La bibliothèque départementale de Debrecen (Hongrie)
Installée 8 rue de l'Armée rouge, la Bibliothèque départementale de Debrecen fait face au célèbre Temple réformé de la place Calvin. Elle rayonne sur la ville elle-même - et ses 180 000 h - ainsi que sur la plus grande partie de la Grande plaine hongroise, cette région de steppes rendue à la culture par un vaste réseau d'irrigation.
L'organisation actuelle des bibliothèques hongroises s'inscrit dans le cadre d'une réforme commencée en 1952. Il a alors été décidé de créer dans chaque chef-lieu une bibliothèque départementale (comparable aux grandes bibliothèques municipales françaises) qui est en même temps le centre régional d'une politique de lecture publique. Depuis 1960, chaque chef-lieu de canton dispose aussi d'une bibliothèque et, aujourd'hui, il en est de même pour la plupart des communes. C'est ainsi qu'en vingt ans la fréquentation des bibliothèques hongroises est passée de 6 % à 21,8 % de la population, en 1972. Ces chiffres tiennent évidemment compte des bibliothèques syndicales elles-mêmes reliées aux bibliothèques des Conseils syndicaux des départements.
Debrecen compte 39 bibliothèques publiques et 79 bibliothèques syndicales. Cependant, le département est l'un des moins avancés pour la lecture. Seulement 13,5 % de la population fréquente une bibliothèque, sans que l'on puisse constater un sous-équipement en livres (14,2 livres par lecteur). Ce chiffre, très inférieur à la moyenne nationale, s'explique par la faible densité démographique de la Grande plaine et par sa prédominance rurale.
La Bibliothèque départementale de Debrecen possède aujourd'hui un fonds de 120 000 livres, dont 47 500 ouvrages littéraires, 64 300 documentaires et 17 500 livres pour enfants. Il faut y ajouter 130 000 numéros de revues, 600 microfilms de périodiques et 250 collections de périodiques reliés. Le fonds régional se compose de 4 000 livres ainsi que de nombreuses brochures, estampes et cartes postales. La bibliothèque dispose de 5 000 ouvrages imprimés à l'étranger. Mais les publications étrangères intéressent davantage les bibliothèques universitaires ou les instituts spécialisés. Il ne faut pas non plus oublier que le livre édité en Europe occidentale vaut trois à quatre fois plus cher que celui édité en Hongrie.
Pour l'année 1976, le budget était le suivant : 360 000 forints (90 000 F) pour l'achat des livres et 120 000 forints (30 000 F) pour les revues. A l'exception des ouvrages hautement spécialisés, toutes les parutions sont acquises en un ou plusieurs exemplaires. En 1975, 7 730 titres ont paru en Hongrie, pour une population de 10 500 000 h. Cette même année, 10 000 volumes ont été acquis à Debrecen. A peu près autant ont d'ailleurs été retirés des rayonnages. Ils ont été détruits ou donnés à de petites bibliothèques municipales. Les ouvrages courants ne sont ni reliés, ni couverts, ni réparés. Cette politique est rendue possible grâce à la bonne qualité du livre hongrois. Il n'empêche cependant que certains ne sont pas en très bon état et que leur présentation ne doit pas attirer tous les lecteurs.
La bibliothèque est gérée par un personnel nombreux et compétent. Sur un effectif de 50 personnes, 35 sont titulaires du diplôme de bibliothécaire préparé par plusieurs universités hongroises. Les autres possèdent souvent une formation supérieure complète, mais sans diplôme de spécialisation. Chaque section est placée sous la direction d'un responsable qui décide des achats.
L'organisation actuelle du réseau des bibliothèques hongroises permet une centralisation du travail bibliographique. Cette tâche incombe à la bibliothèque nationale Széchényi de Budapest où sont cataloguées toutes les publications nationales et où sont établies les bibliographies courantes. Le personnel des bibliothèques départementales n'a donc pas à assumer le long et fastidieux travail de catalogage. Les fichiers alphabétiques d'auteurs, de titres (pour tous les livres) et le fichier systématique sont établis à l'aide des fiches publiées par la Bibliothèque Széchényi. Seul le fichier de dépouillement des périodiques est en partie laissé au soin du personnel départemental. La Bibliothèque ne dispose pas de fichier alphabétique de matières. Cette absence est la conséquence d'une rationalisation assez systématique des connaissances scientifiques. En Hongrie, tout ce qui n'est pas œuvre d'imagination est « scientifique ». Un tel parti pris, qui peut tendre à l'élimination des mauvais documentaires (mais ce n'est pas certain), n'aide pas toujours le lecteur dans ses recherches
Les statistiques de fréquentation de la bibliothèque sont à considérer eu égard à son rôle coordinateur (dépôts dans les petites bibliothèques municipales) et à la multiplicité des lieux de lecture dans la ville. En 1976, on comptait 8 288 inscrits, dont 1 291 enfants de moins de 15 ans. Parmi les adultes, la répartition professionnelle est la suivante : 1 734 intellectuels, 1 544 lycéens, 1 462 étudiants, 1 326 ouvriers, 727 sans profession, 169 apprentis, 32 paysans.
Pour répondre à sa vocation populaire, l'accès à la bibliothèque n'a comme préalable que le versement d'une cotisation de 3 forints par an (soit 0,75 F) pour les adultes et i forint pour les scolaires. Chaque lecteur peut emprunter jusqu'à 5 livres pour une durée de 3 semaines. La plupart des ouvrages et des périodiques sont en accès libre. Les romans policiers font partie intégrante du fonds « littérature » afin que certaines personnes ne se limitent pas à cette catégorie. Par contre, le théâtre et la poésie sont classés à part. Cette mesure peut surprendre dans un pays où la poésie n'a rien perdu de son prestige. Mais il est cependant admis qu'elle intéresse peu les ouvriers.
Une visite à la section des enfants montre l'effort qui a été consenti ces dernières années pour donner à lire des ouvrages de qualité et attrayants. Les éditions Mora publient des albums et des dépliants de premier choix à des prix qui n'excèdent jamais 40 forints (10 F !). Et les meilleurs ouvrages figurent aussi dans les rayons des épiceries et des kiosques publics.