Le nom africain ou langage des traditions
Alphonse Tiérou
Il ne s'agit pas de toute évidence d'un traité d'onomastique - d'ailleurs, à partir d'un petit peuple de l'Ouest de la Côte d'Ivoire, les Ouêhi, connus habituellement sous le nom de Guéré, la portée pratique serait assez limitée - mais d'une réflexion très nourrie sur ce sujet peu exploré et propice au mystère.
L'importance du nom est considérable. Son porteur l'aime autant que lui-même, mais il en a souvent plus d'un. A côté de celui qu'il reçoit à son baptême, la société des masques peut l'affubler d'un surnom, comme il recevra aussi des noms secondaires dits proverbiaux. Ces noms marquent beaucoup plus en définitive que celui du père (patronyme) ou celui de la mère (la société étant ici matriarcale), et les prénoms d'origine européenne, avec la recherche de l'authenticité, sont aujourd'hui en régression.
Les noms servent plus qu'à distinguer les personnes : ils les chargent de la mémoire collective du peuple, inspirés qu'ils sont par l'événement du moment. Ils ont trait à Dieu et à ses œuvres - et une liste (avec traduction) en est donnée. Ceci vaut de savoureuses explications tout à la fois ésotériques et mystiques, notamment à propos des jumeaux et de l'idée de sexe chez les Guéré.
Ainsi l'étude des sept catégories de noms ouêhou est-elle la source d'une belle moisson ethnologique, à laquelle se superpose « la libre vision du monde » d'un auteur à coup sûr très talentueux.