Conseil de l'Europe. Réunion d'experts sur le catalogage en coopération

Strasbourg, 6-8 juin 1972

A l'initiative de la Ligue européenne des bibliothèques de recherche (LIBER), le Comité de l'enseignement supérieur et de la recherche du Conseil de l'Europe a convoqué des représentants des bibliothèques de recherche de l'Europe occidentale pour une réunion de trois jours sur « le catalogage en coopération », qui s'est tenue sous la présidence de M. Kenneth Humphreys, bibliothécaire de l'Université de Birmingham et secrétaire de LIBER. La France était représentée par Mme Suzanne Honoré et M. Marc Chauveinc, qui avaient présenté chacun un document de travail. La Belgique était représentée par M. Liebaers, directeur de la Bibliothèque royale, président de la F.I.A.B., qui avait d'autre part désigné M. A. H. Chaplin comme observateur. L'Unesco, l'O.C.D.E. avaient aussi délégué des observateurs.

Les documents, distribués à l'avance, furent sommairement présentés par leurs auteurs, ce qui a laissé tout le temps nécessaire à une discussion, très large et profitable, qui a permis de replacer le catalogage en coopération dans le cadre du contrôle bibliographique universel et d'étudier quel pourrait être, dans ce cadre, le rôle de LIBER

Voici le texte des résolutions adoptées :

Préambule.

Cette réunion a pour arrière-plan les possiblités de coopération, entre bibliothèques et entre pays, qui ont été largement augmentées par les nouveaux développements dans l'enregistrement et la communication de l'information bibliographique. L'utilisation de nouvelles techniques pourrait réduire dans de fortes proportions la duplication des efforts dans le domaine du catalogage pour un grand nombre de bibliothèques.

Notre intention a été de considérer la réalisation internationale du transfert de l'information bibliographique du point de vue des besoins des bibliothèques de recherche en tant qu'utilisatrices et de définir les conditions requises pour la normalisation des programmes nationaux en Europe occidentale afin d'obtenir une entière compatibilité.

Nous n'avons pas perdu de vue les aspects particuliers des bibliothèques de l'Europe occidentale qui, pris ensemble, les distinguent de celles d'autres parties du monde, et que voici :

Tout d'abord, la culture commune basée sur un passé longuement partagé. Les traditions des bibliothèques sont affectées par le poids du passé, spécialement par exemple quant aux règles et procédés de catalogage. Deuxièmement, le niveau moindre du soutien financier accordé aux bibliothèques en Europe occidentale, par rapport à celles des États-Unis et de l'U.R.S.S., ce qui limite les crédits et les efforts qui pourraient être appliqués au développement et à la recherche dans les techniques de bibliothèque. Troisièmement, la proportion élevée et la large variété des langues représentées dans les collections des bibliothèques d'Europe occidentale qui affectent de nombreux aspects du travail de ces bibliothèques.

En même temps nous avons été très conscients des progrès qui se développent à l'échelle mondiale et nous avons cherché à nous assurer que les propositions présentées pour adoption par les bibliothèques européennes n'allaient pas contre ces développements mondiaux. Nous avons essayé de ne pas oublier les limitations qui nous étaient imposées par notre approche régionale et ne voudrions pas donner l'impression que nous cherchons à assumer une quelconque des responsabilités déjà prises en charge par des organisations pleinement internationales. Au contraire, nous voudrions espérer que le résultat de nos délibérations rendra le maximum de services à celles qui travaillent sur le plan international.

Propositions.

Au vu de toutes ces considérations, nous proposons :

Que le gouvernement de chaque pays établisse (s'il ne l'a déjà fait) et assure la maintenance d'un centre bibliographique national qui, outre ses autres responsabilités, aura les responsabilités suivantes :

I. La création et la maintenance d'une banque de données des publications courantes du pays dans un format agréé sur le plan international, basé sur MARC. Cette information bibliographique nationale produite par le pays devrait provenir de livres obtenus par dépôt légal. Il devrait y avoir une étroite coopération entre le dépôt légal et la description bibliographique nationale. Là où il n'y a pas de système de dépôt légal, des démarches devraient être entreprises pour créer la législation appropriée en vue d'obtenir un dépôt légal effectif. En attendant, des arrangements devraient être pris pour assurer la fourniture des livres nécessaires à la description bibliographique nationale.

2. La fourniture de services bibliographiques à la fois aux bibliothèques de son propre pays (directement ou par l'intermédiaire de banques de données régionales) et des pays étrangers reliés à la banque de données basées sur MARC. La banque de données nationales devrait être envisagée comme faisant partie d'un réseau international. L'échange d'informations bibliographiques devrait s'opérer avec le minimum de coût et de formalités.

Il faut noter qu'il n'est pas, à notre avis, nécessaire pour chaque pays d'inclure dans sà banque de données les entrées de tous les autres pays. Cependant, les collections de publications étrangères courantes possédées par chaque pays (et même plus anciennes) pourraient être recensées dans sa banque de données à des fins variées, y compris le prêt interbibliothèques.

3. A la fonction traditionnelle du centre bibliographique national doit être ajoutée la responsabilité de créer des fichiers d'autorité pour les noms d'auteurs et les titres.

Nous suggérons que les points suivants fassent l'objet d'une étude plus poussée :

I. Les besoins des diverses institutions en informations cataloguées fournies par leur centre bibliographique national et par les autres centres bibliographiques nationaux, y compris le domaine couvert et les délais de fourniture.

2. La possibilité d'ajouter à chaque entrée bibliographique une indication sur le niveau intellectuel de l'ouvrage ou du public auquel il est destiné.

3. Le besoin d'un système de transfert de l'information, tel que Super-MARC, à utiliser entre les centres bibliographiques nationaux.

4. L'utilité d'adopter une méthode pour numéroter les enregistrements rétrospectifs.

5. Le prix de revient des systèmes automatisés utilisant un enregistrement de type MARC, en y comprenant les questions connexes comme le droit d'auteur sur les bandes magnétiques.

6. Les conditions de collaboration entre centres bibliographiques nationaux en tant que parties d'un réseau international de communication.

7. La possibilité d'établir des fichiers d'autorité en relation avec les centres bibliographiques nationaux.

Nous regardons comme un sujet d'une urgence considérable la préparation de listes d'équivalence de vedettes principales (noms d'auteurs, collectivités-auteurs, etc.).

LIBER.

Enfin nous suggérons que LIBER entreprenne les tâches suivantes :

I. La collecte d'information à fournir par les bibliothèques membres sur leurs acquisitions courantes du point de vue de la langue et du pays d'origine, de façon à estimer l'urgence relative des besoins en information bibliographique provenant des différents pays.

2. La collecte d'information à fournir par les bibliothèques membres sur le délai d'arrivée des livres en relation avec leur date de publication, pour qu'il soit possible de calculer le délai pendant lequel on garderait dans la banque de données l'information bibliographique qui rendra le maximum de services aux bibliothèques dans leur propre pays ou en provenance des centres bibliographiques étrangers.

3. Une étude des moyens d'obtenir des entrées bibliographiques pour le matériel publié dans le Tiers monde, y compris la possibilité d'établir une bibliothèque internationale de prêt en Europe occidentale pour les publications du Tiers monde.