Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale. Paris.

Exposition Colette. - Avec l'exposition Colette, la Bibliothèque nationale célèbre de mai à septembre 1973 le centième anniversaire de la naissance de celle qui fut l'un des grands écrivains du xxe siècle. Les manuscrits de ses œuvres les plus importantes regroupés avec des photographies, des tableaux, des objets qui lui furent chers, permettaient d'évoquer étape par étape, les différentes périodes de son existence. Tout d'abord Claudine, la Belle époque, Willy, Polaire, tout un monde et un demi-monde 1900, Colette seule, danseuse et mime, puis l'apogée de l'écrivain (Sido), ses multiples activités (théâtre, cinéma, radio), ses chroniques pour les journaux, la gloire et les dernières années au Palais-Royal.

Pour la première fois étaient réunis manuscrits, éditions rares, tableaux et dessins de peintres amis de Colette (Dunoyer de Segonzac, Touchagues, Luc-Albert Moreau, Daragnès, etc.), photographies qui montrent le visage sensible et mélancolique, les yeux merveilleux au regard aigu; beaucoup n'ont jamais été montrées au public. Sa chambre du Palais-Royal, avec des meubles tapissés par elle, les sulfures, les papillons, les objets qu'elle a aimés, a été reconstituée.

Le catalogue 1, indispensable commentaire de la visite, est un instrument de travail, un véritable livre sur Colette et sur son œuvre, qui replace chaque objet, chaque livre, chaque feuillet dans l'atmosphère où il plut à Colette de les placer et de les faire revivre. Colette fut une femme courageuse, simple, naturelle; elle connut l'une de ces vies que seule peut offrir une ville comme Paris en des temps violemment contrastés, et pourtant son enfance, ses racines provinciales demeurent toujours inoubliées, nostalgiques, incessamment revécues, recréées : animaux, plantes, fleurs, humains si charnellement vrais et quelquefois si tristement factices. Comme le dit M. Dennery dans sa préface, « l'œuvre de Colette n'est pas une oeuvre gaie. Sous une apparente légèreté, son univers est grave et dominé par le malheur... L'on a souvent dit que Colette ne pouvait être rangée dans aucune école, n'appartenait à aucun mouvement. Son vivant génie n'est point de ceux qui supportent d'être classés. Sa personnalité vigoureuse et bien équilibrée se suffisait à elle-même. Mais il n'en demeure pas moins qu'elle appartient à son temps », un temps de réaction contre une certaine belle époque, « Les écrivains qui s'en réclamaient plaçaient la sincérité avant toute chose. Comme Proust et Gide, Colette relevait de cette famille d'esprit ».

Exposition : Trésors d'Orient. - En de mémorables expositions, la Bibliothèque nationale a montré depuis vingt ans les plus beaux manuscrits de ses collections occidentales. L'an dernier, l'exposition du Livre a donné un aperçu des trésors des fonds orientaux lentement amassés à partir de François Ier. Le 29e Congrès international des Orientalistes a fourni l'occasion de montrer, du 14 juin à fin octobre 1973, les plus beaux manuscrits asiatiques de la Bibliothèque nationale. Cette exposition évoque, comme l'écrit M. Dennery dans sa préface au catalogue, « un monde immense qui, avec ses prolongements égyptiens et éthiopiens, dépasse même celui de l'Asie et que dominent quelques grandes civilisations ».

L'exposition s'ouvre sur la perspective des grandes découvertes qui amenèrent lentement les Européens à sortir de leur isolement : les grands explorateurs, les premières cartes, les premiers instruments, les premières descriptions. C'est à un extraordinaire voyage que convie l'exposition, un voyage jalonné de reliques merveilleuses. L'or, le lapis lazuli, le jade, les parchemins, les cuirs fins, les laques, les papiers les plus anciens du monde supportent, enchâssent des miniatures précieuses, des écritures belles comme les plus beaux dessins et jusqu'aux premiers essais de l'imprimerie bien antérieurs à Gutenberg.

La Bibliothèque nationale a voulu évoquer l'enrichissement spirituel apporté à l'humanité depuis l'Égypte ancienne, la Mésopotamie, les temps bibliques : manuscrits chrétiens, coptes et syriaques du Ier millénaire; arts sassanides, copies du Coran, de l'école de Bagdad au XIIIe siècle entre autres; manuscrits brahmaniques, hindouistes, bouddhiques. L'exposition se termine sur les œuvres issues des grandes traditions chinoise et japonaise dont la Bibliothèque nationale possède de très beaux exemples. Ces trésors sont accompagnés de pièces issues des collections du Cabinet des Estampes et du Cabinet des Médailles, comme la célèbre coupe de Chosroès ou la coupe de Fano, une pièce du jeu d'échecs que la légende veut offert par Haroun al Rachid à Charlemagne. Ont été ajoutées, pour les mieux illustrer, quelques belles sculptures de collections publiques françaises.

Bibliothèques interuniversitaires et d'université.

Bibliothèque de la Sorbonne. Paris.

La nouvelle salle de documentation de la Bibliothèque de la Sorbonne. - La nouvelle salle de documentation de la Bibliothèque de la Sorbonne a été inaugurée le 4 mai 1973 en présence de M. le Directeur chargé des bibliothèques et de la lecture publique, de M. le Recteur Dehaussy, représentant M. le Recteur de l'Académie de Paris, empêché, des présidents des universités et des établissements d'enseignement supérieur parisiens, de M. le Directeur de la Bibliothèque interuniversitaire « A », de M. le Conservateur en chef de la Bibliothèque de la Sorbonne et de nombreux professeurs et membres du personnel des bibliothèques et de l'administration universitaire.

Cette nouvelle salle est aménagée dans l'ancien Musée de géologie de la Faculté des sciences de Paris, qui a été définitivement attribuée par décision rectorale à la Bibliothèque de la Sorbonne en avril 1972, Elle couvre une superficie de 200 m2 et permet d'accueillir dans d'excellentes conditions 68 professeurs, chercheurs ou étudiants du 3e cycle, qui peuvent consulter sur place en accès libre les collections de textes et de documents les plus divers. Ces collections savantes intéressent principalement l'antiquité classique et chrétienne et l'histoire médiévale en général. Cependant différents ouvrages appartenant à d'autres disciplines ont également leur place sur les rayons de la nouvelle salle, qui ont une longueur approximative de 300 mètres le long des murs et en épi au centre de la pièce.

Grâce aux concours techniques et financiers du Ministère de l'Éducation nationale, du Rectorat et du Service constructeur de l'Académie de Paris, l'équipement mobilier du local a pu être réalisé dans les meilleures conditions malgré des difficultés diverses et l'insuffisance des crédits. Les meubles de la salle sont plaqués chêne clair verni satiné; ils sont montés sur des socles noirs et les tables sont de la même couleur que les rayonnages (plateaux clairs et piètements noirs). Les sièges sont garnis de mousse de latex recouverte de tissu vinylique noir et la banque de prêt présente un dessus lamifié blanc cassé. L'ensemble de cet équipement a été réalisé par les Ets Borgeaud; longuement étudié par les services de la bibliothèque, il s'harmonise particulièrement bien avec le cadre de la salle, qui possède un plafond à caissons datant de la fin du XIXe siècle comme l'ensemble de la Sorbonne.

La décoration du local est l'œuvre du personnel de la Bibliothèque de la Sorbonne 2. Des gravures et des cartes anciennes ornent les pans de mur au-dessus des rayonnages et une vitrine d'exposition permet de faire connaître au public les richesses du fonds manuscrit et des réserves de l'établissement.

Pour l'inauguration de la salle, cette vitrine présentait notamment les documents suivants : un livre des receveurs de la nation d'Allemagne aux armes du recteur Lusius Joannes Nocturnus (1511), un exemplaire des lettres patentes de Louis XV créant le premier concours d'agrégation de l'Université (1766), des devoirs et des notes de cours universitaires du XVIIe, du XVIIIe et du XIXe siècles, des livres de prix du XVIIe siècle richement reliés, etc. 3.

Le centre de la pièce est occupé par un motif sculptural en marbre représentant « L'étude ». Cette œuvre, d'inspiration classique, porte la signature d'un artiste des premiers temps de la IIIe République, Louis-Ernest Barrias (184I-1905), qui est l'auteur de nombreux monuments contemporains 4.

L'aménagement de cette salle de recherche et d'accueil constitue la première étape de la modernisation de la Bibliothèque de la Sorbonne, qui doit être agrandie prochainement. A cet égard, M. Jacques Dehaussy et M. Étienne Dennery devaient notamment rappeler le 4 mai l'importance que leurs administrations respectives attachent à la rénovation de l'établissement, dont le rôle national est confirmé par le décret du 10 février 1972 portant organisation des bibliothèques universitaires de la Région parisienne en application de la Loi d'orientation de l'enseignement supérieur.

Bibliothèques municipales.

Grenoble (Isère).

Exposition Champollion et le déchiffrement des hiéroglyphes. - Une exposition sur Champollion et le déchiffrement des hiéroglyphes inaugurée le 18 novembre 1972 sous la présidence de M. Leclant, professeur à la Sorbonne et président de la Société française d'égyptologie a commémoré le 150e anniversaire du déchiffrement des hiéroglyphes. Cette manifestation faisait partie d'un ensemble de manifestations au Caire, à Paris et à Figeac. La bibliothèque eut la chance en la circonstance d'obtenir de la famille le prêt de l'abondante correspondance de Champollion à son frère Champollion-Figeac et de retracer ainsi de façon vivante la genèse de la découverte depuis les années où le jeune égyptologue était élève au Lycée de Grenoble jusqu'en 1822.

Malakoff (Hauts-de-Seine).

Les Nouveaux locaux de la bibliothèque municipale. - La Bibliothèque municipale de Malakoff, qui vient de s'installer dans de nouveaux locaux, est une respectable nonagénaire. Sa naissance remonte à 1882, date où fut créée, à l'initiative du sculpteur Ponscarme, la Bibliothèque populaire des Écoles de Malakoff. Pendant 25 ans, elle conserva en tant que société son autonomie vis-à-vis de la municpalité, celle-ci fournissant malgré tout le logis, le chauffage et l'éclairage. En 1907, à l'occasion d'un legs important fait à la municipalité (5 000 vol. provenant de la Bibliothèque des amis de l'Instruction, société privée existant à Malakoff depuis 1877), les deux fonds furent regroupés et une « Bibliothèque populaire communale gratuite » fut constituée, toujours avec un statut de société. En 192I, la Bibliothèque devint la propriété de la commune qui accepta d'en supporter la charge.

Depuis 1934, la bibliothèque municipale était installée dans une vaste salle au rez-de-chaussée d'un immeuble édifié à cette date. Construire et aménager des locaux spécialement destinés à une bibliothèque était chose assez rare à cette époque et mérite d'être signalé. C'est un témoignage de l'intérêt que la municipalité portait à cette réalisation, déjà cinquantenaire, aussi bien que de l'influence de la bibliothèque auprès de la population.

Depuis 1966, un effort considérable a été fait par la commune (recrutement de personnel, création d'un bibliobus), effort qui a amené un accroissement du nombre des lecteurs adultes et enfants. L'unique salle de la bibliothèque était devenue nettement insuffisante pour un public et des livres toujours plus nombreux. C'est pourquoi la municipalité décidait en 1968 de construire une nouvelle bibliothèque. La première délibération du Conseil municipal approuvant l'avant-projet fut établie le 4 novembre 1968, les travaux débutèrent en octobre 1970, l'inauguration eut lieu le 18 novembre 1972.

La Bibliothèque fait partie de l'ensemble Centre-ville, zone d'aménagement d'un terrain rendu libre à la suite de la désaffectation d'un ancien groupe scolaire. Cet ensemble comprendra, outre un théâtre-centre d'animation culturelle déjà en service depuis mai 197I, le futur Hôtel de ville et une maison de la culture. A proximité se trouve un marché très actif qui se tient les mercredis, vendredis et dimanches.

Le bâtiment : Dès l'avant-projet, la municipalité a retenu les normes de surfaces proposées par la Direction des bibliothèques et de la lecture publique. Pour une surface au sol de 680 m2, la bibliothèque offre une surface utile de 1 700 m2. Édifiée à l'angle de deux rues, elle présente trois façades, une sur chaque rue, l'autre en pan coupé. Elle est construite en brique de Vaugirard, aluminium et verre antisolaire et comprend, en plus du sous-sol, 3 niveaux, chacun étant légèrement en retrait sur le niveau inférieur.

Au cours de l'élaboration du projet définitif, ainsi qu'aux différents stades de la construction, les responsables de la bibliothèque purent, en tant qu'utilisateurs futurs, donner leur avis et faire des suggestions, afin que cette bibliothèque soit fonctionnelle et accueillante, qu'elle ait une unité de conception, mais sans monotonie. Le choix des couleurs a été soigneusement déterminé. La brique apparente sur un certain nombre de murs intérieurs donnait déjà une direction de base. Pour diversifier les niveaux, des tons différents de moquette furent retenus. Le choix s'est volontairement porté sur les tons doux (du Sienne à l'orangé) afin d'obtenir une ambiance calme et reposante. L'implantation des divers mobiliers a été réalisée par le bureau d'architecture intérieure du cabinet AT.URB.A. (MM. Rozen et Perraud). Certains éléments ont été conçus spécialement pour la bibliothèque, d'autres ont été choisis dans la production de maisons spécialisées.

Hall d'entrée et d'exposition. La porte principale de la bibliothèque se trouve sur la façade en pan coupé. Un hall d'entrée donne accès, à droite à la bibliothèque des jeunes et se prolonge à gauche par un hall d'exposition (50 m2) qu'il faut traverser pour arriver à l'entrée de la salle de prêt. Ce hall d'exposition est équipé de 20 panneaux amovibles : ils sont engagés dans des rails fixés au plafond et serrés par des vérins au sol. Leur disposition peut varier suivant l'utilisation qu'on veut en faire. Des tablettes peuvent y être fixées pour présenter des objets. De ce hall part l'escalier, doublé d'un ascenseur, qui dessert les niveaux supérieurs.

Salle de prêt et salle de lecture : La salle de prêt, d'une superficie de 280 m2, pourra recevoir, dans sa disposition actuelle, 26 ooo volumes et contient la plus grande partie du fonds de la bibliothèque. A droite de l'entrée se trouve le bureau de prêt formé d'un assemblage d'éléments bas à destinations diverses (postes de travail, fichier, rayonnages et tiroirs) et très ouvert afin de permettre les allées et venues du personnel; à gauche, le coin des périodiques, avec tables basses, chauffeuses en cuir et en toile citron, fauteuils en cuir noir. Le revêtement de sol est rouille. Les rayonnages sont constitués de piètements métalliques tilleul supportant des tablettes en lamifié blanc. Quelques innovations ont été apportées à ce mobilier : les deux tablettes inférieures sont légèrement relevées et des bacs peuvent remplacer les tablettes et recevoir les périodiques mis en prêt, placés ainsi près des documentaires de même matière. La disposition des rayonnages est très variée et ménage des coins de lecture. Des tourniquets en bois verni rouge, conçus par le décorateur et réalisés par les Établissements Borgeaud, ont été placés à divers endroits pour ranger tous les volumes d'une même collection.

Une porte communique avec le garage du bibliobus et permet l'échange constant des livres, le fonds du bibliobus n'étant pas distinct de celui de la bibliothèque. Un escalier intérieur donne accès directement à la salle de lecture située au niveau supérieur. Celle-ci peut contenir 6 ooo volumes et dispose de 50 places de travail. Les rayonnages sont identiques à ceux du rez-de-chaussée avec des tablettes plus profondes. Les tables jaune chrome se détachent sur la moquette vert bronze. La disposition des rayonnages ménage des coins de travail, ce qui est très apprécié des jeunes qui viennent travailler collectivement. Cette salle contient les usuels et des collections d'étude qui cependant peuvent être empruntées à domicile.

Bureaux : En bordure de cette salle et communiquant avec elle se trouvent les bureaux du personnel où s'effectuent les diverses opérations de catalogage et de préparation des livres. Un appareil de photocopie s'y trouve placé à la disposition des lecteurs.

Bibliothèque des jeunes : D'accès direct à partir du hall d'entrée, la bibliothèque des jeunes (150 m2) se situe également sur deux niveaux. Au rez-de-chaussée, la salle de prêt et de lecture (112 m2) dispose d'une capacité de 5 000 volumes et de 24 places de travail. Un mobilier personnalisé (conçu par le décorateur et réalisé par les Établissements Borgeaud) s'ajoute aux rayonnages et au bureau de prêt du même type que ceux de la section des adultes. Des modules « triple emploi », placés au sol sur différentes faces peuvent servir de tables, de sièges ou de bacs à albums. Une mezzanine permet d'utiliser un mur depuis le sol jusqu'au plafond pour le rangement des livres. Un escalier de bois conduit à la salle d'heure du conte au premier étage. Les sièges sont constitués par des tabourets de bouleau naturel et le fauteuil de la conteuse est en manille. Cette salle est équipée d'un épiscope et d'un grand panneau mural pour l'affichage des dessins ou autre matériel d'animation.

Salle de conférences : Au premier étage également se trouve la salle de conférences. On y accède exclusivement par l'escalier central. 90 personnes peuvent y prendre place. Elle est équipée d'un projecteur 16 mm. Deux vitrines peuvent accueillir des livres ou des objets en exposition.

Discothèque : Située au 2e étage, desservie par l'escalier et l'ascenseur, cette salle a été séparée en deux par des paravents doublés de laine de verre. D'un côté a été installé le prêt, avec une capacité de 2 500 disques et de l'autre l'auditorium (25 places). Deux fauteuils sont équipés de casques d'écoute. Le sol est vieil or, les sièges bleu roi; les bacs à disques sont de production courante.

Sous-sol : Le sous-sol est très vaste (325 m2). Il comprend une salle de manutention, les vestiaires du personnel et les réserves. Un coin a été aménagé avec tables et chaises et les lecteurs, sur demande, pourront y accéder pour consulter les collections anciennes.

Le bâtiment accueille également le Centre culturel communal. Un logement a été mis à la disposition du gardien.

Fonctionnement : Passer sans transition d'une salle de 200 m2, où toutes les activités étaient concentrées, à un bâtiment huit fois plus grand, avec une spécialisation nécessaire des différents services n'est pas une opération sans problèmes. Après cinq mois de fonctionnement les premiers résultats obtenus sont satisfaisants. Depuis l'inauguration, 1 172 nouveaux lecteurs se sont fait inscrire et le nombre de prêts est en constante augmentation.

Les activités propres à la bibliothèque des jeunes en particulier se sont développées régulièrement et une collaboration s'est établie avec les enseignants de Malakoff, la Maison de l'Enfance, le Club des jeunes.

La Bibliothèque a présenté très régulièrement des expositions itinérantes ou réalisées par des associations locales ou par elle-même. Des conférences, des manifestations culturelles ont eu lieu.

La mise en service de la discothèque reste à réaliser.

Fidèle à sa tradition la ville de Malakoff a donné à sa bibliothèque avec ces nouveaux locaux, les moyens de remplir efficacement sa mission culturelle au sein de la cité.

Melun (Seine-et-Marne).

Participation à la Foire de Melun. - En 1973, la Foire de Melun (27 avril-2 mai) a pris de nouvelles dimensions; avec ses 6 hectares de terrain, ses 260 exposants, et ses 500 stands, elle attira plus de 100 000 visiteurs. L'animateur culturel de la ville avait réussi à obtenir un espace assez vaste pour les jeunes, et il put ajouter aux attractions populaires des activités éducatives. C'est ainsi que des comédiens du Centre d'art et d'essais de spectacles pour enfants assurèrent un théâtre permanent et que des conteurs firent connaître des livres pour la jeunesse, choisis par « l'École des Loisirs ». Quant à la bibliothèque municipale, elle disposait d'un box de 6 m2. Les parois de ce modeste stand furent décorés, avec des reproductions des trois bâtiments qui abritèrent successivement, à Melun, les collections municipales de livres, depuis 1795. Des tracts, indiquant les ressources et les horaires de la bibliothèque furent largement distribués. Enfin, furent présentées au public de magnifiques photographies en couleurs et en relief, réalisées grâce au procédé Maurice Bonnet et fort aimablement prêtées par le C.N.R.S. La technique de ces documents, qui venaient d'être exposés à Pékin et au Japon, trouvera, dans quelques années une application dans le livre (planches anatomiques, cartes géographiques...) ; elle est également susceptible de révolutionner le cinéma et la télévision de demain.

Meudon-la-Forêt (Hauts-de-Seine).

Inauguration de la nouvelle succursale. - Le 26 janvier 1973 a été inaugurée la nouvelle succursale de la Bibliothèque municipale de Meudon-la-Forêt, 18 rue de la Pépinière. Installée au rez-de-chaussée d'un immeuble HLM, elle se trouve en position excentrée par rapport à l'ensemble de Meudon-la-Forêt, mais il ne faut pas plus d'un quart d'heure à pied pour venir des habitations les plus éloignées.

L'aménagement intérieur a dû être réalisé en tenant compte des piliers de soutien de l'immeuble et les cloisons indispensables ont été vitrées pour permettre la surveillance des différentes salles. La superficie totale est de 255 m2 dont 24,5 m2 pour la salle de lecture sur place, 5I m2 pour la salle réservée aux enfants, 95 m2 pour la salle de prêt, 25 m2 pour l'atelier.

Les rayonnages placés le long des murs ou en épis occupent 530 m linéaires. Ils sont à claire-voie, facilitant ainsi la surveillance.

Ouverte depuis janvier 1973, la bibliothèque compte déjà 2 ooo lecteurs se répartissant en nombre égal entre « jeunes » et « adultes ». 5 500 volumes environ sont à leur disposition.

Nice (Alpes-maritimes).

Exposition : Michel Butor et ses peintres. - Le 19 juin 1973 5, à la Galerie de marine, a été inaugurée, en présence de M. Jacques Médecin, député-maire de Nice, et de l'écrivain, l'exposition Michel Butor et ses peintres, déjà présentée au Musée du Havre et au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

Cette exposition, ouverte jusqu'au 22 juillet, a donné à la Ville de Nice l'occasion de manifester sa reconnaissance à Michel Butor qui y réside depuis plusieurs années et qui a commencé de remettre à la Bibliothèque municipale un certain nombre de livres appelés à constituer un fonds Michel Butor.

Orléans (Loiret).

Exposition Colette. - En février 1973, une exposition a été organisée dans le hall d'honneur, à l'occasion du centenaire de la naissance de Colette. Y figuraient des éditions originales dédicacées par l'auteur, des photographies de Colette et de Willy, de Colette et de ses chiens, quelques éditions enfantines, et de nombreux dessins, portraits et ex-libris de M. Raymond Prévost, artiste Orléanais récemment disparu, qui en avait fait don à la Bibliothèque. Une eau-forte représentant la maison de Colette à Saint-Tropez avait été aimablement prêtée par M. Thouvenot. Au cours de l'exposition Mme Prévost a donné à la bibliothèque 2 ouvrages illustrés et 2 photographies de Colette.

Salle d'exposition : Max Jacob. - L'extension des locaux de la bibliothèque, en 1972, a permis de libérer une salle ancienne datant du XVIe siècle, à proximité de l'entrée de la section d'étude, et d'en faire la salle d'exposition de documents et ouvrages précieux. Le nom de « Max Jacob » lui a été donné, en raison de l'importance du fonds Max Jacob à la bibliothèque. A cette occasion, une exposition consacrée à cet écrivain a été présentée et inaugurée par M. le Maire d'Orléans et les « Amis de Max Jacob », venus, comme chaque année à Saint-Benoît-sur-Loire pour l'anniversaire de la mort du poète, au début mars (ce fut cette année le 18 mars). De nombreux manuscrits, lettres, éditions originales, photographies et autres documents souvent inédits montrèrent au public la richesse de ce fonds.

Exposition : Le Protestantisme en Orléanais. - Du 2 au 16 juin 1973, a été présentée une exposition documentaire sur le Protestantisme en Orléanais, réalisée par les services d'Archives du Loiret. Composée de reproductions et non d'originaux, cette exposition pourra circuler dans le département. Elle constitue un exemple du travail entrepris en collaboration par les Musées d'Orléans, les Archives de la bibliothèque municipale avec l'aide de l'Inspection académique, sous la forme d'un début de service éducatif commun, destiné en particulier à faire connaître dans le département et notamment les établissements scolaires, les collections existant à Orléans. C'est ainsi qu'ont déjà été réalisées des expositions itinérantes consacrées à la préhistoire, aux paysans au XVIIIe siècle, à la guerre de 1870.

La présente exposition est surtout consacrée au XVIe siècle, époque où l'histoire du protestantisme local est intimement mêlée à l'histoire orléanaise. Elle se prolonge jusqu'au XIXe siècle. Des ouvrages et documents originaux appartenant à la bibliothèque et à la Société d'histoire du protestantisme français ont été ajoutés à l'exposition photographique, pour la durée de cette présentation.

Rouen (Seine-Maritime).

Exposition : Typographie et littérature. - Le cycle d'expositions organisées dans le cadre de l'année internationale du livre s'est clos au mois de février par une exposition, dans le hall de la bibliothèque sur les fantaisies typographiques et l'expression littéraire.

Un des aspects les plus marquants de la littérature d'aujourd'hui est peut-être un éclatement de la page, une certaine dispersion du bloc imprimé conventionnellement parcouru de gauche à droite et de haut en bas par une lecture systématique et monotone. Les documents présentés montraient qu'il a existé tout au long de la littérature occidentale un courant remontant à l'antiquité grecque qui refuse cette habitude et cherche à donner à la page écrite une disposition plus expressive. Il est curieux de constater que cette tendance discrète et continue au long des siècles s'épanouit brusquement chez Mallarmé et Apollinaire, avec les développements des techniques journalistiques et publicitaires et la découverte de nouveaux moyens d'expression.

Depuis les Calligrammes de Théocrite ou de Simmias de Rhodes jusqu'aux recherches de M. Butor ou du groupe « Tel Quel », en passant par Rabelais, Sterne, Restif de la Bretonne, Lewis Carroll ou les surréalistes, la disposition insolite de l'écriture témoigne d'une volonté de rapprocher la forme et l'esprit du texte et nous fait regarder le livre d'une façon inhabituelle, autrement qu'un simple objet de consommation.

Exposition : Félix-Archimède Pouchet, 1802-1872. - A l'occasion du centenaire de la mort de F.-A. Pouchet, la Bibliothèque municipale de Rouen a organisé en mai et juin 1973 une exposition consacrée à ce savant. André Gide nous a laissé dans Si le grain ne meurt un portrait savoureux de ce Rouennais, cousin germain de sa grand-mère : « Le vieux savant théoricien buté avait eu son heure de célébrité pour avoir soutenu contre Pasteur l'aventureuse thèse de l'hétérogénie ou génération spontanée. Il n'est pas donné à beaucoup d'avoir un cousin qui s'appelle Archimède. Que je voudrais l'avoir connu. » Nous savons depuis peu ce que Gide ne pouvait savoir : Pouchet n'était pas seulement l'adversaire malheureux de Pasteur, c'était aussi un esprit curieux dont les observations étaient très en avance sur la science de son temps.

Grâce aux collections de la Bibliothèque et du Muséum d'histoire naturelle de Rouen dont Pouchet fut directeur, ont été retracées les principales étapes de sa vie et de son œuvre. Interne à L'Hôtel-Dieu de Rouen, il connaît le Dr Achille Flaubert. Étudiant à Paris, il suit les cours de Broussais, Geoffroy Saint-Hilaire, Gay-Lussac... Voyageur infatigable, il rédige des carnets à l'occasion de séjours en Suisse, en Italie, en Égypte... Ses travaux scientifiques présentent la plus grande diversité. Parmi les plus importants, citons sa thèse de doctorat sur les solanées, sa Zoologie classique, ses recherches sur la fécondation des mammifères. Il sait aussi faire œuvre de vulgarisation en écrivant des ouvrages sur les animaux et les plantes. Historien, il est l'auteur d'une Histoire des sciences au Moyen âge. Sensible au problème des noyades dans un département comme la Seine-Maritime, il propose comme secours aux noyés une Table pour la revivification des noyés.

Le travail pour lequel son nom devrait être retenu est celui qui obtint en 1845 le prix de Physiologie décerné par l'Académie des sciences; sa Théorie de l'ovulation spontanée et de la fécondation des mammifères et de l'espèce humaine est accompagnée d'un atlas dont les planches manuscrites conservées à la Bibliothèque municipale de Rouen, sont remarquables par la précision de l'observation. Dans ses études sur l'ovulation spontanée, Pouchet démontre en s'appuyant sur une observation rigoureuse que l'ovulation est une loi générale, qu'elle est indépendante de la fécondation, qu'elle se produit à des époques déterminées. Ayant eu l'idée de prélever des tissus aux périodes du cycle ovarien et de les examiner au microscope, non seulement Pouchet déterminait avec précision à l'intérieur du cycle les périodes fécondes et infécondes, mais il posait les fondements de la cytologie moderne.

Différents documents, lettres que lui adressaient ses contemporains (Geoffroy Saint-Hilaire, Proud'hon, Flaubert, Pasteur...), photos de son laboratoire, instruments, diplômes divers décernés par les sociétés savantes ou les loges maçonniques, joints à la présentation de son œuvre, ont permis de faire revivre une personnalité attachante et méconnue.

Bibliothèques centrales de prêt.

Loir-et-Cher.

Publication. - La Bibliothèque centrale de prêt de Loir-et-Cher a publié le catalogue de ses acquisitions pour adultes pour 1972. Cet ouvrage comprend les titres de près de 850 documentaires dans l'ordre de la classification de Dewey et les titres de 350 romans. L'ensemble représente près de 2 600 volumes mis à la disposition des lecteurs.

Ce catalogue est pourvu d'un index-auteur et d'un index-matières. Largement diffusé, il est destiné à orienter les lecteurs dans leur choix d'ouvrages nouvellement acquis par la bibliothèque.

  1. (retour)↑  [Exposition. Paris, Bibliothèque nationale. 1973]. - Colette. [Préf. par Étienne Dennery,...]. - Paris: Bibliothèque nationale, 1973. - XVI-216 p. : ill., couv. ill.; 21 cm.
  2. (retour)↑  Notamment de l'atelier de reliure et de restauration de l'établissement.
  3. (retour)↑  Les notices de ces ouvrages ont été établies par Mlle Yvonne Fernillot, conservateur.
  4. (retour)↑  Voir notamment E. Benezit, Dictionnaire... des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs... Nlle éd., I, Paris, 1948, p. 420. Cet artiste représente justement la tradition classique en honneur à l'époque.
  5. (retour)↑  [Exposition itinérante]. - Michel Butor et ses peintres : Musée des Beaux-arts du Havre, 12 mars-15 avril 1975. Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Musée Masséna, Nice. -Le Havre : Imp. La Petite-Passe, [1973]. - [44] p. : ill.; couv. ill.; 24 cm.