Les bibliothèques universitaires en Australie

John Horacek

Après une présentation de quelques données essentielles à la connaissance de l'Australie et de son histoire, l'article présente le développement, l'organisation et le fonctionnement des bibliothèques universitaires. Il aborde les problèmes de construction, de personnel, de budget et des collections ainsi que les réalisations et les projets en matière d'automatisation et de coopération

This article first introduces the main datas necessary to understand Australia and its history. It then focuses on the organization of University libraries in the past years and nowadays. It deals with the problems of construction, staff, budget and collections as well as with the projects and realizations in the fields of automation and cooperation

Pour comprendre le développement et l'état présent des bibliothèques universitaires en Australie, il faut déjà avoir quelques notions sur la géographie, la population, le gouvernement et le système d'éducation du pays. C'est la raison pour laquelle je vais développer quelques données essentielles.

D'abord on doit souligner que, bien que le pays soit vaste (environ quatorze fois la superficie de la France), sa densité de population est peu élevée, il compte à présent environ 14,5 millions d'habitants, c'est-à-dire seulement un quart de la population française.

La répartition de la population est très significative : presque 80 % se trouve dans les grandes villes, Sydney ayant 3 155 200 et Melbourne 2 717 600 habitants. La raison est qu'une grande partie de l'Australie est un désert. Le Sud-Est du continent est le plus peuplé, ce qui a de profondes implications pour le pays et pour le gouvernement. On doit ajouter que cette répartition de la population, et le fait que le gouvernement est situé à Canberra (presque à mi-chemin entre Sydney et Melbourne), a des implications psychologiques assez profondes, surtout pour les habitants de l'Ouest, qui se méfient des décisions prises si loin d'eux et sans assez de considération (à leur avis) pour leurs problèmes.

Il faut aussi se rappeler que l'Australie moderne ne compte pas plus de 200 ans d'histoire ; l'établissement d'une colonie permanente n'eut lieu que le 26 janvier 1788 et les débuts furent très difficiles. Au début du vingtième siècle, l'Australie n'avait que 3 765 000 habitants. Tout au long du vingtième siècle, on observe une augmentation régulière de la population, surtout après la deuxième guerre mondiale, quand le gouvernement introduisit un programme vigoureux d'immigration qui amena environ deux millions d'habitants, la plupart venant de l'Europe méridionale.

L'Australie, en tant que nation, est née avec le vingtième siècle ; auparavant, il y avait six colonies tout à fait indépendantes, chacune avec son propre gouvernement, et des postes de douanes aux frontières !

La fédération a effectué bien des changements et absorbé quelques-unes des responsabilités des états, par exemple la défense et la perception des impôts. Par contre les états ont gardé leur indépendance dans le domaine de l'éducation et les universités ont toutes été créées par décrets des parlements des états (avec la seule exception de l' « Australian National University », à Canberra), bien que le financement des universités dépende du gouvernement fédéral. Il existe donc une certaine tension entre le gouvernement fédéral et les gouvernements des états qui complique parfois la situation. Les universités sont des organisations autonomes, qui dépendent directement du « Universities Council » de la « Tertiary Education Commission » (émanant de l' « Australian Universities Commission », créée en 1958), qui coordonne leurs demandes de crédits, les présente au gouvernement et répartit la somme globale aux institutions individuelles, selon plusieurs critères, dont le nombre d'étudiants est un des plus importants.

Il y a deux autres secteurs de ce qu'on appelle à présent l'éducation post-secondaire, qui dépendent eux aussi de la « Tertiary Education Commission » les « Colleges of Advanced Education » (CAE) et les « Technical and Further Education » (TAFE). Les CAE ont pour but de fournir une éducation « égale mais différente » de celle donnée dans les universités, et sont orientés vers deux champs principaux : le premier comprend les études commerciales, les différents métiers d'ingénieur et les sciences appliquées ; l'autre concerne la formation des maîtres. Le nombre de CAE est en baisse ; à l'époque où le gouvernement établit cette catégorie et groupa les institutions, il y avait 83 de ces collèges, alors que maintenant il n'y en a que 67. En 1978, les CAE avaient environ 150 000 étudiants inscrits. La différence la plus importante entre les CAE et les universités est que, dans les CAE, il y a moins d'activité de recherche, surtout de recherche « pure ». Comme les universités, les CAE reçoivent tous leurs crédits du gouvernement fédéral.

Les TAFE sont plus difficiles à définir ; on y trouve les cours strictement techniques, des cours d'apprentissage, des occupations para-professionnelles, des métiers. La plupart des étudiants ont un emploi, surtout dans l'industrie. La section TAFE reçoit une partie de ses crédits des gouvernements des états.

De ces trois secteurs, nous traiterons ici principalement du secteur universitaire. En effet, c'est seulement récemment que le secteur TAFE a bénéficié de crédits considérables et les bibliothèques de ce secteur ne comptent pas plus d'un million de volumes. Le secteur des CAE comprend des bibliothèques de toutes tailles, grandes (celle du « Western Australian Institute of Technology » contient plus de 440 000 volumes), et de petites (celle du « New South Wales Conservatorium of Music » a moins de 10 000 volumes), modernes et traditionnelles, etc. Les différences entre les bibliothèques viennent de la différence de situation des collèges, selon l'importance du programme d'enseignement, de l'âge et du nombre d'étudiants.

Mais c'est le secteur des bibliothèques universitaires qui se développe le plus et où il est le plus facile de faire des comparaisons à travers différentes époques.

Seulement trois des universités ont célébré leur centenaire : Sydney (fondée en 1851), Melbourne (1853), et Adelaïde (1874). Trois autres universités complètent la « première génération » : Tasmania (1890), Queensland (1909) et Western Australian (1912). Malheureusement les débuts des bibliothèques de ces universités furent peu notables et on peut parler de négligence totale dans quelques cas. En 1934, grâce à la « Carnegie Corporation of New York», un bibliothécaire américain, Ralph Munn, est venu faire une inspection des bibliothèques australiennes, avec l'aide d'Ernest Pitt (de la « Public Library of Victoria »). Son rapport contient des statistiques intéressantes, surtout lorsqu'on les compare avec les chiffres de 1978, 45 ans plus tard.

Avec l'accroissement de la population, la hausse du niveau de vie (surtout après la deuxième guerre mondiale) et un respect général de l'éducation, le nombre originel de 6 universités a progressivement augmenté jusqu'au total actuel de 19. Une influence très importante peut être attribuée à une commission de recherche qui, en 1957, recommandait au gouvernement fédéral de l'époque de venir au secours des universités qui, jusqu'alors, dépendaient, pour leurs crédits, des états.

Les universités de la première génération ont hérité d'un système de bibliothèque qui garde une ressemblance avec celui de l'Europe, surtout de Grande-Bretagne; l'un des traits les plus marquants est une profusion de bibliothèques disséminées parmi les départements et facultés de l'université, quelquefois (mais pas toujours) associées à la bibliothèque centrale. Mais il y a maintenant une tendance à grouper les petites collections et à les intégrer en des entités plus importantes, même dans ces universités traditionnelles. Par contre, les fondations nouvelles ont ou centralisé les ressources bibliographiques dans un seul bâtiment, ou introduit dès le début un système de « filiales » qui correspondent aux intérêts principaux (tels que droit, médecine, sciences) de l'institution, mais ces filiales sont d'habitude assez étroitement liées à la bibliothèque centrale qui fournit des services communs pour les acquisitions et le catalogage. En tout ceci, on peut voir une ressemblance avec les institutions des États-Unis qui exercent une assez grande influence, surtout depuis la deuxième guerre mondiale.

Comme on l'a déjà indiqué, l'enseignement universitaire est plus suivi maintenant : si l'on compare le nombre des étudiants dans les universités avec le nombre des habitants âgés de 17 à 22 ans (la tranche d'âge à laquelle la plus grande partie appartient), on voit qu'en 1946 seulement 3,5 % des jeunes (25 585) étaient inscrits, mais en 1976, ce chiffre a presque triplé (9,5 %) et le nombre est monté à 153 465.

Ce nombre considérable d'étudiants exige naturellement des ressources bibliographiques tout à fait différentes des collections insignifiantes de l'époque datant de la deuxième guerre mondiale. Comme on le voit dans le tableau (présenté en annexe), les collections de livres et de périodiques ont effectivement augmenté d'une façon satisfaisante. C'est surtout dû aux années d'abondance de 1960 à 1970. Les bibliothèques bénéficiaient de la bienveillance des organismes gouvernementaux dont dépendait tout le secteur universitaire et, à l'intérieur de chaque institution, des administrations. Il devint possible d'obtenir des crédits désignés pour l'équipement afin de combler certaines lacunes bibliographiques, surtout pour compléter les collections antérieures de périodiques ou pour acheter des collections complètes, par exemple des bibliothèques constituées par des savants. Les universités gardent toute autonomie dans la répartition des crédits qu'elles reçoivent du gouvernement et par conséquent la bibliothèque doit faire concurrence aux facultés, mais cela n'a pas fait de problèmes dans la plupart des cas, surtout pendant ces années d'abondance.

Le résultat est que les collections des universités australiennes sont maintenant de la plus grande importance pour la nation. La Bibliothèque de l' « University of Sydney » est l'égale de la « National Library of Australia » et les bibliothèques des universités dans les villes importantes ont dépassé les grandes bibliothèques publiques, créées avant la fédération par les gouvernements des états, qui, à l'époque de l'inspection Munn-Pitt, étaient plus importantes.

Il va sans dire qu'il faut toujours emprunter des documents en prêt interbibliothèque et que les chercheurs sont toujours obligés d'avoir recours à la British Library ou à quelques archives ou collections spécialisées. Néanmoins, les collections peuvent maintenant suffire à un grand nombre d'étudiants de tous niveaux, même pour les doctorats.

Il faut ajouter que toutes les collections (sauf exception) sont en libre accès, quoique la plupart des universités pratiquent un système double : les collections sont divisées en 2 niveaux : un pour les « undergraduates » (étudiants en cours de licence) et l'autre pour les chercheurs, mais cette distinction est faite plutôt par commodité, afin que les étudiants ne soient pas déroutés par des livres trop érudits. Cette distinction a souvent été adoptée également pour des raisons d'espace : la collection de recherche contient des rayons plus denses et n'offre pas autant de places de lecture.

A ce point, on peut considérer les bibliothèques en tant qu'édifices et constater que la situation, bien qu'en train d'empirer, n'est pas mauvaise. En effet, des 19 universités, 17 ont un bâtiment moderne pour la bibliothèque et dans certains cas plusieurs, la bibliothèque centrale occupant le principal, les autres étant spécialisés ou par sujet (par exemple droit), ou par niveau d'étude (par exemple « under-graduate »). La plupart de ces bâtiments suivent les modèles développés aux États-Unis et ont été construits sur le système modulaire, pour arriver au maximum de flexibilité. Ceci est devenu très important, parce que, à mesure que les collections ont augmenté, année par année, il a fallu ajouter des rayons (en Australie, la plupart des bibliothèques se servent de rayonnages métalliques) et prendre une partie de l'espace occupé auparavant par des postes de lecture. Dans quelques cas, cette opération devient critique, à cause de la décision du gouvernement fédéral, prise en 1975, de réduire sévèrement les dépenses sur les projets d'investissement. Une autre ligne de conduite alternant avec cette réduction de places pour les lecteurs consiste à identifier les livres les moins consultés et à les stocker hors de la bibliothèque, dans des magasins. Le problème n'est pas tellement grave, jusqu'ici, sauf dans quatre ou cinq institutions ; mais on commence à y penser avec un peu d'inquiétude : la production des maisons d'éditioii va toujours croissant et par conséquent il y a une augmentation inévitable des collections.

La Bibliothèque Baillieu, de l' « University of Melbourne », la première construite selon la philosophie moderne, fut ouverte (dans son premier stade) en 1959 ; depuis, toutes les universités de la première génération, dont les bibliothèques étaient auparavant installées dans des locaux quelquefois tout à fait insuffisants, selon les observations de Munn-Pitt, ont construit de nouveaux édifices pour leurs bibliothèques, avec la seule exception de l' « University of Adelaïde » où l'emplacement de l'université ne se prêtait pas à cela, mais la bibliothèque a été agrandie plusieurs fois. Dans le cas des créations nouvelles, il n'était pas question de reloger les bibliothèques ; dans la plupart des cas, la construction de la bibliothèque était une des premières tâches et l'emplacement choisi était central à toute l'université.

On a tâché depuis longtemps de prévoir un nombre de places pour un quart de la population universitaire totale. Cette prévision paraît très généreuse sans doute, mais on a observé en Australie un changement considérable dans le style d'éducation offert aux étudiants où le recours aux documents prend une place de plus en plus importante. Ce genre d'enseignement comporte une dépendance beaucoup plus grande à l'égard de la bibliothèque et exige plus de livres et de places pour consulter les livres dont les exemplaires sont en nombre insuffisant. Aussi faut-il que les livres soient accessibles pendant une assez grande partie de la journée, par conséquent, la plupart des bibliothèques sont ouvertes en moyenne 80 heures par semaine pendant la période des cours ; naturellement, pendant les vacances, ces heures sont réduites à une moyenne de 44 heures par semaine.

Une conséquence de cet enseignement « biblio-centrique » est que les bibliothèques ont besoin d'un personnel assez nombreux. Il faut du personnel formé pour aider les étudiants et les chercheurs, surtout lorsqu'il faut d'abord identifier les ouvrages qui se rapportent à une demande, mais aussi pour fournir des renseignements sur toutes les complexités des bibliothèques modernes. On pourrait ajouter que, grâce à la création assez récente de bibliothèques dans les écoles, on commence à observer que les étudiants qui viennent dans les universités sont plus familiers des bibliothèques et savent au moins consulter les catalogues. Mais il faut aussi du personnel technique, surtout pour ranger les livres sur les rayons (les livres étant en libre accès, il y a souvent du désordre dans les sections les plus consultées des collections) et aussi pour les opérations d'emprunt, les fonctions de secrétariat, etc. En somme, il faut beaucoup de personnes pour faire fonctionner les bibliothèques et par conséquent les bibliothèques dépensent une grande part de leurs crédits pour le personnel : la moyenne est environ de deux tiers.

Les bibliothécaires australiens, toutefois, sont dispensés des frais d'entretien de la bibliothèque, les femmes de ménage, les jardiniers, les électriciens, etc., sont des employés de l'administration centrale de l'université. De la même façon, les frais d'éclairage, de chauffage, de poste, etc., sont aussi payés sur les fonds globaux et ne sont pas répartis entre les différentes sections de l'université.

Au sein des universités, les bibliothécaires en chef jouissent d'une position assez considérable, ils ont tous le rang de professeur et la grande majorité d'entre eux sont membres, ex officio, de comités importants dans l'administration : naturellement, étant donné l'autonomie et l'histoire de chaque université, il y a de grandes différences dans les détails. Néanmoins, dans la plupart des cas, les bibliothécaires sont bien placés pour pouvoir influencer la politique universitaire et la distribution des crédits.

Le personnel professionnel, dans la majorité, a deux qualifications, une licence (souvent en sciences humaines) et une qualification en bibliothéconomie (souvent un diplôme qu'on obtient après un an d'étude). Ici aussi il y a eu un grand changement depuis la guerre, auparavant il y avait très peu de bibliothécaires formés et l'administration des bibliothèques était entre les mains d'érudits qui s'acquittaient tant bien que mal des côtés techniques de l'emploi. La formation professionnelle fut d'abord sous la responsabilité de la « Library Association of Australia », en collaboration avec les grandes bibliothèques des états, mais depuis 1960, des départements de bibliothéconomie ont été introduits dans quelques universités et collèges. On pourrait même dire qu'il y a eu une prolifération de ces écoles et il y aurait maintenant un surplus de bibliothécaires sans le développement des bibliothèques dans les écoles et l'abandon de leur emploi par les femmes mariées, quoiqu'un nombre croissant d'entre elles réintègre la profession après quelques années.

Pour contenir un peu la proportion des fonds dépensés pour le personnel, la plupart des bibliothèques universitaires ont introduit l'automatisation dans quelques opérations. Malheureusement, il n'y a pas eu beaucoup de coordination de ces développements et les cas d'échange de système entre institutions, quoiqu'ils existent, ne sont pas nombreux. Les activités d'automatisation ont pris place dans deux champs principaux : celui du prêt des livres et celui du catalogage. Dans celui-ci, beaucoup de bibliothèques se sont servies du service de distribution des enregistrements MARC sur bandes magnétiques, introduit par la « National Library of Australia » en 1975. Les bibliothèques commandent (citant les ISBN ou les numéros de fiches de la « Library of Congress ») seulement les bandes dont elles ont besoin : la « National Library » (qui reçoit les bandes MARC de la « Library of Congress », de la « British National Bibliography » et de l' « Australian National Bibliography », on attend bientôt aussi les données canadiennes) distribue ces bandes, et ensuite les bibliothèques individuelles les exploitent selon leurs besoins. La plupart des bibliothèques ont développé des systèmes individuels, se servant de l'ordinateur de l'université, mais quelques unes se sont tournées vers un bureau commercial. Dans la plupart des cas, on produit des fiches, mais on trouve plusieurs exemples de catalogues sous forme de microfiches.

Après un survol de ces activités d'automatisation des fonctions techniques des bibliothèques universitaires, on peut passer à l'emploi de l'ordinateur pour les demandes sur les bases de données automatisées. Naturellement, on se sert surtout des bases américaines. L'accès à ces bases se fait quelquefois par DIALOG ou ORBIT, quelquefois par un système australien, AUSINET, lancé par la « National Library » ; celui-ci offre aussi des données australiennes.

On a parlé plus haut des développements dans le domaine de l'automatisation et du manque de coordination. Néanmoins, on a vu quelques réseaux se former, la majorité étant fondée sur les bibliothèques des collèges, bien que les bibliothèques universitaires aient participé à beaucoup de comités et de discussions de plans. Une autre raison importante expliquant le peu d'activité dans ce domaine est que la « National Library » a pris quelques initiatives qui jusqu'ici n'ont pas porté de fruits, mais qui promettent beaucoup, l'adoption du « Washington Libraries Network » par la « National Library » représente une grande ressource potentielle pour les bibliothèques universitaires, bien que l'opinion diverge sur les mérites respectifs d'une approche nationale ou d'une approche régionale. La géographie de l'Australie affecte fortement ces décisions.

Dans le domaine de la coopération, toutefois, l'Australie a réalisé beaucoup de projets très utiles. Par exemple, pour les périodiques, on a créé deux catalogues collectifs, l'un pour les sciences humaines, l'autre pour les sciences naturelles. Pour les livres, il existe un catalogue collectif, sur microfilm, qui comprend les fiches des catalogues de toutes les bibliothèques principales de l'Australie, et qui est tenu à jour par la « National Library », qui reçoit une copie de chaque fiche nouvelle et qui produit un supplément cumulatif, toujours sur microfilm, à ce catalogue de base. Ces outils sont d'une valeur inestimable et, grâce à eux, il est possible pour les bibliothèques de prendre des décisions sur l'acquisition des livres chers, les nouveaux abonnements ou (plus souvent, à l'heure actuelle) sur les désabonnements, avec une connaissance bien exacte des ressources de la nation.

Une forte influence vers des activités coopératives est exercée par une organisation connue sous son acronyme d'AACOBS (« Australian Advisory Council on Bibliographical Services »). Ce « parlement de bibliothèques » comprend toutes les bibliothèques des universités, aussi bien que toutes les bibliothèques des états et des représentants venant des autres catégories de bibliothèques (celle des écoles, des collèges, des municipalités, etc.) et la « National Library ».

Cette assemblée d'environ soixante-dix membres se réunit une fois par an, mais accomplit une grande partie de son travail par un système de comités chargés de rôles spécifiques, et un comité central, qui se réunissent plusieurs fois par an. L'influence des bibliothèques universitaires dans cette organisation est assez grande, même trop grande de l'avis de quelques autres bibliothécaires, mais il est incontestable que les bibliothèques universitaires représentent les collections bibliographiquement les plus riches.

Il existe aussi une organisation moins formelle des bibliothécaires en chef des bibliothèques universitaires, nommée CAUL (« Committee of Australian University Librarians »). Entre ses réunions annuelles, cet organisme traite ses opérations par le moyen de lettres diffusées à tous les membres, cette méthode d'échange d'information et d'opinion semble être assez efficace.

La « Library Association of Australia » (LAA) a une section pour les bibliothécaires des universités et collèges, mais cette section ne se réunit qu'une fois tous les deux ans ; des sous-sections existent dans la majorité des états, mais leurs activités se bornent presque toujours à l'organisation de réunions et de conférences. La publication de l' « University and College Libraries Section » de la LAA est l'Australian academic and research libraries, revue trimestrielle de grande diffusion qui, outre des articles sur les questions d'importance pour cette catégorie de bibliothèques, publie chaque année un supplément statistique assez complet.

Jusqu'ici on a décrit presque exclusivement l'état présent des bibliothèques universitaires et leur histoire. On a souligné les résultats de 20 ans de croissance après 1957. Mais on ne peut pas nier que les perspectives ne soient aussi bonnes. D'abord, comme on l'a déjà vu, les programmes de construction de nouveaux bâtiments ont été arrêtés presque totalement. Ensuite, à cause (en partie) de changements démographiques, surtout du nombre de naissances, la demande d'inscription dans les universités n'a pas augmenté comme prévu.

Aussi, les organismes gouvernementaux ne semblent-ils pas préparés à accepter le taux d'inflation subi par les bibliothèques et les universités ne reçoivent que très peu de crédits complémentaires pour compenser les hausses des salaires et presque rien pour compenser les effets de l'inflation sur les prix des livres et des périodiques. Presque toutes les bibliothèques universitaires ont été contraintes d'entreprendre des programmes de suppressions d'abonnements et le volume d'acquisitions a diminué. Pareillement, on a été contraint de supprimer des postes, pour économiser sur les dépenses de personnel.

C'est donc maintenant impossible d'envisager l'avenir d'une façon optimiste comme il y a dix ans. Mais, grâce aux développements de cette époque, la situation présente est loin d'être grave, bien qu'elle soit sérieuse. On peut espérer qu'elle servira de stimulant vers plus de coopération et que la coordination des acquisitions et des services, au niveau national ou au niveau régional, pourra contrebalancer la diminution des ressources. Les mécanismes pour cela existent déjà, ainsi que la bonne volonté, et si le chercheur de demain ne trouve pas tout ce qu'il lui faut dans la bibliothèque de sa propre université, au moins il y aura une grande possibilité qu'une autre bibliothèque dans le pays puisse venir à son aide.

Les bibliothèques universitaires australiennes sont devenues des réservoirs considérables de ressources bibliographiques, capables de fournir des services sophistiqués à leurs clientèles et pourvues de personnel bien qualifié. Si l'on n'est pas arrivé à créer des bibliothèques qui rivaliseraient celles des États-Unis, au moins a-t-on dépassé de beaucoup les pauvres collections sans organisation qui existaient à l'époque Munn-Pitt.

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Annexe