Requiem for the card catalog

management issues in automated cataloging

par Alban Daumas-Flocia
ed. by Daniel Gore, Joseph Kimbrough and Peter Spyers-Duran. - London: Aldwych press, 1979. - XVI-200 p. ; 25 cm. Index p. 197-200. - ISBN 0-86172-002-4

Ce livre au titre évocateur a été publié, il faut le remarquer, simultanément aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Il nous propose une dizaine de rapports présentés à un congrès auquel participaient plus de deux cents bibliothécaires d'Amérique du Nord, bibliothécaires travaillant aussi bien, le fait a été souligné, dans ce que nous appellerions la lecture publique que dans des établissements d'études et de recherche.

D'emblée, des définitions et des précisions bien utiles disent ce dont on va parler. Car une distinction capitale est à faire entre les bases de données propres à une bibliothèque ou un groupe de bibliothèques, mais à elles seules, et les bases de données accessibles et utilisées par toutes les bibliothèques qui le désirent (d'une part « collection data base » et d'autre part « resource data base »). C'est que les éléments bibliographiques retenus ne sont pas les mêmes : la localisation des documents est nécessaire ici mais non fournie ailleurs ; elle peut d'ailleurs être repérée mais d'une façon grossière dans la principale base de données ouverte, celle de l'OCLC, selon que l'utilisateur veut connaître l'endroit où se trouve tel genre de document, ou seulement créer de nouvelles entrées dans son catalogue local.

A ce propos, il est intéressant de rappeler que la base de données la plus importante au monde et la plus utilisée dans les bibliothèques est la base MARC distribuée par la « Library of Congress ». Depuis sa création (1967) le nombre de documents recensés a été multiplié par 15 (de 50 000 à 850 000) et pourtant cela représente, non pas une part substantielle des collections de la bibliothèque du congrès, mais seulement une sélection des accroissements. Quant à la base OCLC, il faut savoir qu'elle inclut la base MARC à laquelle se rajoutent les accroissements courants (mais avec parfois des rajouts de collections rétrospectives) d'un certain nombre de bibliothèques d'importance et de caractéristiques très variables. Si bien que grand nombre des entrées dans ce système sont dites « incontrôlées ».

Presque tous les rapports présentés dans cet ouvrage sont à lire. De grande qualité bibliothéconomique, ils sont parfois suivis de courtes bibliographies. Le plus amusant est celui qui s'intitule « Demise of the cataloging mystique », qui saccage allègrement quelques idées reçues des bibliothèques. Le langage bibliothéconomique habituel y est qualifié de « prières de druides », les indexations Dewey sont passées au crible avec leurs omissions et leurs ridicules. Mieux encore, on y montre combien, dans quantité de catalogues actuels, tout a été fait à la mesure de notre monde occidental et chrétien : place des autres religions, des races non blanches (sous-développées, primitives, tribales), des peuples colonisés (rebelles bien entendu). Le plus utile pour nous est cependant le rapport n° 8 qui nous montre comment des bibliothèques se sont groupées en un réseau régional avant de demander l'accès au service de l'OCLC sur des « bases coopératives ».

Au total, après avoir lu ce livre, on est sûr d'un fait (si on en doutait) : les bibliothèques doivent constituer des réseaux régionaux, nationaux et thématiques pour pouvoir saisir et contrôler l'explosion du développement de l'information.