The Comely frontispice

the emblematic title-page in England, 1550-1660

par Michel Marion

Margery Corbett

Ronald Lightbown

London : Routledge and Kegan Paul, 1979. - VIII-248 p. : ill. ; 24 cm. Index p. 231-248. - ISBN 0-7100-8554-0 : 11.95 £

Rares sont les historiens contemporains qui osent analyser les documents par la symbolique. Et pourtant la symbolique n'a jamais été dédaignée ni par les auteurs sérieux du Moyen âge ni par les beaux esprits des temps modernes : Cosmographia de Sébastien Münster est remplie de considérations symboliques ; le P. Ménestrier, célèbre jésuite français du XVIIe siècle, y attachait la plus grande importance ; le Voyage de Gulliver de Jonathan Swift prend part de façon plaisante et parfois féroce à cette tradition.

C'est sans doute par goût du défi et de la gageure que Mme Corbett et M. Lightbown ont étudié avec science, souci de l'exactitude, discernement, les frontispices de livres importants de la littérature anglaise des années 1550-1660. Parmi eux, on remarque de Sir Philip Sidney, The Countesse of Pembrokes Arcadia (1593), The Works of Benjamin Jonson (1616), Sylva Sylvarum de Francis Bacon (1627), la Bible du Roi Jacques et bien entendu l'extraordinaire Leviathan de Thomas Hobbes (1651).

La méthode suivie par les deux auteurs précités est simple mais efficace : une longue introduction qui analyse les thèmes symboliques les plus importants et les plus fréquents, qui fait appel aux maîtres de cette science, qui en reprend l'historique et va jusqu'à en détecter les symptômes jusqu'à nos jours ; une longue introduction qui pose le problème de la symbolique et sa place dans le livre, sa place en tant que frontispice - car on peut aussi bien imaginer trouver la symbolique présente dans des illustrations dans le texte - et sa place féconde quant aux réflexions que l'image apportait au lecteur, étranger, car il s'agit bien d'image.

De cette image, longuement, finement décrite -avec un rien de bibliographie matérielle - il eût peut-être fallu insister un peu plus sur l'alliance qu'elle fait du passé et du présent, de la Renaissance et du Moyen âge : tous ces dessins bien construits, d'allure moderne (aucun ne rappelle un passé révolu) font appel pour leur explication, pour leur lecture, aux symboles hérités du Moyen âge. Sans cette connaissance, nul ne pouvait - ne peut -les comprendre, les interpréter. Le frontispice est fait pour être lu, non pour être regardé.

Si le lien entre les différents livres choisis n'apparaît pas toujours clairement, il n'en reste pas moins que ce livre se lit facilement, avec passion par moment. Bien complété par un index il est toutefois regrettable que la bibliographie n'apparaisse que sous forme de notes en bas de page.