; une grande révolte éclata dans le Nord autour de Sâo Salvador en 1913-1915 ; la dernière résistance des Cuvale (Herrero) ne fut brisée qu'en 1940-41. Il n'y eut pas de résistance d'ensemble et chaque ethnie se défendit seule.

La Colonie du Minotaure analyse les conceptions coloniales du Portugal, colonisation de pauvres, doués d'un immense appétit, et d'aventuriers, sur lesquels la métropole ne put exercer qu'un contrôle très virtuel. Face au colonisateur (80 000 en 1960), deux groupes d'importance très inégale, les Métis (environ 50 000 à la même date) et les Noirs (4 600 000, soit 95 % de la population). Les Métis, surtout dans les villes, collaborèrent longtemps à une administration lourde, pesante, souvent corrompue. C'est dans leur groupe que prit naissance le nationalisme moderne et les mouvements de résistance, voués d'abord à l'échec en raison des rivalités dues à des problèmes de personnes. L'UPA (Union des populations [du Nord] de l'Angola), essentiellement Bacongo, créée en 1954, et le MPLA (Mouvement populaire de libération de l'Angola), marxiste, né en 1956, se structurèrent en 1960, année de l'indépendance du Congo belge voisin. En 1961, l'Angola fut le théâtre d'un violent soulèvement, rapidement et durement réprimé : à Luanda d'abord, puis dans la Baixa de Cassange, contre les abus de l'exploitation du coton ; enfin dans la région du Nord-Ouest une véritable guerre du café fut caractérisée par une explosion raciste et le massacre des Blancs.

Ces deux ouvrages, d'une lecture agréable pour le non spécialiste, sont remarquablement structurés par ailleurs pour servir aisément d'ouvrages de référence et complétés de tableaux statistiques, diagrammes, cartes, d'une abondante bibliographie et d'un copieux index.

Le troisième volume rassemble une série d'articles parus dans diverses revues qui, du fait même des circonstances dans lesquelles ils ont été écrits, n'ont pas le poids des deux précédents, mais reflètent au fur et à mesure des événements (de 1961 à 1975) le point de vue très averti du spécialiste à qui les événements ont donné raison.