Bureaucratie et bureaucrates en France au XIXe siècle

par Alfred Fierro-Domenech

Guy Thuillier

préf. de Jean Tulard. - Genève : Droz, 1980. - XIX-674 p. ; 24 cm. - (Centre de recherches d'histoire et de philologie de la IVe section de l'École pratique des hautes études ; 5. Hautes études médiévales et modernes ; 38.) Index p. 657-670

« La République est en proie à vingt mille sots qui la corrompent, qui la combattent, qui la saignent. Le ministère est un monde de papier. Il ne se fait rien et la dépense est pourtant énorme. » Ces phrases, contre toute apparence, n'ont pas été écrites en 1980, mais par Saint-Just, sous la Terreur. Or, on ne sait presque rien sur l'histoire de l'administration en France. C'est un des grands mérites de ce livre que de combler une lacune. Non moins grand est le mérite d'avoir sur un sujet si rebutant su composer un ouvrage parfaitement lisible. Procédant par touches, par succession d'évocations, juxtaposition de thèmes, l'auteur fait revivre l'administration française au siècle dernier. Voici d'abord les témoins et prisonniers de la bureaucratie : Maupassant, commis au Ministère de la marine, Courteline bureaucrate, le jeune diplomate Claudel, le « mandarinat » tel que le voit Courcelle-Seneuil... Vient ensuite une « petite histoire » de la presse administrative de 1840 à nos jours. Puis suivent des études sur l'avancement, la notation, la discipline des fonctionnaires. Les projets qui ont précédé la création de l'École nationale d'administration sont aussi étudiés. Un chapitre sur « les gestes » des fonctionnaires est particulièrement original. De nombreuses pièces justificatives occupent les cent dernières pages. Bourré de notes et de références à des documents le plus souvent inédits ou ignorés, ce travail est du plus grand intérêt et apporte un éclairage neuf sur l'histoire du XIXe siècle.