Séminaire sur le problème des acquisitions des publications en provenance des pays du Tiers-Monde

Véra Colmaire

Organisé par la Ligue des bibliothèques européennes de recherche (LIBER) un séminaire sur le problème des acquisitions des publications en provenance des pays du Tiers-monde s'est tenu à l'Université du Sussex, Brighton, du 17 au 19 septembre 1973. Il réunissait les représentants de 9 pays européens et des États-Unis. Du côté français, le chef du service des acquisitions de la Bibliothèque nationale représentait la Bibliothèque nationale et Mlle A. Levy, le Centre de documentation et de recherche sur l'Asie du Sud-Est et le monde insulindien rattaché au CNRS.

Ce séminaire avait pour but de présenter et d'examiner les différents moyens d'acquérir les publications des pays du Tiers-monde, d'étudier les différents plans d'acquisitions passés, présents ou futurs, afin de mieux cerner l'information bibliographique et par là-même d'obtenir d'une façon plus sûre la production correspondante. L'introduction adressée par M. Clavel, président de la LIBER, recommandait de définir des moyens pratiques permettant avant tout de déboucher sur des problèmes concrets et d'établir des méthodes de collaboration efficace entre les bibliothèques; les participants ont essayé de travailler dans ce sens.

De nombreux rapports ont mis en évidence le manque d'information bibliographique (manque de bibliographie nationale, délais trop longs de publication, retard de diffusion, etc...), l'absence de réseau commercial structuré, l'inexistence d'un véritable marché du livre, le faible tirage de nombreuses publications, le nombre très élevé de publications hors commerce - 60 % en Colombie par exemple -, les difficultés matérielles de tous ordres autant de problèmes qui rendent difficile, sinon impossible dans certains cas, tout contrôle bibliographique sûr. A ces difficultés s'ajoute parfois l'instabilité politique de certains pays, qui de temps à autre peut tout modifier.

Si tous les participants ont été unanimes à souligner les difficultés énormes qu'ils rencontrent dans leurs recherches, ils n'en ont pas moins été unanimes à reconnaître l'importance et l'intérêt de ces publications pour le Tiers-monde lui-même mais aussi pour tous les autres états. Certains pays, tels que les États-Unis, la Grande-Bretagne, la République fédérale allemande, ont la possibilité et les moyens d'envoyer des bibliothécaires « en tournée » pour une durée plus ou moins longue, ou mieux encore, d'établir des bureaux locaux d'acquisition. Même si ces procédés très coûteux ne leur permettent pas de couvrir tous les pays concernés, ils leur assurent néanmoins une grande partie de la production imprimée et en particulier tout ce qui n'est pas commercialisé, d'un accès toujours difficile. Comme le faisait remarquer un des participants : « les bibliothèques ne doivent pas craindre ces dépenses, elles doivent savoir investir... » Quant aux autres pays, il ne leur reste que les dons ou les échanges pour enrichir leurs fonds, les rares maisons d'éditions existantes n'étant pas toujours organisées pour la vente à l'étranger.

En fonction des difficultés rencontrées quant à l'acquisition et au contrôle bibliographique de ces publications, les participants ont souhaité une politique concertée et plus efficace de coopération et d'échanges entre les bibliothèques à l'échelon national et international, une collaboration plus étroite entre les chercheurs, les universitaires et les bibliothécaires, une extension du prêt interbibliothèques à tous les documents. Ils ont également souhaité qu'une centralisation et une diffusion de l'information bibliographique se fasse au niveau du pays producteur, avec au besoin l'aide technique et financière de la LIBER, suivant dans ce sens les recommandations de la Fédération internationale des associations de bibliothécaires en vue du contrôle bibliographique universel. Ils ont insisté sur une coordination dans le domaine bibliographique et envisagé l'établissement de catalogues collectifs. Les participants ont achevé leurs travaux par le vote de la résolution suivante.

Recommandations.

Au cours de ce séminaire les discussions ont porté sur les problèmes d'acquisition et de contrôle bibliographique des publications des pays du Tiers-Monde

Le Séminaire est unanime sur le fait qu'il est important de recueillir ces publications et de les rendre accessibles, à la fois pour répondre aux besoins des chercheurs et pour contribuer à définir des politiques nationales dans les domaines économique, commercial et autres.

Il paraît également essentiel qu'au moins un exemplaire des publications des pays du Tiers-Monde puisse être mis à la disposition des chercheurs dans une bibliothèque d'Europe.

La collecte de ce matériel doit procéder d'une coopération entre bibliothèques, centres bibliographiques et commerce du livre dans les pays du Tiers-Monde.

Le Séminaire exprime le vœu que le Bureau exécutif de la LIBER mette sur pied un groupe de travail chargé d'examiner les moyens de promouvoir la collecte en Europe des publications des pays du Tiers-Monde afin qu'il y ait au moins un exemplaire de chaque publication valable 1 dans une bibliothèque d'Europe en mesure de le prêter à toute autre bibliothèque européenne.

Le groupe de travail devra entreprendre des enquêtes concernant les collections qui existent déjà en Europe et leurs méthodes d'acquisition.

Il devra veiller aux points suivants :

a) Relation étroite entre acquisition et fourniture de l'information bibliographique sur les publications acquises.

b) Possibilité de mettre en place des agents locaux sous les auspices de la LIBER en divers points du Tiers-Monde en vue de collecter les publications à l'intention des bibliothèques européennes à raison d'un exemplaire au moins.

c) Opportunité de coopérer avec les bibliothèques de recherche des États-Unis, et en particulier avec la Library of Congress, en vue de partager le financement des bureaux locaux, l'acquisition du matériel et la production de l'information bibliographique.

Le groupe de travail devra conseiller le Bureau exécutif de la LIBER sur les mesures à prendre pour le stockage, le prêt et, éventuellement, le catalogage des publications acquises, en ne perdant pas de vue les points suivants :

a) Désignation des centres d'Europe ayant déjà constitué des fonds dans des domaines particuliers et pourvus des services appropriés qui leur permettraient d'accepter la responsabilité de ces tâches.

b) Attribution de ces tâches à une bibliothèque européenne existante.

c) Création d'une bibliothèque européenne de prêt pour les publications des pays du Tiers-Monde.

d) Nécessité de rendre accessible toute l'information concernant la localisation pour le prêt d'exemplaires des publications du Tiers-Monde.

Le groupe de travail devra être invité à réfléchir sur l'opportunité de réunions périodiques entre universitaires et bibliothécaires spécialistes des publications des pays du Tiers-Monde sur le modèle du « Seminar of acquisitions of Latin-American Librairies materials » (SALALM).

Le groupe de travail devra achever sa tâche aussi rapidement que possible et rédiger entre temps des comptes rendus de ses réunions à l'intention du Bureau exécutif.

  1. (retour)↑  Le groupe de travail devra définir avec précision les genres de publications considérées comme « valables ».