Journée d'information « Bibliothèques et Réseaux documentaires »

14 mai 1976

La journée d'information organisée par le Service des bibliothèques et le Bureau national de l'information scientifique et technique le 14 mai 1976 avait pour but de préciser la notion de réseau documentaire. Ceci a amené à définir la politique d'automatisation des bibliothèques et d'internationalisation de l'information. Au cours de cette journée ont été présentés les réseaux informatiques, leur fonctionnement et les services qu'ils peuvent rendre.

Une journée d'information organisée par le Bureau national de l'information scientifique et technique (BNIST) et le Service des bibliothèques (Division de la coopération et de l'automatisation), s'est tenue le 14 mai 1976 dans l'un des amphithéâtres du Conservatoire national des Arts et Métiers. Elle a réuni plus de 160 bibliothécaires (Bibliothèques universitaires de Paris et de province, Bibliothèque Nationale, Bibliothèques publiques) et 70 responsables d'organismes documentaires, en présence de représentants de l'inspection générale et des divisions du Service des bibliothèques.

Deux exposés d'introduction ont précisé le but de cette journée. M. Michel, secrétaire permanent du BNIST, a rappelé l'historique du concept de réseau : le réseau logique qui repose sur la coopération et le partage des tâches, s'appuie désormais sur un support physique, le réseau de télécommunications. La décentralisation des points d'accès, rapprochant les bases de données des utilisateurs représente une révolution dans l'emploi de celles-ci. Elle oriente vers une régionalisation et une démocratisation de l'information en favorisant une utilisation massive à de moindres coûts. Ces réseaux physiques doivent permettre un travail en commun des bibliothèques et des centres de documentation. Pour cela quatre points sont à étudier : l'application des réseaux documentaires, la formation à l'emploi des bases de données, la sensibilisation des utilisateurs, la participation au catalogage.

En réponse, M. Pelou, chef de la Division de la coopération et de l'automatisation (DICA), a présenté la politique définie par le Secrétaire d'État aux universités en matière d'automatisation des bibliothèques. Le premier point est l'automatisation du catalogage, commencée avec la Bibliographie de la France et l'échange de bandes avec l'étranger. Elle s'accompagne de la distribution de produits bibliographiques dans le cadre du catalogage national centralisé (CANAC) et doit aboutir à la constitution de catalogues collectifs au plan national. Le second point est l'automatisation de la gestion (gestion du personnel, systèmes de prêt, circuits du livre, et toutes actions ponctuelles permettant d'améliorer le fonctionnement des bibliothèques). S'il vient en troisième lieu, le réseau des bibliothèques n'est pas l'élément le moins important de ce programme : l'implantation de terminaux dans des bibliothèques universitaires pour l'expérience de catalogage partagé (CAPAR) offrira, à terme, aux établissements, à la fois les moyens du catalogage en coopération et l'accès aux réseaux documentaires spécialisés du type CYCLADES, l'insertion dans un réseau national de transmission avec TRANSPAC, voire avec EURONET.

La matinée devait être entièrement consacrée à la présentation des réseaux existants, sous la présidence de M. Michel.

Avant toute chose, lorsque l'on parle de réseaux, il est essentiel de préciser ce que l'on entend par ce terme. Dans un exposé intitulé « Définition et historique des réseaux», M. Chambaud (BNIST) distingua trois niveaux de réseau :
- Réseau logique : terme qui recouvre l'ensemble des relations existant entre divers centres d'un même réseau, ces liaisons pouvant être administratives ou personnelles, se concrétiser par des échanges de documents, par des partages de tâches, etc...
- Réseau physique : on entendra par là un ensemble de points reliés entre eux physiquement. Un cas particulier de réseau physique étant un réseau informatique où les liens physiques entre équipements informatiques sont des lignes de télécommunications. Il est clair que le réseau informatique est un sous-ensemble du réseau logique et qu'il n'est qu'un outil parmi les autres à la disposition des réseaux logiques.

Brossant rapidement l'histoire de l'évolution des réseaux informatiques, M. Chambaud proposa de distinguer cinq générations, du simple terminal proche de l'ordinateur aux réseaux en étoile, en étoile arborescente, et enfin au réseau réparti, à sous réseau de télétransmission ou de commutation. Cette quatrième génération est née de la combinaison de trois objectifs : partage des mêmes lignes entre plusieurs terminaux, amélioration de la fiabilité du réseau, possibilité d'accéder à plusieurs ordinateurs avec un même terminal. Le principe de base de ce type de réseau est le suivant :
- Un premier réseau de commutation (de transport) se charge d'acheminer les informations de l'émetteur vers le récepteur. Le réseau est constitué d'un certain nombre de nœuds de commutation reliés entre eux.
- Un second niveau, représenté par les services offerts sur le réseau. Ces services peuvent être hétérogènes et nécessitent une normalisation ou des logiciels supplémentaires au niveau des ordinateurs hôtes, mais tous ces éléments techniques sont en fait transparents pour l'utilisateur.

Les avantages apportés ne sont pas négligeables. L'outil est plus fiable. L'information scientifique et technique se démocratise grâce à la réduction à la fois des coûts de télécommunication (la tarification du réseau de commutation est indépendante de la distance entre le terminal et l'ordinateur) et des coûts d'équipement, car un seul terminal permet l'accès à de très nombreuses bases. Enfin les possibilités d'interconnexion des réseaux permettent l'internationalisation de l'information.

Les réseaux de la cinquième génération ont les mêmes structures que ceux de la génération précédente, mais ils reposent et c'est l'avenir, sur le partage de ressources : partage de charge entre ordinateurs du réseau, partage de programmes, partage de fichiers avec collecte, par exemple, des différentes réponses fournies par divers fichiers à une même question.

Cette cinquième génération fait donc apparaître le réseau comme un outil intelligent : pour l'utilisateur, le réseau d'ordinateur tend à se présenter de plus en plus, compte tenu de l'évolution observée, comme une entité unique, invisible, d'utilisation simple.

Le réseau CYCLADES, présenté par M. Le Bihan (IRIA), est un modèle de réseau informatique de la quatrième génération. Réseau général, il n'est pas créé en fonction d'une application spécifique, et ne fait pas appel à un type unique de matériel. Au contraire, CYCLADES est conçu pour supporter une variété d'applications mettant en jeu l'ensemble des ordinateurs et des terminaux du réseau, grâce à la mise à la disposition des usagers d'un certain nombre de procédures (protocoles), permettant à des systèmes spécifiques et hétérogènes de communiquer entre eux. CYCLADES résulte d'une série d'études entreprise depuis 1970 dans le cadre du Comité de recherche en informatique. Entrepris début 1972, le projet a abouti à la réalisation d'un réseau exploitable, principalement axé sur le partage de bases de données, qui est aussi le banc d'essai d'un ensemble de techniques et de produits. La direction du projet est assurée par la Direction générale de l'industrie. Une équipe de six personnes constituée à l'Institut de recherche d'informatique et d'automatique (IRIA) coordonne l'activité de 70 chercheurs au sein des centres participants. Ceux-ci sont pour la plupart des universités ou des centres de recherche.

L'administration des P et T contribue au développement de CYCLADES, et y joue un rôle particulier. Les lignes téléphoniques et une partie des modems sont prêtés gratuitement et le réseau de commutation CIGALE, assurant le transport de données entre ordinateurs a été réalisé conjointement avec le Centre commun d'études de télévision et télécommunications (CCETT).

Les ordinateurs de CYCLADES sont répartis entre quatre zones géographiques, autour de Paris, Rennes, Lyon-Grenoble et Toulouse. Ils sont raccordés à des mini-ordinateurs CII MITRA 15 qui constituent les nœuds du réseau de commutation CIGALE. Le réseau comprend actuellement cinq nœuds opérationnels et a été relié au réseau du National Physical Laboratory (NPL) anglais, ainsi qu'au réseau de l'European Spatial Research Organization.

L'administration des P et T offre une large gamme de supports de transmission de données sur réseau commuté (téléphone, télex) et sur liaisons spécialisées. Dans le cadre du réseau public de transmissions de données TRANSPAC, décrit par M. Jullien (CNET), elle fait œuvre de pionnier. Il s'agit comme dans CIGALE d'un réseau de transport, mettant en oeuvre la technique des transmissions par paquets. Les données entrant dans le réseau sont décomposées en tronçons, complétées par une étiquette identifiant la communication à laquelle ils appartiennent et leur type (commande, donnée) : on les appelle alors paquets. Précédés et suivis de caractères de service (synchronisation, indicateur de longueur, contrôle d'erreur, compteurs), ils forment une trame qui est envoyée sur les liaisons internes du réseau.

Techniquement TRANSPAC permettra entre deux abonnés, l'échange bidirectionnel simultané de paquets, en assurant éventuellement le contrôle de flux et la synchronisation entre abonnés dialoguant à des débits différents. D'autre part, les commutateurs du réseau TRANSPAC seront reliés par un réseau fortement maillé de liaisons à haut débit assurant un chemin de secours en cas de coupure d'une des artères et une grande fiabilité. Les matériels installés seront fonction du nombre de raccordements. Six commutateurs et douze points d'accès sont prévus pour 1978, treize commutateurs et quatre-vingt points d'accès pour 1980, vingt commutateurs et cent à deux cents points d'accès pour 1985. A terme, TRANSPAC devra être accessible de tous les points de l'hexagone, et disponible 24 heures sur 24 pour diverses catégories d'applications téléinformatiques. Le raccordement à un nœud du réseau pourra se faire par liaison spécialisée ou réseau commuté téléphonique et télex. Une large gamme de débits (50 bauds à 48 000 bits/s et par ligne), est envisageable. Le protocole de raccordement d'un abonné au réseau, établi en liaison avec la Société BELL au Canada, TELENET aux États-Unis, et les Postes anglaises, avec lesquelles des connexions sont étudiées, offrira certaines facilités : adaptation des longueurs de paquets selon le type d'application informatique, protection et secret des échanges d'information entre groupes d'abonnés. Enfin les tarifs prévoient une taxe de raccordement couvrant la location de la ligne, une redevance mensuelle en fonction du débit, indépendamment du temps et de la distance, une taxe d'utilisation.

Dans son exposé, Mme Dusoulier (CNRS, Centre de documentation scientifique et technique), a illustré les possibilités de connexions internationales sur l'exemple d'EURONET. EURONET est issu d'une décision des Communautés européennes de promouvoir la coopération en matière d'échanges d'informations scientifiques et techniques, en partant du principe que les informations nécessaires sont déjà disponibles en Europe, que les utilisateurs souhaitent avoir un meilleur accès à ces informations et que les structures existantes, en particulier les ordinateurs d'accueil sont prêts à offrir un accès à cette information.

En 107I, le Conseil des ministres de la Communauté européenne a invité les états membres à coopérer dans les domaines suivants :
- création et développement rationnel de systèmes d'information et de documentation scientifique et technique, de façon à permettre l'établissement d'un réseau européen,
- établissement de règlements et de procédures destinés à assurer la cohérence de ce réseau,
- formation de spécialistes et éducation des utilisateurs,
- progrès technologiques dans les méthodes et le traitement de la documentation.

Un programme d'action triennal (1975-1977) a été accepté en novembre 1975 avec un très large consensus. Trois domaines principaux ont été définis :
- développement et création de systèmes dans les différents secteurs. Des groupes de travail ont en charge, dans les principaux domaines, l'étude de l'amélioration des services et des installations de traitement, la coopération avec les autres groupes sectoriels et dans l'usage des sources d'information non communautaires,
- création d'un réseau commun pour le traitement de l'information, dont l'étude a été confiée, après appel d'offres, à la société néerlandaise PANDATA. Ont été retenus successivement le système CIGALE/CYCLADES, puis le réseau EIN,
- développement des qualifications et des outils en informatique.

Le plan a prévu les processus normaux de réalisation du réseau, notamment les enquêtes concernant les utilisateurs, la politique de tarification, les facteurs de compatibilité. Ainsi une étude réalisée de juillet à novembre 1974 a permis d'estimer la croissance globale de la demande de service en conversationnel. Un groupe de travail a proposé des principes de tarification. Mais d'importants problèmes de compatibilité devront être surmontés, tant au niveau des formats d'enregistrement des données, de la terminologie, de l'indexation, qu'à celui des protocoles des télécommunications et des langages de commande.

Les P et T des neuf pays ont organisé une structure spéciale pour les travaux de mise en place du réseau, qui devrait être terminé et opérationnel fin 1977; 700 terminaux devront être raccordés dans la première phase. Les principaux travaux en cours concernent le débit de circulation des informations, les temps de réponse, les taux d'erreur, la fiabilité, les caractéristiques d'équipement, les protocoles.

L'une des caractéristiques d'EURONET est de devoir fournir des services sur une base multilingue. Un groupe de travail étudie donc la traduction assistée, les langages à syntaxe contrôlée et les thesauri multilingues.

M. Rachou, Chef du Service des Bibliothèques, a introduit et présidé la seconde partie de la réunion, consacrée à l'activité des bibliothèques dans la politique documentaire nationale.

En France, de nombreuses bibliothèques ont recherché dans l'informatique un moyen de résoudre les problèmes de traitements complexes ou volumineux. M. Lamy (DICA) a fait le point de ce qu'apportent les réseaux informatiques dans le domaine des bibliothèques.

L'informatique est un outil qui coûte cher, s'il est sous-employé. Il faut donc :
- épuiser le potentiel de travail de l'équipement en utilisant l'informatique à des tâches multiples,
- centraliser les tâches ou données de même nature pour les organismes, nombreux, qui ont des besoins semblables.

La normalisation favorise, dans les bibliothèques, la création de telles bases de données et le bureau pour l'automatisation, intégré désormais dans la Division de la coopération et de l'automatisation, a pu mettre en place, avec l'aide des services spécialisés de la Bibliothèque Nationale, une telle organisation. Depuis le Ier janvier 1975 se constitue une base de données correspondant à la production des livres français connus par le dépôt légal, 45 ooo titres actuellement. Mais la centralisation des données n'aboutit à rien si celles-ci ne sont pas accessibles au plus grand nombre d'utilisateurs. C'est alors qu'apparaît la notion de transfert de l'information gérée par l'informatique, la notion de réseau informatique, qui a été étudiée à la fin de 1974 dans le cadre d'un groupe de travail réunissant des bibliothécaires et des documentalistes. Développés avec l'aide du BNIST, ces travaux ont abouti à la réalisation du système expérimental de catalogage partagé (CAPAR). L'opération CAPAR, en cours d'installation, doit permettre le développement du réseau définitif RIB (Réseau informatique des bibliothèques), qui utilisera les supports standard, du type de CYCLADES, TRANSPAC, EURONET.

Dans la notion de réseau informatique, deux éléments importants doivent être distingués :
- les données, qui sont, dans les réseaux de bibliothèques, essentiellement des notions bibliographiques, ou des informations de localisation. La responsabilité du niveau scientifique de ces données peut être attribuée aux utilisateurs, ou à un organisme central de coopération. Mais les normes et les méthodes de découpage et de reconnaissance des sous-éléments de l'information ont une implication sur les moyens informatiques, et supposent coopération entre bibliothécaires et responsables de ces moyens.
- les moyens dans les réseaux sont à la fois les supports matériels (lignes de transmission, ordinateur central, terminaux, passifs et intelligents), les supports logiciels (programmes d'application, système d'exploitation, logiciel de gestion des transactions), et le personnel, chargé de la conception, de la réalisation, de l'exploitation et de la maintenance.

Si les conceptions et les mises en œuvre sont étudiées avec les utilisateurs, en fonction de leurs besoins, le fonctionnement implique l'unicité de la responsabilité technique des moyens. Le réseau permet de répartir les moyens informatiques afin de recueillir l'information là où elle est créée, de la transporter dans une banque de données dans des délais très courts, de la mettre à la disposition des utilisateurs, où qu'ils soient, le plus rapidement possible. On peut donc facilement imaginer les services que peut rendre le système.

En temps réel :

I . Fonction de saisie des informations bibliographiques.

Saisie des informations primaires (informations constituant la notice n'existant pas encore dans les fichiers), des informations complémentaires (sigle de localisation), des informations de gestion (correction des notices en cours, indications de commandes de fiches, de demande de prêt, etc.). Aucune information n'est intégrée dans la base centrale sans avoir été contrôlée par programme, contrôlée visuellement, et validée.

2. Fonctions d'interrogation de la base de données.

Les matériels informatiques mis à la disposition des utilisateurs (écrans ou imprimantes à clavier), leur permettront d'accéder à tout moment au contenu du fichier central. Cet accès se fait au moyen de codes numériques (ISBN, numéro de parution dans la Bibliographie de la France) ou de codes alphabétiques (empreinte, auteur, titre...). Il est réalisé dans des temps de l'ordre de la seconde.

En temps différé :

I. Fournitures de fiches.

Le terminal permet de donner un ordre de commande dans le système CANAC.

2. Catalogues collectifs.

Les fiches constituant la base de données centrale, constamment à jour, peuvent être éditées soit par imprimante cathodique connectée à l'ordinateur (microfiche), soit en photocomposition à partir de supports magnétiques créés par l'ordinateur.

3. Gestion des prêts interbibliothèques.

La base de données contient les localisations correspondant à une notice enregistrée, celles-ci sont affichables à la demande sur n'importe quel terminal du réseau. Il est donc concevable de faire transiter par ce même réseau les demandes de prêt. La description technique du système CAPAR par M. Masson (DICA) devait compléter cette présentation.

Pour éviter l'isolement, les travaux répétitifs ou disparates, les responsables de l'information scientifique ont choisi l'organisation en réseau logique, basée sur le partage des tâches entre les services chargés de la fonction d'information. D'autre part, la mise en place des réseaux physiques permet la décentralisation, la rapidité, l'accessibilité. Le but du dernier exposé, fait par M. Pallier (DICA), fut d'analyser les implications pour les bibliothèques, qui demeurent largement pluridisciplinaires, du développement des réseaux documentaires spécialisés.

Responsables de la conservation et de la diffusion de la majeure partie de la documentation nationale, les bibliothèques constituent un réseau d'accessibilité. Leur tâche est d'offrir des collections aussi complètes que possible et des catalogues à jour. Dans les conditions actuelles de l'évolution tant culturelle qu'économique, le principe de l'exhaustivité de chaque établissement ne peut être soutenu. Mais, au partage des ressources documentaires doivent correspondre des catalogues collectifs et un système de circulation des documents efficace et rapide.

Au moment où s'esquisse la nouvelle organisation des services communs des bibliothèques, il faut prendre en compte les exigences de rapidité et l'accroissement du nombre des demandes qu'apportent les réseaux documentaires spécialisés. En effet, un réseau de signalement documentaire parfaitement développé ne servirait à rien, s'il n'était pas possible d'obtenir les documents dans de bonnes conditions.

Quelles sont dans ce domaine les priorités ? Les premiers résultats d'une enquête sur le prêt permettent d'esquisser trois étapes : amélioration des moyens de localisation, meilleure organisation de la circulation des documents, politique d'acquisition, assortie d'une notion de minimum documentaire. Le réseau informatique des bibliothèques vise à résoudre pour une large part les problèmes d'accessibilité. Si le premier objectif du réseau est de diminuer les charges de catalogage de chacun, le second est de réaliser un catalogue collectif directement interrogeable qui permette une circulation plus facile des documents et apporte une aide pour le choix des acquisitions. Pour être réalisé, ce second objectif suppose que le système de catalogage fonctionne de façon satisfaisante, et que les bibliothécaires aient l'expérience des avantages et des nécessités du fonctionnement en réseau. Le réseau logique doit accompagner ou plutôt précéder l'installation du réseau physique.

Le rôle d'accessibilité des bibliothèques s'est traduit jusqu'ici par la possession d'un ensemble aussi complet que possible d'instruments bibliographiques, et l'orientation des usagers. Les bibliothèques, particulièrement universitaires et spécialisées, ont avec les réseaux documentaires, « bibliographies en métamorphose », un nouveau champ d'action. Pour cela, la DICA prépare l'implantation expérimentale dans des bibliothèques relevant du Secrétariat d'État aux universités de terminaux capables d'interroger des banques de données. Sur cette base, les bibliothécaires et la DICA étudieront les méthodes d'utilisation rationnelle et rentable des réseaux documentaires : problèmes de matériel et de transmission, de formation, de sensibilisation des usagers, d'organisation administrative. Lieu de conservation et d'accès aux documents, les bibliothèques pourront être également lieu d'accès aux réseaux documentaires spécialisés.

Le secteur documentaire et les bibliothèques ont à résoudre le même problème : réunir et diffuser un nombre croissant d'informations de la façon la plus satisfaisante pour un nombre croissant d'usagers, et recourent à un même instrument, les réseaux. Ne peut-on envisager que cela s'accompagne d'un partage des tâches et d'une coopération continue ? Il n'est pas inutile de rappeler du moins que certaines bibliothèques ont souhaité se charger de tâches de signalisation et d'analyse, et que sur le nombre de points (communication, reproduction, politiques d'acquisition), une concertation souhaitable est déjà entreprise.

En fin de séance une table ronde, dirigée par M. Pelou, permit de présenter plusieurs systèmes actuellement en fonctionnement. En ce qui concerne CYCLADES, M. Chambaud (BNIST) dressa le tableau des services disponibles : banque de données THERMODATA, et ordinateur de l'Agence spatiale européenne, qui permet d'accéder à différents fichiers (METADEX, COMPENDEX, INSPEC, CHEMICAL ABSTRACTS). En 1977, d'autres ordinateurs seront connectés sur ce réseau : celui de l'Agence textile de France, celui du centre de documentation de la Fédération du bâtiment et celui de l'Institut Gustave Roussy. On prévoit également la mise en accès de MEDLARS, de fichiers du CNRS, du CNEXO, du BRGM, de l'INRA.

M. Halpern (INSERM) décrivit le système automatisé MEDLINE, reposant sur l'analyse de 3 ooo revues et dont l'ordinateur, accessible par le réseau TYMSHARE, est situé aux U.S.A.

Sur l'expérience entreprise à la Bibliothèque universitaire d'Orsay, Mlle Guéniot résuma les problèmes posés par l'installation d'un terminal dans une bibliothèque : coûts, formation du personnel, réactions des usagers. En réponse, Mme Cormier (BNIST) analysa les niveaux de formation à l'usage des réseaux : formation à l'utilisation des terminaux, aux langages d'interrogation, connaissance des bases de données. Deux filières de formation existent pour les bases de données accessibles par CYCLADES : l'AFDAC qui organise des stages sur les grands systèmes actuellement disponibles et l'Agence spatiale européenne.

Le dernier thème abordé fut celui du catalogage partagé. M. Bompas (Commissariat à l'Énergie atomique) rappela les caractéristiques du système INIS qui fonctionne depuis trois ans entre 43 nations, et donne des références bibliographiques, des indexations matières, des résumés. Il souligna l'intérêt du CEA pour le système CAPAR, travail de collaboration qui a permis aux bibliothèques universitaires et aux bibliothèques de centres de documentation de trouver un terrain d'entente.

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