Quelques travaux récents en matière de classification encyclopédique

Éric de Grolier

Les recherches en matière de classification encyclopédique ont entraîné la publication récente de systèmes nouveaux ou d'études préliminaires à ces systèmes tels que l'Inventaire descriptif des arts et sciences de Tykociner, la classification « US » de Wahlin, la classification bibliothéconomique-bibliographique soviétique, le projet du « Classification research group » anglais, une 7e édition de la Colon Classification dont les caractéristiques essentielles ont été analysées. Il serait souhaitable que des études similaires soient entreprises en France par un Groupe de recherche sur la classification.

Les systèmes de classification bibliographique, bibliothéconomique et documentaire du type encyclopédique se sont vus fort décriés depuis plus de cent ans - en France c'est en 1852 qu'a commencé le démantèlement progressif de la classification de la Bibliothèque nationale (alors impériale) - et ont perdu du terrain, dans beaucoup de pays, au profit, d'une part des catalogues alphabétiques de matières et, d'autre part, des classifications spécialisées. Pourtant, il est bien certain qu'elles ne cessent pas de répondre à un besoin - et même à toute une série de besoins. Depuis que le libre accès aux rayons a conquis droit de cité dans les bibliothèques américaines d'abord, puis anglaises, et finalement même - en partie et avec beaucoup de réticences - dans les bibliothèques publiques de notre pays et les fonds en libre accès de nos bibliothèques universitaires, ces collections mises ainsi à la portée des lecteurs désireux de « bouquiner », il a bien fallu les ordonner selon un ordre significatif, en groupes correspondant à des sujets d'intérêt définis pour lesdits lecteurs. En outre, les fabricants de classifications spécialisées n'ont pas été sans s'apercevoir du fait qu'une « spécialité » était rarement isolée et qu'elle débordait sur quantité de domaines voisins, connexes - d'autant plus que se renforçaient les tendances à la recherche « multidisciplinaire », et que se multipliaient les organismes de recherche orientée (mission oriented, comme disent les Anglo-Saxons) faisant appel à des équipes comprenant de nombreux spécialistes de disciplines différentes et où les frontières de la « spécialité » s'estompaient au point de devenir évanescentes.

Une fois, par ailleurs, passé le premier engouement pour les « unitermes », les titres permutés à la KWIC et autres panacées « découvertes » par d'habiles propagandistes de l'ordinateur-miracle qui devait éviter aux bibliothécaires et documentalistes tout travail intellectuel, il a fallu déchanter et constater que les performances de ces systèmes, basés sur le langage naturel, étaient après tout assez faibles, un coefficient de « rappel » (recall) de quelque 50 % - c'est-à-dire, inversement, quelque 50 % d'omissions dans les listes de documents pertinents fournis - n'ayant rien d'exceptionnel. Une « nouvelle » panacée fut donc proposée à l'admiration des foules crédules et des administrateurs pressés : les thesauri : rendons-leur leur nom français de trésors. Cette vogue dure encore. Il faudra, sans doute, encore une autre dizaine d'années pour que l'on s'aperçoive que ces listes alphabétiques de termes plus ou moins normalisés, avec élimination d'au moins une partie des synonymes, distinction des homonymes et établissement de renvois (correspondant à des relations d'inclusion ou de « voisinage » entre les notions) ne résolvent pas tous les problèmes 2.

Quoi qu'il en soit, on constate à l'heure actuelle un regain d'intérêt pour la classification documentaire encyclopédique, qui se traduit par la publication de nouveaux systèmes, ou au moins par celle d'études préliminaires à la création de systèmes nouveaux. Nous voudrions examiner ici quelques-unes de ces nouveautés, en même temps que nous étudierons les novations apportées à la Colon classification 3.

L'Inventaire descriptif des arts et sciences de Tykociner.

Joseph T. Tykociner est le seul Américain parmi les « inventeurs de systèmes », depuis Fremont Rider 4, si l'on ne considère pas comme un véritable système de classification encyclopédique la « liste de catégories » du COSATI 5.

Cela n'est pas tellement surprenant : la normalisation des classifications dans les bibliothèques encyclopédiques a été plus poussée aux États-Unis qu'ailleurs, et deux systèmes déjà anciens y règnent à peu près sans partage : Dewey, dont la 18e édition est en préparation, et la L.C. - la classification de la Bibliothèque du Congrès -, dont la publication, commencée en 190I, est restée inachevée, puisqu'il lui manque encore une classe, celle du droit. L'ouvrage de Tykociner, professeur à l'Université d'Illinois, se présente comme une liste de quelque 1 500 noms de « sciences et arts », répartis en 12 « domaines de connaissance 6 ».

Ces douze domaines sont eux-mêmes classés en 5 « séries » (p. II) :

I Arts

Symbolique de l'information

II « Hylénergétique » (physico-chimie, astronomie et sciences de la terre)

Domaine biologique

Domaine psychologique

Domaine sociologique

III « Exéligmologie » (histoire au sens baconien; non seulement de l'humanité, mais aussi « du monde dans son ensemble» : c'est une sorte de « science de l'évolution »)

« Pronoétique » (i.e. techniques, y compris l'agriculture et la médecine)

Domaine de la régulation (droit, politique, économie, management)

Domaine de la dissémination (éducation et information au sens large)

IV « Zététique »

Domaine de l'intégration (philosophie, religion, sciences occultes - et aussi « systèmes généraux » i.e. cybernétique).

Les divisions ne vont au-delà de celles du deuxième rang que pour quelques domaines : le deuxième, étiqueté « symbolique de l'information », qui groupe la linguistique, les mathématiques, la logique et la théorie de l'information (pp. 241-256) atteint le 5e rang de subdivision; dans les 3e et 4e domaines, la division est poussée le plus souvent au 4e rang, et parfois au 5e. Un tableau (p. 9) figure le système des connaissances comme un cercle, où les différents domaines sont reliés par des zones de convergence : esthétique entre le « domaine d'intégration » et les arts : psychologie sociale entre les domaines psychologique et sociologique; « prognostique » - ce qu'on appelle plutôt maintenant futurologie - entre les sciences de l'évolution et les techniques, etc.

Par ailleurs, pour chaque science qui peut se rattacher à plusieurs domaines différents, ce caractère mixte est indiqué à l'aide d'une notation combinatoire : par exemple, la gérontologie se trouve dans les classes de premier rang A4A5A6 et A8 et reçoit donc un sigle combinant ces quatre indications. La photoélectricité est notée A3B1C1D3D4 - ce qui signifie « hylénergétique » (A3), propriétés physiques de la matière et de l'énergie (A3B1), « physique phénoménologique générale » (A3B1C1), et combinaison de l'optique (A3B1C1D3) et de l'électricité (A3B1C1D4). L'idée est ingénieuse, mais on ne peut pas dire que la notation soit d'une simplicité remarquable.

La liste des « arts et sciences » est assez étendue, mais il en manque tout de même. On ne trouve pas, par exemple, algèbre homologique, algèbre normée, électro-acoustique, musique électronique, ferrimagnétisme (ferromagnétisme y est, par contre), superaérodynamique, pisciculture, ostréiculture (mais il y a aviculture), propulsion nucléaire (il y a, par contre, technologie des réacteurs nucléaires et technologie des radio-isotopes), carbochimie, pétroléochimie, soudage, frittage, fonderie (mais il y a métallurgie), teinture, lyophillisation... De façon générale, d'ailleurs, les noms de techniques manquent dans de nombreux cas. Plus généralement encore, on a l'impression que l'auteur n'a pas vu une difficulté fondamentale : une nomenclature des « arts et sciences », laisse échapper toute une série d'objets (de connaissance ou d'action) d'où ne sont pas dérivés des noms spécifiques de sciences ou de techniques. Il a donc inclus des termes aussi spéciaux qu'acariologie - parce qu'il y a trouvé la terminaison -logie - mais a laissé de côté des techniques importantes, qui lui auraient d'ailleurs fourni de bons exemples d'interaction entre domaines, telles que les techniques stéréotaxiques et électrophysiologiques qui ont permis le développement de ce qu'on a appelé l'électro-anatomie 7ou encore l'ensemble de recherches se situant « à la frontière de la physique nucléaire et de la physique de l'état solide » qui concernent la diffusion inélastique des neutrons par des solides et des liquides et les détériorations causées par les irradiations dans les solides, études qui n'ont pas encore reçu leur nom de baptême 8.

Tykociner a appliqué une idée qui se trouvait déjà chez Cordonnier (qu'il ne cite pas et dont il n'a d'ailleurs certainement pas connu les travaux) : celle de symboliser de manière particulière les divisions d'un domaine constitué par l'intersection de plusieurs domaines 9, . On trouvera un exemple de sa méthode à cet égard pour l'astrophysique (p. 269), qu'il symbolise A3(B1B3) et divise ensuite en C1, physique des planètes; C2, physique solaire; C3, physique de la matière interstellaire ; C4, physique de la matière intergalactique. Le sujet « rayons cosmiques » aura donc comme symbolisation A3(B1B3)C3D1, rayons cosmiques étant la première (et unique) subdivision de matière interstellaire. L'idée est bonne; la réalisation l'est moins.

Dans un tel inventaire, il semble que les relations d'inclusion et de voisinage entre domaines devraient être soigneusement indiquées par des renvois ad hoc. On en trouve bien, en effet, un certain nombre, dans les notices (définitions) de la liste alphabétique générale (pp. 57-195), mais il s'en faut de beaucoup que toutes les références utiles soient données. Il n'y a pas, par exemple, de renvoi d'écoclimatologie à agroclimatologie, et de référence « descendante » de bioclimatologie à ce dernier terme; pas non plus de références croisées entre glaciologie et hydrologie. Les définitions sont en général correctes, mais parfois trop peu générales : c'est ainsi que la sismologie expérimentale n'est pas incluse dans la définition de seismology, et que la géodynamique est définie sans tenir compte de la géodynamique externe.

Sur la classification elle-même, il y a peu à dire. Il est certainement regrettable que la série 1 (arts et « symbolique de l'information ») soit séparée du « domaine de la dissémination » dans la série III; l'inclusion des mathématiques et de la logique dans la « symbolique de l'information » peut prêter à discussion. Le classement à l'intérieur des douze « domaines » est du type que Ranganathan a dénommé canonique, c'est-à-dire basé sur les distinctions traditionnelles plus que sur des divisions logiques. Le domaine « exéligmologique », même s'il correspond à certaines idées actuelles sur la continuité de l'évolution, qu'il s'agisse du monde physique ou des sociétés humaines 10, est un groupement assez artificiel. La « zététique » est une invention de l'auteur : elle n'a pas acquis le rang de discipline dans la réalité des faits, car elle déborde, avec l'étude de la créativité artistique, du domaine qui tend en effet à se constituer en discipline autonome sous le nom de science de la science ou (chez les Soviétiques) de « scientologie ».

La classification « US » de Wåhlin.

L'ingénieur suédois Ejnar Wåhlin n'est pas un inconnu en matière de taxilogie documentaire. Il avait, en effet, dès 1949-195I, présenté deux rapports sur les principes d'un nouveau système universel de classification, à la Conférence sur la documentation du bâtiment à Genève, puis à la 18e Conférence de la FID à Rome; diverses versions du système qu'il avait continué à étudier circulèrent entre 1960. et 1963 11. En octobre 1968, est finalement parue une table plus complète, sous le titre US - initiales de Universal System of classification, Système universel de-classification 12. En juin et juillet 1969, l'auteur a publié une version encore légèrement modifiée dénommée US-I, une « variante » (US-2), et une classification des produits (PC-US) 13.

Wâhlin s'est beaucoup inspiré, visiblement, de la CDU - avec laquelle, d'ailleurs, il donne une concordance dans chacune de ses « variantes ». Il n'a cependant retenu de la notation CDU que le principe décimal et le signe de relation (:). Voyons son plan - ou plutôt ses plans - de base :

La différence principale entre les deux schémas est le regroupement de toutes les techniques en une seule classe, dans la variante 2, à l'exception de la médecine, qui reste groupée avec les sciences biologiques. La variante 2 paraît dans l'ensemble meilleure, mais la « culture spirituelle » (i.e. langage, philosophie, religion, littérature, art, musique et danse) y apparaît mal placée. Dans les deux variantes, l'ordre des sciences sociales est des plus conventionnels (« canonique » dans la terminologie ranganathanienne), et il en est de même, assez curieusement - pour un schéma d'ingénieur - dans la classe 2 de la variante 2, qui regroupe les classes 2 et 3 de la variante 1 : les divisions de la physique, en particulier, ont l'air tiré d'un manuel d'il y a une trentaine d'années, sinon plus. Dans le détail, on trouve beaucoup d'anomalies. Par exemple, dans les deux variantes, la géométrie (113) est séparée de « l'espace » (12), où l'on retrouve d'ailleurs en sous-titre « géométrie, géodésie », et la topologie n'apparaît nulle part. La classification des particules élémentaires est une copie de la CDU, aussi périmée que celle-ci (222 en variante I, 272 en variante 2) ; il en est de même d'ailleurs de la classification des mammifères (536 en variante I, 436 en variante 2). On s'étonne de voir, comme dans Dewey et les anciennes éditions de la CDU, le langage séparé de la littérature (71 et 74 ou 61 et 64, dans les deux variantes). L'utilisation du signe de relation (:) est plus développée en US qu'en CDU, mais Wâhlin n'a pas évité un des défauts de celle-ci : la possibilité que ce signe donne des doubles emplois inutiles; c'est ainsi que la géochimie apparaît deux fois, dans la variante 1 : dans la chimie (23:52) puis dans les sciences de la terre (52:23) 14. Certaines divisions par : paraissent réellement étranges : ainsi le chant des oiseaux et l'aboiement des chiens, tous deux classés dans l'acoustique (33:635 et 33:636.31, en variante I).

Sans doute, de tels défauts sont-ils inhérents à toute classification encyclopédique conçue par un auteur isolé; fût-il un nouveau Pic de la Mirandole, personne, de nos jours, n'est plus capable de maîtriser suffisamment l'ensemble des disciplines pour parvenir à un schéma encyclopédique d'égale qualité dans toutes ses parties. A notre avis, le travail - considérable - de Wåhlin ne peut être considéré que comme une contribution à une future classification encyclopédique nouvelle, non comme celle-ci elle-même.

D'autre part, Wåhlin ne semble pas avoir suffisamment tenu compte des progrès - lents, certes, mais tout de même réels - survenus depuis une quarantaine d'années dans la technique de la construction des classifications. Quelle que soit l'opinion que l'on puisse porter sur des innovations telles que le développement des subdivisions analytiques (par - et .00) dans la CDU, de l'analyse par facettes et de l'emploi des catégories dans la Colon classification, les « rameaux cycliques » de Cordonnier, ou encore les notations brèves de Dobrowolski, toutes ces méthodes auraient dû au moins être considérées pour l'établissement d'une classification encyclopédique réellement nouvelle. Or, l'auteur de l'US s'en est tenu, dans l'ensemble, à une technique extrêmement classique, et n'a tenu compte d'aucune de ces innovations 15.

La « Classification bibliothéconomique-bibliographique » soviétique.

Il y a maintenant vingt ans que les deux plus grandes bibliothèques encyclopédiques de l'Union soviétique - la bibliothèque Lénine à Moscou et la Saltykov-Chtchédrine à Léningrad - s'étaient mises d'accord pour préparer une classification destinée aux bibliothèques d'étude du pays et avaient publié un premier projet, préparé par E. I. Šamurin 16. Après bien des vicissitudes, une décision du ministère de la Culture de la RSFSR mit fin aux discussions préliminaires -qui avaient duré dix ans - en 1959 et arrêta le plan définitif de la future classification 17. Il fallut cependant encore une décennie pour que celle-ci soit achevée et publiée au complet, en 30 volumes, l'introduction (volume I) étant d'ailleurs une des dernières parties, avec l'économie et la politique, à paraître en 1968 18.

Il faut d'ailleurs mettre à l'actif des bibliothécaires et bibliographes soviétiques que, une fois la décision prise, ils ont en somme été assez vite, par rapport à leurs prédécesseurs américains de la bibliothèque du Congrès, puisque celle-ci, au bout de sept fois plus d'années, n'est pas encore arrivée à terminer sa classification 19.

La BBK - abrégeons ainsi, comme le font d'ailleurs ses auteurs eux-mêmes, le titre de la classification - n'innove guère au point de vue de la structure.

Celle-ci, fort classique, est surtout inspirée de la CDU et de Bliss. De celui-ci elle a retenu l'idée d'alternatives 20 et la multiplicité des tables auxiliaires s'appliquant à un domaine particulier - multiplicité que l'on retrouve d'ailleurs dans les subdivisions analytiques CDU. A celle-là, elle a repris la technique des subdivisions communes : « thématiques » et de forme, géographiques 21 et l'usage du signe de relation (le deux point :), mais ce dernier de manière beaucoup plus restrictive que dans la pratique bruxelloise 22. Dans l'ensemble, par rapport à la CDU, la BBK marque une régression vers un type plus énumératif.

La symbolisation de la BBK est, comme celle de la CC (Colon classification), à base alpha-décimale; elle reprend à la CDU divers signes : les parenthèses pour les divisions géographiques; le = pour les langues 23; les guillemets « » pour les divisions chronologiques quand il s'agit de dates précises; le tiret - pour les « analytiques ». Mais, suivant sur ce point la LC, elle fait une bien plus large place que la CDU à des subdivisions alphabétiques 24 - place que l'on peut même trouver fort exagérée. La répartition de la notation a varié depuis le premier projet de 1949. On sait que le degré de « modernisme » d'une classification peut, en règle générale, se mesurer à la place donnée aux sciences « exactes » et aux techniques par rapport aux « humanités » dans la répartition de la notation disponible selon le système choisi. Dans Dewey (et, aussi bien, dans la CDU), sciences exactes et techniques occupent 20 % de la place disponible 25; dans la LC, elles occupent un peu plus de 25 % 26; dans Bliss environ I/3 27; dans la CC environ 38 % 28; dans le projet de 1949 un peu plus de 46 %; dans la BBK en son état « définitif » presque 60 % 29. Pour comparaison, on peut noter que ce pourcentage est d'à peu près 66 % dans la US de Wâhlin 30.

Dans le détail, cette répartition de la notation a été faite d'une manière peu rationnelle. Une des classes (B : sciences naturelles en général) a seulement deux divisions; à l'autre extrémité, la classe R (médecine) a 3 246 rubriques extrêmes. Les 16 classes de sciences et techniques ont ensemble 27 360 rubriques extrêmes, soit 1 710 par classe, alors que les II classes d'humanités en ont 6 489, soit à peu près 590 par classe 31.

Le plan d'ensemble de la BBK se présente comme suit 32 :
Marxisme-léninisme A
L'Univers et sa connaissance
Nature et sciences naturelles B-E
Technique, agriculture, médecine Ž;-R
Société et sciences sociales S-É
Pensée et sciences de la pensée Ju
Littérature encyclopédique Ja

On constate immédiatement la place privilégiée attribuée au « marxisme-léninisme », placé - comme autrefois la théologie dans les classifications médiévales -en dehors et au-dessus de toutes les autres classes. De même, d'ailleurs, la table des divisions communes « thématiques et formelles » commence-t-elle par une rubrique a, « classiques du marxisme-léninisme », avant le b, « documents administratifs et législatifs de l'Union soviétique », et le v, concernant la philosophie et la méthodologie du sujet considéré 33.

Nous n'entrerons pas dans le détail de la classification, qui est très souvent fort « canonique » - au sens de traditionnel dans lequel Ranganathan emploie ce mot. On remarquera, en particulier, de ce point de vue, les divisions de la physique (V3); la place donnée à l'astronomie (V6) entre la physique et la chimie, séparée par celle-ci (G) des sciences de la terre (D); la séparation complète entre sciences « pures » et techniques (la « technologie chimique » étant en L, séparée de la chimie par les sciences de la terre et l'ensemble des sciences biologiques, E; les sciences médicales, en R, étant fort éloignées de ces dernières); l'inclusion de la psychologie dans les « sciences philosophiques » (Ju9). On sera, au premier abord, surpris de l'absence de la science politique : la classe F ne comprend que les partis politiques et les « organisations socio-politiques » 34. On notera, au passage, que l'information scientifique est séparée, en Š23, de la bibliothéconomie et de la bibliographie (Č73 et Č75); que l'esthétique (Ju8) est fort éloignée des beaux-arts (Š)...

La BBK, très souvent, dichotomise d'une manière assez simple : URSS d'un côté, le reste du monde de l'autre 35; ou encore théorie marxiste-léniniste/théories « pré-marxistes et non-marxistes » 36; parfois elle trichotomise : pays socialistes/ pays du « Tiers Monde »/pays capitalistes 37.

On hésite à porter un jugement d'ensemble sur ce travail, considérable certes, mais à bien des égards contestable. La meilleure optique est, sans doute, de considérer la BBK comme un document culturel, portant témoignage sur l'état de la société soviétique à la fin de la première moitié de notre siècle et sur son idéologie.

Le projet du « Classification research group » anglais.

Il s'agit, ici, non d'un système achevé, mais de recherches en cours. On sait que, à la suite d'une subvention accordée par la NATO à la Library association, une conférence avait été organisée en juin 1963 à Londres pour examiner la possibilité de préparer une nouvelle classification encyclopédique 38. Une autre subvention NATO, de 5 000 livres sterling, a permis, de 1964 à 1968, au Classification research group (CRG) d'engager d'abord Mrs Helen Tomlinson, à temps plein, jusqu'au début de 1967, puis M. Derek Austin, à mi-temps, pendant un an en 1967-1968, afin de se livrer à des recherches préliminaires sur les principes d'établissement d'une telle classification. Leurs travaux se trouvent exposés dans une série de douze rapports de recherche et dans un rapport final du CRG à la Library association 39.

Dans l'ensemble, le schéma qui ressort des travaux de Mrs Tomlinson et de M. Austin est conforme aux théories déjà connues du CRG, et en particulier à son adoption du principe de classification par objets étudiés (et non par « disciplines ») et de la théorie des « niveaux d'émergence ». Une idée qui paraît nouvelle, tout au moins dans l'application extensive qui en est faite - et bien contestable, d'ailleurs - est d'établir, en outre, une classification auxiliaire, des « attributs » : activités des « choses », propriétés de celles-ci et propriétés des activités 40. On y trouve quelques raffinements, tels que l'idée d'introduire des « sous-niveaux », et de définir les niveaux par les activités spécifiques appartenant aux « choses » classées dans chacun des niveaux 41; ou encore certaines observations sur la classification des « choses artificielles » selon leur emploi 42. Comme du « vieux neuf », en revanche, apparaît la recommandation de classer les « entités naturelles » dans un ordre génétique, selon l'ancienneté de leur émergence 43, comme aussi la trouvaille de M. Austin, que beaucoup d'entités peuvent être - secondairement - classées en ce que, usant d'une terminologie pouvant prêter à confusion 44 -, il nomme des « champs », c'est-à-dire des catégories de choses présentant certaines caractéristiques communes 45.

Le travail d'Austin s'est ensuite concentré sur l'application à la classification de la théorie des « systèmes généraux » 46 et sur le problème de l'énumération des diverses catégories de relations et de leurs interactions, s'inspirant ici des idées antérieures de Farradane, Perreault, Gardin, etc. 47. Il en est résulté un système complexe « d'opérateurs » (on reconnaît la terminologie farradanienne) 48, où sont distingués des « sous-systèmes » actifs et passifs, la préférence étant donnée au « système passif » sur le « système actif », selon un principe déjà établi par Ranganathan 19, et des « opérations concernant le milieu », opposées aux « interactions entre les parties » du système considéré 50.

Après la liste des opérateurs, on trouve, dans les tableaux qui terminent le rapport, quatre listes d'attributs : « termes relatifs », « termes de position », « propriétés », « activités », et, finalement une liste d' « entités » 51.

La symbolisation ressemble à celle de la BBK : il est plus que probable, d'ailleurs, qu'il s'agit d'une simple coïncidence et non d'une imitation. Les « entités » reçoivent un indice alpha-décimal; les relations sont symbolisées par des indices décimaux entre parenthèses; les « attributs » ont comme les entités des indices alpha-décimaux mais, à la différence des entités, ils peuvent comporter deux lettres (les entités n'en ont jamais qu'une, l'initiale) et celles-ci sont des minuscules, alors que la lettre des indices d'entités est une majuscule. Il n'y a pas d'autre signe non-alpha-numérique que les parenthèses.

Nous devons avouer que nous demeurons fort perplexes devant cet échafaudage assez compliqué, et dont son auteur pense d'ailleurs qu'il conviendra de lui ajouter d'autres éléments 52. Austin a bien donné des exemples d'emploi complexe de sa série d'opérateurs (p. XI), mais il y en a trop peu (21 en tout) pour permettre de juger si leur usage n'aura pas pour résultat, comme il semble que ce doive être la règle quand il faut manier une série aussi imposante d'indicateurs de rôle, la création de nombreux « synonymes », ce qui imposera l'établissement de non moins nombreuses règles de choix, dont on n'est pas sûr qu'elles suffiront à limiter l'arbitraire du classificateur 53... Il convient sans doute d'attendre, pour porter un jugement valable, que des expériences de « stockage et dépistage » soient faites plus ou moins « en grandeur réelle », et que l'on puisse ainsi voir si ces craintes sont justifiées ou non. A en juger par les médiocres résultats obtenus par les systèmes à nombreux indicateurs de rôle et par l'abandon de ceux-ci dans certains d'entre eux (EJC, Syntol) 54, il n'y a pas lieu d'être excessivement optimiste a priori. Il est vrai que, dans la doctrine Austin, les « opérateurs » semblent surtout avoir pour rôle d'établir un ordre linéaire fixe pour l'énumération des sujets complexes 55.

Quant aux listes « d'attributs » et « d'entités », on peut tout d'abord contester l'idée même de cette séparation. On ne voit pas, par exemple, pourquoi séparer des notions comme zones magnétiques ou climatiques (eII et 12), et zones de végétation (e3I), dans les « termes de position », de « la terre comme milieu » (H) dans les entités, où d'ailleurs on indique que doivent précisément figurer les zones climatiques, de végétation, etc. Tout aussi contestable apparaît la place donnée à la lumière et à la couleur dans les attributs (apparences, iI et i2) alors que la lumière, en tant que phénomène physique, est à B75, ou celle donnée aux sons, en j, comme attributs, et aux sons audibles en B45 : les doubles emplois de ce genre sont légion. On trouve des anomalies curieuses : ainsi les films, plaques et feuilles, fibres, sont dans les structures (q33, q34, q35) comme attributs, mais les poudres et grains sont en C322 et C392, dans les « états de la matière », en tant qu'entités. Il est difficile de déceler le critère selon lequel ont été répartis les termes entre les rubriques d'attributs « forme » (h) et « structures » (q) : dans cette dernière on trouve en effet « amorphe » et « formé » (q37 et q38) que l'on s'attendrait plutôt à trouver en h 56. Les distinctions entre propriétés et activités ne sont pas moins subtiles : « son, sonique » (suivis d'hypersonique, supersonique, etc.) se trouvent, de même que « lumière », encore une fois dans les activités (r25 à r27) alors qu'on les a vus dans les propriétés. Trois emplacements pour le même concept, c'est un peu trop! Surtout pour un système qui veut attribuer une « place de définition unique » à chaque terme (p. 3, lignes 2-3)...

Les auteurs du rapport remarquent, fort justement (pp. 6, 12), que des concepts en réalité analogues se retrouvent sous des noms différents. Que n'ont-ils tiré de cette idée les conséquences qui semblaient s'imposer, en évitant de créer des synonymes inutiles pour des notions comme accroissement qui est en r12 puis en r216 ; croisement qui se trouve en w55 puis en x534; début, commencement en rII puis en WI ?

La classification des entités paraît peu rationnelle. Pour commencer, il manque tous les « êtres mathématiques », qu'il faut chercher dans les « attributs » où ils sont d'ailleurs en nombre fort réduit : ensembles, nombres et fractions (a17 à a19, précédés par maximum/minimum en a13) 57; formes (h); espace (en deux endroits e et qI) 58.

La classification de la physique est incohérente. On y trouve les particules élémentaires tout en queue de la rubrique « phénomènes et énergie » (B8), mais les interactions dont elles sont les supports sont dispersées : la gravitation en B2 (les gravitons manquent); l'électromagnétisme est en G64 et les radiations électromagnétiques en G7; les interactions faibles et fortes n'apparaissent pas. La rubrique qui s'intitule « matière » (C) ne vaut guère mieux : les cristaux ne s'y trouvent pas en moins de trois endroits différents (C323, C373, C393); de même on trouve un C5 pour les « éléments et composés inorganiques », puis un C6, « éléments », un C7, « composés », et finalement un C8 « éléments particuliers, leurs mélanges, composés, etc ». La distinction fondamentale qui sépare matière inanimée/matière vivante est obscurcie par la présence d'une classe E pour les life support systems (avec un indice E6 pour les « formes de vie ») et d'une série de classes M-S pour les geo-centred living systems (M), les virus (N), les organisms sharing characteristics of plants and animals (sic! P), les plantes, les animaux et l'homme (Q, R, S). Classification « canonique », on le voit, qui retarde de quelque cinquante ans sur la systématique biologique actuelle. Entre E et M-S se trouvent l'astronomie (G) et les sciences de la terre (H-L).

On nous accusera peut-être de trop de sévérité vis-à-vis d'une étude qui a du moins le mérite d'essayer de sortir des sentiers battus, et de fonder une classification nouvelle sur des bases théoriques. Encore faudrait-il que ces bases fussent saines, et la théorie valable. Le CRG a demandé une nouvelle subvention, cette fois à l'OSTI (Office of scientific and technical information) du gouvernement britannique : nous souhaitons qu'elle lui soit accordée - il est bon, en effet, que l'on mène le plus possible de recherches en ce domaine, et, en somme, cinq mille livres sterling n'ont pas été un prix trop élevé pour l'ensemble d'études de Mrs Tomlinson et de Derek Austin qui, de toute façon, apportent de nombreux éléments à la réflexion (jusqu'à présent, le gouvernement français n'a pas donné même un franc ancien pour des travaux analogues). Mais il apparaît justement que les recherches du CRG sont arrivées à un point où il faut réexaminer les résultats obtenus et les principes de base sur lesquels on s'est appuyé. On doit d'ailleurs reconnaître qu'un tel examen critique semble s'être déjà produit une fois au cours de l'étude patronnée par la NATO : la lecture du rapport suggère que, entre la fin du travail de Mrs Tomlinson (début 1967) et le commencement de celui de D. Austin (mai de la même année), on a procédé à la critique de l'ordre des entités auquel était arrivé le premier chercheur 59 et Austin a, nous dit-on, complètement changé les séquences des termes d'activités et de propriétés 60.

Cette « réévaluation » devrait - de notre point de vue - commencer par poser quelques questions fondamentales, telles que :
- est-il vraiment nécessaire, et vraiment avantageux, de constituer à part une série d'entités et une série, complètement indépendante, d'attributs ? 61 ;
- est-il rationnel, dans la série des entités, de distinguer deux ordres de celles-ci, les choses « naturelles », d'une part, et les choses « artificielles », de l'autre ? 62 ;
- tous les « artefacts » peuvent-ils, comme le croit Austin, être ordonnés selon leur but (purpose) ? 63;
- ne convient-il pas d'approfondir et de préciser l'idée de « modèles répétitifs » (nous traduisons ainsi, en ayant conscience de l'inadéquation de cette expression, les recurring patterns du rapport 64)?;
- est-il profitable de se donner un jeu aussi complexe de relations que celui élaboré par Austin ?

La septième édition de la Colon classification.

Comme on l'a justement fait remarquer 65, Shiyali Ramamrita Ranganathan, contrairement à Dewey ou Otlet, n'a jamais considéré qu'une classification devait demeurer indéfiniment inchangée : la Colon classification a déjà, depuis trente-sept ans qu'elle existe, subi plusieurs transformations, et son auteur lui reconnaît trois « versions » successives - la troisième, annoncée en 1966 comme devant paraître en 1967, et maintenant prévue pour 197I, constituant la 7e édition 66.

La première version, conçue en 1924 mais publiée seulement en 1933, comprend les éditions 1 à 3, jusqu'en 1950; c'est, dit son « père », un fully but rigidly faceted scheme (un schéma entièrement à facettes, mais rigide); la deuxième version (éditions 4 à 6, 1952-1960, et y compris le 2e tirage, avec additions et modifications, de cette dernière, 1963) est un almost freely faceted scheme (un schéma à facettes presque entièrement libres); la troisième, enfin, sera un freely faceted scheme (un schéma à facette libres) 67.

En fait, et après élimination des complications terminologiques que, comme d'habitude, Ranganathan introduit comme à plaisir 68, il s'agit avant tout de modifications apportées à la symbolisation, en vue d'assouplir celle-ci et de lui faire acquérir plus « d'hospitalité ». La CC ne brillait pas par une grande facilité à l'extension de ses « classes principales » (main classes), son auteur ayant décidé d'utiliser pour leurs indices une seule lettre, suivie de chiffres « décimaux » pour les « divisions canoniques » (i. e., traditionnelles, des différentes disciplines). Pour permettre l'intercalation de groupes « de compréhension partielle » - c'est-à-dire de groupements de classes principales tels que sciences humaines ou sciences sociales - elle avait introduit en 1960 les lettres grecques; en 1963, cet expédient avait été abandonné et remplacé par un autre expédient, un peu plus pratique, il faut le reconnaître : la convention que la lettre Z, ajoutée à l'indice d'une classe principale (une autre lettre) « viderait » celle-ci de son « contenu sémantique » et que, par exemple, BZ, intercalé entre B, mathématique, et C, physique, ne signifierait pas que la classe ainsi symbolisée soit une division de B, mais bien un groupe « de compréhension partielle » - sciences physiques - comprenant physique, ingénierie, chimie et technologie chimique (classes C à F). Désormais, cette pratique est étendue, et ce sont toutes les lettres T à Z qui peuvent s'ajouter aux indices monolitères de classes principales, pour permettre l'insertion, soit de groupements analogues, soit encore de « nouveaux » (pas toujours si nouveaux...) « sujets de base » (basic subjects) : par exemple, la microbiologie (GT), la biologie moléculaire (GUA), la biochimie (GUE), la géochimie (HUE), l'industrie minière (HX) 69.

D'autre part, la classe A, sciences naturelles, qui - en tant que classe « de compréhension partielle » - n'était jusqu'à présent pas divisée, reçoit de nouvelles divisions pour accueillir ce que Ranganathan dénomme des « faisceaux de sujets » (subject bundles), c'est-à-dire des groupes interdisciplinaires tels que l'océanographie ou la recherche spatiale, la pédologie ou la science des matériaux : ces domaines d'étude reçoivent respectivement les indices ABE, AG, AJ, AM 70.

Il convient de remarquer que déjà antérieurement l'utilisation d'indices bilitères ou trilitères avait été admise. Tout d'abord, le procédé dit « arrangement par sujets » (subject device : le mot device, qui a aussi le sens d'expédient, paraît bien choisi...) utilisé notamment dans la classe M, « arts mécaniques », produisait de tels indices : ainsi, les calculatrices avaient reçu un indice MBI, formé par la juxtaposition du M, arts mécaniques, et de BI, arithmétique. Ensuite, la 5e édition (1957) avait introduit dans la classe N, beaux-arts, des indices bilitères pour les « divisions canoniques » - par exemple, NA, architecture, ND, sculpture, NN, gravure - et même trilitères, pour les seules divisions de la gravure (ex. : NNM, lithographie). La 7e édition en préparation semble devoir abandonner pratiquement la subject device pour la classe M, et suivre pour elle la pratique déjà mise en œuvre pour N 71.

L'utilisation des lettres en troisième ou quatrième position est de plus en plus usuelle d'ailleurs dans la CC, par l'accroissement du nombre des divisions dites d'environnement (par environmental device) 72 symbolisées par le chiffre 9 suivi d'une ou deux lettres - de la série L-Z - et de un à trois chiffres (ceux-ci remplacés par T et TI dans les exemples donnés, respectivement pour « animal sauvage » et « éléphant sauvage »), et par l'augmentation, parallèle, du nombre des divisions dites spéciales, utilisant le plus souvent le même chiffre 9, mais suivi d'une lettre de la série A-K et ensuite d'un nombre indéterminé de chiffres. Il n'est pas très facile de définir ce qu'est une division « spéciale ». En physique, sont « spéciales » les divisions concernant la physique moléculaire, atomique, nucléaire, les particules élémentaires, la physique des surfaces, le vide et les hautes pressions, les basses et hautes températures, les potentiels; en agriculture, c'est la culture hydroponique (sans sol); dans la médecine, la pédiatrie, la gériatrie (mais aussi la médecine « des femmes » et « des hommes »); dans la « science hôtelière » (MAX), c'est ce qui concerne les chaînes d'hôtels (MAX9F); en psychologie, on y trouve la psychologie des réfugiés, celles des pauvres et des riches et celle des
courtisans; en science économique, les diverses catégories d'entreprises (petites, moyennes, grandes, privées, publiques, internationales). On serait assez tenté de dire que sont « spéciales » les divisions qui n'avaient pas été prévues dans les anciennes éditions de la CC... 73.

Les autres modifications portant sur la symbolisation concernent les « signes de connexion » (connecting digits). La CC avait commencé sa carrière avec un seul de ces signes : celui auquel elle devait son nom, le deux-points (:). A partir de la 4e édition (1952) s'y étaient ajoutés le point, la virgule et le point-et-virgule (pour les catégories), les flèches horizontales tournées vers l'arrière ou vers l'avant (dans les divisions de temps); à partir de la réimpression en 1963 de la 6e édition, la catégorie temporelle, qui partageait le point avec celle de l'espace, reçut son propre signal connectif, l'apostrophe. Le tiret existait dès la 2e édition (1939) pour ce que Ranganathan appelait à l'époque l'arrangement par autodéviation (auto-bias device) : un exemple fera comprendre ce dont il s'agit. En médecine, L, dans la facette « organes », on a une division 163 pour les bras, et une autre, 36, pour les veines; pour construire l'indice des veines du bras, on peut prendre, au choix, 163-36 ou 36-163 74. L'utilisation de ce signe est maintenant étendue à toute la catégorie des « sujets de base composés », dont voici un exemple : magnétisme en physique quantique CNI-7, ainsi composé : théorie quantique CNI, magnétisme C7 75.

Trois nouveaux signes sont introduits : tout d'abord le &, qui remplace le zéro pour la « relation de phase » - c'est-à-dire pour les traités d'une discipline à l'usage des chercheurs d'une autre discipline, ou bien encore pour la comparaison entre un sujet et un autre sujet, pour l'influence d'un sujet sur un autre sujet, la différence entre deux sujets 76; ensuite les guillemets (« ») comme indicateurs des « divisions antérieures », c'est-à-dire de ce que la CDU appelle subdivisions de forme, à l'exception des manuels et traités : ces divisions étaient jusqu'à présent symbolisées par des lettres minuscules, qui avaient toutes une valeur « antériorisante », plaçant les indices correspondants avant l'indice simple 77; enfin le signe égal (=) pour différencier les titres d'œuvres ayant même initiale 78.

Comme la CC utilise aussi les parenthèses ( ) dans certains cas - qui semblent devoir devenir plus nombreux 79 - le nombre de signes spéciaux différents qu'elle emploie, douze, est supérieur de deux à celui des signes de la CDU.

Il reste une modification importante à signaler dans cette (future) septième édition : le passage de toute une série de divisions relatives, au moins théoriquement, à des « propriétés » de la catégorie énergie, à laquelle elles étaient jusque-là attribuées, à une sous-catégorie « matière-propriétés », distinguée de la catégorie « matière-matériaux ». Nous sommes forcés de préciser qu'il s'agit « au moins théoriquement » de propriétés, car on ne voit pas très bien par quel tour de force Ranganathan peut ranger parmi les « propriétés » la classification, le catalogage ou le prêt; la théorie algébrique des équations différentielles et intégrales; la spectroscopie ; la photo-électricité; l'ensemble de la chimie physique; l'écologie et la génétique aussi bien que l'anatomie, la physiologie et la pathologie; l'occultisme; la phonétique, la morphologie et la syntaxe; la mythologie, la théologie, les hérésies et persécutions religieuses; les sensations, émotions, aussi bien que le caractère, le sommeil, les rêves ou l'hypnotisme; les techniques d'enseignement; les élections ; les cérémonies et le crime (du point de vue sociologique)... 80. Il est vrai que le « placement » (le mot classement semblerait trop inapproprié) de tous ces sujets dans la catégorie « énergie », où ils se trouvaient précédemment, était en réalité tout aussi peu motivé : qu'on puisse les déplacer d'un trait de plume d'une catégorie à l'autre montre bien le caractère arbitraire des catégories ranganathaniennes.

On voit qu'il s'agit bien en définitive d'une nouvelle version, profondément modifiée par rapport à la précédente. Quel sera l'accueil des usagers, contraints à de fort considérables remaniements ? Ranganathan est optimiste : il conclut son article de septembre 1969 par un acte de foi, se basant sur la conscience professionnelle des jeunes bibliothécaires de son pays qui, écrit-il, se feront un point d'honneur de classer les livres selon la dernière version du système 81. Il prévoit que cette troisième version « méritera d'être continuée sans changements importants durant une période plus longue que les versions antérieures ou que n'importe quel autre système de classification sans facettes, ancien ou nouveau » 82. Cependant, l'avenir de la CC, une fois que son auteur - qui a maintenant 78 ans - ne sera plus là pour veiller sur elle, n'est pas encore assuré 83.

Qu'y a-t-il à tirer, aujourd'hui, des recherches de Ranganathan et de ses disciples? La réponse doit être fort nuancée. On ne peut qu'admirer le courage avec lequel ils se sont attachés, avec fort peu de moyens, à une tâche qui, en Occident, a rebuté la plupart des bibliographes et des bibliothécaires : tenter de réaliser une classification documentaire qui corresponde à « l'univers des connaissances » actuel. Ils ont suscité une discussion, montré certaines voies d'approche intéressantes au problème - qui nous paraît un problème-clé dans ce domaine -de l'adaptation de la symbolisation aux besoins de la classification sur le « plan des idées » (idea plane de Ranganathan). Les solutions proposées, cependant, ne semblent pas adéquates. Comme il était déjà arrivé aux réviseurs de la CDU, la tâche de modifier une structure existante donnée en vue de la rendre plus « hospitalière » s'est avérée des plus ardues, et le résultat obtenu n'est pas satisfaisant. Trop de « postulats » ont été tenus pour acquis et des conceptions héritées du passé - telles que le maintien des « classes principales » basées sur la tradition du compartimentage entre disciplines et de « divisions canoniques » fondées sur la pratique des manuels du XIXe siècle - ont été regrettablement maintenues. Il en est résulté, finalement, un grand désordre dans beaucoup de classes, où la séquence des divisions qui résulte de la superposition de rubriques « nouvelles » (pour des sujets qui existaient en réalité, dès 1924, mais n'avaient pas alors été reconnus comme importants, par l'auteur de la CC) aux anciennes rubriques traditionnelles s'écarte de beaucoup du helpful order préconisé par Ranganathan 84.

Un programme de recherches françaises?

Dans le passé - un passé, à vrai dire, déjà lointain - la France a été la terre d'élection des « catalogues méthodiques », comme on les appelait. C'est à Gabriel Naudé et à son Advis pour dresser une bibliothèque que remonte la théorie de la classification bibliographique systématique, et, au XVIIIe siècle, la Bibliothèque royale était, à peu près sans aucun doute, la mieux classée (en même temps que la plus importante) de toutes les bibliothèques occidentales. Un peu plus tard, la classification de Brunet a exercé une grande influence bien au-delà des frontières françaises et l'on sait que Dewey s'en est largement inspiré. Il semble qu'ensuite l'esprit inventif des bibliothécaires et bibliographes de notre pays se soit tari : le dernier système de classification bibliographique original qui ait été réellement appliqué est sans doute celui de Romain Merlin (1842-1847). L'adaptation néo-comtienne de Brunet préconisée par Léo Crozet (1932) ne rencontra guère de succès; le schéma d'Henri Clavier, dont les premières ébauches remontent à 1936-1938 et le dernier état publié à 1955 85 n'a probablement jamais servi qu'à classer la documentation personnelle de son auteur. Si Robert Desaubliaux, Gérard Cordonnier et l'ingénieur polonais Zygmunt Dobrowolski qui vivait alors à Paris, ont été vers 1942-1943 parmi les premiers initiateurs des systèmes dits depuis « à facettes » (par points de vue), il s'en faut de beaucoup qu'ils aient trouvé un terrain aussi favorable à leurs innovations techniques que les membres du CRG londonien, et nos propres recherches, poursuivies de 193I à 1962,
n'aboutirent pas non plus à un système développé. Entre 1944 et 1952, une Commission de classification fonctionna, par intermittences, à l'Union française des organismes de documentation, avec peu de résultats concrets.

Plus récemment, on a pu constater un double mouvement : d'une part, une indéniable influence de systèmes étrangers déjà anciens, en particulier CDU 86 et Dewey 87; d'autre part, un certain intérêt porté à diverses tentatives d'adaptations - assez rudimentaires d'ailleurs - de la théorie des « champs sémantiques » 88. Le CNRS cependant, tout en développant un plan de classification bibliographique fort empirique pour son Bulletin signalétique 89, a par ailleurs établi la Section d'automatique documentaire dont les travaux ont touché par plusieurs côtés à la classification 90.

Il faut reconnaître, cependant, que tout cela reste, dans l'ensemble, assez maigre, et qu'il n'existe en France rien de comparable, à l'heure actuelle, en matière de recherches sur la classification documentaire, à ce qui se fait en Angleterre (au CRG principalement, mais non exclusivement) ou aux États-Unis 91, ou même en Inde...

Peut-être pourrait-on arguer du fait que, après tout, il suffit bien d'adapter à nos besoins nationaux tel ou tel système suffisamment répandu au plan international pour que l'essentiel des travaux de révision et de mise à jour soit fait ailleurs, économisant ainsi aux bibliothèques, centres bibliographiques et centres de documentation français des ressources (en argent et en personnel) dont ils sont fort dépourvus. Cet argument serait valable, si les systèmes en question - en fait, la DC, la LC et la CDU - correspondaient réellement aux besoins actuels. Mais il n'en est rien : comme l'a très bien vu le CRG 92, ces classifications sont aujourd'hui périmées autant que Brunet pouvait l'être, disons, vers 1890. Or, les bibliothèques encyclopédiques françaises (municipales, universitaires) sont, après une longue période de demi-stagnation, entraînées dans un mouvement d'évolution et d'expansion rapide; une grande bibliothèque nationale moderne (celle des Halles) est en gestation; la bibliographie nationale française, il faut l'espérer, va un de ces jours adopter des méthodes nouvelles et s'intégrer dans le réseau international MARC 93. De plus, notre pays a - il ne convient pas de l'oublier - des responsabilités internationales vis-à-vis de ses ex-colonies engagées dans le processus de « construction nationale » (nation building) et qui ont besoin de classifications encyclopédiques : il serait assez lamentable de n'avoir à leur offrir qu'une traduction d'un schéma conçu, voici presque un siècle, par un jeune étudiant d'Amherst College...

On peut donc souhaiter que les Français ne restent point en marge du courant d'études dont nous avons ici signalé quelques directions et espérer que, dans un avenir pas trop lointain, se constituera à Paris un « Groupe de recherches sur la classification », financé par quelque contrat, de la DGRST par exemple.

Il appartiendrait à un tel groupe de définir lui-même ses directions de recherche ; néanmoins, on peut sans doute essayer d'en tracer les grandes lignes.

La démarche la plus rationnelle est probablement de partir de l'analyse de la classification considérée comme un langage d'une espèce particulière (langage documentaire, dans la terminologie de Coyaud), et d'envisager séparément - pour la commodité de l'étude, tout en sachant bien qu'une telle séparation a quelque chose d'artificiel et doit être accompagnée d'une confrontation des résultats partiels obtenus - les différents « niveaux » de ce langage : niveau des phonèmes et graphèmes 94, niveau des monèmes (lexèmes et morphèmes), niveau des syntagmes 95.

Il faut cependant noter ici un risque, auquel Coyaud ne semble pas avoir échappé : celui de considérer trop exclusivement la forme du langage documentaire, et de négliger sa substance 96. En suivant ainsi la méthode d'une linguistique qui apparaît aujourd'hui comme assez dépassée, même si elle se limite aux langages « naturels » 97, on s'expose à laisser de côté l'essentiel de ce qu'il importe d'étudier s'agissant de « langages classificatoires » : la façon dont ils organisent « l'univers des connaissances ».

De ce point de vue, il conviendrait d'examiner systématiquement la validité des diverses entreprises conduites, soit pour appliquer (de manière, en général, fort contestable) la théorie des champs sémantiques (Syntol, « liste commune de descripteurs » OCDE), soit pour baser la classification documentaire sur la théorie des systèmes généraux et celle des niveaux d'intégration (CRG). Une attention particulière devrait d'autre part être portée à la critique des notions de sujets principaux et de sujets de base, telles que nous les trouvons chez Ranganathan; à cet égard, une recherche intéressante consisterait à examiner les bases institutionnelles de la différenciation des « disciplines » et sous-disciplines scientifiques et de leurs groupements 98 : c'est, à notre avis, la seule méthode objective pour établir - autrement que par des « postulats » à la Ranganathan - une liste de sujets principaux et de sujets de base qui corresponde à l'organisation de la communauté scientifique, telle qu'elle existe en fait 99.

Il semble qu'un des points à élucider au départ soit le suivant : dans quelle mesure une classification encyclopédique nouvelle doit être une classification uniquement d'objets d'étude (les things du CRG) et dans quelle mesure elle doit au contraire (ou en plus) tenir compte des disciplines (et sous-disciplines) ? Il est clair que le principe de la « caution bibliographique » - traduisons, ainsi, avec Coyaud, le literary warrant des Anglais - implique la deuxième solution, car il existe de nombreux périodiques, traités, etc., concernant chaque discipline ou sous-discipline. Mais il est non moins évident que les classifications existantes (DC, CDU, LC, CC, BBK) basées sur une répartition primaire des sujets par disciplines ne sont pas plus satisfaisantes à notre époque qui est celle des regroupements « interdisciplinaires », de l'estompage - voire de la disparition - des frontières traditionnelles entre disciplines, et du développement des recherches « thématisées » 100. Une « voie moyenne » doit donc être trouvée : que ce ne soit pas là une tâche facile, on en verra la preuve dans le résultat plutôt médiocre de la tentative faite en ce sens par Wâhlin.

Enfin, - et sans que la précédente énumération ait quelque prétention à l'exhaustivité - il faudrait étudier, plus sérieusement qu'on ne l'a fait jusqu'ici, les rapports entre classifications spécialisées et classifications encyclopédiques : le fait que, tout récemment, après une longue et coûteuse étude, l' American institute of physics ait rejeté la CDU et élaboré une nouvelle classification de la physique, qui se présente comme une classification autonome au sens de Dobrowolski, est probablement, à cet égard, de nature à stimuler la réflexion. 101

Illustration
Plans d base de Wahlin

  1. (retour)↑  Certains des ouvrages analysés ci-après ont été envoyés au Bulletin des bibliothèques de France pour compte rendu.
  2. (retour)↑  Certains des ouvrages analysés ci-après ont été envoyés au Bulletin des bibliothèques de France pour compte rendu.
  3. (retour)↑  Voir un excellent exemple du principal de ces problèmes, celui dû aux « hasards terminologiques » de tout système alphabétique, dans T. D. Wilson et J. Stephenson, Dissemination of information (2nd ed., London, Bingley, 1969, p. 73). Ce n'est pas le lieu ici de procéder à une étude critique de la technique d'établissement des trésors. Indiquons cependant que, comme le remarque très justement A. C. Foskett (The Subject approach to information, London, Bingley, 1969, p. 238), la différence entre ces instruments et les listes classiques de vedettes alphabétiques de sujets est beaucoup plus apparente que réelle, et tient uniquement au fait que, en règle générale, ces listes ne comportaient pour la relation d'inclusion que des renvois « descendants » (aux termes logiquement subordonnés) mais non des renvois « montants » (aux termes placés à un niveau supérieur dans la hiérarchie de la classification sous-jacente). Une autre distinction théorique, mais fort loin d'être toujours présente en pratique, est que le trésor exclut, en principe, les vedettes composées (du type France-Histoire-Révolution française) qui sont, au contraire, fréquentes dans les listes de vedettes de sujets. Compte tenu des ressemblances, qui l'emportent - et de beaucoup - sur les différences, les critiques que faisait Henry E. Bliss, voici bientôt trente-cinq ans, à « l'illogisme de l'ordre alphabétique » (Revue du livre, 2, pp. 16-22, janv.-févr. 1935) restent valables vis-à-vis des trésors comme elles l'étaient vis-à-vis des catalogues alphabétiques de sujets. Les essais pour réintroduire une certaine systématisation dans les listes de descripteurs, soit par des schémas fléchés, soit par des groupements dits en « champs sémantiques » ne peuvent, par ailleurs, être que des palliatifs.
  4. (retour)↑  La limitation aux classifications encyclopédiques peut paraître quelque peu artificielle. En effet, certains schémas pourraient être qualifiés de « semi-encyclopédiques », tels celui de Gardin pour le Syntol, ou de J. Viet, pour la Liste commune de descripteurs de l'OCDE. Mais il faut bien adopter une règle, si arbitraire qu'elle soit, pour restreindre notre exposé aux dimensions acceptables d'un article de revue...
  5. (retour)↑  Rider's international classification for the arrangement on books on the shelves of general libraries (Middletown, Conn., The author, 196I).
  6. (retour)↑  Committee on scientific and technical information. COSATI subject category list Washington, D.D., Federal council for science and technology, 1964). Cette liste est utilisée, en France, par le CEDOCAR.
  7. (retour)↑  A Descriptive inventory of the arts and sciences : its basis and applications in zetetics and library science (Urbana, Ill., Engineering publications office, 1967). Une première version, comprenant environ 900 termes, avait paru dans le livre où l'auteur exposait ses idées sur la « zététique » - « l'étude de la recherche et de la création artistique en tant que science visant à étendre et à développer les connaissances dans le cadre d'un système unifié cohérent » : Research as a scieirce-Zetetics (Urbana, Ill., 1959).
  8. (retour)↑  Voir Pierre Auger, Tendances actuelles de la recherche scientifique (Paris, Unesco, 196I, P. 85).
  9. (retour)↑  Idem, p. 45.
  10. (retour)↑  C'était ce que Cordonnier, dans son premier travail de 1943, appelait les « rameaux cycliques » auxquels il affectait le signe -.
  11. (retour)↑  Voir par exemple le commentaire de Theodosius Dobzhansky à la suite de l'article de Ralph L. Holloway, Jr., « Culture : a human domain », Current anthropology, 10 (4), oct. 1969, p. 409.
  12. (retour)↑  Voir nos commentaires dans On the theoretical basis of information retrieval systems (Paris, sept. 1965, pp. 113-115).
  13. (retour)↑  US Universal system of classification, developed by Ejnar Wåhlin, with financial support from the National Swedish council for building research, the Swedish council for applied research. Stockholm, oct. 1968, 95 p., multigr. Adresse de l'auteur : Bürger Jarlsgatan 102, S-114 20, Stockholm.
  14. (retour)↑  US-I : Universal system. Variant N°. i. July 1969, 14 p. - US-2 : Universal system. Variant No. 2. July 1969, 13 p. - Product classification according to PC-US. June 1969, 7 p. - Examples of classification according to PC-US. June 1969, 12 p. Tous ces textes sont multigraphiés.
  15. (retour)↑  Ce système n'est pas sans rappeler les « alternatives » de Bliss.
  16. (retour)↑  L'usage du signe : n'est qu'un substitut de valeur douteuse - car amenant des indices trop longs - de méthodes de classification par points de vue, type « facettes » ou « analytiques ». C'est ainsi que, faute d'avoir prévu, dans la classe langage (71 en variante 1, 61 en variante 2), ou dans la littérature (respectivement 74 et 64) des divisions à part pour les différentes catégories de phénomènes linguistiques ou de genres littéraires, l'utilisateur de US en sera réduit, pour donner un indice à un ouvrage sur les dialectes italiens, à former la cote 711.42 : 710.7,710.7 étant « dialectes, style, langages en contact », ce qui est d'ailleurs un méli-mélo; ou, pour une étude sur la poésie latine, à composer l'indice 74 : 7II.4I : 741 (74, littérature; 7II.4I, langue latine; 741, poésie), s'il veut grouper toute la littérature latine ensemble et la diviser par genres - ou bien à se résoudre à l'indice plus court 741 : 7II.4I, mais dans ce cas la poésie, en n'importe quelle langue, sera groupée...
  17. (retour)↑  Voir E.I. Samurin, Geschichte der bibliothekarisch-bibliographischen Klassifikation (Leipzig, VEB Bibliographisches Institut, 1967, II, pp. 528-34.)
  18. (retour)↑  Idem, pp. 534-7 et 557-8.
  19. (retour)↑  Bibliotečno-bibliografičeskaja klassifikacija: tablicy dlja naučnykh bibliotek (Moskva, Izdatel'stvo « Kniga », 1960-68).
  20. (retour)↑  Il faudrait apporter, en fait, une légère correction au mot « achevée » que nous avons employé ci-dessus pour la BBK. Il ressort des explications données par Mme Teslenko (dans son complément à l'ouvrage de Samurin indiqué note 2, pp. 573-4) que les « tables auxiliaires » ne sont pas encore complètement développées; il y manque, notamment, les subdivisions géographiques pour la géographie ancienne, et la « périodisation » chronologique est encore à revoir.
  21. (retour)↑  Les plus importantes étant celles concernant la philosophie, la morale, l'esthétique et l'économie marxistes-léninistes, classées en priorité en A5, A57, A58 et A6, mais qui peuvent être déplacées en JuI, Ju7, Ju8, et UOII. Dans tout ce qui suit, nous translittérons l'alphabet cyrillique selon les règles généralement admises à cet effet.
  22. (retour)↑  Voir dans le volume I, les explications données à ce sujet pp. 50-92. Les subdivisions chronologiques sont d'abord par périodes, puis par dates précises : il y a là une sorte de compromis entre la pratique de la DC (Dewey Classification) et celle de la CDU. Voir, dans le même volume, pp. 86-92 et 120-I.
  23. (retour)↑  Vol. I, pp. 122-3. A357 étant l'indice pour « rôle de Lénine dans le développement des sciences et de la culture », on peut former l'indice composé A357:B pour préciser « Lénine et les sciences de la nature » ou A357:BI pour « Lénine et les mathématiques ».
  24. (retour)↑  Idem, p. 12I. La BBK, comme la CDU, mélange les divisions ethniques et linguistiques.
  25. (retour)↑  Dans chaque grande région géographique, les pays sont classés par ordre alphabétique de leur nom en russe. Idem, pp. 74-80. Pour d'autres exemples de classement alphabétique, voir pp. 117, 12I, 131.
  26. (retour)↑  Les classes 5 et 6, sur dix, la classe o étant à dominante « humaniste » (bibliographie, bibliothéconomie, etc.) et la psychologie - qui pourrait être considérée comme une science naturelle, et l'est effectivement, depuis peu, dans la classification du Centre national de la recherche scientifique français - étant rangée par Dewey dans la philosophie. Il est juste d'ajouter que la récente décision du Comité central de classification de la FID de rendre disponible la classe 4 a eu pour conséquence d'augmenter légèrement le pourcentage « sciences et techniques » qui est maintenant de 2/9, soit 22,2 %.
  27. (retour)↑  Quatre classes (Q-T) sur 20, si l'on néglige les « Generalia » (classe A) et si l'on considère les sciences militaires et navales (U-V) comme faisant partie des humanités, y compris les sciences sociales.
  28. (retour)↑  La moitié environ de la classe A, les classes B-H et U, soit 8 ½ sur 26.
  29. (retour)↑  En l'état actuel de la CC, après disparition des lettres grecques, sauf le delta, et en considérant que la classe principale 7 (théorie générale des systèmes et cybernétique) appartient aux sciences exactes, celles-ci et les techniques occupent 14 classes principales sur 37.
  30. (retour)↑  Douze classes principales sur 26, en 1949 : voir Šamurin : Op. cit., II, 529-3I. En 1954, la proportion était de 12 sur 24, soit 50 % : idem, pp. 535-6. En 1960-68, 16 classes sur 27, en ne tenant pas compte de la dernière classe (Ja) qui est une classe formelle.
  31. (retour)↑  On peut noter que, dans l'allocation des budgets de recherche comme dans la quantité d'articles scientifiques produits, les sciences humaines ne doivent même pas atteindre, sur le plan mondial, un pourcentage de 5 %.
  32. (retour)↑  Voir l'appendice III du vol. I. Nous ne tenons compte que des tables principales (osnovnaja tablica) et non des tables auxiliaires. On peut noter que, n'ayant pas emprunté à la CDU la barre oblique (/) ou à la CC les divisions par Z, la BBK a été conduite à « dilapider » les possibilités de notation des classes B et S (celle-ci, pour les « sciences sociales en général », y compris la statistique et la démographie, n'a que II rubriques extrêmes).
  33. (retour)↑  Vol. I, p. 28.
  34. (retour)↑  Idem, p. 195. - Le plan de 1954, en un certain sens plus « logique », faisait suivre le marxisme-léninisme par les sciences sociales. Voir la « justification » qu'en donnait Mme Teslenko, dans Samurin, Op. cit., p. 536. On peut penser que, sur ce point, cette classification qui se veut marxiste l'est en réalité fort peu, et eût été désavouée par Marx et Engels comme par Lénine.
  35. (retour)↑  Le «gouvernement » est placé dans les sciences juridiques, Kh. De même, la politique internationale apparaît-elle comme une subdivision du droit international (Kh9I). Sur les discussions auxquelles a donné lieu la classification des sciences politiques, voir O. P. Teslenko, in Samurin. Op. cit., II, 568-70.
  36. (retour)↑  Exemples nombreux : voir notamment pour la santé publique (RII), l'historiographie (TI), l'histoire (T3) et l'archéologie (T4), l'histoire économique (U03) et l'histoire des doctrines économiques (Uo2), l'histoire des doctrines politiques (KhI), l'histoire « du droit et du gouvernement » (Kh2), l'histoire de l'art (Šo3).
  37. (retour)↑  Pour la théorie et la méthodologie de l'histoire, To; l'économie politique, UoI; la théorie générale « du gouvernement et du droit », Kho; la théorie des sciences militaires et l'histoire de la « pensée militaire », CI; la philosophie (JuI/Ju2)...
  38. (retour)↑  Pour la géographie économique (U04), « l'économie mondiale » (U6-U8) , « le gouvernement et le droit » (Kh6-Kh8). La BBK n'emploie pas, du reste, l'expression de « Tiers Monde » : elle écrit tantôt « en voie de développement », suivant la terminologie onusienne, tantôt (Kh7) « pays émancipés de la dépendance coloniale ». A l'intérieur des pays socialistes, une dichotomie secondaire sépare l'Union soviétique des « pays socialistes étrangers » (voir, par ex., Kh6z/Kh63).
  39. (retour)↑  Les rapports et le compte rendu de la réunion ont été publiés par la Library association, en 1964, sous le titre Some problems of a general classification scheme.
  40. (retour)↑  Report to the Library association research committee on the use of the NATO grant, LR 960, August 1968, 23 + xi p., multigraphié.
  41. (retour)↑  P. 2. Voir nos critiques sur ces distinctions dans On the theoretical basis of information retrieval systems (Paris, oct. 1965), pp. 159-162.
  42. (retour)↑  P. 6.
  43. (retour)↑  P. 7.
  44. (retour)↑  Idem. Voir notre rapport cité note 3, pp. 176-177.
  45. (retour)↑  Parce que le terme de champ est déjà appliqué en physique, dans un tout autre sens.
  46. (retour)↑  P. 8.
  47. (retour)↑  Pp. 9-10, 13.
  48. (retour)↑  Pp. 13-21.
  49. (retour)↑  Voir le tableau des opérateurs, p. II. - Nous avons nous-même discuté ces questions dans le rapport cité p. 110 note 3, pp. 187-203, et proposé une classification ternaire « d'opérateurs », pp. 203-206. Cf. aussi le numéro spécial de la revue Information storage and retrieval consacré à la conférence de l'Université de Maryland sur le problème des relations.
  50. (retour)↑  C'est le principe Actand-Action-Actor-Tool, exposé par Ranganathan dans ses Elements of library classification (2nd éd., 1959; 3e éd., 1962). Voir notre rapport cité note 3, p. 296.
  51. (retour)↑  Cf. p. 16. Sans, probablement, avoir connu notre rapport d'octobre 1965, Austin retrouve là une distinction que nous y avions introduite (p. 203).
  52. (retour)↑  Pp. III-IX. Ces listes sont d'ailleurs données comme provisoires et non encore complétées : par ex., il manque (p. III) les « facettes » temporelles, (p. IV) les « facettes » pour les « sensations tactiles », les goûts et les odeurs; la liste des « entités » se termine à « l'homme » (S) et doit être complétée, ultérieurement, par des listes supplémentaires pour les groupes sociaux, les artefacts et les mentefacts : cf. p. 5 et 7-8.
  53. (retour)↑  Par exemple, un opérateur (o) pour les techniques d'observation : voir pp. 122-123.
  54. (retour)↑  Voir, dans notre rapport de 1965 cité p. 110 note 3, p. 207, un exemple de création possible de synonymes (avec le système de relations de Perreault).
  55. (retour)↑  Notre rapport cité ci-dessus, pp. 206-208.
  56. (retour)↑  Voir p. x et 3 du rapport du CRG.
  57. (retour)↑  Et les « formes terrestres » c'est-à-dire la géomorphologie - sont en L, dans les entités... Quant à la déformation, elle est en v53, dans la partie (v) « contacts et perturbations » des activités. Tout cela paraît peu cohérent, d'autant plus qu'on trouve encore, dans x « assemblage et désassemblage » une rubrique « assemblage, formation » (x5) et une autre « formation de systèmes gestalt » (x7).
  58. (retour)↑  On retrouve « minima » en qa13.
  59. (retour)↑  L'espace astronomique est en GI, en général, suivi de l'espace intergalactique (G4I), interstellaire (G5I) et interplanétaire (en deux endroits : G56I puis G7I, ce dernier pour le système solaire).
  60. (retour)↑  Voir p. 6 du rapport final. L'ancien ordre (p. 5) séparait les artefacts, placés avant les « entités biologiques », des mentefacts, tout en queue; il distinguait des physical entities et des chemical entities, séparation qui a sans doute été jugée anachronique par Austin, mais qu'il a remplacée par une coupure non moins contestable, entre « phénomènes et énergie » d'une part (B) et « matière » (C) de l'autre. Mrs Tomlinson avait, certes, eu tort de placer les « entités astronomiques » après les minéraux, les roches et les « traits physiographiques », s'inspirant en cela de la classification donnée par Vickery en 1958 - comme elle avait été mal inspirée de suivre le même Vickery en plaçant les parties des organismes avant les organismes eux-mêmes (voir notre rapport de 1965 cité note 3, p. 180). Au moins, si elle séparait l'homme des « entités biologiques » (comme s'il n'était pas un être vivant!) n'avait-elle pas eu l'idée pseudo-futuriste de couper en deux le monde vivant en insérant des life support systems avant l'astronomical universe...
  61. (retour)↑  P. 6, troisième alinéa.
  62. (retour)↑  Peut-être faut-il, une bonne fois, en finir avec de telles catégories, héritage douteux de la logique aristotélicienne.
  63. (retour)↑  P. 6 du rapport final.
  64. (retour)↑  P. 7. Nous conseillons au CRG de faire lire à ses futurs chercheurs le livre de Jacques Dinzin, Les Propriétés et les formes dans l'industrie (Paris, Hermann, 1949) où il est clairement montré qu'une classification des artefacts sur la base des seuls besoins auxquels ils répondent est intenable. Cet ouvrage, qui présente des côtés fort discutables, donne cependant beaucoup d'idées dont il serait nécessaire de s'inspirer pour quinconque voudrait fabriquer une nouvelle classification, plus rationnelle, des artefacts.
  65. (retour)↑  Il s'agit de thèmes tels que anormalité; croissance, développement et déclin (decay, qui veut dire décomposition, décadence, etc.). Le rapport (p. 7) rapproche ces recurring patterns des seminal mnemonics de Ranganathan. Il ne semble pas avoir vu, toutefois, qu'un concept tel que « conflit, guerre » ne se rapporte pas tant à l'idée d'anormalité qu'à celle d'opposition (qui est d'application bien plus universelle que dans le seul domaine politique); d'autre part, le problème que soulève le CRG au sujet du parasitisme (condition pathologique en médecine, mais normale en zoologie) semble un faux problème : ce n'est pas le parasitisme en tant que tel qui est pathologique pour le médecin, mais bien ses effets.
  66. (retour)↑  A. C. Foskett, The Subject approach to information (London, Bingley, 1969, p. 197).
  67. (retour)↑  S. R. Ranganathan, « Colon classification edition 7 (1971) : a preview », Library science, 6 (3), sept. 1969, 193-242, cf. p. 205.
  68. (retour)↑  Ranganathan, d'ailleurs, croit que l'histoire de la classification documentaire depuis 1933 s'organise tout entière en « périodes » jalonnées par ses propres « découvertes » : voir sa « Presidential address » à la conférence d'Elseneur, « Library classification through a century », in Classification research, proceedings of the Second International study conference, ed. by Pauline Atherton (Copenhagen, Munksgaard, 1965, p. 15-35). Cette opinion l'amène à prendre quelques libertés avec le déroulement chronologique réel des faits, comme par exemple de placer quelque 28 ans trop tard (de 1922 à 1933, cf. p. 21) le travail de « greffe » opéré par Otlet sur la DC, ou bien de négliger le fait que des classifications « à facettes libres » avaient été produites en France, par Cordonnier, Desaubliaux et Dobrowolski, dès 1943, soit plus de deux décennies avant que Ranganathan ne s'avisât de leurs avantages...
  69. (retour)↑  Voir l'article cité p. 115 note 3, pp. 200-204.
  70. (retour)↑  « Basic subjects and their kinds», Library science, 5 (2), June 1968, p. 97-133 : les exemples cités sont p. 108; ils se rapportent à ce que Ranganathan appelle des « sujets principaux composés par fusion » : voir même article, pp. 123-4.
  71. (retour)↑  Voir l'article de juin 1968, « Basic subjects... », pp. 100-102, et celui de septembre 1969, « Colon classification edition 7 », pp. 203-204. Ranganathan affirme ici (p. 204) que « la compréhension partielle et les faisceaux de sujets résultent aujourd'hui plutôt de développements dans la production des livres que de développements intrinsèques aux sujets » - bien entendu, sur ce point, il se trompe complètement. Indiquons, en passant, que la place donnée aux « faisceaux de sujets » en question, avant les mathématiques, est fort mal choisie : il eût mieux valu, assurément, rapprocher les sciences de la terre (AA) des « sciences géologiques » (GZ), l'océanographie au sens large (ABE) de « l'océanologie » classée par la CC dans la géophysique (HUC6), les « sciences de l'atmosphère » (AE) de la météorologie (HUC7), les « sciences de l'espace » (AG) de « astronomie et astrophysique » (BUZ), ou les « sciences de la défense » (AV) de la « science de la guerre » (MV). Mais Ranganathan était ici prisonnier de son schéma de base par « disciplines » hérité de Dewey, qui, dans ce dernier exemple, lui avait fait disperser les questions militaires aux quatre coins de son schéma où, en dehors de la médecine militaire (L9V) et de la « science de la guerre », déjà nommée, dans la classe des « arts usuels » (useful arts), on trouve la psychologie militaire en S9V, la géographie militaire en U54, l'histoire militaire en V;194 (c'est une des nouvelles divisions de la catégorie « matière-propriétés »!), l'économie de guerre à X9V, la guerre en tant que phénomène de pathologie sociale à Y ;438 (de nouveau application de la catégorie « matière-propriétés »), les forces armées en Z,194) (en tant que personnes juridiques...), les crimes de guerre en Z,5ZA, le droit de la guerre en ZA, etc.
  72. (retour)↑  Voir l'article du 2 juin 1968 cité p. 116 note 2, pp. 110-112. Cette classification du M est d'ailleurs incohérente.
  73. (retour)↑  Cf. l'article de septembre 1969 cité p. 115 note 3, p. 223, § 27, et la liste donnée dans l'article de juin 1998 cité p. 116 note 2, pp. 118-120.
  74. (retour)↑  Dans les jeux et sports (MM), les divisions spéciales, comme celles d'environnement, sont formées par ajout d'une lettre à l'indice de base MMZ, sans intervention du chiffre 9. Ranganathan ne donne aucune explication de cette anomalie. Il y avait déjà des divisions spéciales dans la 5e édition pour la physique, l'agriculture et la médecine, mais leurs indices ont été presque tous modifiés pour la 7e édition. Il y avait une seule division spéciale E9G dans la chimie, pour la biochimie, qui devient GUE, étant désormais considérée comme « sujet principal composé par fusion ».
  75. (retour)↑  Colon classification, 5th ed., pp. 17I-72.
  76. (retour)↑  On reconnaîtra facilement l'analogie avec l'usage du même signe dans la CDU. L'exemple cité est donné par l'article de septembre 1969, p. 20I; cf., même article, pp. 223-224. Pour nos lecteurs peu familiarisés avec la CC, indiquons que CNI est un indice obtenu par « arrangement chronologique », NI voulant dire première décennie du xxe siècle; quant à C7 pour magnétisme, c'est une des divisions « canoniques », c'est-à-dire traditionnelles (dans la tradition du XIXe siècle) de la physique.
  77. (retour)↑  Colon classification, 5th ed., rules, chapter 8, pp. I.77-80; sur la nouvelle technique, Library science, sept. 1969, p. 226.
  78. (retour)↑  Voir Colon classification, 5th ed., règles 025I, pp. I.26; 20I, p. I.42; 21, p. I.44-47; la liste des « anteriorising common isolates » est donnée pp. 2.4-5. Sur la nouvelle méthode, voir Library science, sept. 1969, pp. 225-6. Bliss avait déjà utilisé des « divisions antérieures ».
  79. (retour)↑  Depuis 1965 : voir R.S. Parkhi, « Trend in the use of connecting digits », Library science, 5 (3), sept. 1968, p. 226.
  80. (retour)↑  Colon classification, 5th ed., p. 1.69; Library science, sept. 1969, pp. 224-5, 232-3.
  81. (retour)↑  Tout ceci d'après l'article de Library science, sept. 1969, pp. 2II-212 et 226-231.
  82. (retour)↑  Article de septembre 1969, pp. 237-238.
  83. (retour)↑  Idem, p. 213.
  84. (retour)↑  S.R. Ranganathan, « Choice of scheme for classification », Library science, 5 (1), March 1968; cf. pp. 54-56.
  85. (retour)↑  A cet égard, la physique peut être prise comme exemple de ce désordre (classe C). On observera que Ranganathan n'a jamais pu donner une définition des « sujets de base » qui soit satisfaisante : les définitions données p. 200 de l'article de septembre 1969 pour sujet de base (sujet ne comportant comme composant aucune idée isolée) et « idée isolée » (idée ou complexe d'idées pouvant être composant d'un sujet, mais ne pouvant être considérée comme propre à être un sujet en soi) sont circulaires. Dans son article de mars 1964 (« Design of depth classification », Library science, 1 (1), II-12, Ranganathan avouait qu'il ne pouvait donner de définition formelle des termes « classe de base » et « isolat » (= idée isolée) et devait les définir par simple énumération; de même, écrivait-il alors, les termes « classe principale » ou « classe canonique » sont à définir par énumération. En juin 1966, il proposait cependant une définition : « une classe principale ne peut être sous-classe d'aucune autre classe principale, et ne peut pas non plus comprendre deux ou plus de deux classes principales » (« Hospitality in the notational plane », Library science, 3 (2), pp. 126-127). En mars 1968, on retrouve une idée analogue : « L'un des attributs d'un sujet principal, dans un schéma de classification, est qu'il ne peut être une subdivision d'un autre sujet principal. Nous devons aussi exclure des sujets principaux tout sujet comprenant deux ou plus de deux sujets principaux. Chaque sujet principal possède son propre domaine dans l'univers des sujets et aussi sa propre technique d'étude, qui le distinguent des autres » (« Choice of scheme for classification », Library science, 5 (1), II-12). Mais, dans son article de septembre 1969, Ranganathan revient à une définition « postulée » : un sujet principal est « un sujet inclus dans la liste officielle (schedule) des sujets principaux » (p. 200). Il est curieux qu'il n'ait jamais pensé à profiter des réflexions de Dobrowolski sur les « secteurs scientifiques autonomes », qui auraient pu lui fournir une base objective pour la détermination des « sujets principaux » : voir Z. Dobrowolski, Étude sur la construction des systèmes de classification (Paris, Gauthier-Villars, 1964, p. 219) et « Analysis of classification systems », in Classification research, proceedings of the second international study conference (Copenhague, Munksgaard, 1965, p. 65) (traduction anglaise du passage correspondant du livre en français). En fait, la liste des 729 « sujets principaux » et « sujets de base » donnée par Ranganathan dans son article de juin 1968 (pp. 10I-118) est une assez curieuse mixture, où sont mis sur le même pied, en tant que sujets principaux, la « technique des commissions » (9t) et la communication en général (9P3), la prise de notes (3X) et la cybernétique (7V), l'art du dessin industriel (DV) et la chimie ou la biologie (E, G), la calligraphie et la sténographie (PUI, PU7) et la religion (Q); dans les sujets de base, on trouve aussi bien le « travail du compilateur » (36) ou la « formation des postulats » (9f6) que la paléontologie (H6) ou l'architecture (NA). On ne voit absolument pas quel critère a présidé à cette hiérarchisation.
  86. (retour)↑  Esquisse d'un panorama universel des connaissances (Paris, UFOD, 1957).
  87. (retour)↑  Appliquée au classement des collections en libre accès des bibliothèques universitaires, mais qui ne s'est pas répandue dans les centres de documentation spécialisés.
  88. (retour)↑  Dont une traduction française est en cours de publication par les soins de la bibliothèque de la ville de Lyon, avec collaboration canadienne, malheureusement sur la 17e édition, alors que la 18e est déjà en épreuves. Voir : Dewey en France; Bulletin de liaison entre les collaborateurs à la traduction française de la classification décimale Dewey. Édition française, N° I-2, février 1969. Lyon, 4 avenue Adolphe-Max.
  89. (retour)↑  Cf., par ex., la Liste commune de descripteurs publiée par le Centre de développement de l'OCDE avec présentation de Jean Viet (1969).
  90. (retour)↑  La dernière édition de ce Plan, datée 1970, est parue fin 1969.
  91. (retour)↑  Les « lexiques » du Syntol, dont le dernier, pour la sociologie et l'ethnologie, a été publié en 1964, présentent un vocabulaire de descripteurs rangés, de manière peu systématique, en « champs sémantiques »; la syntaxe de ce langage documentaire a suscité beaucoup d'intérêt, et a sans doute en partie inspiré celle du CRG, mais les essais d'applications en ont été décevants. Cf. notre rapport On the theoretical basis of information retrieval systems (oct. 1965), pp. 116-154. La thèse de Maurice Coyaud, Introduction à l'étude des langages documentaires (CNRS, 1964; édition imprimée, Paris, Klincksieck, 1966) est une utile mise au point qui s'attache cependant beaucoup plus à la dimension syntagmatique de ces langages qu'à leur dimension paradigmatique. Les travaux (antérieurs) de Robert Pagès au Laboratoire de psychologie sociale ont, eux aussi, surtout porté sur les « structures syntaxiques » du langage documentaire (cf. notre Etude sur les catégories générales..., 1962, pp. 73-79, et R. Pagès et al, Note préliminaire sur un lexique d'analyse codée, juin 1964).
  92. (retour)↑  Dans ce pays, si le domaine des recherches en matière de classification encyclopédique apparaît comme peu développé, on constate, par contre, un vif intérêt porté aux classifications spécialisées, ainsi qu'en témoignent les travaux de l'American institute of physics. Un groupe de recherches en classification - quelque peu sur le modèle du CRG - fonctionne depuis une douzaine d'années.
  93. (retour)↑  Voir le document intitulé Application for a grant to enable the Classification research group to continue its research on the construction of a generalised information retrieval language covering the whole of knowledge, p. 1 et 4.
  94. (retour)↑  Le CRG, dans le document mentionné à la note précédente, insiste aussi (p. 4) sur le danger qu'il y aurait à lier le catalogage normalisé sur ordinateur du type MARC à des systèmes de classification périmés et inadéquats.
  95. (retour)↑  Ce niveau a été pratiquement laissé de côté par Coyaud : cf. Introduction à l'étude des langages documentaires, 1966, p. 2I (« Les unités de deuxième articulation ne seront pas décrites systématiquement, on y fera simplement allusion à propos du codage des monèmes »). Nous pensons que c'est là une erreur : l'histoire des classifications montre l'extrême importance du choix des signes et de leur mode de combinaison.
  96. (retour)↑  A ce niveau, par contre, il semble que Coyaud ait trop raffiné, du moins en ce qui concerne les langages documentaires que nous dénommons classifications (distingués de ce qu'il appelle « langages pour une documentation indirecte à fondements de logique mathématique »), en voulant suivre à la lettre les méthodes de description des langages naturels, et en distinguant par conséquent systématiquement syntagmes (simples), énoncé minimum, expansions et discours; cela l'a conduit à des erreurs manifestes, comme à celle qui consiste à attribuer à la CC des syntagmes qui seraient (obligatoirement) « la combinaison de deux lexèmes » (Op. cit., p. 49, souligné par nous), alors que rien de tel n'a été prévu par Ranganathan.
  97. (retour)↑  Nous suivons ici la terminologie de la glossématique hjelmslevienne : cf., par ex., le texte de L. Hjelmslev « La Structure morphologique », reproduit dans le recueil d'André Jacob, Points de vue sur le langage (Paris, Klincksieck, 1969, pp. 533-4).
  98. (retour)↑  Voir les remarques extrêmement pertinentes de Roman Jakobson dans son article « A la recherche de l'essence du langage », Diogène (51), juillet-septembre 1965, pp. 22-38.
  99. (retour)↑  Ces bases institutionnelles sont : les unités d'enseignement et de recherche (chaires, instituts,...) ; les associations et groupes de chercheurs (groupes informels d'abord, formalisés ensuite), les périodiques scientifiques. Elles peuvent être étudiées au double plan national et international (sur celui-ci, voir le document que nous avons préparé pour le Conseil international des sciences sociales, mais qui n'a pas été distribué : « Draft of an outline of a comparative study on international scientific NGOs in the field of social sciences », ISSC/AR/64-69. Introduction, sept. 1969). Pour les périodiques, on peut mettre à part les publications secondaires : voir, par ex., Marianne Cooper & Edward Terry, « Secondary services in physics », rapport AIP-ID 69-2, oct. 1969. Comme le montre bien le numéro spécial de la Revue internationale des sciences sociales, « Périodiques de sciences sociales », 19 (2), 1967, ils correspondent d'ailleurs dans une très large mesure, aux associations et groupes de chercheurs. Sur les groupes informels, voir Derek J. de Solla Price, Little science, big science (New York, Columbia university press, 1963), chapter 3 : « Invisible college and the affluent scientific commuter », pp. 62-9I, et cf. Diana Crane, « Social structure in a group of scientists : a test of the invisible college hypothesis », American sociological review, 34 (3), June 1969, 335-52. L'étude des liaisons entre organisations (affiliations) comme de celles entre périodiques primaires et secondaires (qui analyse qui?) peut permettre de donner une base objective à la notion de « consensus » scientifique dans le domaine de l'organisation des connaissances, qui, chez Bliss, restait subjective.
  100. (retour)↑  Voir P. Auger, Tendances actuelles de la recherche scientifique (déjà cité note I), pp. 16, p. 102, 23-24.
  101. (retour)↑  Idem, p. 17-18. - Pour les développements analogues dans les sciences humaines, voir entre autres les remarques de P. Auger dans la Revue internationale des sciences sociales, 16 (4), 1964, 538 et 542; celles de K. O. Dike, même revue, 553-554; de P. Lazarsfeld, idem, 575-576; de Cl. Lévi-Strauss, idem, 592-293; de J. Piaget, idem, 603-610; et, pour respectivement l'histoire et la linguistique, les numéros 17 (4), 1965, et 19 (1), 1967, de la même revue. Et cf. Johan Galtung, « Peace research », dans le recueil collectif The social sciences, problems and orientations (The Hague-Paris, Mouton/Unesco, 1968), particulièrement pp. 194-197 et 201-203.
  102. (retour)↑  Voir American institute of physics, Information division, A Program for a national information system for physics, 1970-1972, rapport AIP-ID 69 R, August 1969, p. XXI : « The UDC system was found not suitable for physics, after considerable amount of AIP effort had been expended (at the NSF request) to elucidate its possibilities; this is because of the historical accident of its having been developed simultaneously with and independently of the fundamental revolution in physics represented by the development of quantum mechanics ». « La classification adoptée par l'AIP, après essai (et rejet) de plusieurs autres versions, est décrite p. DI-D28; on remarquera que, si elle distingue deux « facettes » : objets, phénomènes et propriétés associées, elle ne sépare pas les propriétés des processus. La théorie des « classifications documentaires autonomes » a été faite par Dobrowolski dans son ouvrage cité p. 121, pp. 219-225; il l'a appliquée à son projet de « classification encyclopédique complète », même ouvrage, pp. 229-230. Nous pensons, toutefois, qu'il a largement sous-estimé le nombre des « secteurs scientifiques autonomes », en le fixant entre 200 et 300 (idem, p. 227) : selon les critères qu'il donne il y en a probablement cinq (ou dix) fois plus.