Association des bibliothécaires français. Journées d'étude du groupe du Sud-Est

Ces journées tenues à Aix-en-Provence les 3I mars et Ier avril 1973 ont groupé cinquante-quatre bibliothécaires des bibliothèques universitaires, publiques et privées d'Aix-en-Provence, Arles, Avignon, Carpentras, Grasse, Grenoble, Lyon, Marseille, Montpellier, Nice, Saint-Étienne, Toulon et Villeurbanne. Elles débutèrent le 31 mars à 10 heures par une réception des congressistes à la Méjanes et la visite de la très belle exposition organisée par Mlle de Kcrversau sur Le Livre du XVe au XVIIIe siècle. A 12 heures les congressistes furent reçus par la Municipalité d'Aix.

A 14 heures 30 une séance de travail eut lieu à la Bibliothèque universitaire. Elle commença par un compte rendu sur l'histoire des deux groupes appelés à fusionner pour former le groupe du Sud-Est de l'Association des bibliothécaires français. Mlle Cambuzat retraça l'histoire depuis 1965 du Groupe Rhône-Alpes (ABF) sous la présidence de Mlle Bernard, puis de Mme Guillien. Elle souligna l'œuvre accomplie par le groupe : traduction de la 17e édition de la classification Dewey et préparation de la version française de la 18e édition; cours de formation professionnelle destinés à tous ceux qui s'occupent d'une bibliothèque sans avoir reçu de formation propre. Mlle Faizant donna ensuite le compte rendu financier du groupe Rhône-Alpes. Puis M. Reynaud retraça l'histoire de l'Association des bibliothécaires du Sud-Est qui a tenu des congrès annuels de deux jours à Saint-Étienne (1962), Valence (1963), Carpentras (1964), Annecy (1965), Arles (1966), Avignon (1967), Lyon (1968), Grasse (1969), Gap (1970), Avignon (1971) et Grenoble (1972). Les séances de travail de l'association portèrent sur des sujets relatifs à la technique et l'organisation des bibliothèques (acquisitions des bibliothèques municipales et application du plan comptable, coordination des achats importants et marchés groupés de livres dans le cadre de la région, automatisation de la future bibliothèque de Lyon, propositions faites au 6e plan pour le catalogage national centralisé, problèmes administratifs des bibliothèques municipales, projets intéressant à la fois les bibliothèques et les archives, adoption d'un questionnaire sur les ressources générales et spéciales des archives, des bibliothèques et des musées, la recherche dans les bibliothèques, etc.).

L'assemblée fut appelée à élire le bureau du nouveau Groupe du Sud-Est, résultat de la fusion du Groupe Rhône-Alpes (ABF) et de l'Association des bibliothécaires du Sud-Est. Furent élus : président : M. Chauveinc (Bibliothèque interuniversitaire de Grenoble); vice-présidents : Mlle Cambuzat (Bibliothèque universitaire de Saint-Étienne), MM. Reynaud (Bibliothèque de la Chambre de commerce de Marseille) et Rohou (Bibliothèque municipale de Nice); secrétaire : M. Vaillant (Bibliothèque municipale de Grenoble); secrétaire-adjont : M. Lecutiez (Bibliothèque municipale d'Arles); Trésorière: Mlle Faizant (Biliothèque municipale de Villeurbanne); trésorière-adjointe : Mme Peillon (Bibliothèque des Hôpitaux de Lyon); archiviste : Mme Remondière (Bibliothèque municipale de Lyon). Mlle Cambuzat fut élue représentant du groupe au bureau national de l'Association des bibliothécaires français.

Deux rapports furent présentés sur le thème bibliothécaires et éditeurs par M. Rohou pour les bibliothèques municipales et M. Daumas pour les bibliothèques universitaires.

M. Rohou estima que les deux groupes (éditeurs et bibliothécaires) qui ont choisi de dialoguer au Festival international du livre de Nice en mai 1973 sont des forces qui ne sont pas égales. En 1970, déclara-t-il, « le chiffre d'affaires des éditeurs français était de 2 ooo millions de Francs (ce qui ne représente d'ailleurs que 0,288 % du produit intérieur brut français). En 1972 (alors que le chiffre des éditeurs avait probablement augmenté), les dépenses d'achat de quelque 700 bibliothèques publiques françaises représentaient 21 millions de francs, soit 1 % de ce chiffre d'affaires. Même si on le multiplie par 3 ou 4 pour tenir compte des achats des bibliothèques universitaires et des bibliothèques d'institut, on constatera que les bibliothèques françaises n'interviennent que pour une faible part dans les circuits de distribution du livre. Alors qu'il s'est vendu 240 millions de livres en 1971, les achats des bibliothèques municipales ne portaient que sur environ 1,3 million de volumes. Il aurait été préférable de faire intervenir dans le débat les libraires qui demeurent les interlocuteurs privilégiés, sinon uniques.

M. Daumas fit un rapport très documenté qui condense trois de ses articles parus ou à paraître, extraits des Actes du Séminaire organisé par l'Aupelf et l'Union des éditeurs de langue française à Orléans, 197I et du Bulletin des bibliothèques de France. Il fit ressortir, à l'aide d'exemples, la puissance des maisons d'édition étrangères qui diffusent infiniment plus de catalogues que les maisons françaises et l'insuffisance des références des catalogues français qui ne donnent pas les renseignements indispensables et nécessaires dans une présentation commode, régulière, sûre, exacte. Pour y remédier, les conservateurs des bibliothèques universitaires souhaiteraient qu'un dialogue s'engage entre bibliothécaires et éditeurs, notamment sur les modalités de la signalisation des ouvrages qui semblent le mieux convenir aux usagers universitaires.

En ce qui concerne les besoins du monde universitaire en ouvrages de base, la situation est loin d'être satisfaisante pour le livre français. Il y a, constate M. Daumas, crise de qualité. Les œuvres originales d'envergure font défaut. Et pour les textes fondamentaux, il y a un retard reconnu par tous en ce qui concerne l'édition, la réédition ou la réimpression. Ceci apparaissait déjà dans les résultats publiés en 1957 dans le Bulletin des bibliothèques de France n° 4, p. 271 à 291; n° 7-8, p. 549 à 566; n° 12, p. 865 à 877, d'un questionnaire diffusé auprès des conservateurs des bibliothèques universitaires. La situation ne s'est pas améliorée, elle s'est même aggravée depuis, autant qu'il en ressort d'un pointage récent fait à la Bibliothèque de l'Université de Nice. Pour remédier à cette situation, M. Daumas propose d'une part une mise à jour et une réédition des ouvrages de base déjà publiés en France, d'autre part des publications françaises ou des traductions en français des ouvrages étrangers susceptibles de combler les lacunes actuelles. Il faut se contenter actuellement des réimpressions anastatiques étrangères beaucoup plus nombreuses que ne le sont les rééditions. Mais ces réimpressions ne comportent aucune mise à jour et ne résolvent qu'un aspect du problème.

Après ces exposés un débat s'engagea sur l'influence des bibliothécaires sur les éditeurs.

Le président demanda ensuite que des questions soient posées en suivant l'ordre des paragraphes du questionnaire qui avait été diffusé par MM. Reynaud et Vaillant sur le thème « Bibliothécaires et éditeurs ».

En ce qui concerne le premier paragraphe « Que peuvent demander les bibliothécaires aux éditeurs ? », des desiderata furent exprimés par M. Dubled sur la fourniture par l'éditeur de fiches imprimées, par M. Rohou sur la reliure des livres par l'éditeur, par M. Trainar sur la typographie, par M. Daumas sur la normalisation de la page de titre et l'augmentation de la largeur des marges, par M. Reynaud sur la normalisation des appareils de lecture pour les livres sur microfilms ou sur microcartes et sur les résumés des articles de périodiques à fournir par les éditeurs, comme ils le font pour les périodiques scientifiques.

Au sujet du second paragraphe du questionnaire : « Que peuvent offrir les bibliothécaires aux éditeurs ? », des desiderata furent exprimés par Mlle Cambuzat et M. Trainar sur la diffusion des catalogues d'éditeurs et par M. Rohou sur le relèvement du niveau des encyclopédies.

Quant au troisième et dernier paragraphe du questionnaire : « Comment organiser les rapports entre bibliothécaires et éditeurs ? », M. Daumas exprima le vœu, comme il l'avait déjà fait à Orléans en 1971, de l'institution d'une commission permanente universitaire francophone qui consulterait éditeurs, libraires, bibliothécaires et spécialistes sur les lacunes dans l'édition française.

Le lendemain dimanche Ier avril fut organisée une excursion avec la visite du château de La Barben et de l'abbaye de Silvacane.