Dictionnaire du jazz
Hugues Panassié
Madeleine Gautier
L'œuvre de vulgarisation de la musique de jazz en France faite par le regretté Hugues Panassié est en général reconnue considérable par les spécialistes et les amateurs. Cependant, les mêmes déplorent souvent aussi chez lui après 1945-50 une fermeture d'esprit refusant toute innovation et le repli sur une chapelle (le Hot Club de France) qui, joints à une regrettable propension à l'invective et l'anathème, ont finalement considérablement réduit son influence et la portée de son travail.
Son Dictionnaire du jazz correspond tout à fait à ces deux facettes de sa personnalité. D'un côté un nombre très important de notices classées par ordre alphabétique, consacrées à des musiciens, des thèmes ou des hauts lieux du jazz, qui sont indubitablement intéressantes et pratiques à consulter, de l'autre des jugements à l'emporte-pièce (tel celui sur Miles Davis « qui a délibérément tourné le dos à la tradition musicale de sa race et qu'on peut citer en modèle de l'anti-jazz » !) dont l'agressivité virulente apparaît bien ridicule avec le recul du temps et en tout cas inappropriée dans le cadre d'un tel ouvrage de référence.
Panassié, décédé, n'a pas participé à cette 2e édition de son dictionnaire qui n'est qu'une mise à jour faite par des « fidèles » comme Jacques Pescheux ou André Doutart, qui n'ont de toute évidence pas les connaissances et la curiosité de leur mentor. Erreurs, omissions, jugements hâtifs, inexactitudes caractérisées abondent, beaucoup trop nombreuses pour être relevées ici. Si on ajoute qu'aucune bibliographie ni référence discographique précise ne figurent dans cet ouvrage, on ne peut que dresser un constat de médiocrité qui devrait inciter à la prudence les bibliothécaires et les discothécaires qui seraient tentés d'utiliser cette nouvelle édition du Dictionnaire du jazz, dont on voit plus ce qu'elle retranche à la précédente que ce qu'elle y apporte.