INTERMARC
Alors que le Groupe INTERMARC existe depuis plus de cinq ans et que les projets d'avenir ne manquent pas, il a semblé utile de faire le point sur cette initiative française qui prépare la mise en place d'un réseau européen d'échange bibliographique.
C'est à l'instigation du Bureau pour l'automatisation des bibliothèques que se sont réunis pour la première fois à Paris en octobre 1972 des représentants des services bibliographiques de Belgique, de France et de Suisse, afin de « travailler à la définition d'un format commun de notices bibliographiques sur support informatique ». Il s'agissait alors d'élaborer un format MARC français pour l'enregistrement des données bibliographiques en vue de l'échange, c'est-à-dire de définir une codification permettant de reconnaître sur un support magnétique les éléments de la description bibliographique.
Dès le mois suivant, lors d'une réunion à Londres, le groupe cessa d'être francophone pour inclure des représentants de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas. Tout au long de l'année 1973 les réunions se succédèrent et les documents se multiplièrent pour donner naissance en décembre 1973 au manuel de format d'échange bibliographique INTERMARC. A partir de ce moment, le nom INTERMARC devient ambivalent et désigne à la fois le format et le groupe de travail.
Outre ceux des pays mentionnés plus haut, le groupe INTERMARC réunit les représentants des agences bibliographiques nationales de l'Allemagne de l'Ouest, du Danemark, de l'Espagne et de l'Italie. Chaque agence désigne au maximum deux personnes, de préférence toujours les mêmes, auxquelles peuvent se joindre, suivant les besoins de l'étude en cours, des experts et des observateurs. Les réunions ont lieu deux fois par an, dans chaque pays à tour de rôle.
Au cours de nombreuses discussions de politique générale, les membres du groupe INTERMARC ont en majorité indiqué leur préférence pour le maintien d'un groupe non officiel. Le secrétariat, assuré depuis l'origine par la France, n'est donc pas structuré et il n'a pas de crédits. Les documents de travail, en principe en deux langues - anglais et français - sont distribués aux seuls membres du groupe.
Le Manuel INTERMARC (M) 1 a été terminé en 1974 et le service de la Bibliographie de la France l'utilise depuis 1975. Les notices françaises en format INTERMARC sont enregistrées par l'ordinateur de l'Isle d'Abeau et forment, entre autres, la bande d'échange destinée aux agences bibliographiques étrangères. Étant donné que le format INTERMARC suit de très près le format MARC/LC, les bandes françaises peuvent être traitées sans difficulté de conversion par les agences bibliographiques du Canada, des États-Unis ou de Suisse. Le manuel a été revu en février 1978 et c'est le format corrigé qu'utiliseront, à partir de l'année prochaine les bibliothécaires des Pays-Bas pour leur bibliographie nationale.
Le format INTERMARC (S) pour les publications en série a été adopté en mai 1977 et pourra être utilisé pour l'automatisation du supplément i de la Bibliographie de la France. Ce format a été plus long à établir car il était bien entendu que le point de départ devait en être l'ISBD (S). De très nombreuses versions ont donc été rédigées au fur et à mesure des modifications apportées à ce texte. Une fois traitées les monographies et les publications en série, il est apparu que les autres types de documents décrits dans les bibliographies nationales devaient également faire l'objet d'un format : il faudra donc étudier comment ajouter à la structure de base INTERMARC qui demeure inchangée, des zones particulières réservées à la codification des éléments propres à chaque type de document (cartes, audio-visuels, etc.)
Dès le début de leurs travaux, les membres du groupe INTERMARC ont reconnu le caractère primordial de l'établissement d'une liste d'autorité. Le premier document sur les fichiers d'autorité date de juillet 1974 et le format sera adopté en octobre 1978. Ce problème concerne en particulier les organismes voués à l'enregistrement de la production nationale qui se trouvent, dans le cadre du CBU, destinés à échanger les données bibliographiques. Les traditions et les besoins de catalogage ont jusqu'à présent empêché, depuis les Principes de Paris en 196I, tout accord international sur l'établissement des vedettes. On peut au moins espérer que l'adoption d'un format d'autorité permettra d'échanger les données indispensables à l'identification d'un auteur tout en indiquant la forme de la vedette telle que l'agence émettrice l'a choisie. Les travaux du Groupe INTERMARC dans ce domaine suivent de très près ceux de nos collègues d'Amérique du Nord afin d'éviter autant que possible les problèmes d'échange.
Le format INTERMARC (M) ne concerne que la description bibliographique des monographies, mais il est indispensable de prévoir l'indexation matières. Le Groupe INTERMARC étudie actuellement un format de codification des vedettes matières qui permette de les utiliser soit telles quelles, soit comme mots clés pour l'interrogation documentaire.
L'avenir de l'échange bibliographique réside sans doute dans l'adoption universelle du format UNIMARC. Notons que sur les dix personnes chargées d'élaborer le format UNIMARC, six étaient en même temps activement liées aux travaux d'INTERMARC. C'est là une garantie de compatibilité entre les deux formats, et une assurance quant à l'importance des programmes de conversion.
Au moment où se mettent en place des réseaux européens de télécommunication, le Groupe INTERMARC a longuement réfléchi à sa place future et à l'organisation souhaitable de l'échange des données bibliographiques. En tant que lieu privilégié de rapport entre experts et de discussions techniques entre spécialistes, d'éducation, de culture et de langues différentes, INTERMARC doit rester un forum où prennent forme des idées nouvelles, où peuvent être expliquées des expériences intéressantes, où doivent être annoncées les tentatives de chacun. On peut espérer que le Groupe INTERMARC continuera à travailler sur les sujets liés au développement des réseaux en conversationnel, et ceci malgré les difficultés rencontrées par certains pays dans la mise en place de l'automatisation, ou malgré le départ de certains de ses membres les plus fidèles.