Les Étains

des origines au début du XIXe siècle...

par Marie-Thérèse Laureilhe

Philippe Boucaud

Claude Frégnac

SUP>Fribourg (Suisse) : Office du livre ; Paris : Diffusion Weber, 1978. - 340 p. : ill. ; 25 x 26 cm. Bibliogr. p. 330-331. Index p. 333-337

L'ouvrage sur les étains de MM. Boucaud et Frégnac a été écrit avant tout aux intentions des amateurs d'étains anciens pour lesquels il n'existait jusqu'ici pas d'ouvrage général englobant tous les pays de civilisation européenne, mais seulement des monographies, parfois excellentes, consacrées à la production d'un seul pays. L'ouvrage a une portée générale; le soin et le souci du détail avec lesquels il a été établi, les recherches minutieuses dans les collections européennes et américaines, publiques et privées, les références toujours citées, font que cet ouvrage établi pour les amateurs ne peut qu'être recommandé aux spécialistes d'histoire de l'art.

Son plan est clair, à la fois chronologique et systématique : généralités sur le métal et son traitement, Antiquité, Moyen-âge, étains religieux, étains corporatifs et municipaux des XVe et XVIe siècles, « étains nobles » de la Renaissance semblables aux plus belles pièces d'orfèvrerie, étains corporatifs et municipaux des XVIIe et XVIIIe siècles, pichets et mesures, étains à usage domestique du XVIIe au XIXe siècle, étains à usage médical. Tout y est, rien ne semble avoir été oublié. Par exemple en parlant des étains religieux on pense tout de suite, au moins en France, aux « chapelles » du culte catholique, mais l'auteur a également traité celles orthodoxes et les plats et vases liturgiques protestants et israélites (qu'on ne doit guère trouver ailleurs), il a parlé des bénitiers et seaux à eau bénite, des reliquaires, des pique-cierges, des lampadaires, des croix pectorales, des fonts baptismaux, des enseignes de pélerinages. Nous ne voyons qu'un oubli : les plats de quête si souvent volés dans nos églises de campagnes car ils attirent antiquaires et brocanteurs. Tous les chapitres sont traités avec le même détail. Dans celui consacré aux étains à usage domestique, il y a toute la vaisselle, toutes les chopes et gobelets, tout ce qui sert à boire, à manger, à saler, à sucrer, à aromatiser, à éclairer, à verser de l'eau, à écrire, à goûter, nous en passons, mais les auteurs ne passent rien, peut-être minimisent-ils un peu les tâte-vins. Pichets avec ou sans pieds, avec ou sans piedouche, avec ou sans couvercle, etc. se retrouvent à toutes les époques et dans tous les pays, de la Russie à l'Amérique du Nord, mais avec plus de détail, peut-être pour les anciens pays d'Empire et pour la France avec une préférence pour l'Alsace, la Franche-Comté et la Bourgogne aux dépens des pays de l'Ouest et du Midi pourtant eux aussi pourvus d'étains.

A ces minutieuses descriptions s'ajoutent quelques conseils aux collectionneurs pour la remise en état, le nettoyage, le dépistage des faux et surtout les fac-similés de 1 200 poinçons classés par pays, puis par maîtres et villes. Pour chaque pays l'auteur indique en premier le, ou les livres faisant autorité avec une brève appréciation, mais ceux-ci se retrouvent à la bibliographie limitée à une soixantaine d'ouvrages en général pourvus eux-mêmes de bibliographies. Un bref glossaire et surtout l'index complètent très utilement cet excellent instrument de travail illustré de 400 excellentes reproductions de tous les types d'étains, outre les fac-similés des poinçons.

On aurait tort, en présence de ces étains, de parler d'art populaire et de minimiser l'art des potiers d'étain ; certaines pièces, surtout à la Renaissance, mais à toutes les époques, valent les plus belles d'orfèvrerie. L'ouvrage intéressera donc un vaste public de lecteurs : il faut le mettre à la disposition, non seulement des collectionneurs pour lesquels il a été écrit, mais également à celle des artisans, des étudiants en histoire de l'art et des chercheurs. En outre il a sa place dans les bibliothèques de nombreux musées.