Réunion des bibliothécaires du Nord de la France en 1970
La réunion annuelle des bibliothécaires du Nord de la France s'est tenue, le lundi 5 octobre 1970, à la Bibliothèque municipale de Douai. Trente-trois bibliothécaires représentant dix-huit établissements des départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, de l'Aisne et de l'Oise, ont participé à cette journée d'étude. Accueillis à leur arrivée par Mme Duhamel, conservateur, les participants visitèrent les différents services de la Bibliothèque municipale de Douai. A 10 h. Mme Duhamel ouvrit la séance en présentant les excuses de M. l'inspecteur général Caillet, retenu à Paris par ses obligations professionnelles, et celles d'une trentaine de bibliothécaires empêchés d'assister à cette journée d'étude. Chacun exposa ensuite ses différentes réalisations et les problèmes rencontrés pendant l'année 1969-70. A midi les congressistes se dirigèrent vers l'Hôtel de Ville, où ils furent reçus par M. Fenain, maire de Douai, en présence de Mme Corteel, adjointe, et de M. Duroisin, secrétaire général. M. le Maire rappela le passé universitaire et les richesses culturelles de Douai. Il encouragea vivement les bibliothécaires à poursuivre leurs efforts en vue du développement de la lecture, tout en regrettant que l'État n'aide pas davantage les municipalités dans ce domaine. M. Fenain promit que Douai serait prochainement dotée d'un bibliobus urbain. M. Bouvy conservateur de la B. M. de Cambrai, président de la section de lecture publique de l'A.B.F., remercia M. le Maire de sa compréhension, évoqua le retard regrettable pris par la France en matière de lecture publique, par rapport aux autres pays européens, et cita le Danemark en exemple. Après un vin d'honneur, les participants se rendirent à l'Hôtel du Grand cerf où ils prirent un repas en commun. A 15 h., la séance s'ouvrit sur un exposé de M. Guérin conservateur de la Bibliothèque centrale de prêt du Pas-de-Calais, concernant la formation professionnelle. Les cours organisés à Lille, Arras et Douai, en 1969-70 assurèrent un total succès des candidats au concours de sous-bibliothécaires d'État et au C.A.F.B. M. Bouvy entretint ensuite les participants des nouvelles structures de l'Association des bibliothécaires français. Cette association, de soixante-cinq ans d'âge, doit évoluer et se transformer en fédération. Les bibliothèques ayant subi de profonds changements se trouvent maintenant en face de problèmes particuliers à leur situation. Par exemple, pour les bibliothèques publiques le problème essentiel est de gagner à la lecture l'ensemble de la population. Les efforts doivent être faits sur le plan politique et non plus administratif. Il faut avoir pour interlocuteurs le gouvernement, les députés, les conseillers généraux. L'intérêt de la population et les raisons financières (insuffisance du montant des cotisations pour couvrir les dépenses de fonctionnement de l'A.B.F. (I 800 membres), incitèrent celle-ci lors du Congrès de Toulouse, présidé par M. Richter conservateur de la Bibliothèque municipale de Mulhouse, à envisager la transformation de l'Association en une fédération d'associations libres et indépendantes. M. Guérin intervint alors pour dire son accord mais demanda des précisions sur la structuration au plan régional. L'association régionale, est-il précisé, sera représentée au Conseil national dans la proportion de 1 représentant pour 100 membres. Chacun devra payer une cotisation à la Fédération et une autre à l'Association, selon un pourcentage à fixer. Des demandes de subventions pourront être faites pour couvrir les frais de manifestations diverses (expositions, etc.) et de formation professionnelle, auprès des Ministères de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des sports, des Affaires culturelles, des Affaires sociales, mais aussi auprès des autorités régionales et départementales.
En ce qui concerne la formation professionnelle, Mlle Crombez conservateur de la Bibliothèque municipale de Lille évoqua la formation des employés de bibliothèque. En dehors de la région parisienne, jusqu'ici elle a été entreprise bénévolement à Nantes et à Lyon par exemple, l'essai de cours par correspondance de l'A.B.F. et de l'A.N.E.M. ayant échoué. L'Association régionale devra s'occuper de cette formation et demander une subvention. M. Bouvy demanda alors l'avis des participants sur ces problèmes de transformation de l'A.B.F. Les conservateurs de bibliothèques municipales soulevèrent l'objection que leurs établissements ont à la fois vocation de lecture publique et de recherche. Les bibliothécaires universitaires réaffirmèrent leur volonté d'appartenance à l'association, craignant que les universités devenues automones ne fassent mainmise sur les bibliothèques et leur personnel.
Par un vote à main levée, l'assemblée donna à une quasi-unanimité son accord au projet de transformation de l'A.B.F. et de constitution d'une « Association des bibliothécaires du Nord de la France », qui aura son siège social à la Bibliothèque municipale d'Arras. Une commission constitutive fut alors mise en place, comprenant MM. Guérin et Bouvy, Mlle Crombez, Mlle Bresson, conservateur à la Bibliothèque universitaire de Lille, M. Logié, conservateur en chef de la Bibliothèque municipale d'Amiens et M. Degenne, conservateur à la Bibliothèque municipale de Lille. La prochaine rencontre est fixée au mois de juin 197I.