Télé-enseignement universitaire
Le 28 juin 1977, le Secrétariat d'État aux universités présentait, au Centre audio-visuel de l'École normale supérieure de Saint-Cloud, sept émissions télévisées, réalisées pour la plupart au cours de l'année 1976-1977.
Alors que la Grande-Bretagne, avec la Open university, et les États-Unis utilisent depuis longtemps la télévision pour l'enseignement supérieur, en France les réalisations sont récentes. Elles n'en sont pas moins de grande qualité puisque l'une des émissions présentées 1 a reçu le prix Japon 1977, distinction internationale très recherchée. Il faut citer également une émission plus ancienne, passée déjà plusieurs fois à l'antenne nationale, consacrée à André Malraux et La Condition humaine 2.
Sans entrer dans le détail de chaque émission, il faut remarquer quelques caractéristiques : durée : 25-30 minutes; format : 16 mm 3; public cible : étudiants (DEUG) avec possibilité d'élargissement.
Ce dernier point provoque immédiatement des questions; il semble en effet difficile d'intéresser, avec des données techniques, à la fois un public restreint et spécialisé et le grand public. Cette difficulté a été bien illustrée par une autre émission 4, sans pour autant, semble-t-il, être surmontée. Quant à l'émission de l'Université de Strasbourg, elle montre que l'on peut aussi choisir délibérément la culture générale; la présentation de l'économie autrichienne est faite par des interviews de dirigeants gouvernementaux et syndicaux, avec traduction simultanée 5.
Les deux émissions d'histoire et de droit ont paru plaire à tous les spectateurs, peut-être par opposition au souvenir de manuels rébarbatifs et peu illustrés. La première, montrant les modifications de l'urbanisme en Gaule 6, était très belle, très précise avec de nombreux plans faciles à lire et de superbes vues de Glanum, Arles et Orange. La seconde, seule émission en noir et blanc, utilisait uniquement (du moins dans la partie présentée) des documents bibliographiques et iconographiques de la Bibliothèque Nationale pour illustrer, à l'aide de portraits et surtout de caricatures, l'avènement du parlementarisme en France au XIXe siècle 7.
La toute dernière émission, d'un genre très différent, a permis de poser la question de l'avenir du télé-enseignement universitaire 8. Ne vaut-il pas mieux, comme cela se produit à Paris I, réaliser des films pour petit écran que les étudiants peuvent utiliser en self-service à la bibliothèque universitaire. Il est certain que dans le domaine des sciences économiques, en analyse économique, on cherche à démontrer par l'image une loi, une hypothèse, et que ceci peut se faire en 5 à 8 minutes. L'étudiant peut aussi revoir le film plusieurs fois lorsqu'il ne l'a pas bien compris.
On cherche, par des enquêtes, à évaluer l'utilité des émissions de télé-enseignement, en comparant les résultats d'examens et en interrogeant les étudiants. Il faut remarquer cependant que dans bien des cas elles pourraient être diffusées hors des amphithéâtres. On voit bien, par exemple, la place d'un film sur Malraux, ou sur l'Autriche, lors d'une exposition 9.
Ces émissions sont cependant assez denses pour dépasser les élèves du secondaire et souvent trop techniques pour attirer le grand public. Mais il est inutile de tirer des conclusions générales d'une présentation de ce genre car chaque émission a été réalisée dans un esprit et dans un contexte particuliers.