Chronique des bibliothèques
Bibliothèque de l'Arsenal
Trésors de la Bibliothèque de l'Arsenal. - La Bibliothèque de l'Arsenal a présenté pour la première fois au public un choix des pièces les plus précieuses ou les plus curieuses de ses collections. Prologue à l'exposition, des tableaux, des gravures, des documents, décrivaient ce que fut l'Arsenal -résidence des Grands Maîtres de l'Artillerie sous la monarchie -, racontaient le quartier, les bâtiments, les personnages illustres qui les occupèrent, de Maximilien de Béthune, duc de Sully, au Comte d'Eu, petit-fils de Louis XIV.
C'est au milieu du XVIIIe siècle que s'opéra la mutation qui, d'un hôtel aristocratique, fit une bibliothèque ouverte aux chercheurs. En effet, en 1757, un membre de la grande famille d'Argenson, Antoine-René de Voyer, marquis de Paulmy, fonda la bibliothèque en installant dans l'ancien palais des Grands Maîtres de l'Artillerie les livres, les manuscrits, les estampes qu'il collectionnait depuis sa jeunesse. Jusqu'à sa mort, en 1787, il ne cessa d'enrichir ses collections par des achats auprès des libraires et surtout dans les ventes de bibliothèques privées réputées, telles les ventes du duc de La Vallière. Parmi les pièces les plus remarquables qu'il a su retenir, il faut citer : L'Évangéliaire d'or (VIIIe s.), la Bible historiale du duc de Berry (XIV° s.), le Térence des ducs (XVe s.), les manuscrits de la bibliothèque des ducs de Bourgogne (XV" s.).
Ces manuscrits, ces éditions, donnaient un aperçu de la qualité d'une bibliothèque formée par un « honnête homme », qui était un homme de goût.
Acquise par le comte d'Artois, devenue bibliothèque publique au cours de la période révolutionnaire, la Bibliothèque de l'Arsenal fut non seulement sauvegardée mais enrichie, grâce aux apports des « dépôts littéraires » rassemblant les collections saisies chez les émigrés et dans les ordres religieux supprimés. De cette source provenaient des manuscrits précieux tels le Psautier de Blanche de Castille, le Tropaire d'Autun, l'Évangéliaire de Sainte Aure, les Évangiles d'Afflighem couverts d'une reliure d'ivoire et d'émaux et même du mobilier, tel le curieux pupitre à roue du XVIIe siècle qui fit plus tard l'admiration de Victor Hugo.
De là venaient aussi les archives de la prison de la Bastille, riches de pièces fort curieuses concernant les prisonniers de marque tel le marquis de Sade, ou des procès célèbres : affaire des poisons, affaire du collier, etc.
Au XIXe siècle, la présence de Charles Nodier comme bibliothécaire fit de l'Arsenal un haut-lieu du romantisme. Le salon même où se rassemblèrent, en de mémorables soirées, une pléiade d'écrivains et d'artistes, de Lamartine à Delacroix, est encore visible, à peine transformé. Nodier n'a rien laissé de ses collections à la Bibliothèque de l'Arsenal. Mais ses successeurs, aidés en cela par ses descendants, ont pu réunir de nombreux documents se rapportant à sa personne, à son œuvre, à son entourage : manuscrits, lettres, éditions, livres reliés par lui, portraits.
La seconde moitié du XIXe siècle enrichit encore la Bibliothèque de l'Arsenal, non seulement de l'apport régulier des livres du dépôt légal, mais aussi de grandes séries telles les remarquables archives Saint-Simoniennes, dites fonds Prosper Enfantin, source d'histoire sociale pour cette période ou encore la collection de livres rares et de manuscrits Victor Luzarche.
De 1901 à 1905, la bibliothèque fut dirigée par un grand poète, José-Maria de Heredia, qui eut à cœur d'en rénover le décor et de l'enrichir d'éditions rares. Des legs, des dons, des achats ont permis de constituer un fonds concernant son œuvre - notamment des états manuscrits des Trophées - et son milieu, particulièrement sa fille Marie, écrivain sous le nom de Gérard d'Houville.
Les trois quarts de siècle écoulés depuis la mort de Heredia ont permis à la bibliothèque de s'accroître encore d'importantes collections (autographes du fonds Lacroix, archives Péladan, fonds Huysmans) sans que la tradition de bibliophilie se soit démentie grâce à des reliures commandées à des artistes contemporains par l'administration de la Bibliothèque Nationale.
Bibliothèques interuniversitaires et d'université
Bibliothèque interuniversitaire de Grenoble. Section sciences
La Bibliothèque interuniversitaire de Grenoble (section sciences) a publié un Catalogue collectif de périodiques interrégional (CPI), en 4 volumes. Cette 2" édition du catalogue collectif des périodiques de l'Isère présente l'ensemble des données du fichier de Grenoble, soit 31156 enregistrements (correspondant à 26 000 titres et renvois et 5 147 collectivités éditrices) d'après les collections possédées par 528 bibliothèques participantes.
Les établissements participants, qui réalisent leurs catalogues suivant le système CPI, sont localisés dans l'Isère, le Puy-de-Dôme, le Haut-Rhin, le Rhône, à Montpellier, Bordeaux et dans la région parisienne.
Les périodiques sont classés par ordre alphabétique discontinu, tenant compte de tous les mots. Les titres se présentent pour leur majorité sous la forme du titre-clé.
En tête du premier volume est jointe une liste complète des établissements avec leurs adresses. La mention Ph (photocopie) ou Mf (microfilm-microfiche) en dessous de l'adresse indique que les bibliothèques concernées peuvent fournir ces services.
L'entrée des données, leur vérification et le passage des programmes ont été réalisés par la Bibliothèque interuniversitaire de Grenoble. Seuls pour l'instant 1114 ISSN ont pu être introduits dans le catalogue, mais leur entrée systématique est désormais un objectif prioritaire.
Fruit d'un énorme travail collectif, le catalogue collectif de périodiques interrégional constitue dès à présent un outil de travail indispensable à toute recherche documentaire.
Bibliothèque de l'université de Paris-Dauphine
Publication. - La Bibliothèque de l'université de Paris-Dauphine vient de publier l'édition 1980 du catalogue collectif de périodiques - gestion-sciences économiques - qu'elle réalise conjointement avec les bibliothèques du Centre d'enseignement supérieur des affaires (CESA), de l'Institut européen d'administration des affaires (INSEAD), de l'École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC) et, depuis 1979, la Bibliothèque interuniversitaire Cujas.
Le catalogue 1980 comprend 2 507 titres de périodiques et 4 589 localisations, et il s'est accru de 400 titres par rapport à l'édition 1979, grâce aux fonds très riches de la Bibliothhèque interuniversitaire Cujas. La mise à jour du fichier est faite à la Bibliothèque de Paris-Dauphine, qui a réalisé sa base de données selon le système AGAPE.
Bibliothèques municipales
Guéret (Creuse)
Exposition : « Hommage à Marcel Jouhandeau » 1888-1979. - En tout début février 1980, dans le cadre de la Semaine du livre, la Bibliothèque municipale de Guéret, a présenté dans ses locaux de l'hôtel de ville, place Bonnyaud, une exposition en « Hommage à Marcel Jouhandeau » 1888-1979.
Un grand nombre de documents, ouvrages rares, manuscrits, autographes, iconographies, ont expliqué un peu cet écrivain guérétois, longtemps banni par ses compatriotes.
Parmi les pièces rares exposées, les visiteurs ont ru découvrir l'itinéraire manuscrit préparé par Marcel Jouhandeau à l'intention de Mathieu Galey :
« ... en face de la maison de ma sœur, place du Marché, passez sous un porche pour voir les restes encore assez imposants du vieil Hôtel de Ville. Le nouvel Hôtel de Ville, sur la place Bonnyaud convient par sa prétention au ridicule de notre époque».
Il y a longtemps maintenant, et « Chaminadour » accepte mieux les jugements sévères ou les peu flatteurs personnages d'enfance de Marcel Jouhandeau puisqu'il a su écrire aussi, le 7 août 1974,
« Guéret demeure la patrie de mon âme. Si je n'étais pas né là-bas, je ne serais pas ce que je suis ».
Lamballe (Côtes-du-Nord)
Exposition de cartes postales anciennes (15-31 décembre 1979). - Les Amis du Vieux Lamballe et le Club cartophile des Côtes-du-Nord ont présenté environ 500 cartes postales anciennes sur Lamballe au début du siècle.
Les visiteurs, nombreux, ont retrouvé avec plaisir, parfois avec émotion, les décors de leur enfance ou des scènes typiques de la cité : marchés, fêtes, processions, écoles, vieux quartiers.
Les cartophiles de la région se sont également rencontrés là pour pratiquer des échanges et enrichir leur collection.
Limoges (Haute-Vienne)
Exposition : « Sur les traces de l'homme préhistorique » (25 janvier-2 avril 1980). - La Direction des antiquités préhistoriques du Limousin et le Cercle limousin d'études préhistoriques ont organisé une exposition dans la galerie de la Bibliothèque municipale. Destinée plus spécialement à la jeunesse, cette exposition entraînait « sur les traces de l'homme préhistorique ». Des thèmes généraux étaient abordés : l'évolution des types humains (avec moulage de crâne) ; l'évolution de l'outillage (bifaces, pointes de flèches) ; les sépultures et les rites funéraires ; la construction et l'aménagement des habitats ; les activités humaines (poterie, tissage, vannerie, chasse, pêche, travail de l'os, de la corne, du bois) ; les arts plastiques (peintures, sculptures, gravures).
L'exposition insistait particulièrement sur les fouilles, dont le but n'est pas seulement de recueillir des objets, mais de comprendre, d'expliquer, de dater l'homme préhistorique, de suivre son évolution avec les climats sous lesquels il a vécu. Des exemples de fouilles en Limousin étaient présentés dans une vitrine consacrée aux fouilles de l'abri de « Puyjarrige » près de Brive ; du dolmen de La Leue en Haute-Vienne et du tumulus de « La forêt basse » en Creuse, avec photos, plans, relevés et mobilier recueilli.
Les dernières vitrines étaient consacrées à l'art avec des reproductions de Lascaux, de figurines en ivoire, et à la philatélie, la préhistoire ayant servi de thème à 500 timbres environ.
Marseille (Bouches-du-Rhône)
Exposition : « Marseille et la bande dessinée ». -A l'occasion de la création du Centre d'étude et de documentation sur l'image, la Bibliothèque municipale de Marseille a présenté une exposition originale sur « Marseille et la bande dessinée ».
Cette exposition, inaugurée le 28 mars, permettait de découvrir la littérature graphique à travers l'histoire de la cité.
Pau (Pyrénées-Atlantiques)
« La Latinité » (4 avril-20 mai 1980). - Pour la quatrième fois, M. Olivier Baulny, professeur de philosophie au Lycée Louis Barthou, fait faire à ses élèves de classe terminale leur « 10 % pédagogiques » sous forme d'exposition à la Bibliothèque municipale. Comme il s'agit cette année d'une Terminale 1 A dont les trente-six élèves sont tous latinistes, M. Baulny a proposé comme thème : La Latinité.
Partant des éditions modernes et des travaux actuels, les élèves sont remontés, à travers l'état des questions, jusqu'aux éditions anciennes, correspondant aux sources citées, et employées par les travaux d'érudition récente.
Parmi les divers aspects retenus, signalons : la religion romaine (Quos vult Jupiter perdere...) ; les dames romaines (horresco referens !) ; les jeux et les loisirs (tu, Tityre recumbans sub tegmine fagi...) ; la cuisine ; la maison ; Titus ; la littérature chrétienne latine, et cœtera, et cœtera.
Sous la direction d'un conservateur, les élèves ont appris à rédiger les fiches succinctes des ouvrages qu'ils souhaitaient exposer. Puissent-ils avoir découvert les différentes collections de la Bibliothèque, avoir eu un aperçu de l'histoire du livre, et avoir pris un premier contact avec les travaux des humanistes de la Renaissance. Puissent-ils, aussi et surtout, avoir pris goût à travailler à la Bibliothèque municipale.
Riom (Puy-de-Dôme)
La Fête des Brandons. - La fête des Brandons, qui était tombée en désuétude depuis quelques années à Riom, a été de nouveau célébrée cette année grâce à l'initiative du comité des fêtes.
Mais les temps ont changé et le terme de fête ne recouvre pas la même réalité pour les Auvergnats d'aujourd'hui que pour ceux d'hier, et puisqu'il s'agissait d'une coutume ancienne, la participation la plus naturelle de la bibliothèque se situait autour d'une recherche, en particulier bien sûr dans les ouvrages qu'elle possède, sur ce qu'était autrefois la fête des Brandons, sur les autres fêtes locales, et de façon plus large, sur la vie quotidienne à Riom et en Auvergne autrefois, à partir de ces coutumes.
C'est ainsi qu'ont été exposés à la bibliothèque du 23 février au 8 mars une sélection d'ouvrages sur ce thème, et quelques objets auvergnats évoquant les fêtes et la vie quotidienne de l'Auvergne traditionnelle. Un petit catalogue rassemblait quelques éléments d'information sur les traditions de la fête des Brandons et des autres fêtes riomoises, la liste des ouvrages et celle des objets qui étaient exposés ; et le lecteur était incité à admirer ces objets, à consulter les livres, à essayer les recettes de cuisine auvergnate proposées, à donner leurs impressions, et à rendre visite au Musée des arts et traditions populaires de la ville.
Saint-Étienne (Loire)
Quinzaine de la science-fiction (22 mars-5 avril 1980). - S'associant à la « Quinzaine de la science-fiction et du fantastique » organisée par la Fédération des œuvres laïques de la Loire, la Bibliothèque municipale a mis sur pied deux expositions de livres.
L'une, à la bibliothèque pour les jeunes, proposait, en consultation sur place, un choix de livres, albums et contes pour les enfants et les adolescents.
L'autre, à la bibliothèque d'information et de loisirs (adultes), présentait une cinquantaine de romans les plus caractéristiques du genre. Ils étaient analysés dans un catalogue qui recensait, en outre, plus de 400 titres de romans de science-fiction disponibles à la Bibliothèque municipale.
Dans le cadre des animations prévues sur ce thème dans différents quartiers de Saint-Étienne, la Bibliothèque municipale a reçu la visite de Daniel Riche, rédacteur en chef de la revue Fiction ; de Dominique Douay, auteur de livres de science-fiction ; et de Jean-Pierre Andrevon, écrivain de science-fiction et critique au journal Le Monde.
Tarbes (Hautes-Pyrénées)
Exposition : « Tarbes jadis » (9 février-8 mars 1980). - Cette exposition placée sous l'égide de la Société académique des Hautes-Pyrénées présentait le résultat des recherches de M. Jules Héraut, membre de la Société académique, sur l'histoire et la topographie du XVI" siècle à 1900, de trois bourgs de Tarbes : le Bourg-Vieux, le Bourg-Neuf et le Portail-d'Avant, qui correspondent au centre-ville actuel.
L'exposition comprenait des plans reconstitués à la suite d'enquêtes dans les archives et sur le terrain, des documents provenant des archives municipales, d'anciennes gravures et photographies, et une maquette des bâtiments détruits en 1899 : château-comtal, hôtel de Castelnau-Laloubère et immeubles voisins. Cette maquette avait été réalisée par M. Claude Dubos, lui aussi, membre de la Société académique.
L'exposition connut un grand succès auprès du public tarbais et haut-pyrénéen, des membres de l'enseignement et de leurs élèves, par les faits inédits qu'elle révélait, et grâce aux explications données sans se lasser par M. Héraut.
Bibliothèque Forney
Exposition : « La caricature et la presse satirique 1830-1918 » (18 octobre-31 décembre 1979). -La Bibliothèque Forney a présenté dans le cadre de l'Hôtel de Sens, 1, rue du Figuier, Paris-4e, une exposition sur « la caricature et la presse satirique 1830-1918 » uniquement réalisée avec des documents issus de son fonds.
1830, c'est l'époque où grâce à la presse et à Charles Philipon qui fonde la « Caricature » et le « Charivari », la caricature cesse d'être considérée comme un art mineur pour devenir une arme de combat politique décisive.
Tous les grands périodiques satiriques possédés par la Bibliothèque Forney se font l'écho des combats politiques : le Charivari avec Daumier ou Grandville, lutte contre Louis-Philippe, « Le Journal pour rire » ou « La Revue comique à l'usage des gens sérieux » s'opposent au prince-président Napoléon. Une large part était consacrée à André Gill et aux différents journaux auxquels il collabora dans sa lutte contre Napoléon III : « Lune », « Éclipse », « Lune Rousse », etc. A côté des périodiques, étaient présentés des livres ou des estampes signés des noms les plus célèbres : Henry Monnier, Honoré Daumier, Grandville, Gavarni, Gustave Doré, Cham et les précieuses collections des « Physiologies » et des « Français peints par eux-mêmes ». La satire politique fleurit également sous la IIIe République avec « Le rire » et la fameuse « Assiette au beurre » dont la Bibliothèque Forney possède la collection complète. Le « Psst » journal fondé par Caran d'Ache et Forain évoque les heures troubles de l'affaire Dreyfus, et la dernière partie de l'exposition montrait l'évolution de l'esprit cocardier au début de la première guerre mondiale avec le « Mot », le « Rire rouge » ou la « Baïonnette ».
La caricature de mœurs était également représentée avec la « Vie parisienne », fidèle reflet de la société du Second Empire, les journaux légers de la IIIe République, tel le « Gil Blas » ou les périodiques montmartois « Chat Noir », « Mirliton », « Pierrot » dans lesquels apparaissent de nouveaux noms, bientôt célèbres : Steinlen, Willette, Toulouse-Lautrec, Forain...
La variété des documents présentés selon un classement chronologique (livres, périodiques, estampes, nombreuses affiches, cartes postales) a visiblement séduit les lecteurs qui sont venus nombreux visiter cette exposition sur un thème jusqu'ici peu abordé. Que ceux qui n'ont pu venir à temps se consolent, un catalogue 21 x 29,7 cm de 40 pages a été édité, avec des illustrations en noir et blanc, et la liste précise des document exposés, avec leur cote, pour permettre de les retrouver facilement dans le fonds de la Bibliothèque Forney ; le montage audio-visuel qui accompagnait l'exposition se trouve en prêt, accompagné d'un texte écrit, au fonds iconographique de la bibliothèque où l'on peut également emprunter d'autres diapositives sur la caricature.