Chronique des bibliothèques
Bibliothèques interuniversitaires et d'université.
Bibliothèque interuniversitaire de Bordeaux.
Exposition sur l'Élaboration du récit par l'image dans le livre d'enfant. - Les 24 et 25 mai s'est tenu à Talence, à la Maison des sciences de l'homme, un séminaire placé sous le patronage de l'ILTAM (Institut de littérature et de technique artistiques de masse - Université de Bordeaux III) et organisé par Mme D. Escarpit. Les travaux de ce séminaire, dans la ligne des recherches poursuivies par Mme Escarpit sur l'initiation des jeunes enfants à la lecture, portaient cette année sur le thème : l'Élaboration du récit par l'image dans le livre d'enfant.
La responsable des expositions à la section lettres de là Bibliothèque interuniversitaire de Bordeaux et Mme Escarpit, poursuivant un but commun d'animation et d'actualisation dans le cadre universitaire, et réunies par ailleurs par des relations déjà anciennes et des collaborations antérieures, décidèrent de s'associer. C'est ainsi qu'une exposition a été montée dans le hall de la Bibliothèque interuniversitaire de Bordeaux (section lettres); exposition dont l'originalité résidait moins dans le matériel présenté, encore que les dessins d'enfants accompagnant des livres et des revues, soient assez inhabituels dans une bibliothèque universitaire, que dans le réseau de collaborations qui s'est établi.
En effet, pour illustrer le thème et les travaux précis du séminaire, Mme Escarpit a fourni des directives, des titres d'albums d'enfants et une méthode de travail. Ensuite, par l'intermédiaire de l'Association des bibliothécaires français, groupe d'Aquitaine dont la responsable des expositions est également secrétaire, albums et directives ont été répartis entre différents types de bibliothèques appartenant au groupe d'Aquitaine : la Bibliothèque municipale de Périgueux, où une section pour enfants vient de se créer et est en pleine expansion, des bibliothèques pour tous de Bordeaux (2 quartiers différents), Libourne et Mérignac et le Centre de perfectionnement de Périgueux. Un complément a été apporté par des collaborations particulières, choisies dans des milieux différents.
L'expérience consistait à présenter aux enfants un choix d'albums dans le cadre de l'Heure du conte, selon deux méthodes différentes : en racontant l'histoire sans montrer le livre puis en demandant aux enfants de dessiner, ou en racontant l'histoire d'après les illustrations, l'enfant exécutant ensuite un ou des dessins libres.
Le but de ce travail était non seulement de procurer des matériaux pour l'exposition, mais aussi de compléter l'enquête personnelle de Mme Escarpit effectuée dans des écoles maternelles, par une enquête réalisée dans des conditions un peu différentes (conditions de loisir, etc.).
Le résultat a été positif : maximum de documents de valeur obtenus en un très court laps de temps, intérêt et coopération attentive de la part des différentes bibliothèques qui seront tenues au courant des conclusions du séminaire et des travaux ultérieurs effectués sur la base de la documentation réunie.
Une unité d'action s'est dégagée d'entre les différentes catégories de bibliothèques y compris la bibliothèque interuniversitaire impliquée à la fois dans les problèmes de psychologie de l'enfant, de pédagogie et de communication. Deux vitrines présentaient des livres et des revues, français et étrangers, appartenant à la bibliothèque interuniversitaire et à la collection personnelle de Mme Escarpit, afin de compléter les documents exposés par une bibliographie, elle aussi, très actuelle.
Bibliothèques municipales
Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
Exposition : Des Insectes, un monde à part. - Du 12 au 23 mars 1974, la Bibliothèque municipale d'Aix-en-Provence et le Théâtre du centre d'Aix-en-Provence ont organisé une exposition sur le thème Des Insectes, un monde à part. Dans la salle de lecture publique, furent accueillis des grillons à leurs différents stades de développement, des phasmes et le Caméléon « Ramsus », compagnon fidèle d'Ib Schmedes. C'est cet entomologiste, retiré à la Gaude près de Nice, qui était l'hôte du Théâtre du centre pour une quinzaine de jours. A côté des insectes, des livres pour enfants et pour adultes, des gravures, des photos et des diapositives illustraient le même thème.
Le but de cette exposition était de sensibiliser les enfants à un monde trop peu connu, de leur faire sentir les richesses de l'instinct chez les insectes et d'établir un contact avec un personnage qui les aime et qui sait en parler.
Une première conférence publique eut lieu le 12 mars à 21 heures, à la bibliothèque avec Ib Schmedes qui commenta des diapositives et qui montra un film De l'œuf au papillon. C'était la première fois qu'une telle manifestation avait lieu en soirée, à la bibliothèque; ce fut un succès, car 120 personnes y assistèrent et les locaux se révélèrent bien étroits. D'autres conférences furent données par la suite, en milieu scolaire, alors que la bibliothèque recevait de son côté, la visite de 900 enfants accompagnés de professeurs principalement dans le cadre de mise à la disposition des établissements d'enseignement secondaire d'un contingent horaire de 10 %. Pendant cette même quinzaine, 2 100 lecteurs purent voir l'exposition.
Cette opération est le fruit d'une collaboration avec le Théâtre du centre d'Aix-en-Provence. Grâce à une aide matérielle importante, des animations autour du livre ont pu voir le jour dans la section de lecture publique. Mais, au-delà de relations faites de prestations de service, une réflexion en commun sur l'animation culturelle dans la ville a incité les organisateurs à examiner les besoins des Aixois et à proposer ensuite des expériences particulières dans le domaine socio-culturel.
Cette manifestation qui a fait connaître une section de la bibliothèque réservée aux adultes, a permis aux parents, aux enfants, et aux enseignants, de se retrouver en un même lieu. A partir des livres sur les insectes, une réflexion a pu être menée sur le problème que pose l'acquisition d'ouvrages pour la jeunesse ou pour les adultes. Choisir de bons documentaires de vulgarisation scientifique afin de donner à la science la place qui lui revient dans une bibliothèque est apparu comme une nécessité dont il convient de tenir le plus grand compte.
Exposition Joseph d'Arbaud. - La Bibliothèque Méjanes a organisé, à l'occasion du centenaire de la naissance du poète une exposition 1 sur Joseph d'Arbaud, sa vie, son œuvre, 1874-1950 qui s'est tenue du 3I mars au 26 mai 1974 dans les salles du Muséum d'Histoire naturelle aimablement mises à sa disposition par son conservateur, M. Dughi.
Réalisée grâce aux prêts consentis par Mme Joseph d'Arbaud, avec le concours du Capoulier du Felibrige, M. Jouveau, de M. Guelfi et de M. Sirugue, cette exposition s'est proposée d'évoquer d'abord la vie de Joseph d'Arbaud au travers de photographies et de souvenirs personnels. Puis l'accent a été mis sur ses oeuvres poétiques et romancées dont certaines éditions présentent un réel intérêt bibliophique et qui pour la plupart chantent si étonnamment les vastes étendues de la Camargue. La troisième partie de l'exposition a été consacrée aux amitiés littéraires du poète, avec la présentation de lettres extraites de l'abondante correspondance remise par Mme d'Arbaud à la Bibliothèque Méjanes. La dernière partie soulignait l'activité journalistique de l'écrivain qui pendant près d'un quart de siècle anima à Aix la revue Le Feu et en fit un foyer d'humanisme méditerranéen.
L'exposition, qui a connu un réel succès, fut inaugurée par M. Félix Ciccolini, sénateur-maire d'Aix-en-Provence, en présence de M. de Zelicourt, sous-préfet, de M. Honnorat, conseiller général et d'une assistance nombreuse où se remarquaient de fort beaux costumes provençaux anciens. Les membres de la Confrérie des Gardians avaient tenu à faire coïncider leur réunion annuelle avec cette manifestation.
Un catalogue laisse le souvenir des documents rassemblés qui furent d'ailleurs utilisés en partie dans une émission télévisée : Un gentilhomme du Vaccarès, Joseph d'Arbaud, réalisée par Robert Ytier.
Carpentras (Vaucluse).
Exposition : L'Environnement et la nature. - Présentée sur vingt grands panneaux (dix panneaux recto-verso) et accompagnée de cent livres relatifs aux divers aspects de l'environnement, cette exposition avait pour but de faire prendre conscience des problèmes posés par le développement de nos sociétés. Organisée autour de quelques grands thèmes, et en particulier des principaux éléments naturels, l'exposition était composée d'une centaine de photographies qui, de panneau en panneau accompagnaient le visiteur à travers une réflexion logique, à laquelle les livres placés sur des tablettes incorporées aux panneaux donnaient un contrepoint actuel, riche et divers.
Les thèmes autour desquels étaient organisés les panneaux étaient les suivants : qu'est-ce que l'environnement?; de quoi demain sera-t-il fait?; l'air; l'eau; le sol; préserver la nature et l'accord de l'homme avec elle; préserver les villes, prévoir des cités adaptées à l'homme; nous sommes tous responsables de notre environnement. Ouverte du 9 au 19 mai 1974, cette exposition a connu un grand succès notamment auprès du public scolaire.
Exposition Pétrarque. - Dans le cadre des manifestations organisées à l'occasion du sixième centenaire de la mort de François Pétrarque, pour le Congrès international « Francesco Petrarca » tenu à Avignon du 7 au 10 mai 1974, le conservateur de la Bibliothèque Inguimbertine a présenté le 8 mai aux congressistes venus à Carpentras une exposition consacrée à l'œuvre, la vie et l'iconographie du poète. Cette exposition est restée ouverte pendant la saison estivale. Trente-deux ouvrages avaient été choisis : six manuscrits (XIVe-XVIIe siècles), deux incunables et de nombreux ouvrages de la Réserve, ainsi que des estampes représentant Laure et Pétrarque.
Charleville-Méziéres (Ardennes).
Participation à l'exposition du Centenaire d'une Saison en enfer. - Avec quelques mois de retard, le centenaire d'Une Saison en enfer a été célébré au Musée Rimbaud de Charleville-Mézières par une exposition ouverte de février à mai 1974. Le Fonds Rimbaud de la Bibliothèque municipale y présentait les photographies des seuls fragments de manuscrit connu, l'édition princeps de Bruxelles, les éditions successives dont l'édition Pichon de 1914, des éditions illustrées (Luc-Albert Moreau, Louis Favre, Lucien Coutaud, Mariette Lydis, Paulette Humbert), des traductions en diverses langues, des études critiques, etc. A côté de cette section documentaire, une section graphique groupait des oeuvres du peintre italofrançais Georges Canino et de l'artiste champenois Hubert Pauget.
Exposition : L'Architecture Henri IV-Louis XIII et la Place ducale. - Après la présentation d'Une Saison en enfer, le Vieux-Moulin de Charleville-Mézières reçut l'exposition : L'Architecture Henri IV-Louis XIII et la Place ducale, organisée en corrélation avec le début de restauration de cet admirable ensemble urbain que constitue la Place ducale de Charleville-Mézières. La Bibliothèque municipale a participé à cette exposition par le prêt de documents relatifs à la place : plans manuscrits ou gravés des XVIIe et XVIIIe siècles, photos anciennes et publications touchant aux origines de la ville et de sa place centrale.
Colmar (Haut-Rhin); Mulhouse (Haut-Rhin); Strasbourg (B.N.U).
Exposition : Livres de Pierre Lecuire. - Au printemps 1973, sous le signe de l'A.I.L. finissante, les bibliothèques d'Alsace avaient réalisé une exposition d'histoire du livre à partir de leurs collections. Cette collaboration entre villes et bibliothèques trouva en 1974 un prolongement sous la forme d'une grande exposition consacrée aux Livres de Pierre Lecuire 2 et présentée à la Bibliothèque municipale de Mulhouse - à qui est due l'initiative de cette manifestation - du 6 au 27 avril, à la Bibliothèque de Colmar du 4 au 25 mai et à la BNU de Strasbourg du 7 au 30 juin.
M. et Mme Lecuire ont procédé eux-mêmes à l'installation de ces trois expositions et assisté à leur inauguration.
Pierre Lecuire poète et plasticien aime à se dire « architecte de livre ». Il poursuit à travers son œuvre (20 livres en 20 ans) une tentative intransigeante et solitaire qui cherche à réintégrer le livre dans un ensemble plus vaste, plus complexe, dans une poésie plus lumineuse. Ses livres ne sont pas des livres de peintre mais des livres de poète avec des peintres. Ce ne sont pas non plus des livres illustrés, le rapport du peintre au poème n'étant jamais direct. Enfin ce ne sont pas des livres de bibliophilie; leur rareté ne réside pas dans le luxe même si ces « produits » très élaborés, donc fort onéreux ne peuvent prétendre à la grande diffusion. On peut davantage les définir comme des prototypes, des recherches, des visions, des opéras du mot ou de la lettre, des ballets où langage poétique et langage plastique tentent de se fonder dans une unité totale. Le noyau d'un livre de Pierre Lecuire est toujours le poème écrit par lui; « un livre est un cri », il est son cri. Par un travail d'approche très lent, durant 2, 3, 4 ans et qui fait intervenir les relations d'espace (format, marges), de support (papier), de poids (type de caractères typographiques), de rythme (les blancs), de couleurs (l'encre), d'animation le poème confronté à la vision d'un artiste choisi par le poète et mené peu à peu à une stricte unité devient cette pierre magique, « ce poème de poème » d'un livre à l'autre toujours remis en question, toujours nouveau.
Rappelons que l'œuvre de Pierre Lecuire a fait en 1973 l'objet d'une présentation exhaustive et exemplaire au Centre national d'art contemporain.
Colmar (Haut-Rhin).
Exposition de la Société des peintres-graveurs Le Trait. - Le 9 février 1974 a été inaugurée à la Bibliothèque municipale de Colmar la 58e exposition de la Société des peintres-graveurs « Le Trait » en présence de M. Joseph Rey, maire de Colmar, de MM. Hausherr, député, adjoint au maire de Colmar, J.-P. Fuchs, adjoint chargé des affaires culturelles, Fortmann, adjoint au maire de Mulhouse, Schmitt, conservateur du Musée d'Unterlinden et de nombreuses personnalités locales. Cette exposition était importante non seulement par le nombre d'exposants (53) et d'oeuvres présentées (environ 120) mais encore par le large éventail des techniques utilisées. La gravure sur cuivre dominait (burin, pointe sèche, eau-forte, aquatinte en noir ou en couleur, souvent avec des effets de relief obtenus par divers procédés). Venaient ensuite la lithographie en noir et en couleur, quelques rares gravures sur bois, et des techniques mixtes voire propres à certains artistes. Les genres et les styles apparaissaient très variés allant du classicisme le plus pur (oeuvres de Jean-Eugène Bersier) à l'abstraction représentée par Robert Cami.
Dans le cadre de cette exposition fut organisée le samedi 2 mars une séance d'initiation à la gravure, suivie par un nombreux public, et au cours de laquelle M. Fr. Kuhlmann, artiste-peintre colmarien a présenté le travail de gravure à l'eau-forte et procédé à des tirages d'épreuves sur une presse portative. A cette occasion le carton des estampes correspondant à l'exposition fut mis à la disposition des visiteurs qui purent admirer de près plus d'une centaine d'estampes originales.
Exposition : Expressions artistiques des jeunes. - A l'occasion du 10e anniversaire des relations amicales qui se sont créées à la faveur du jumelage entre le Gymnasium de Schongau et le C.E.S. Pfeffel de Colmar, une exposition « Expressions artistiques des Jeunes a été inaugurée le 5 juin à la Bibliothèque municipale de Colmar en présence de MM. Rey, maire de Colmar, Fuchs, adjoint et principal du C.E.S. Berlioz, Mme Muller, adjoint au maire et de nombreuses personnalités. Les dessins présentés constituaient de libres interprétations réalisées par les enfants à partir d'une histoire qui leur avait été racontée. Bien des œuvres révélaient un talent certain et constituaient un encouragement à donner une place plus importante à l'enseignement artistique au sein de l'éducation.
Conférences :
L'Invention de l'imprimerie et les incunables. - Le 30 avril 1974 devant un auditoire nombreux et passionné, M. Gueth et Mme Oppetit ont fait une conférence sur l'invention de l'imprimerie illustrée d'une centaine de diapositives en couleurs réalisées à partir d'ouvrages du fonds ancien de la bibliothèque. Les incunables dont la bibliothèque conserve 3 ooo titres furent étudiés quant à leur présentation (technique typographique, parenté d'aspect avec le manuscrit, technique d'illustration), quant à leur diffusion et quant à leur rôle intellectuel.
Langue et. écriture chinoises. Quelques aperçus, quelques problèmes. - Le 28 mai 1974 le P. jésuite Henri Pattyn, s, j., a donné devant un public toujours curieux des choses de l'Orient une conférence d'initiation sur la langue et l'écriture chinoises. Il traita notamment des origines de cette écriture, de ses formes successives, de son état quasi inchangé pendant près de deux millénaires, puis du besoin d'amélioration de transformation, ressenti vivement depuis la révolution politique de 19II et la révolution littéraire qui en résulta, et enfin des perspectives actuelles d'évolution.
Montataire (Oise).
Inauguration de la succursale des Martinets. - Samedi 27 avril 1974, la municipalité de Montataire ouvrait une nouvelle bibliothèque en plein cœur d'un quartier HLM « Les Martinets ». Cette bibliothèque portant le nom d'Elsa Triolet, est installée dans des locaux appartenant aux HLM, locaux qui ont été aménagés de manière rationnelle et esthétique. L'intérieur est chaud et gai, les murs et le sol recouverts de moquette dans des tons bruns et beiges font ressortir les éléments du mobilier en lamifié blanc et étagères vert pomme. L'éclairage met en valeur à la fois les collections de livres et une galerie d'exposition qui accueillait pour l'ouverture une série de photographies retraçant la vie et l'oeuvre d'Elsa Triolet.
La bibliothèque comporte deux salles. La première comprend un coin pour enfants ménagé par des rayonnages en épis et un secteur prêt à domicile pour les adultes. La seconde salle, avec vue sur un espace de verdure, propose un choix de livres également en accès direct pour la lecture sur place. Le nombre d'ouvrages à la disposition du public s'élève à 5 563. La bibliothèque Elsa-Triolet est ouverte 27 heures par semaine au public. L'inscription et le prêt sont gratuits. Un mois après la mise en service le nombre des lecteurs était de 770, soit 220 adultes et 550 enfants. Cette réalisation a coûté 270 000 F à la municipalité qui a reçu de l'État une subvention de 93 805 F. La ville de Montataire qui compte environ 12 000 habitants poursuit en se dotant de cette succursale ses efforts pour mettre le livre à la portée de tous et plus particulièrement des enfants.
Nanterre (Hauts-de-Seine).
Première foire aux livres. - La Bibliothèque municipale de Nanterre a organisé les Ier, 2 et 3 juin 1974, la Première foire aux livres de Nanterre. Cette manifestation répondait à deux objectifs principaux :
- faire connaître et feuilleter des livres par le public de Nanterre qui ne dispose pas de véritables librairies et qui, par ailleurs, ne fréquente pas forcément la bibliothèque;
- faire connaître la bibliothèque.
Le choix de la date, du lieu et des livres répondait à ces deux objectifs :
- Les trois jours choisis s'intégraient dans la vieille fête populaire de l'élection de la Rosière et la grande braderie annuelle organisée par les commerçants.
- La Foire avait installé ses stands dans le parc de l'ancienne mairie qui a bénéficié durant ces trois jours de l'animation; créée par les rues piétonnes et commerçantes. Le public disponible durant ce long week-end de Pentecôte 1974 a pu se promener, prendre le temps de s'arrêter et de regarder. Le choix d'un lieu en plein air a également semblé propice pour faire tomber les barrières matérielles et psychologiques qui empêchent d'entrer dans une librairie ou une bibliothèque et ainsi les gens sont venus vers les livres, en se promenant. Il était important de ne pas donner à l'ensemble un air trop fermé et de ménager d'importants couloirs de circulation.
- Les livres présentés étaient d'abord ceux que le public n'a pas l'habitude de voir. Cela signifiait un choix limité de livres en format de poche et de trop nombreux titres dont la publicité n'est plus à faire. Cependant, n'avaient pas été éliminés complètement les ouvrages ou les collections connus du grand public qui pouvaient faire office de « déblocage psychique » par rapport au livre conçu comme « ouvrage culturel » et donc étranger au public à sensibiliser. Les ouvrages concernant le sport, les activités de loisir ou les livres policiers, par exemple, jouent assez bien ce rôle. Ce ne sont pas ceux qui ont été les plus achetés mais ils ont incité les visiteurs à regarder les autres ouvrages qui étaient exposés, par exemple les livres d'art.
Un certain nombre de thèmes avait été retenu en rapport avec la période de l'année où se situe la foire (fête des pères, vacances, fin, d'année scolaire...) et les centres d'intérêt qui apparaissaient en permanence chez les lecteurs de la bibliothèque. En littérature générale, l'accent avait été mis sur les romans policiers et de science fiction; notamment; en ce qui concerne le roman policier, le choix avait été fait en fonction des grands auteurs classiques de la Série. Noire et des jeunes auteurs français contemporains. En histoire avait été plus particulièrement retenue la période de la 2e guerre mondiale et de la, Résistance. Les autres thèmes choisis étaient : les livres pour enfants, les loisirs, les beaux livres et les livres de voyage.
La publicité faite un peu tardivement par affiches, insertions d'annonces dans quelques journaux, par tracts notamment sur le marché, n'a pas eu l'impact souhaité. Par contre, l'annonce, tout au long des trois jours par haut-parleur dans les rues piétonnes de la foire aux livres a amené beaucoup de visiteurs.
Le rôle prépondérant de la bibliothèque dans l'organisation d'une telle manifestation, àvait été nettement souligné afin d'ôter à l'ensemble' du public, le sentiment qu'il doit justifier sa présence par l'achat d'ouvrages.
Deux réalisations ont retenu davantage l'attention au cours de la foire :
- une animation prévue et provoquée par la bibliothèque : La présence de Clément Lepidis, Didier Decoin, François Salvaing et Gérard Vaugeois venus présenter et signer leurs ouvrages.
- Le lundi, la proposition spontanée d'animateurs de la Maison de l'Enfance de venir improviser une heure du conte pour les nombreux enfants qui étaient présents. Cette initiative a semblé d'autant plus satisfaisante que la bibliothèque n'avait pas eu la possibilité matérielle de la réaliser elle-même.
De très nombreux visiteurs sont venus à la fois heureux de trouver des livres dans un lieu inhabituel et de voir la bibliothèque hors de son cadre. La vente de livres a dépassé les prévisions puisque sur environ 1 200 titres proposés 400 ouvrages ont été vendus. Les visiteurs ont, semble-t-il, un peu regretté l'absence de livres d'occasion que suggère le terme de « Foire ». Cependant malgré toutes ses insuffisances et sa durée limitée, l'expérience a été très encourageante. Nombreux sont les lecteurs qui ont proposé leur aide à la bibliothèque au cours de la foire et pour celles qui suivront. Le succès de cette foire a confirmé les organisateurs dans l'idée que le livre doit être doué de la plus grande mobilité et se trouver là, où, peut-être, on s'attend le moins à le voir.
Orléans (Loiret).
Exposition : La Peine du peuple. - La Bibliothèque municipale d'Orléans s'est associée, du II mai au 5 juin, au « Cycle Gaston Couté » organisé par la Maison de la culture d'Orléans, en présentant sous le titre La Peine du peuple une exposition des journaux satiriques de 1890 à 1910.
D'une part, un commentaire audio-visuel (enregistrement des chansons de Couté et diapositives des illustrateurs de l'époque) situait, à la fois, le poète de Meung-sur-Loire, « Couté la colère » qui dénonçait avec force le sort des opprimés, la misère paysanne, la morgue des repus, et les grands dessinateurs que furent ses « imagiers » Steinlen et Grandjouan. D'autre part, la presse illustrée, dans les vitrines, cernait les manifestations de la vie quotidienne et faisait prendre conscience du malaise tragique de la classe ouvrière à la charnière du xxe siècle.
Dans le Chambard socialiste, l'Assiette au beurre, Le Rire, la caricature se veut témoin et fustige avec acuité l'injustice sociale. Le graphisme, qui apparaît très actuel à nos yeux, souligne la dureté du chômage, des grèves, de la répression, le ridicule et les abus des pratiques électorales ou financières, la cruauté du colonialisme. « Le monde ne va pas ainsi qu'il devrait aller » proclame toute l'œuvre de Steinlen, et, Grandjouan réunit patiemment un précieux matériel de croquis consacrés aux mineurs, aux métallurgistes, aux tisserands qui constitue un véritable répertoire des signes de la misère populaire au début du siècle. Entre Couté le « parolier » que Paris rejette, mourant, vers 1910 et les imagiers de l'époque s'établit ainsi un. dialogue auquel cette exposition cherche à rendre vie par la confrontation des documents :réunis, où éclatent à la fois l'agressivité satirique et la vigueur poétique.
Une exposition itinérante, sous forme de panneaux, accompagnait en outre, durant ce trimestre, les représentations du Moulin de Couté spectacle produit par la Maison de la culture dans le département du.Loiret.
Troyes (Aube).
Exposition : Le Livre et le jouet. - L'exposition Le Livre et le jouet s'est déroulée du 7 au 31 mai 1974 à la Bibliothèque municipale de Troyes avec le concours du Centre départemental de documentation pédagogique et celui du Comité des jumelages de Troyes. L'exposition présentait plusieurs volets : Le passé, était illustré par les livres allemands « du temps de Goethe » d'une collectionneuse de Darmstadt, Mme Von der Marwitz, les livres d'enfants de la bibliothèque de Troyes et les jouets anciens prêtés par l'Institut. national de recherche et de documentation pédagogiques. Le présent était largement représenté par des jeux éducatifs modernes, tous agréés par le Ministre de l'Éducation nationale, et qui étaient installés sur des tables, à la disposition des enfants. Un stand consacré aux jouets traditionnels du folklore aubois ajoutait à l'ensemble une note plus typiquement champenoise 3.
Plusieurs conférenciers sont venus animer l'exposition. On a pu entendre successivement Mme Von der Marwitz, le Dr Doumic-Gérard parler du jeu chez l'enfant, de la naissance à cinq ans, M. Manson parler de l'histoire de la poupée, Mme Brulé, inspectrice générale de l'Éducation nationale, dont la conférence, s'intitulait « Éducation, jeu et jouets », et enfin le groupe Delphes avec un débat sur le « jeu dans la vie affective de l'enfant ».
Beaucoup de maîtres ont amené leurs élèves, mais les visiteurs adultes, assez curieusement, ont été plus nombreux que les enfants. Au total, ces manifestations ont reçu quelque 3 500 visiteurs.
Valenciennes (Nord).
Exposition sur « Les Charbonnages du Valenciennois aux XVIIIe et XIXe siècles ». - L'U.E.R. Froissart du Centre universitaire de Valenciennes a organisé un Colloque Zola, pour le 90e anniversaire de la venue de l'auteur de Germinal à Anzin, lors de la grève des houillères de 1884. A cette occasion la Bibliothèque municipale de Valenciennes a réalisé une exposition sur Les charbonnages du Valenciennois aux XVIIIe et XIXe siècles 4 du 22 mai au Ier juin 1974.
Les premiers documents présentés évoquaient la découverte du charbon à Anzin et les sociétés concessionnaires des XVIIIe et XIXe siècles. S'y ajoutaient des ouvrages relatifs à l'usage du charbon et aux techniques d'exploitation pendant la même période. Quelques livres sur la situation économique et sociale des houillères dans la seconde moitié du XIXe siècle conduisaient aux documents concernant la grève de 1884, dont s'est inspiré Zola pour Germinal. Autour de la première édition en librairie de l'ouvrage, étaient présentées des œuvres d'écrivains naturalistes, ainsi que des œuvres d'auteurs consacrées à la mine.
A ces documents s'ajoutaient deux tableaux de Constantin Meunier, des lithographies de Steinlen ainsi que des outils de mineurs prêtés par le Musée des charbonnages d'Anzin et quelques particuliers.