Association de l'École nationale supérieure de bibliothécaires
Journées d'étude 1974 et assemblée générale
Les 9 et 10 mars 1974 se sont déroulées les journées d'étude annuelles de l'Association de l'École nationale supérieure de bibliothécaires. Cette année, le thème retenu « Bibliothèques et École » se situait dans la perspective du mouvement de renouvellement de la pédagogie.
Il appartenait à M. Jean Hassenforder, attaché de recherche à l'Institut national de recherche et de documentation pédagogiques d'introduire le sujet et de présenter la bibliothèque en tant qu'institution éducative. Après avoir évoqué des exemples étrangers, M. Hassenforder dressa le tableau de la situation en France. En effet, notre pays compte des organismes documentaires tournés vers l'enseignement : au plan national, l'Institut national de recherche et de documentation pédagogiques (I.N.R.D.P.), au plan régional, les centres régionaux de documentation pédagogique (C.R.D.P.), au plan départemental, les centres départementaux de documentation pédagogique (C.D.D.P.). Sont venus s'y ajouter au sein des établissements scolaires du second degré, les services de documentation et d'information (S.D.I.) qui ont intégré les bibliothèques d'élèves et d'enseignants. Une telle organisation pose inévitablement des problèmes de fonctionnement : personnel et crédits d'achats de documents sont les moteurs de son développement. Mais, la mise en place d'un tel système documentaire dans le milieu scolaire n'est pas sans répercussion sur l'activité des bibliothèques publiques. En effet, alors que, grâce aux efforts conjugés de la Direction des bibliothèques et de la lecture publique et des villes, on assiste, dans bien des localités, à un renouveau des bibliothèques municipales, ne peut-on pas craindre que ce vaste mouvement lancé dans le domaine strictement scolaire n'entraîne une déperdition d'énergie? Comment faire pour que l'action des bibliothèques publiques auprès des enfants et celle de ces centres documentaires soient coordonnées et complémentaires ? Alors que les bibliothèques ont un langage commun, comment envisage-t-on le fonctionnement de ces bibliothèques scolaires ? Telles sont les interrogations qui furent posées par M. Hassenforder.
M. Beis, inspecteur général, chargé de la vie scolaire au Ministère de l'Éducation nationale, devait resituer la création de ces centres documentaires dans les établissements scolaires dans le mouvement de l'apprentissage à l'autoformation. Carrefour des activités de l'établissement, le centre documentaire devra avoir une situation privilégiée au sein du bâtiment. Lors d'une construction neuve, une surface de 250 à 350 m2 lui sera réservée. Ici aussi, l'accent doit être mis sur la flexibilité de cette surface afin qu'elle soit adaptable aux besoins. M. Beis devait présenter le plan d'investissement quinquennal pour la mise en place dans 6 ooo établissements de telles cellules documentaires : construction ou aménagement de locaux, crédits d'achats de documents. La formation du personnel de ces centres documentaires n'est pas encore très bien définie et les différents organismes qui regroupent les bibliothécaires et les documentalistes, sont attentifs aux dispositions qui seront prises. En effet, comme l'a très justement rappelé M. Poindron, inspecteur général des bibliothèques « on ne s'improvise pas bibliothécaire ou documentaliste ». Or, les textes consacrés au personnel destiné à diriger ces centres documentaires sont encore peu explicites sur sa formation, alors même que cette année, 440 postes sont créés au Budget.
Le problème de la qualification du personnel s'est ainsi révélé la pierre angulaire de l'édifice construit par les instances ministérielles.
Cet aspect de la formation du personnel devait être également souligné avec vigueur par Mme Valabrega, vice-présidente de la Fédération des Amicales de documentalistes et de bibliothécaires de l'Éducation nationale, qui rappela l'histoire des centres documentaires, donna des indications précises sur les dotations en crédits et en personnel inscrites pour la mise en place du réseau envisagé.
Les différentes formes de relations entre l'école et la bibliothèque publique furent aussi présentées. Mlle Garrigoux, Conservateur en chef du Service de la lecture publique à la Direction des bibliothèques et de la lecture publique, devait exposer le cadre d'action des bibliothèques centrales de prêt. Ces bibliothèques qui sont souvent les principales institutions culturelles au sein des départements (66 départements sont dotés d'un tel service), ont toujours considéré l'école comme leur relais privilégié. Desservant les établissements primaires, les C.E.S., les C.E.G. et les C.E.T., soit plus de 15 000 écoles, elles se sont vues ainsi confier dans certains cas le service du prêt direct aux enfants et à leurs enseignants. De telles expériences au bénéfice des établissements scolaires ont été lancées en accord avec les directions de tutelle, à savoir la Direction des bibliothèques et de la lecture publique et la Direction générale des enseignements élémentaires et secondaires (DGESCO).
Si les Bibliothèques centrales de prêt ont entretenu jusqu'alors des relations de complémentarité avec les écoles, quelles seront leurs nouvelles formes d'action et de collaboration avec ces centres documentaires ? La question reste posée. Des expériences particulières furent ensuite présentées par Mme Brachet conservateur de la Bibliothèque du Centre éducatif et culturel d'Yerres, par Mlles Bonhomme et Patte, qui en plus de l'expérience lancée en milieu scolaire à Clamart présentèrent les services du Centre documentaire de « La joie par les livres », par Mlle Donne, conservateur à la Bibliothèque centrale de prêt de l'Indre-et-Loire et Mme Mercier, conservateur de la Bibliothèque centrale de prêt des Bouches-du-Rhône, qui exposa le cas de la Bibliothèque du Centre éducatif et culturel d'Istres.
Ces différents exposés mirent tous l'accent sur le rôle pédagogique joué par la bibliothèque qui s'inscrit ainsi comme point de convergence de toute formation éducative. M. Diligent, Conservateur de la Bibliothèque de l'Université de Metz, devait prolonger cet aspect au niveau de l'enseignement supérieur.
Toutes ces interventions s'appuyant sur des réalisations concrètes apportèrent un éclairage à la situation présente et la conclusion qui se dégagea des débats fut qu'il serait vain de développer en nombre bibliothèques et centres documentaires si une politique d'ensemble cohérente n'est pas rapidement définie et si une infrastructure n'est pas mise en place.
Le samedi matin 9 mars s'est tenue dans la salle de conférence de l'E.N.S.B., l'assemblée générale de L'A.E.N.S.B. Après la présentation du rapport moral et financier, la discussion porta sur la situation actuelle de l'association et aboutit à l'adoption d'une motion. Il fut ensuite procédé au renouvellement statutaire partiel des membres puis à l'élection du bureau; celui-ci désigna comme présidente Mlle M.-T. Pouillias, conservateur à la Direction des bibliothèques et de la lecture publique.