Encyclopédie illustrée des bateaux
L'ouvrage que nous présentons aux lecteurs du Bulletin des bibliothèques de France vaut avant tout pour ses illustrations, plus que pour son texte, bien que ce dernier, bref, soit également de grande qualité. Il a paru d'abord chez deux éditeurs suédois et est le résultat de la collaboration d'officiers de marine, de capitaines au long cours, d'architectes navals, d'ingénieurs, de constructeurs de bateaux, avec le concours de conservateurs de divers musées de la marine anglais, scandinaves, allemands, etc. L'édition française est présentée par le capitaine de vaisseau Luc Marie Bayle, directeur des Musées de la marine. C'est donc, en raison de ces nombreuses collaborations, un travail très sérieux et très érudit qui traite de tous les aspects du bateau : coque, mâture et gréement, voile, propulsion (des avirons aux réacteurs nucléaires), pêche, yachting et plaisance, navires de guerre et armes navales, navigation et manœuvre. Tout y est donc du bateau à voile égyptien peint sur une urne d'argile vers -4000, aux derniers navires à propulsion nucléaire et aux superpétroliers de 495 000 tonnes.
Résumer tous les problèmes, tous les éléments de la marine sous tous ses aspects en 277 p. peut sembler une gageure. Les nombreux auteurs sont arrivés à la résoudre au moyen de dessins au trait, à la fois dépouillés et très précis, plus explicites que la photographie. Le commandant Bayle explique qu'il est difficile de faire comprendre à un terrien quelconque qu'une « chatte » est un grappin dont les pattes n'ont pas d'oreilles alors que si l'on dessine côte à côte les deux, le plus obtus comprend.
Ce sont d'admirables dessins, disséquant littéralement le navire, sa coque, son gréement, son accastillage, les détails de sa construction, en bois ou en fer et acier, son ornementation, ses machines, cela pour tous les types connus, anciens et modernes. On trouvera même le code international des signaux, les pavillons des marines marchandes et des compagnies, ainsi que leurs cheminées, les noeuds et épissures (grâce auxquels nous ferons des paquets qui tiendront avec la sûreté d'un vieux gabier), les différentes manoeuvres des embarcations, des trois-mâts-barques et des navires à propulsion mécanique et même les « hobies » et passe-temps des matelots. On ne peut pas parler de survol : la précision des tableaux et dessins exclut toute idée de superficialité.
L'index de plus de 3 000 termes techniques permettra toutes les recherches. La bibliographie d'un peu moins de 100 titres, par contre sera peu utilisable en France étant donné la prééminence des ouvrages scandinaves cités, qui vraisemblablement y sont introuvables. Il s'y trouve d'ailleurs des ouvrages anglais et allemands qui nous seront plus accessibles. Regrettons qu'on n'ait pas cité les ouvrages de l'amiral Paris sur la construction navale, récemment réédités, qui sont des classiques en ces matières, ni certains grands traités d'architecture navale des XVIIe et XVIIIe siècles aux admirables planches gravées qui ont été l'objet de rééditions en fac-similés. Regrettons que, dans une édition française, l'ouvrage classique de Paasch De la quille à la pomme du mât soit cité sous sa version en langue anglaise alors qu'il existe une version française.
Les traductions n'ont pas dû être commodes à réaliser en raison du grand nombre des termes techniques de la marine à voile qui, pour être traduite avec exactitude, ont certainement exigé des recherches de haute érudition : les traducteurs y ont réussi.
Cet ouvrage a donc sa place dans beaucoup de bibliothèques, en premier lieu celles des Musées de la Marine et celles des villes côtières, mais aussi partout où des jeunes, et des moins jeunes, se passionnent pour la mer, souvent en confectionnant de très savantes maquettes, et également dans les bibliothèques plus érudites que fréquentent ceux qui s'intéressent à la jeune science de l'archéologie navale, ils trouveront là un ouvrage de base. En outre, au courant des tous derniers perfectionnements de la construction et de l'armement, il permettra le recyclage de tous ceux qui sont en contact avec la mer, et de tous ceux qui rêvent d'une évasion vers le large.