Chronique des bibliothèques
Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
Exposition : « Strasbourg, l'Europe et la liberté » (24 octobre-25 novembre 1980). - L'exposition trouve dans les années 1830 son point d'attache et son centre de rayonnement. C'est en fait toute l'époque de la Restauration et une partie du règne de Louis-Philippe qui se trouvent englobées autour de la date centrale des « Trois Glorieuses » qui voit le changement de régime.
Mais pour la France comme pour l'ensemble de l'Europe, il s'agit en 1830 moins d'un événement que d'un épisode éclatant de la lutte entre les forces conservatrices issues de la réaction affirmée par la Sainte-Alliance de 1815 et les forces libérales qui préparent l'avènement des temps modernes.
Strasbourg, alors chef-lieu du département du Bas-Rhin, tient sa place dans ces antagonismes : non comme lieu de conflits mais, fidèle à la tradition affirmée dès le XVIe siècle, comme lieu de refuge, comme asile pour les proscrits et les réfugiés de tous les pays où la liberté est violée, menacée, opprimée.
C'est ainsi qu'elle reçoit les « bannis » belges - avant la proclamation de l'indépendance belge -les proscrits polonais chassés de Pologne par le despotisme des tsars, les proscrits italiens : des recherches inédites donnent à la présentation des documents - concernant notamment Mazzini -un intérêt tout particulier.
La ville vibre comme toute l'Alsace, aux luttes de l'indépendance hellénique ainsi qu'en témoigne une belle toile prêtée par le Musée de l'impression de Mulhouse. La ville n'ignore pas les combats menés dans l'Europe du Sud-Est par les nations des Balkans, Serbie, Bulgarie, Roumanie, en lutte contre l'oppresseur ottoman.
La ville dont Benjamin Constant est alors le député fidèle, en relations avec Lausanne et la Suisse, est ainsi la capitale spirituelle de l'espérance libérale européenne.
Ce sont tous ces aspects qu'évoquaient les documents rassemblés dans la salle d'exposition de la Bibliothèque : documents issus de son propre fonds mais aussi venus des sources parisiennes, locales et régionales. L'appui des Ambassades et Consulats a été précieux, une vitrine étant consacrée par ailleurs aux documents prêtés par le Conseil de l'Europe concernant les Droits de l'Homme, conquête toujours à refaire et dont les années 1830 constituent une étape que d'aucuns jugent décisive pour l'histoire européenne.
L'exposition fut organisée par l'Université des sciences humaines et la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg 1.
Bibliothèques interuniversitaires et d'université
Bibliothèque de l'Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis
Publication. - La Bibliothèque vient de faire paraître la liste des périodiques reçus à la bibliothèque universitaire centrale et dans les bibliothèques de laboratoires.
Cette liste recense dans un ordre alphabétique les périodiques en cours, reçus régulièrement et ceux qui ont cessé de paraître ou ceux pour lesquels l'abonnement a été interrompu.
La notice comporte l'indication de la localisation, le titre suivi éventuellement du sous-titre, l'état de la collection et la cote d'inventaire du périodique.
Cette liste est une première étape vers la réalisation d'un catalogue des périodiques qui devra s'intégrer au catalogue collectif automatisé des périodiques de la Région Nord.
Bibliothèques municipales
Argenteuil (Seine-Saint-Denis)
Exposition : « Ma Maison, ta maison, leur maison » (octobre-novembre 1980). - Cette exposition, s'appuyant sur les différents types d'architecture pratiqués dans le monde avec des matériaux naturels, regroupait seize panneaux.
On y retrouvait aussi bien des maisons de Sumatra comme les villages Batak qui font partie des plus importants constructeurs, de l'Indonésie, de Suède, de Roumanie, d'URSS, du Brésil, avec ses habitations en balsa, chaume, bambou, roseaux... Le Sénégal, l'Éthiopie, le Vénézuela, et beaucoup d'autres pays étaient également représentés.
Regroupés par thèmes, on pouvait voir l'architecture de bois, en graminées, les greniers à céréales, l'habitat troglodytique, l'architecture sur pilotis, de pierre, des nomades, de terre.
En dehors de ces nombreux panneaux fort détaillés, les visiteurs ont admiré des maquettes des habitations les plus représentatives dans le monde, telles que la maison des Bugis (Julawesi du Sud), les dômes de Mousgoums (Cameroun), les maisons de la ville de Linder (Nord du Nigeria) ; la maison des Tuba-Batak (Sumatra du Nord).
Pour compléter l'information, les responsables avaient préparé un montage diapos de quatre-vingts photos sur fond sonore. Enfin, de nombreux ouvrages étaient mis à la disposition des visiteurs.
Toutes les photographies provenaient de l'Unesco et du Musée de l'Homme. Des croquis, remarquables, retraçant la construction des différents types de maisons, avaient été réalisés par Christian Vuillardot, l'un des organisateurs de cette exposition, avec tout le personnel de la bibliothèque enfantine Robert-Desnos.
Les organisateurs avaient désiré que cette exposition soit une porte ouverte sur le rêve pour les enfants. Elle devait, selon eux, les inciter à la réflexion sur la réalité de leur milieu ambiant. La poésie de toutes ces maisons est, à n'en pas douter, un déclic suffisant vers les questions et la discussion.
Un pari que cette exposition devrait gagner facilement tant sa présentation et son contenu sont attractifs.
Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais)
Exposition : Les Lettres Nouvelles - La Quinzaine Littéraire (20 juin-5 juillet 1980). - Cette exposition retraçait, grâce à des documents provenant du fonds de la bibliothèque ou prêtés par lui-même, l'activité de critique, de journaliste et d'éditeur de Maurice Nadeau, qui commence au lendemain de la 2e Guerre Mondiale, avec la page littéraire de « Combat » et se prolonge aujourd'hui avec « La Quinzaine » et les volumes de la collection « Les Lettres Nouvelles ». L'exposition comportait deux parties. La première montrait les périodiques et les livres, la seconde présentait, textes, photographies et autographes à l'appui, les auteurs : Artaud, Miller, Lowry, Kundera, etc.
Le Havre (Seine-Maritime)
Manifestations en hommage à Armand Salacrou.
L'année 1980 a été marquée par une série de manifestations consacrées à l'auteur dramatique havrais Armand Salacrou qui a pris la décision de faire don de ses manuscrits et archives théâtrales à sa ville natale et à sa bibliothèque.
Deux expositions furent réalisées à cette occasion en avril. L'une à la bibliothèque avait pour thème « L'Académie Goncourt » dont Armand Salacrou est le doyen. L'autre à l'hôtel de ville, retraçait la vie et l'œuvre de l'auteur de « Boulevard Durand ».
L'Académie Goncourt. - Documents originaux empruntés à la Bibliothèque de l'Arsenal où sont conservées les archives de l'Académie Goncourt, au Musée Carnavalet, à la Monnaie de Paris, au restaurant Drouant, photographies, articles de journaux, éditions, évoquaient les différents moments de l'histoire d'une des plus célèbres académies littéraires.
C'était aussi l'occasion de rappeler l'existence de prix Goncourt normands tels le Havrais Guy Mazeline qui prêta pour cette circonstance le manuscrit des « Loups » ou le Cauchois Marius Groult.
Raymond Queneau était également associé à l'hommage rendu à Armand Salacrou. Une table dressée, grâce à l'obligeance de M. Pascal, directeur du Restaurant Drouant, montrait au public les couverts des deux académiciens normands.
Une Académie Goncourt presque au complet se retrouva à l'inauguration de cette exposition, qui, comme le remarqua M. Armand Lanoux, était la première consacrée à l'Académie.
Armand Salacrou. - L'exposition « Armand Salacrou » réunissait des documents exceptionnels et du plus haut intérêt pour l'histoire du théâtre contemporain. La presque totalité des pièces présentées appartenait à l'auteur qui avait laissé à la bibliothèque toute liberté de choix dans ses collections personnelles.
C'est à la découverte d'une œuvre et d'un homme qu'était convié le public. Après avoir rappelé l'enfance havraise d'Armand Salacrou, l'exposition évoquait la jeunesse parisienne, les amis (André Masson, Jean Gris, Georges Limbour, Robert Desnos...) et bien sûr le théâtre.
Manuscrits, éditions, programmes, photographies, maquettes permettaient de suivre la genèse et la mise en scène de chaque pièce. Les dessins originaux de Jean Gris pour « Le Casseur d'assiettes » accompagnaient l'édition publiée par H. Kanhweiler. Les projets de décor et de costumes d'André Masson donnaient à « La Terre est ronde » un éclat incomparable. La Comédie française avait prêté pour cette occasion les maquettes réalisées par Raoul Dufy pour « Les Fiancés du Havre ». Des acteurs prestigieux apparaissaient sur les photographies : Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Yves Robert, Danièle Delorme... Deux metteurs en scène dominaient cette rétrospective : Lugné-Poe et surtout Charles Dullin dont le dernier rôle fut celui du père Lenoir dans « L'Archipel Lenoir ».
« Boulevard Durand », enfin, rappelait aux Havrais un moment important de leur histoire.
Si le visiteur connaissait l'auteur dramatique, il découvrait sans doute les multiples facettes d'un homme qui fut également journaliste, cinéaste, publiciste de génie avec la « Marie-Rose ».
L'ami des peintres, le montagnard, l'académicien Goncourt et le président de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques n'étaient pas non plus oubliés.
Etait présentée à cette occasion une partie des manuscrits et archives théâtrales destinés à la Bibliothèque municipale du Havre qui deviendra, avec ce don, un centre de recherches sur le théâtre contemporain.
Par ailleurs, une série d'enregistrements proposés par l'Institut national de l'audiovisuel permettait d'entendre les principales déclarations d'Armand Salacrou sur le théâtre.
Deux catalogues furent rédigés pour cette exposition.
Dépôt à la Bibliothèque municipale des partitions musicales de Max Pinchard. - Le 16 mai 1980 s'est déroulée à la Bibliothèque municipale une manifestation en l'honneur de Max Pinchard, musicien havrais, directeur de l'École nationale de musique et de danse de Grand-Couronne, qui a pris l'initiative de déposer à la bibliothèque un exemplaire de ses œuvres.
Cette démarche est d'autant plus intéressante que rien ne subsiste aujourd'hui d'une vie musicale havraise qui a été très riche.
Pour marquer cet événement, un concert rassemblait le soir, dans la salle de lecture, amis et amateurs. Max Pinchard présentait lui-même ses œuvres.
Melun (Seine-et-Marne)
Don. - La bibliothèque municipale s'est enrichie d'un ouvrage assez rare ; il s'agit de l'exemplaire traduit et annoté de la main même de Jacques Amyot, en 1565, du livre « La Vie des hommes illustres » de Plutarque. Ce don a été fait par M. Jacques Mengin. La cérémonie s'est déroulée le 10 octobre 1980 à l'hôtel de la Vicomté, siège de la bibliothèque municipale, en présence de M. Marc Jacquet, sénateur-maire de Melun, de M. Jean Bleton, inspecteur général des bibliothèques, et de nombreuses personnalités locales.
Nîmes (Gard)
Expositions (février-septembre 1980)
Gravures de Vincent Rougier (février). - Présentation de gravures de Vincent Rougier, jeune graveur installé au Vigan, récemment publiées en recueil sous le titre « Devinettes. Évidentes absurdités ».
Christian Giudicelli (1er-22 mars). - Livres, manuscrits, photographies de Christian Giudicelli, jeune écrivain d'origine nîmoise, - auteur de « Le Jeune homme à la licorne », « Une Leçon particulière », « Une Poignée de sable », « Les Insulaires » -, ont été exposés à l'occasion de la présentation au théâtre de sa pièce « Bons baisers du Lavandou». Une rencontre avec l'auteur et une des interprètes de la pièce, Stéphanie Loïk, était organisée parallèlement.
La Littérature des troubadours (25-29 mars). -La présentation officielle, à la mairie de Nîmes le 25 mars 1980, par la Section du Gard de l'Institut d'études occitanes, de l'édition intégrale des Mélodies des Troubadours 2, a été accompagnée d'une exposition à la bibliothèque réalisée avec la collaboration de M. Robert Lafont.
Marguerite Yourcenar (25-29 mars). - Livres, photographies, documents avaient été réunis avec l'aide de la maison Gallimard et d'un lecteur de la bibliothèque.
Le Livre et l'automobile (2 juin-23 août). - Tous les aspects de cette vaste question ne pouvant être abordés faute de place, on a pris le parti de privilégier l'histoire plutôt que la technique pure. La Bibliothèque a pu ainsi faire connaître à la fois des ouvrages de qualité un peu tombés dans l'oubli, comme ceux de C.-L. Baudry de Saunier, des périodiques, spécialisés ou non, et enfin les collections actuelles du type « Prestige de l'automobile ». Les bandes dessinées avaient bien sûr leur place, ainsi que les ouvrages traitant du jouet automobile. Une importante collection particulière a permis d'ailleurs de donner quelque relief aux vitrines par la présentation de voitures miniatures, de jouets, de photographies d'automobiles anciennes.
Dessins de Michel Laurent, « Le Regard du masque » (25-30 août). - Exposition présentée auparavant dans différentes villes du Gard (Bagnols-sur-Cèze, Alès, Uzès).
Aspects de la Résistance gardoise (septembre). -Livres, photographies, journaux clandestins, tracts réunis grâce à la collaboration de M. Aimé Vielzeuf, correspondant pour le Gard du Comité d'histoire de la 2e guerre mondiale.
La bibliothèque municipale de Nîmes a également participé à d'autres expositions :
L'élevage du taureau de Camargue du XIIe au XIXe siècle, organisée par les Archives départementales du Gard (18 avril-20 juin).
La Civilisation du taureau organisée avec l'École des beaux-arts de Nîmes (12 mai-1er juin) 3.
Ces deux expositions ont été l'occasion de montrer les richesses du fonds taurin de la Bibliothèque Séguier.
Mistral et Nîmes, exposition réalisée en collaboration avec les Musées de Nîmes, au Musée des beaux-arts (18 septembre-12 octobre). 4
Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)
Exposition : « Les Grands conteurs du Merveilleux et leurs imagiers, de Charles Perrault à l'Époque Victorienne » (8 septembre-15 octobre 1980). -Cette exposition, fruit d'un long travail de Mmes Lerme-Walter et Michelle Cochet, a été co-produite par 14 bibliothèques et centres culturels.
En 36 panneaux (architecture en bois très originale de Bernard Gerest), les quatre périodes les plus importantes de l'histoire du conte merveilleux sont retracées. D'abord, Charles Perrault et le 17e siècle en France. Les illustrations les plus remarquables, postérieures à Perrault, sont celles de Gustave Doré et Edmond Dulac. Ensuite vient le 18° siècle et le déclin des « fées françaises ». C'est l'époque de la traduction par Galland des Contes des Mille et Une Nuits. Cinq panneaux richement illustrés de miniatures persanes et de gravures retracent l'ambiance et l'origine de ces contes. Les fées reviennent à la mode au 19e siècle grâce aux Frères Grimm. Les fées « sages-femmes » de la tradition orale allemande sont bien différentes des « fées du terroir » françaises. Parmi les illustrateurs des contes de Grimm, citons : Ludwig Richter, Otto Speckter, Arthur Rackham et Walter Crane. Quatre panneaux sont consacrés à H.C. Andersen. Les réalisateurs de l'exposition ont mis l'accent sur ce qui dans les contes de l'auteur danois, a un rapport très étroit avec l'homme : sentiments de l'auteur, enfance malheureuse, amour déçu... Des illustrations de Pedersen, Lehman et Dulac sont exposées. L'Époque victorienne et Lewis Carroll ont été traités par Mme Lerme-Walter dans cinq vitrines.
Pendant le temps de l'exposition, des visites de groupes et de classes ont été organisées. En 15 jours, près de 40 classes ont visité l'exposition, ce qui représente un peu moins de 1 000 personnes.
Exposition Boris Vian (8-25 novembre 1980). -Cette exposition réalisée par MM. D'Ée, Arnaud et Mme Ursula Vian, avec le concours du Centre d'action culturelle d'Orléans, rendait compte de la multiplicité, de la richesse extraordinaire de la courte vie de Vian (1920-1959), de la pérennité de son influence, si forte aujourd'hui. De nombreux documents originaux, manuscrits de l'auteur, livres revues, disques, photographies retraçaient sa vie et l'élaboration de son œuvre dans le contexte de son époque.
Valence (Drôme)
Exposition : « Migrants. Regards sur les cultures d'origine Maghreb, Turquie » (18 juin-18 juillet 1980). - Cette exposition, qui s'est déroulée dans l'annexe de Fontbarlettes, présentait une série de panneaux d'information générale sur les différents pays du Maghreb et sur la Turquie, une information par la presse sur les problèmes des immigrés en France et un choix d'ouvrages. En outre, trois dossiers, migrants-législation, migrants-information, migrants-cultures d'origine, étaient également présentés.
Paris. Bibliothèque Forney
Sélection d'affiches et affichettes dessinées par Jean d'Ylen (18 avril-23 juin 1980). - La Bibliothèque Forney a présenté une sélection de 75 affiches et affichettes dessinées par Jean d'Ylen, appartenant à la collection personnelle de la fille de l'artiste, Mme France Béguin d'Ylen ou conservées à la Bibliothèque.
L'affichiste Jean d'Ylen (1886-1938) (pseudonyme de Jean-Paul Béguin) n'est plus connu aujourd'hui que des spécialistes, mais il fut un des chefs de file de la publicité française entre 1920 et 1938. On a souvent rapproché ses créations de celle de Cappiello, mais si le style, plein de mouvement, et les coloris très vifs sont en effet comparables, Jean d'Ylen a manifesté dans ses recherches graphiques un style très personnel, par la multiplication des personnages exotiques et par une expression surréaliste qui se donne libre cours dans la série des « Chevaux mécaniques » réalisée pour Shell.
Un catalogue reproduit toutes les œuvres exposées en noir, quelques-unes en couleurs, une notice biographique et la liste des affiches avec leur localisation dans les différents fonds parisiens.