L'information demain

de la presse écrite aux nouveaux media

par Christine Leteinturier

Jean-Louis Lepigeon

Dominique Wolton

La Documentation française, 1979. - 331 p. ; 24 cm. - (Informatisation et société. Série « Impact » ; 6.) ISBN 2-11-000378-2

Après une introduction générale sur la situation de la presse française, les auteurs s'attachent à décrire les bouleversements apportés par l'introduction de l'informatique dans les entreprises de presse. L'informatisation modifie non seulement les conditions de fabrication (impression) du journal, mais aussi les conditions de travail de la rédaction avec l'installation de consoles de visualisation (clavier-écran) sur leur table de travail, et bientôt le terminal portable pour le correspondant.

L'enquête a porté sur la France d'une part, et sur quelques pays étrangers aux expériences significatives (États-Unis, Danemark, Grande-Bretagne, Suède...) d'autre part. Pour chaque entreprise, entreprise de presse et/ou agences de presse, les auteurs ont analysé les conditions du choix de l'informatique, les systèmes adoptés, les tâches informatisées, les projets à moyen et long terme. Il apparaît que la France a pris un retard certain sur d'autres pays, du moins dans le secteur de la presse écrite. L'informatisation de l'Agence-France-Presse et l'utilisation qu'elle fait déjà des techniques modernes de télécommunication lui permettent de soutenir positivement la concurrence avec les autres agences mondiales.

A côté de l'informatisation de la rédaction et de la fabrication se développe, grâce à la télématique, toute une série de nouveaux services : automatisation de la documentation presse et utilisation de banques de données (expérience de la Nouvelle République du Centre-Ouest, projet du Monde, mise en place de la BIPA), développement des produits audio-visuels à usage domestique (type magnétoscope) et systèmes de télétexte (ANTIOPE ou TELETEL). Là encore, la France est en retard sur d'autres pays. Les raisons sont multiples et les auteurs, par des enquêtes auprès des divers personnels intéressés, ont cherché à les analyser : syndicat de journalistes et d'ouvriers du livre, patrons de presse aux intérêts divergents. Les conditions particulières de la France avec la position du quasi-monopole de la Fédération française des travailleurs du livre (CGT), le manque de cohésion et le faible taux de syndicalisation des journalistes français, et, enfin, le rôle décisif joué par l'État pour la promotion des techniques nouvelles, et, au plan international, la détermination de la Fédération internationale des éditeurs de journaux, figurent quelques éléments du diagnostic.

Dans un dernier chapitre, D. Wolton s'attache à définir la nouvelle orientation du métier de journaliste dans l'organisation technologique de l'information. La redéfinition du statut de l'information d'une part, l'intervention publique d'autre part, apparaissent comme nécessaires dans le cadre de l'explosion des moyens d'information, de l'accentuation de la concurrence entre les systèmes classiques et les nouveaux. Enfin le journaliste, le « nouveau journaliste », doit s'adapter, non seulement à une nouvelle structure d'organisation de son entreprise, mais à de nouvelles conditions de travail, préserver son rôle et son influence.

Des annexes complètent l'ouvrage : textes d'accords sur l'introduction de l'informatique (sauf le texte français !), des fiches signalétiques sur les quotidiens français (équipements, prévisions).

Le projet de cet ouvrage était très vaste, et on peut regretter un certain nombre d'insuffisances. Tout d'abord, l'absence complète de sources bibliographiques que devrait nécessairement contenir toute synthèse de ce genre, et l'absence également d'un index empêchent une exploitation rationnelle des informations données. L'exposé des procédés techniques comme le descriptif des matériels manque souvent de clarté quand il ne souffre pas d'inexactitudes.

Enfin, parler de l'information demain, des banques de données, sans pratiquement parler des documentalistes, analyser la redéfinition des rôles des professionnels du seul point de vue des journalistes paraît pour le moins curieux, quand on sait que ce sont tout de même les documentalistes qui alimentent les banques de données et traitent les journaux pour constituer fiches et dossiers !